Recherches critiques fur la Nomenclature, & l'ufage des divers actes apartenant à la Diplomatique. L de ES Titres renfermés dans les archives font connus fous les noms génériques de diplomes, de chartes, d'inftrumens, de mémoires, de papiers, de lettres, d'écritures, de bulles, de pièces, de cédules, de roles, de teftamens, de préceptes, de priviléges, d'édits, de conftitutions, traités, de contrats, de brefs ou brévets, de procédures, d'arêts, de registres, d'aveux, de baux, d'enquêtes, de cartulaires, d'inventaires, de notices. Ajoutez à tout cela libelli, tabule, indiculi, tituli, autoritates, pagina, munimina, chirographa, authentica. PREM. PARTIE. Cette foule de noms n'épuife pas encore celle des diverfes fortes de titres, qui fe confervent dans les dépôts & publics & particuliers. Plufieurs de ceux, dont on vient de faire l'énumération, conviennent généralement à toutes les espèces d'actes; les autres s'étendent au moins à l'une d'entr'eux. Les uns fe tirent de la nature des pièces, d'autres de leurs formalités, beaucoup de leurs objets. On pouroit divifer d'après D. Mabillon (a) les titres en quatre genres principaux, chartes (a) De re diplem. ecléfiaftiques, diplomes royaux, actes publics, cedules privées. p. 5. & feqq. Chacun de ces genres fe fubdiviferoit en plufieurs autres. Mais, pour éviter l'inconvénient de revenir fans ceffe fur les mêmes pièces, dont grand nombre fe raportent également à diferentes claffes; nous aimons mieux les diftinguer par les dénominations, qu'elles portent en titre, ou par lefquelles elles fe défignent elles-mêmes dans le corps de l'acte. Ainfi nous Tome I. Gg SECT. II. , IREM. PARTIE. Placerons les lettres, chartes, notices, pièces judiciaires, & légiflatives, contrats, teftamens, brefs actes & registres fous autant de chapitres; fans y obferver d'autre arangement, que de commencer chacun d'eux, autant qu'il fera poffible par les titres ecléfiaftiques, de traiter enfuite de ceux émanent immédiatement de la Puiffance fouveraine ou de l'autorité publique, & de finir par les actes paffés entre les particuliers.. qui Il n'eft prefque aucune des pièces, qu'on admet dans les archives, auxquelles on ne puiffe apliquer les noms de chartes,. d'actes, d'inftrumens, de diplomes & de lettres. Ceux de chartes & de diplomes font ordinairement réfervés pour les anciens titres, ceux d'actes pour les nouveaux, ceux d'inftrumens & de lettres conviennent également aux uns & aux autres. Quelques-uns ne font plus d'ufage. D'autres font de nou velle invention. Mais avant que de nous engager dans une fi vafte carrière; il ne fera pas hors de propos, de rendre raifon des motifs qui nous obligent d'y entrer. On pouroit nous objecter en effet, que la plupart des noms de chartes, dont nous nous propofons, de donner une idée, ont été difcutés à fond par M. du. Cange & les favans éditeurs de fon Gloffaire. C'est un fait , que nous acorderons fans peine. Nous faififfons même avec joie l'ocafion, de rendre justice à leurs prodigieufes recherches. Nous déclarons donc hautement, qu'on trouvera fondu dans cette Section, à peu près tout ce que leur excellent ouvrage renferme d'effentiel fur la nature, la distinction, la nomenclature des diférens monumens dépofés dans les archives. Mais on n'a recours aux Dictionaires, qu'à proportion qu'il faut éclaircir des locutions dificiles. Il eft ici question de réunir, fous un feul point de vue, toutes les chartes, de quelque nom qu'on les ait décorées. Il s'agit de découvrir leurs raports, de raprocher leurs efpèces, d'en former un fyftème. Or ce font là des avantages, qu'on ne rencontrera pas dans le nouveau Gloffaire de du Cange. Eût-il ateint tous les degrés de perfection, dont il eft fufceptible; il faudroit encore lui donner une nouvelle forme: fi l'on vouloit y manifefter l'enchaînement des chofes, qui ont ensemble des liaisons naturelles.. Nous avons d'ailleurs puifé dans bien d'autres fources, comme SECT. II. on poura s'en convaincre par les fréquentes citations, que PREM. PARTIE. nous mettrons en marge. Nous pourions même ajouter, que fur la feule dénomination des chartes, nos découvertes fourniroient à une nouvelle édition de du Cange, un nombre confidérable & de corrections & de mots ; quoique nous n'en faffions la remarque, que très rarement. Ce qui s'étoit dérobé à nos recherches, en parcourant cet immenfe recueil de mots, nous a été communiqué par M. de la Curne de Sainte Palaye, avec cette générofité & cette politeffe, qui le diftinguent parmi les favans. D. Mabillon, M. le Marquis Maffei & d'autres auteurs ont à la vérité dit quelque chofe fur les diférentes efpèces de chartes. Cela entroit dans le plan d'une Diplomatique. Mais quoiqu'ils en aient parlé d'une maniére fort judicieufe, ce ne font que de légers effais. Ils ne nomment pas même la centième partie des titres, que nous alons tacher de faire conoitre. A l'utilité du travail en lui-même, fe joint la néceffité d'aplanir la lecture des quatre parties fuivantes de notre ouvrage, & de ne pas réduire, ou ceux qui les liront, à recourir fans ceffe au Gloffaire de du Cange, ou nous-mêmes, à interrompre nos recherches , par des interprétations perpétuelles des mots, dont nous ferons obligés de nous fervir. Quand on fera un peu au fait des matières, qui vont faire l'objet de la Section préfente; on en lira avec plus d'agrément & d'intelligence les Conciles, les anciens auteurs, les Collections de diplomes, les hiftoires mêmes Ecléfiaftiques & Civiles de ces derniers tems: puifqu'on n'y a pas toujours expliqué quantité de termes fort communs autrefois; mais que nous ne conoifsons plus, que par les anciens monumens. PREM. PARTIE. SECT. II. CHAP. I. CHAPITRE I. Titres connus fous les noms de lettres, d'épitres, No Ous avons déja fait fentir, que les lettres font du moins une portion très confidérable des (1) pièces, qui entrent. (a) Cic. pro Flac- dans les archives. On comprenoit (a) anciennement fous ce co. Maffei Iftor.dinom toutes fortes d'actes ou d'écritures. Le nombre de celles, plom.pag. 16. qui ne font diflinguées par aucune dénomination particulière, eft prefque infini. Plus on fe raprache des derniers fiècles, plus il femble s'augmenter. Si l'on leur joint les lettres, dont les collections des Conciles font remplies; ce ne fera pas un médiocre furcroit. Car il ne faut pas douter, qu'il n'eft prefque aucune des lettres, prefque aucun des actes, qu'on y trouve, qui n'ait originairement été tiré des archives ecléfiaftiques. On ne fera pas furpris après cette remarque, de nous voir quelquefois parler d'actes, qui n'ont rien de commun avec les afaires temporelles. Mais ne diferons pas plus longtems, d'entrer en matiére. L'abondance des chofes, qui s'ofre à la fois à nos recherches, nous oblige à divifer ce chapitre, en lettres proprement dites, littera, en épitres, epiftola, en indicules, indiculi en refcrits ou réponses, refcripta, refcriptiones.. (1) Nil frequentius in hoc libro & in formulis leg. Rom. dit M. Bignon, dans fes notes fur Marculfe, quam per epiftolam negotium gerere, atque adeo omnes libri hujus formula in epiftola modum concepta funt. Surquoi D. Mabillon observe, qu'où les Neuftrafiens employoient des * chartes, apellées teftamens; les Aquitaniens faifoient ufage d'épitres. De ra diplom. p. 5. Les chartes, dit Madox,. ont ordinairement la forme de lettres... Formulare Anglic. A Differt. concerning ancient charters. p. XXXII. ARTICLE PREMIER. Lettres proprement dites, ecléfiaftiques, rojales & privées, Voique les lettres ecléfiaftiques forment une claffe affez étendue, pour être fufceptible de diverses subdivisions; ne les envisageât-on que de la part de ceux ux, de qui elles font émanées : nous ne diftinguerons point fous des titres particuliers, celles des Evêques, des Abbés, des Archiprêtres ou Archidiacres, des Prieurs, Oficiaux, Doyens, Vicaires généraux & autres Prélats ou Ecléfiaftiques conftitués en digni té. Comme plufieurs d'entr'elles conviennent également aux uns & aux autres; il vaut mieux les confidérer ture propre & intrinsèque, que par la qualité de leurs auteurs. Nous en excepterons néanmoins les Bulles des Papes. La variété de ces pièces eft telle, qu'elles pouroient aifément conftituer feules plufieurs efpèces. , par leur na PREM. PAR TIE. CHAP. I.. Lettres Apofto I. Les plus anciennes font célébres, fous le nom de lettres ou d'épitres des Papes. Parmi elles, les fynodiques & decréta- liques. les tiennent un rang distingué. Les premières font le refultat des Conciles Romains. Les Papes avoient foin de notifier les réfolutions, qu'on y avoit prifes & les règlemens, qu'on y avoit dreffés, à ceux qui de-voient en avoir conoiffance. Les Decrétales furent originairement des réponses aux Evêques & autres perfones, qui confultoient le faint Siége fur la Difcipline. L'Ecriture, les faints Pères, les canons des Conciles généraux & particuliers les plus acrédités ofroient aux Pontifes Romains des règles, dont ils faifoient gloire, de ne jamais s'écarter dans leurs décifions. S'ils s'agiffoit de quelque article, fur lequel les Conciles n'euffent rien défini; les ufages. observés à Rome étoient propofés pour modèles. Dans la fuite & furtout depuis le milieu du XI. fiècle; les decrétales s'étendirent à toutes les matières, qui font ou qui étoient pourlors du for ecléfiaftique. Ce n'eft pas ici le licu, de faire conoitre en détail les cinq fameufes collections des decrétales, rédigées dès le XII. & XIII. fiècles. On peut fe contenter |