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PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. XI.

Les fautes des

le texte original, s'il venoit à leur être comparé. La corraption des copies doit donc moins être imputée aux fauffaires qu'aux copiftes ignorans, & aux correcteurs mal-habiles, qui: ont mieux fenti les fautes, qu'ils n'ont été capables de les re-. dreffer. Dire que ceux à qui la pièce étoit utile, l'auront corompue, c'est un pur fophifme. Eft-ce qu'une pièce exemte de: toute corruption leur auroit été moins utile? Juger de la fauffeté par la corruption; c'eft encore tomber dans le paralogifme, qui fubftitue des caufes imaginaires aux véritables. Estce que cette corruption ne peut pas naitre d'inattention, de présomption, d'ignorance ?

X. Si l'on rejetoit les copies uniquement à caufe des fautes; copies ne prouvent qui s'y rencontrent; que ne rejeteroit-on point? Les copies des ni celle des origi- (10) anciens livres en font-elles exemtes: Combien n'en a-tnaux. Rejeter les on pas trouvé dans le Code Théodofien? combien dans celui, copies à caufe des de Juftinien & autres loix anciennes, qui fervent encore aufautes qu'elles renferment, c'eft jourdui de règles dans les jugemens: combien dans les MÃ. tendre à rétablir le des faints Pères : combien même dans les copies de l'Ecriture pyrrhonisme fur fainte? Pour coriger ces fautes; on n'a befoin, que de la comReligion & de la paraifon des copies de chacun de ces originaux, avec les fecours d'une bonne critique. Car on n'a plus à préfent les (11) autographes des livres facrés : on n'a plus ceux des versions.

les ruines de la

raison...

(m) Reven. eclés. ram. 2. p. 288.

teffe. S'agiffoit-il de mettre en parallèle. la divinité, l'excellence ou l'authenticité de ces livres ineftimables, avec de vieux parchemins ? N'étoit-il pas au con-traire uniquement queftion des risques & des accidens, qu'ont couru les originaux de ces oracles divins, rifques & accidens, auxquels nul n'a échapé; quoiqu'il existe.. une infinité d'originaux de titres antiques. La confervation actuelle des autographes

· (10) Eodem jure, dit un favant Efpa-Mais ce reproche avoit bien peu de juf-
gnol, facra ipfa canonicaque Biblia, vete-
rumque Ecclefia pugilum monumenta in
fufpicionem voces. Hac enim à Librariis
pariter ac notariis, quid iis contineretur
ignaris, unumque lucellum ab eorum ex-
fcriptione fpectantibus magnâ ex parte def-
cripta funt & hodieque typis excuffa pro
muntur. Ex quo illud accidit, ut tot. men-
da, tum ex facris, (ne ipfis quidem cano-
nicis Bibliis exceptis) cùm ex profanis
fcriptoribus, ab noftri faculi Criticis fubla-n'eft donc pas ce qui relève le prix des
ta fint. Perez. Differt. Ecclef. pag. 55..
... (11) M. Simon reprochoit autrefois (m)
́aux Bénédictins, d'avoir comparé leurs
chartes avec les livres faints, les Conciles
& les faints Pères: parceque fur la de-
mande, qu'on leur faifoit de produi-
re quelques, originaux d'anciens titres
perdus; ils avoient demandé à leur
tour, où étoient ceux des Evangiles, des
Conciles généraux, des premiers Pères.

monumens facrés & profanes de la plus.
haute antiquité. Leur antiquité même eft
la principale caufe, de ce qu'ils font pri-
vés de cet avantage. Mais ils en font bien
dédommagés d'ailleurs. S'ils ne tiroient
leur mérite, que de l'existence actuelle de'
leurs originaux; il y a longtems que c'en
feroit fait de leur autorité refpective. Par.
bonheur elle est fondée sur des motifs in- -
finiment plus folides, qu'on trouvera».

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SECT. I.
CHAP. XI.
(n) De re diplom..

authentiques: on n'a plus ceux des ouvrages des faints Pères :
en (2) n'a plus ceux des hiftoriens & des auteurs profanes.
Quoiqu'on ait publié de la plupart de ces précieux reftes de
l'antiquité, de fort bonnes éditions; en a-t-on d'authentiques, p. 238.
fi l'on en excepte les faintes écritures Rejete-t-on pour cela.
les témoignages de ces autres monumens, comme faux ou fuf-
pects? Pourquoi donc, fous prétexte de fautes ou de non au-
thenticité, n'ajouteroit-on pas foi aux copies des diplomes,
lorfqu'elles font anciennes ? Les monumens refpectables de la
Religion & de l'hiftoire demandent-ils moins de précautions,
que de vils intérèts, dont les feules préfomtions décident affez
fouvent? Pourquoi, dans les fiècles paflés, auroit-on pris tant
de peine, à dreffer des cartulaires ou recueils de chartes; si
l'on n'avoit été dans l'ufage d'y ajouter foi ? Pourquoi auroit-
on négligé de les revêtir de l'autorité publique; fi cette for-
malité eût été néceffaire? A la bonne heure qu'on ne donne
pas une créance entiére aux copies plus récentes, que les rè-
glemens, qui prefcrivent, qu'elles feront collationées,. & cer-
rifiées véritables par des perfones publiques. Mais les loix ont-
elles un effet rétroactif?

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A force de décréditer les copies des chartes, il feroit à craindre qu'on ne vint, fans le vouloir, à l'apui de ceux, qui tendent à ruiner l'autorité des livres faints par les objections, qu'ils font contre la Tradition. On peut certainement apli quer à quelques ouvrages des faints Pères, tous les foupçons généraux, qu'on forme contre les copies de titres fort anciens. Celles de plufieurs Pères n'ont été ni plus multipliées, ni plus

dévélopés au long dans tous les Traités fur l'Ecriture fainte. La comparaifon des originaux perdus de ce livre divin, avec ceux des anciens diplomes, ne peut donc jamais le dégrader en quoi que ce foit. Car il ne s'enfuit nullement de là, qu'on pouffe-le parallèle jufque fur quantité d'autres points & de raports, qui n'en foufrent aucun.

lear autorité: n'eft-il pas clair que la même règle doit avoir lieu, & par raport aux ouvrages des faints Pères & des auteurs profanes, & par raport aux autres monu-mens de l'antiquité, fans en excepter les diplomes. En effet la règle, qui feroit grace aux livres faints des fautes des copiftes, pouroit paroitre füfpecte de parD'ailleurs filon peut argumenter d'un tialité; fi elle ne procuroit la même fafujet à un autre ; quand toutes chofes veur à toute autre pièce, qui ne fauroit font égales on le peut à plus forte rai- être convaincue que de cet unique defaut. fon; quand il s'agit du plus au moins. Si Les écrivains de Saint Victor, feront-ils donc les livres facrés n'ont pas été à cou- contens des réponses, que nous donvert des fautes & des méprifes des copif-nons aux reproches de M. Simon, qu'ils tes; & s'ils n'ont rien perdu pour cela de ont jugé à propos de faire (0) revivre ?

(0) Juftific, da Mém. de S. Victor. p. 12. & fuiv. Premier fupplé

des titres de faintment à la Défense. Ouen pag, 24..

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(p) Pag. 207.

208.

connues. Il fera donc permis de rejeter leurs ouvrages fous les mêmes couleurs. Ainfi l'on ruinera peu à peu toute la Tradition, en déclamant contre. les mauvaises intentions des copistes, leurs falsifications prétendues & leurs fautes réelles.

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Le P. Defpineul Jéfuite dans fa (p) III. Réponse critique à M. le Clerc, fait fentir les dangereufes fuites de ces acufations. » Il eft toujours bon, dit-il, en raillant fon adverfaire, de s'en prendre aux copistes, & d'en appeller à l'original, qu'on n'a point. Sur ce pié là M. le Clerc ne fera jamais embaraffé. » Citez lui S. Cyprien fur les trois témoins du Ciel. Tres funt qui teftimonium dant in cælo Pater, Verbum & Spiritus fanétus ; la réponse eft toute prète, l'exemplaire eft corrompu, & si » on le preffe par S. Jérôme : quelques ignorans ou QUELQUES » MOINES mal-intentionés auront fait paffer la plainte de ce Père, qui acufe les hérétiques d'avoir retranché de leurs exemplaires ces paroles de S. Jean, Tres funt qui teftimonium &c. Ils l'auront, dis-je, fait paffer de la marge dans le texte. » Les ouvrages des faints Docteurs ont couru tant de fortunes, » & nous font venus par tant de mains; qu'il n'eft pas POSSI

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» BLE QU'ON N'Y AIT INSÉRÉ BIEN DES CHOSES, ET QU'ON N'EN » AIT ÔTÉ D'AUTRES, SELON LES DIFÉRENS INTÉRÉTS DE CEUX » QUI LES PUBLIOIENT. Par là M. le Clerc ruine tout d'un coup » la Tradition. Peut-être même que l'Ecriture fon unique règle » en foufrira un peu. (Car LES EXEMPLAIRES DES LIvres saCRÉS ONT ÉTÉ EXPOSÉS AUX MESMES INCONVENIENS. « Voilà donc, felon le P. Defpineul Jéfuite, les exemplaires de l'Ecriture fainte, aussi bien que ceux des faints Docteurs, expofés à des additions, à des retranchemens: & cela fuivant les diférens intérêts de ceux, qui mettoient cés exemplaires au jour. C'est bien pis que de demander, où font les originaux des Evangiles, des Conciles généraux, des faints Pères. Et cependant perfone n'en fait un crime au P. Defpineul. Car quoique la propofition paroiffe un peu dure; la bonne foi, & l'équité ne permettent pas de s'élever contre lui; comme s'il avoit acordé à fon adverfaire, que l'Ecriture fainte auroit foufert quelque altération importante, ou que les faints Pères en général auroient été corrompus dans des points effentiels.

Acufer les copies & les copistes, fans les pouvoir convaincre par l'original, ou par des preuves également péremtoires:

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c'eft, felon ce favant auteur, un artifice des hérétiques. Soutenir PREM. PARTIE. les faints Pères & les livres facrés ont couru tant de fortunes, que & paffe par tant de mains ; qu'il n'est pas poffible, qu'on n'y ait inféré bien des chofes, & qu'on n'en ait ôté bien d'autres, fuivant les intérêts de ceux qui les publioient : c'eft à fon jugement, renverfer d'un (12) feul coup l'Ecriture fainte & la Tradition, ou du moins leur donner une furieuse ateinte. Ajoutons que raisoner ainsi sur les anciens diplomes; ce feroit faper les fondemens les plus inébranlables de l'hiftoire, & donner du relief à un argument, qui peut avoir de grandes conféquences pour la religion: malgré les diférences extrèmes ; qu'à juste titre on mettra toujours entre les avantages, que ces divers monumens ont les uns fur les autres, tant du côté de l'authenticité & de l'intégrité du texte, que de la certitude, où nous fommes,. qu'aucune faute importante n'altérera jamais la pureté des oracles divins. En général » les copistes ont pu fe tromper; mais

(12) A ce compte le docte Jéfuite auroit dû fe récrier avec encore plus de force contre l'auteur, cité dans les Lettres critiques de M. Simon, imprimées à Bafle en 1699. pag. 123. Ce dernier lui fait dire, qu'à la réserve de quatre ou cinq livres, tous les autres ont été fabriqués, il n'y a pas plus de cinq cents ans, par d'exécrables fauflaires, qu'il ne nomme point. (q) Incredibile acfinile pertenti eft, quantam falforum fcriptorum fegetem de rebus tum facris tum profanis exfecranda ac deteftabilis una quadam, ut cateras fileam, ante annos ferè quingentos officina effuderit. (r) » Se défier des Mfl. dit le P. Germon, » que nos ancêtres ont pris grand foin de > nous tranfmettre, & concevoir ces fen»timens, fous prétexte de quatre ou cinq hérétiques, qui auroient fuprimé » ou corompu quelques petits mots, c'eft » le fonge d'un homme en délire. Et ce » n'eft pas fimplement un fonge, mais un » fonge plein d'impiété. En effet quicon» que s'eft une fois livré à de fi folles

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alarmes, doit néceffairement avoir » pour fufpects tous les monumens de la » doctrine Chrétienne, que nous avons » reçue avec refpect de nos ancêtres, & » que nous gardons religieufement. Ille fufpecta habeat neceffe eft omnia Chrif

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» tiana doctrina inftrumenta. Il n'eft per

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fone,qui ne voie l'impiété & l'abfurdité » tout enfemble d'une pareille imagina» tion. Quod quàm impium fit, quàm abfurdum, nemo non videt. Loin d'ici une » opinion, à laquelle qui que ce foit ne » voudroit foufcrire: à moins qu'il ne » fût extravagant & impie, nifi amens & impius. L'allufion que le P. Germon fait aux ouvrages de fon confrére le Père Hardouin eft des plus frapantes. Voyez auffi M. Dupin dans fon avertiffement au lecteur, à la tête de fa Bibliothéque des auteurs ecléfiaftiques du VI. fiècle de l'Eglife, & la Bibliothèque des auteurs du XVII. fiècle, tom. V. pag. 304. les Harangues de M. J. B. Menken, qui parurent en 1715. fur la charlatanerie des Savans: un écrit intitulé: Vindicia veterum fcriptorum contra J.Harduinum S.J.P.Roterodami. 1708. Bibliothéque choifie de le Clerc tom. 14. p. 332. tom. 15 p. 166. Differtations hiftoriq. fur divers fujets, à Roterdam. 1707. Bibliothéque raifonée, tom. 1. p. 71. Mémoires de Trévoux, Août 1708. 1735. & Mars 1747. P. 559.. 560. & le Traité de la vie, des mystères & des années de Jefus-Chrift, par le Père: Hyacinthe Amat de Gravefon, pag. 101..

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SECT. I. CHAP. XI.

(0) Tom. 3.

pag. 313.

رو

» cette poffibilité ne fufit pas, pour dire qu'ils fe foient réelle
» ment trompés. Il faut des faits, qui conftatent la falfifica-
tion. Telle eft la judicieuse réponse de l'auteur du (s) Traité
de la véritable Religion, à une objection des athées, contre
l'altération prétendue de l'Ecriture fainte, dans le recit des
faits évangéliques. Une raison, qui ne tire fa force, que
de fa
propre évidence, est également aplicable à tout autre monu-
ment, quelque profane qu'on le fupofe. Il faut donc des preu-
ves formelles de falfification, pour rejeter une ancienne copie,
deftituée des marques d'authenticité, que les fiècles poftérieurs
ont exigées. Si ces preuves manquent; les copies doivent être
cenfées véritables, & conformes à l'original: du moins dans tout
ce qu'elles renferment d'effentiel. Combien donc méritent-
elles de créance, ou lorfqu'elles font authentiques, ou lors-
qu'elles ne fauroient être convaincues d'aucunes fautes conf
ftantes & manifeftes?

SECTION

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