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des formules, qui conviennent au tems des diplomes, qu'elles repréfentent: quoique les originaux ne foient pas pour cela privés de tous, & de chacun de ces avantages? La conféquence feroit-elle jufte de prétendre, qu'ils font donc fupofés: parcequ'il n'eft aucun original, qui fe trouve deftitué de toutes ces formules à la fois ? Nullement. La vérité eft, que les éditeurs ou copistes (5) ont regardé ces formalités comme peu importantes, fe font perfuades, qu'on les fupléroit aifément, & fe font flatés d'avoir par cette fupreffion confidérablement diminué leurs peines, l'étendue de leurs recueils & les frais du public. Cependant un chicaneur en prend prétexte, d'acufer ces pièces de faux. A-t-il raifon : Tout le monde fent au contraire combien il a tort. Concluons donc qu'il eft affez rare, de pouvoir juger de la fauffeté des originaux fur la feule inspection des copies.

?

V I. Mais fr elles étoient authentiques; des anachronismes: multipliés & des autres defauts contre l'hiftoire, on pouroit argumenter à la fauffeté des originaux : parcequ'on ne doit pas fupofer, qu'un grand nombre de fautes effentielles, aient pu se gliffer dans une copie, immédiatement tirée fur l'original. Ce n'eft pourtant pas que la chofe foit abfolument impoffible.. L'écriture auroit pu être fi éfacée ou fi dificile à déchifrer, le copiste & le revifeur fi (6) malhabiles; qu'ils auroient commis ou laiffé paffer des fautes capitales. Malgré cela une copie authentique, remplie de defauts très importans ou très groffiers, jetteroit un violent foupçon fur l'original, qu'on ne pouroit repréfenter, ou dont on ne fauroit produire des copies plus exac-tes, & en même tems plus anciennes, que Finfcription en faux. En effet on n'a pas droit de réaliser de pures poffibilités, ni de les opofer à des fautes palpables, ni de fupofer; ou que des perfones publiques ne fuffent pas lire des titres, qui

(5) On trouve des exemples d'anciens cartulaires non authentiques, où, pour abréger, on a fuprimé plusieurs formules en tout ou en partie.

(6) Non enim omnium eft characteres & fcripturam faculorum rudium intelligere; atque in iis defcribendis facilè ineptientes videmus ipfos avi noftri notarios. Ex hifce exemplis infelici labore confectis, dicere mihi liceat, complura offendas in Bullario

Cafinenfi Margarini, atque in Italiâ sacrâ Ughellii. Eadem fi tu ad examen revo-· ces, qualia apud nos proftant, non deerit tibi, unde illa falfi nonnunquam infimules.. Verùm ut cenfura folidis nitatur fundamentis, autographa ipfa invifenda ante forent, in quibus interdum aliter atque in› apographis editis fe res habet. Ludovic. Anton. Murator. Antiq. Italic. tom. 3, col.. [*78. 79.

étoient lisibles; ou qu'ils euffent déclaré avoir lu ceux, qui ne l'étoient point.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. XI.

Si l'on peut à peine, avec d'extrèmes précautions, porter un jugement fixe & abfolu fur la fauffeté des originaux, à raifon des vices, dont leurs copies feroient infectées; ne semble-t-il pas, qu'on ne pouroit jamais prononcer, d'une maniére certaine & indubitable, fur la vérité des originaux, à cause des qualités avantageuses, dont leurs copies feroient revêtues? Car il peut (i) bien ariver, que le texte d'un diplome ne pré- (i) Germon Diffente aucun indice de faux: tandis que l'écriture, l'encre, le cep. 4.p. 199. fceau, le parchemin & autres caractéres, que les copies ne fauroient rendre, manifesteroient aifément l'impofture de l'original.

Cet argument eft fpécieux fans doute & même preffant par raport aux copies récentes, dont on pouroit avoir forgé les originaux, fur les principes les plus exacts de la Diplomatique. Mais fi elles étoient anciennes, au moins d'environ deux cents ans; fi elles exiftoient avant l'impreffion d'un grand nombre de diplomes, & d'autres monumens de l'antiquité, qui auroient pu mettre les fauffaires fur les voies, d'imiter de près des formalités furanées, & de citer des traits hiftoriques prefque entiérement oubliés ; fi elles étoient pleines de faits ou d'expreffions, relatives à plusieurs points affez obfcurs de l'hiftoire de ces tems-là: on pouroit quelquefois par les feules copies, même non authentiques, prononcer avec affurance, fur la vérité de l'original. Comment en effet un fauffaire, qui n'auroit pas vécu du tems, que fe donne une pièce, auroit-il pu, dans des fiècles fi peu éclairés, être parfaitement inftruit des mœurs, des formules, & des plus petits détails historiques d'une maison, d'une ville, d'un canton, d'une province ? Et s'il ne pouvoit avoir de tout cela, que des idées fort confufes, & des conoiffances fort fuperficielles ; comment fon imposture ne perceroit-elle pas par une infinité d'endroits : maintenant que les ufages & les faits les moins intéreffans de ces fiècles reculés font dans un fi grand jour ? Au contraire fi l'on fait concourir l'age de l'impofteur, avec celui des dates de la pièce; l'inutilité de pareil inftrument démontrera, comme on le verra dans la fuite, qu'on n'eut pas même la volonté de le fabri

quer.

PREM. PARTIE.

CHAP. XI. Réponses aux ob

jections alléguées,

pour montrer,

qu'on ne peut ja

VII. Un faussaire, infiftera-t-on, (7) fe propofe pour modè--SECT. I.. le, un diplome du tems, auquel il veut fixer la pièce, qu'il va fabriquer. Il n'y change que les noms des lieux ou des droits, dont il médite l'ufurpation, ou dont il prétend conftater par des titres, qu'il eft légitime poffeffeur. Peut être ne poura-til rendre l'écriture, l'encre, le parchemin &c. au point d'en impofer aux plus habiles antiquaires. Mais (k) du moins ne faufleté des origi- pouront-ils par les copies, prononcer fur la vérité ou la faufnaux par les co- feté de l'original. Comment le jugeroient-ils faux : puifque dur (k) Germon. Dif- côté des formules, du ftyle, des ufages, de l'hiftoire, il fe cept. 4.p.198.199. trouve parfaitement afforti au fiècle, auquel il eft atribué ?

mais juger de la vérité ou de la

pies.

Comment le jugeroient-ils vrai : puifque fa faufleté est certai–
ne, & que c'eft là précisément ce que l'on fupofe: Répondra-
t-on, qu'on n'avance pas qu'il foit toujours, mais quel-
quefois poffible, de juger de la vérité des originaux par les
copies Il faudra donc déterminer les cas, où l'on poura porter
ce jugement, & ceux où l'on ne le poura point. Or on fou-
tient qu'il n'en eft aucun, où l'on puiffe le porter. Pour ju-
ger qu'un original eft véritable; il faut qu'il foit conforme
au ftyle, aux ufages, aux formules, aux faits hiftoriques du
tems, auquel il eft atribué. Or, fur le feul vu de la copie, ja-.
mais on ne fera certain, que cette conformité parte d'une au-
tre cause, que de l'imitation la plus fcrupuleufe d'un diplo-
me du tems. On ne poura donc jamais juger de la vérité de
l'original par la copie : quoiqu'on puifle quelquefois par ce
moyen juger de la fauffeté des originaux.

Voilà tout ce qu'on peut imaginer de plus fort, pour prouver qu'on ne fauroit jamais prononcer fur la vérité des originaux par les copies. Il eft peutêtre en rigueur & métaphyfiquement poffible, qu'un fauffaire imite, finon les caractéres (8) extrinfè ques d'un diplome, comme l'écriture, l'encre &c. au moins les caractéres intrinsèques, comme le ftyle, les ufages &c. Ileft inutile d'aprofondir, jufqu'où peut aller cette poffibilité. On

(7) On ne nous reprochera pas d'afoiblir les objections des adverfaires, que nous entreprenons de combatre.

(8) Nous apellons caractéres ou qualilités intrinsèques d'un acte, celles qui en afectent la fubftance, qui lui font tellement effentielles & inhérentes ; qu'elles fe

retrouvent également dans les copies & les originaux. Au contraire nous apellons qualités extrinsèques d'un titre, celles qui n'en regardent que l'extérieur, qui font propres à l'original, & qui ne peuvent communiquer aux copies.

SECT. I.

CHAP. XI..

ne fe conduit pas dans la vie, par des poflibilités métaphyfi- PREM. PARTIE. ques. Il eft vifible, que fi le fauffaire contrefait les formules, & autres ufages du tems, dans la dernière perfection; il ne refte plus de reffource, du côté de la copie, pour juger de l'origi-nal: parceque les caractéres extrinsèques font incommunicables aux copies, & qu'elles ne font fufceptibles, que des feuls intrinsèques. Mais il n'eft pas dificile de prouver, que cette parfaite imitation des caractéres, même intrinsèques, eft moralement impoffible.

1°. Que le fauffaire foit arêté tout d'abord par cette impoffibilité, en voici les preuves. Il a intention de s'aroger des droits, & d'envahir certains biens, avec toutes leurs circonftances & dépendances. Il faut donc qu'il en fixe la donation ou la vente à certain fiècle. La dificulté ne fera pas, d'en trouver des chartes; mais d'en trouver, qui quadrent à tous égards, avec fon objet. Car ici la plus légère difparité le trahira plus furement, que s'il avoit moins pris de précautions. Or, atendu les circonftances & dépendances, qui emportent des variétés infinies ;une reffemblance parfaite entre deux donations, eft à peu près auffi dificile à rencontrer, que deux vifages, qui fe reffemblent parfaitement. Si le fauffaire diffimule les diffemblances qui fpécifient & caractérisent ces biens, ces droits, ces priviléges, & toutes leurs fuites; fa diffimulation afectée découvrira l'imposture. S'il ne les diffimule pas; il fe laiffera entamer par divers endroits, qui auront trait à l'hiftoire du tems, hiftoire qu'il ne peut pofféder de manière, à ne point faire autant d'écarts que de pas..

2o. Dans l'impoffibilité de rencontrer un modèle, qui s'a- · jufte parfaitement à toutes fes vues, il fera forcé de fe contenter d'un diplome, qui aura feulement quelque raport avec elles. De-là là néceffité de faire des changemens, foit dans les perfonages, foit dans les dates, foit dans les traits hiftoriques. Voilà donc autant de moyens, par lefquels la fraude poura fe manifefter; fans qu'il foit befoin de recourir à l'original. Un feul nom changé va dévoiler tout le mystère. Avant le renouvellement des fciences, auroit - on trouvé des hommes ; qui euffent pu dire précisément quel étoit le Seigneur, le Comte, l'Abbé, l'Evêque même, lequel cinq cents ans auparavant étoit maitre de tel lieu; qui cuffent pu faire conoitre la nature.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. XI.

& les circonftances des droits, qu'il y poffédoit, en quel tems il commença d'y exercer fon autorité, & quand il ceffa d'en avoir la jouissance, foit par la mort, ou par quelque autre accident; fi tel jour, telle année il étoit en tel lieu, où l'on fupofe que la charte fut acordée : L'éclairciffement de tous ces points & de bien d'autres encore, qu'on y pouroit ajouter ; étoit évidemment néceffaire, & en même-tems impoffible, pour tout homme d'efprit dans le fiècle, où nous le plaçons. Il ne lui reftoit donc point d'autre moyen, que de paffer fur ces dificultés, & de nous laiffer pleine liberté, de le convaincre d'imposture avec les fecours, que fourniffent aujourdui, une infinité de diplomes & de monumens hiftoriques, qu'il étoit alors moralement impoffible de réunir & de comparer. Or il ne faut que des copies, pour opérer cette conviction.

Donc &c.

que

3o. Mais en admettant la fupofition, dans toute fon étendue fouvent aujourdui les feules copies fufiroient, pour découvrir la fraude d'un original, contrefait fur un diplome du tems. Il arivera le fauffaire fera donner par un Seigneur, ou par un Prélat, des biens ou des droits, qui apartenoient à un autre. Les preuves en feront manifeftes. Des monumens certains, qu'on ne conoiffoit pas, au tems de l'impofteur, l'atesteront de façon; à ne laiffer aucun doute. Voilà donc encore une ouverture, pour juger quelquefois de la fauffeté des originaux par les copies, tirées fur des chartes contemporaines. Il n'eft donc pas vrai, qu'on ne puiffe alors prononcer fur la vérité, ni fur la fauffeté des originaux par les copies.

4°. Quand une copie a été faite peu après l'original; il est plufieurs cas, où l'on eft en droit de conclure, qu'elle en prouve la vérité. L'original n'a pu être fupofé depuis l'age de cette copie. Il ne l'a pas non plus été auparavant. La copie touche prefque au tems de l'original. Celui-ci tout au moins a été repréfenté, pour que cette copie fùt tirée, fuivant les formes juridiques. Par conféquent la pièce originale, & fon auteur fe feroient trouvé expofés aux rigueurs de la Juftice. L'original n'aura été fabriqué, que pour envahir le bien d'autrui, ou pour conferver la jouiflance de celui, dont on fe croyoit légitime poffeffeur. Si c'étoit pour s'emparer de fonds étrangers: les propriétaires ne s'en feroient pas deffaifis, & de

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