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SECT. I. CHAP. VIII. (g) De re diplom. p. 242.

qu'il admet des fauffaires dans toutes fortes d'états & de pro- PREM. PARTIE. feffions, & conféquemment encore plus d'impoftures que d'impofteurs. D. Mabillon reconoit à la vérité, que (g) très de communautés, très peu d'Eglifes ou de familles ont été eximtes de cette tache: mais il montre en même tems, qu'on a mal à propos multiplié les fauffaires, & que la fraude avec fes malheureufes productions eft toujours rentrée, par des condamnations éclatantes, dans les ténèbres, d'où elle fortoit. C'est donc lui en impofer, que de lui faire dire, qu'il fe trouve actuellement dans les anciennes archives une multitude de fauffes pièces ; tandis qu'il le nie de la manière du monde la plus expreffe. Pernego, dit-il, (r) tam multa esse, ut adverfa- (r) Supplem. cap. rii criminantur, falfa vel interpolata Ecclefiarum feu monasteriorum inftrumenta. Le P. Mabillon n'eft donc pas plus en contradiction avec lui même, qu'avec fon illuftre apologiste. L'un & l'autre fupofent un nombre de fauffes chartes fabriquées, pendant l'espace de dix-fept fiècles: mais l'un & l'autre font en même tems perfuadés, qu'elles n'exiftent plus, au moins pour la plupart.

I. p. 2.

Défenfe des archives des comM. Lenglet. Fauffes chartes de la

munautés contre

Province de Brétagne.

IX. L'auteur de la Méthode pour étudier l'histoire, marchant fur les traces de M. Simon, fait particulièrement tomber les foupçons de faux fur les archives des Cathédrales & autres Communautés féculières & régulières. En terminant fes règles de Diplomatique, empruntées de fon auteur favori, règles, que nous examinerons ailleurs; voici comment il en reftreint l'usage. » Mais que l'on faffe atention, dit-il, (s) que cette foupçoneufe exactitude, ces recherches critiques & inquié- 2. pag. 382. édit. » tantes ne regardent ordinairement que les titres des Abbaïes, des Communautés régulières & même des Cathédrales.

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Si les gens de communauté, chanoines, moines & autres font tels, que les représente ici M. Lenglet; il n'a pas tort de leur faire des leçons de morale. Rien d'outré dans fes exhortations, quelques vives & pathétiques qu'elles foient. Ceux qu'il a en vue méritent les reproches, qu'il leur fait, pour s'être livrés à des crimes fi contraires à la fainteté de leur état, & à l'amour de la vérité, pour laquelle ils devroient avoir un atachement inviolable. Il a raifon même de fe moquer de ces titriers, qui facrifient, felon lui, leur confcience, leur honneur & même leur intérèt particulier à celui de leur Tome I.

V

(s) Méthode tom.

de Rouen.

SECT. I. CHAP. V I.. (4) Ibidem,

22

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l'in

;

IREM. PARTIE, communauté. » Il femble, c'eft M. Lenglet qui parle, (4) queparmi ceux qui devroient être les moins gouvernés par térèt, & en qui l'amour de la vérité devroit le plus éclater » ce foient ceux là mêmes, qui ne craignent point d'abandoner ce que l'honneur & la Religion prefcrivent dans le cours: ordinaire des afaires, pour fe jeter dans des crimes, inutiles. pour eux-mêmes, & feulement utiles à une communauté,. qui ne leur en fait aucun gré, & qui, malgré quelques dé» férences extérieures, les regarde toujours pour ce qu'ils font » réellement. «.

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Non, encore une fois, M. l'Abbé Lenglet ne maltraite pas. trop de pareils monftres, pourvu qu'ils ne foient pas chimériques. Mais fi des acufations fi graves font fans fondement, ne mériteroit-il pas bien à fon tour, qu'on lui donnât un peu de morale? Ne pouroit-on pas s'élever à bien plus jufte titre contre cette licence, avec laquelle on ataque indiftinctement tant de corps refpectables & de communautés édifiantes, dont une réputation fans tache eft le tréfor le plus précieux Selon M. Lenglet, les communautés régulières, & même les Eglifes cathédrales ont des fauffaires dans leur propre fein : ces communautés les conoiffent & ne laiffent pas de leur confier le maniment de leurs afaires, & de leur acorder des marques. de diftinction: chacun les condamne dans le fecret de fon cœur, & chacun n'eft pas fâché, de profiter de leurs impoftures connues. Cet écrivain a-t-il donc fenti toute la force d'une imputation fi odieufe & fi légèrement hafardée ? En a-til envifagé toutes les fuites: Elles exigeoient tout au moins de lui des preuves, auxquelles il fut dificile,de ne pas fe rendre ; & il n'a pour toute reffource, que de fimples allégations. C'eft'un Bé(u) Ibid. p. 383. nédictin mort en 1728. qui lui adit, (u) que de quinze mille titres ou environ, qui avoient paffé par les mains des premiers auteurs de la nouvelle hiftoire de Bretagne, ils en avoient trouvé plus de la moitié, qui étoient visiblement faux & fupofés, fans compterceux qui n'étoient feulement qu'altérés.C'eft une acufation vague, & non articulée contre les archives du Mont Caffin,contre celles de l'Eglife de Milan & quelques autres. C'est enfin une reticence fur (27) les chartriers de ce Royaume. Tout cela eft, comme

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l'on voit, fort lumineux & fort concluant contre les archives ecléfiaftiques en général. Auffi n'en veut-on pas davantage, pour se croire permis de les décrier, & dénigrer tant de compagnies illuftres.

Mais que résulte-t-il de ces fept mille cinq cents titres de Bretagne fabriqués? Car nous voulons bien (28) fupofer pour un instant la vérité de cette fable. Tous ces titres font-ils tirés des cathédrales & des monastères ? Eft-ce donc qu'en Bréta-` gne il n'y a des titres, que dans les archives de ces faints lieux? N'y en a-t-il point dans celles des cours fupérieures, des villes & autres dépôts publics? Sans doute, repond M. Lenglet, mais il n'y en a point de faux. » Outre les foins fcrupuleux, l'on a de n'y laiffer rien entrer, qui ne foit dans l'exacte vérité, à peine fe trouveroit-il dans le royaume des gens affez hardis, pour hafarder en faveur du Prince, ce qu'ils hafarderoient pour une communauté religieufe, quoiqu'ingrate » & peu reconoiffante. « Témoin la Divion & les autres fauffaires fes complices, qui n'ofèrent fe prêter aux vues de Robert de Beaumont Prince du fang, & Comte d'Artois.

» que

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» celles de notre France: les Savans en » ont dit quelque chofe. « M. Lenglet ne feroit pas peu embaraffé; fi quelqu'un l'obligeoit, à citer un feul ancien hiftorien, qui ait décrié les archives du Mont-Caffin & de Milan. Mais fi les idées finiftres, qu'il veut faire naitre par fa réticence n'ont pour fondement dans fon efprit, que les acufations de Galloni, de Simon & la bulle Inter dilectos; le public aura fujet d'être content de l'examen, qu'on en fera dans la fuite. En attendant, M. Lenglet nous permettra, de lui faire obferver, que dans la bulle citée, il n'eft pas même queftion des archives de Milan. A l'égard de celles du Mont-Caffin ; elles ont été juftifiées, comme on l'a dit, par un jugement folennel de la Rote, & qui plus eft, déclarées authentiques. Supofé qu'une fi grande autorité ne fufife pas à notre critique ; il trouvera des raifons dans la favante Differtation: De praftantiâ & fide archivi Cafinenfis. Elle est inférée au fecond volume in-folio des additions à l'hiftoire de l'Abbaïe du Mont - Caffin, compofée pat Erafine Gattula, & publiée à

Venise en 1733. & 1734.

(28) Nous avons raporté dans notre Défenfe des titres & des droits de l'Abbaïe de S. Ouen les raifons, qui prouvent que ces 7500. chartes fauffes font une chimère. Il ne s'agiroit plus, que de réfoudre ce problème : la faufleté du fait doit-elle être rejetée fur le Bénédictin (D. Duchêne,) ou fur M. Lenglet? Mais il fe pouroit faire, qu'il n'y eût que du mal-entendu, & que ce dernier eût pris au férieux & trop littéralement ce que le premier lui auroit répondu par pure plaifanterie, pour le payer de fa foupçonneuse critique. Cela étoit tout à fait dans le caractère du P. Duchêne, que nous avons fort connu. Quoiqu'il en foit, la fable des faux titres de Brétagne n'a pas plus de fondement, que celle de la petite Abbaïe de Landevenec, où M. Simon (y) voyoit douze cents chartes, parmi lesquelles il y en avoit au moins huit cents de fauffes; quoiqu'elle n'en ait point d'autres que celles, qui font renfermées dans un feul cartulaire in-octavo, & dont le nombre peut aller à une centaine ou environ.

PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. VIII.

(y) Lettres choifies, nouvel. édit. tom. 4. p. 25o.

SECT. I.

Témoin de Rofieres, (z) qui ne hafarda nulle impofture, en PREM. PARTIE. faveur de la maifon de Lorraine. Témoin (29) Antoine de Cam-. CHAP. VIII. brai, qui ne fe prêta point aux vues criminelles de Jean V.. (2) Calmet hift.de Comte d'Armagnac, en lui (4) expédiant une fauffe difpenfe,. Lorr. t. 1. p. CXV. (a) Hift. de Lan- pour autorifer fon mariage inceftueux avec fa propre fœur. Et combien d'autres ne pourions-nous pas nommer?

gued. t. 5. p. 19.

(b) Murator.

pag. 4. M.Ménage

pas.

Il n'y a point, nous dit-on, de faux titres dans les archives des Princes, des Cours fupérieures & des villes. Ce n'est là ce que nous aprennent les plus favans (b) antiquaires, & Antiquit. Ital.tom. 3. Differt. 34. col. entre autres D. Mabillon, MM. Ménage & l'Abbé de Vertot, 10. Malillon. Suf- qui n'étoient pas moins au fait des dépôts publics, que des archiplem. de re diplom. ves privées. Ce n'eft pas non plus ce que l'expérience nous enhist. de Sablé pag. feigne, ce que fupofent les ordonances & déclarations de nos. 330. M. de Vertet Rois, ce que la pratique de la Juftice autorife. Où M. l'Abbé. hift. critique de l'établissem, des Bré- Lenglet a-t-il vu par exemple, qu'il fût défendu de s'inscrire. tons dans les Gau- en faux contre une pièce, prife dans un dépôt public; lorflesp. 42. 43. &c qu'on a de très fortes raifons, pour le faire? Si un acte, qui. en feroit tiré ne pouvoit jamais être raisonablement fufpecté; feroit-il quelquefois permis d'intenter contre, une acufation qui le met en cela de niveau avec ceux des autres. archives?

(c) Nomolexicon Thom. Blount ad

de France tom. 2.

Mais paffons à l'auteur, qu'il n'y ait aucun titre fupofé dans le Tréfor des chartes des Princes, & dans les dépôts publics... N'y en a-t-il point dans les archives des Seigneurs (c)? D'où vient cette foupçonenfe exactitude, avec laquelle le Juges d'armes examinent leurs titres de nobleffe: Que répondroit M.Lenglet, à qui. lui diroit,que fon Bénédictin(d)des plus fages & des plus vertueux n'a voulu parler, que de ces fortes de pièces, & nullement des. autres efpèces de chartes, plus communément défignées fous ce nom; furtout dans les converfations familiéres, que fous celui: Du Chefne Biblio- de titres ? C'eft furement ce qui paroit très probable. M. Lenglet France p.291.c. n'aura pas pris garde à l'équivoque. Ainfi ces titres n'auront (30)..

vocem falfify. Ordonn. des Rois P. 175. Etat des Oficiers des Ducs de Bourgogne p.34. Ménage hift.de Sablép. 111. 112.

th. des hift. de

(d) Méthod. ibid.

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rien d'aplicable à ceux des communautés féculières & régulières. Il eft certain d'ailleurs, que les deux tiers des Cathédrales & des Abbaies de Bretagne n'ont point d'anciennes chartes, (e) ni même de cartulaires. L'allégation de plus de 7.500. titres fupofés, dans cette feule province, pour prouver que les Chapitres & autres communautés ont des titriers & une infinité de pièces, auxquelles on ne peut fe fier, est donc ici déplacée, & en pure perte à tous égards.

Au furplus de ce qu'il y auroit beaucoup de faux titres en Bretagne, (31) on ne concluroit pas fans paralogifme, qu'il faut porter le même jugement des autres provinces du Royaume, & même des pais étrangers. Nous verrons dans la fuite, ce qu'on doit penfer des chartes de quelques Eglifes de France, & de celles des Etats voifins. Il nous fufit pour le préfent, qu'on n'en puiffe tirer une conclufion générale, contre les archives des Cathédrales & des autres communautés féculières & régulières.

X. Nous ne nous arêterons pas aux vaines déclamations de l'auteur Mémoires chronologiques & dogmatiques, qui paroit fort étranger dans la conoiffance des anciennes archives, & dans l'art de difcerner les faux titres. Il n'en eft pas moins hardi, à prononcer (f) que tout eft plein de cette espèce de marchandife. Le P. Chiflet favant Jéfuite, qui avoit feuilleté avec tant de foin les archives de beaucoup d'Eglifes, en porte un jugement bien opofé. Il déclare en termes formels (32), qu'il n'y a trouvé, que TRES RAREMENT des chartes fauffes & interpolées. Le docte P. Papebroc foufcrit au jugement de fon confrére, fur la rareté des pièces fupofées, qui fubfiftent dans les archives ecléfiaftiques. Il avertit même le public, qu'ayant profité des lumiéres de D. Mabillon, il fera déformais plus. réfervé, à cenfurer les anciens titres. (g) Pofthac in tabulis cenfurandis parcior.

(31) Sur trois mille chartes ou environ, imprimées dans les Memoires, pour fervir de preuves à l'hiftoire Ecclefiaftique civile de Bretagne, le favant & judicicux éditeur n'en a trouvé que quatre de fauffes.

(32) Longè aliud eft jus indebitum tabulis.ementitis fibi quarere velle, aliud jus

verum & jam partum, cujus tabula vetuf
tate aliove cafu perierint,ficto vel interpola-
to fcripto velle fibi tueri. Hoc PERRARÒ
facum deprehendimus in plurimarum Ec-
clefiarum, que evolvimus, archivis, & fua
potiùs fervandi, quàm aliena invadendi.
cupiditate.

PREM. PARTIE..
SECT. I.

CHA P. VIII.

(e) Voyez la Défenfe des titres de Ouen p. 330..

S.

&

Sentimens de furtout du P. quelques Jéfuites, Chiflet fur le petit nombre de faufles

chartes des Egli

Les..

(f) Tom. 3.p.109-.

(g) Acta SS. Junii tom. 1.n.90. f. 686.

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