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PREM. PARTIE
SECT. II.
CHAP. I.
ART. 1.

de ce qu'en a dit M. du Cange, dans fon Gloffaire de la basse
& moyenne Latinité, fur le mot Decreta. Les Papes publioient
auffi des Decrets & Statuts, qualifiés decreta & conftituta. On
en vit des exemples, dès les V. & VI. fiècles; au lieu
dès le IV. les decrétales étoient déja connues.

que

Les priviléges en forme de lettres ne font guère moins anciens que les decrets. Nous montrerons dans notre troifième Partie, fur les fiècles V. VI. VII. quel étoit leur ufage & leur étendue. C'eft auffi ce qui nous doit engager, pour ne pas répéter les mêmes chofes, à paffer fous filence les brefs connus depuis plufieurs fiècles, fous le titre de lettres apoftoliques; ainfi que les bulles confiftoriales & pancartes, mandats & autres conftitutions ou refcrits des Papes. Il fufit d'obferver, que les bulles empruntent leur nom du fceau de plomb, ataché à ces lettres. Ainfi le terme bulla ne fignifie ni dans le droit canon, ni même dans les bulles, une lettre apoftolique; mais le fceau, dont elle est munie. Ces pièces ont donc tité de là leur dénomination: de même que les chartes ont été qualifiées figilla du fceau, dont elles portoient l'empreinte.

Les Bulles des Papes élus, mais non confacrés, en omettoient les noms fur leurs fceaux. C'est ce qui les fit apeller par les Papes mêmes, Bulle defective: quoiqu'ils y reconnuffent la même autorité, que dans les autres. En Angleterre on leur donna le nom de Bulla blanca. Ceux qui atachent les fceaux Hug. de pri- de plomb aux Bulles font (b) apellés plumbatores.

má ferib, origine pag. 192.

(c) Col. 570.

$71.

Le titre de Bulle n'a pas été réservé aux feules lettres des Pontifes Romains. Il leur eft commun avec celles des Empereurs, de certains Prélats, de quelques Conciles écumeniques & furtout de celui de Bafle. On en voit plufieurs monumens; non feulement dans les collections des Conciles, mais même dans les diverfes archives de la Chrétienté. Elles font revêtues de la même forme, que les Bulles des Papes du XIV. fiècle.

Le XII. tome des Conciles du P. Labbe (c) raporte des Bulles du Patriarche de Conftantinople & de l'Empereur des Grecs. Les Bulles des Empereurs d'Allemagne ne font pas moins célébres. Perfone n'ignore la Bulle d'or de l'Empereur Charle IV. On ne voit pas au refte, qu'on ait étendu le nom de Bulles, aux chartes des autres Rois, Princes, Seigneurs &

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SECT. II.

CHAP. I.

ART. I.

Prélats du commun, pour avoir été fcellées de Bulles & de fceaux d'or, d'argent, de cuivre (d) ou de plomb: ufage fur lequel nous aurons plus d'une ocafion, de nous expliquer. Parmi les dénominations données aux Bulles, mais qu'elles (4) Hug, ibid.. ne s'atribuent pas elles-mêmes, celle de Syrma dans le age paroit fingulière. On la tire des fceaux pendans, qu'on y atachoit dans un tems, où la coutume étoit encore de les apliquer aux autres diplomes.

moyen

Le nom de Bulle fe prend quelquefois dans le fens de fchedula, cédule. Alors il ne fignifie rien de plus, que buletta, bulette, bulletin, brévet.

I I. Les lettres ecléfiaftiques, que les Grecs apelloient cano- Lettres formées, ou canoniques, de niques & les Latins formées, ont beaucoup exercé la critique recommandation, des favans du dernier fiècle. On convient affez aujourdui, d'émancipation, qu'elles prennent leur nom du type, ou de la forme du fceau, de pénitence, de qui y étoit empreinte. Au lieu de littera formata, on difoit confeffion,d'absoquelquefois forme ou forma.

de communion

lution &c.

(f) Fr. Bern.

Ferrari de artiq.
Ecclefiaft. Epifola-

rum genere. lib. 1.

Diurn. Rom. Pont.

(g) Conc. tom. z.,

Les lettres régulières, regulares, dont parle Jean VII. (e); (e) Epist. 48. ne font autres, que des lettres formées, ou canoniques. On leur donnoit d'ailleurs indiféremment le titre & de lettres & d'épitres. On (f) en comptoit de bien des efpèces, lettres d'ordre, lettres de communion, lettres de recommandation, lettres pacifiques, lettres démiffoires. Leur invention eft atribuée aux Pères de Nicée par Atticus Patriarche de Conftantino- pag. 2. & feqq. ple. Le (g) Concile d'Afrique ordona, que le jour de Paque (2) y feroit marqué, & que fi l'on l'ignoroit, celui de l'année cap. 75. précédente en tiendroit licu. Le fecond Concile de Chalons fur col. 653. Can. 40. Saone régla, que ces fortes de lettres feroient fcellées en plomb. 73. On peut voir la maniére de les dreffer, (b) à la fin des formu (b) Baluz. cales de Lindembroge, dans la nouvelle collection de celles pitul. tom. 2. col. de M. Baluze, & dans le Mufeum Italicum. Ces lettres n'é- Muf. Italic. tom. 1. 556.584.& feqq. toient adreffées, que d'Evêque à Evêque. Elles devoient *com- part. 2. pag. 240. mencer par l'invocation: In nomine Patris & Filii,& Spirits 241 242. fancti. On y employoit plufieurs caractéres grecs, afin qu'il rari lib. 1. cap. s fût pas facile, de contrefaire ces pièces, & prefque toujours on les terminoit

ne

par ἀμήν.

Il n'étoit point permis aux Prêtres, ni même aux Abbés

(2) On ne trouve point le jour de Paque fur les lettres formées, qui font parvenues jufqu'à nous..

*Bernardin. Fer

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(4) Cang.Gloffar. Latin. tom. 2. col. 1417.

cap. 20.

d'adreffer aux Evêques des lettres formées, (i) ou canoniques, mais de fimples lettres, des lettres en forme de fuplique, litteras fimplices, deprecatorias. Elles avoient pourtant affez souvent le même effet, que les lettres formées.

Celles-ci prirent la place de ces fignes ou fymboles, empruntés des anciens peuples, & dont les Chrétiens fe fervirent (k) De prafcript. d'abord, pour s'entrereconoitre. Avec ces marques, apellées par Lalance, fidei teffera & par Tertullien (k), contefferatio hofpitalitatis; ils étoient reçus comme frères, & l'on exerçoit envers eux tous les devoirs de l'hofpitalité. Julien l'Apoftat imi(1) Greg. Naz. ta à fon tour les lettres formées (1) des Chrétiens. Les fignes in Jul. Sozom. lib. ou fymboles, dont on ufoit dans ces lettres, étoient apellés συνθέματα ἐπιςολιμαία.

6.cap. 17. & lib.

8.cap. 3.

443.

On trouve des lettres de recommandation, dans l'appendix (») Baluz. Ca- des formules de Marculfe, (m) avec tout l'apareil des lettres pilt. 2. col.440. formées. Mais les formules mêmes de Marculfe nous préfentent d'autres lettres de recommandation, dans un état plus fimple. Auli font-elles écrites à des Abbés ou à des Evêques, de la (n) Iid.col. 430. part de quelque laïque ou inférieur. Outre (2) ces lettres intitulées, Litteræ commendatitie; les mêmes formules en renferment une autre fous ce titre, Indiculum commendatitium, adreffée à d'illuftres Laiques. Elle eft du même genre que les précédentes. En (0) 1227. les Abbés de S. Denis, de S. Germain des Prés &c. acordèrent des lettres de recommandation aux Religieufes de Chelles. Ils les adreffèrent à tous les fidèles, pour les exhorter à fubvenir aux frais de la réédification de cette Abbaïe, qui venoit d'être confumée par les flam

(6) Ibid. 432.

2538.

mes.

Il étoit ordinaire aux Abbés, de donner des lettres de recommandation à leurs Religieux, à qui ils avoient permis, de pafler dans un autre monaftère. La très-ample Collection des (†) Tom. 1. col. PP. Martène & Durand (p) nous.ofre une pièce de ce genre, d'un goût tout particulier. Auffi n'eft-elle que du milieu du XIII. fiècle. L'acte commence par l'invocation du nom de J. C. & par les dates. Un Religieux de S. Victor de Marseille demande à fon Abbé & à fa communauté permiffion, de fe retirer en quelque autre monaftère. L'Abbé & les Religieux lui acordent fa demande : à condition qu'il ne reviendra jamais dans l'Abbaie de S. Victor, ni dans aucun des lieux

de

de fa dépendance. Le Religieux le jure fur les faints Evangiles, & s'oblige de fortir dans un mois de la Provence, Cet acte eft dreffé par un Notaire public de Marseille. Guillaume ancien Evêque de Vence en est témoin, auffi-bien qu'un Docteur & un fecond Notaire. Au XII. fiècle les lettres, par lef quelles on autorifoit les Religieux, à quitter leur monastère, pour se renfermer dans un autre, s'apelloient litteræ communes. Du Cange n'en parle point. Les Bulles confiftoriales en faveur des Abbaïes énoncent fouvent, que les moines n'en pouront fortir fans ces lettres.

Lorsqu'un Abbé étoit apellé à l'épifcopat, ou qu'un de fes Religieux étoit élevé à la charge d'Abbé; ils recevoient des lettres d'émancipation, emancipatoria littera, qui déchargeoient le premier des engagemens contractés avec fa communauté, & le fecond de l'obéiffance dûe à fon Supérieur.

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СНАР. І.

ART. I.

Les lettres de recommandation s'apelloient quelquefois littere commendatoria. Celles de communion, litteræ communicatoria, étoient acordées par les Evêques, non feulement aux Clercs, mais encore aux fidèles, qui entreprenant quelque voyage, étoient obligés, de paffer dans d'autres diocèfes. Anciennement ceux, qui étoient tombés, recevoient de leur Evêque des lettres de communion, après que leur pénitence étoit acomplie. Ces lettres furent d'abord laiffées à la difpofition des Confeffeurs de J. C. On les apelloit littere confeffionis, ou (q) confefforia. Mais l'abus qu'on en fit, obligea les Evêques, (q) Concil. Elib. de fe réserver à eux feuls le droit d'en d'acorder. Le fecond Concile de Tours défend expreffément à tous les fidèles, soit laïques ou Ecléfiaftiques, de donner des lettres, apellées epiftolia. C'étoient des lettres de communion. Elles revenoient à peu près aux lettres ecléfiaftiques ou pacifiques.

On n'en doit pas féparer les lettres dites littera dimifforie ou dimifforiales. Mais ces dernières emportoient la permiffion de promouvoir aux ordres, ceux en faveur de qui, elles étoient expédiées. C'eft ce qu'on entend aujourdui par démisfoires.

Arelat. 1.

Bernardin Ferrari (r) dit d'après les Jurifconfultes, & Al- (r) Lib. 1. cap. 8. ciat entr'autres, que les démiffoires s'apelloient apoftoli & reverentiales: parceque ceux qui en étoient chargés, les préfentoient comme un gage de leur respect & de leur foumiffion

Tome I.

Hh

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envers leur fupérieur. Le Concile de Trente au chap. X de for Decret de Réformation, Seffion VII. défend aux Chapitres des Cathédrales, de donner des démiffoires, la première année de la vacance du fiége, litteras dimifforias feu reverendas, ut aliqui vocant. Les anciens canons déclarent nulle toute ordination, faite d'un fujet d'un autre diocèfe, fans démiffoires. Il ne devoit même être ordoné, qu'à la prière de fon propre Evêque. Il en étoit de même de l'exercice des fonctions des Prêtres ou des Clercs étrangers. Il dépendoit des démiffoires : les lettres de recommandation ne faifant que conftater leur état. C'est ce que répète Théodore Balfamon fur le 33°. canon des Apôtres, & le 108°. du Concile de Carthage. Mais il prétend, que le feul Patriarche de Conftantinople pouvoit permettre de célébrer à des Prêtres étrangers; pourvu qu'ils fuffent munis de lettres de recommandation de leur Evêque. A plus forte raifon ces démiffoires étoient-ils néceffaires, quand il s'agiffoit d'être reçu dans le Clergé d'un autre diocèfe. Les Evêques d'Afrique ne permettoient pas même à leurs Collégues d'aller en Cour, fans les lettres formées de leur Primat. Il les leur délivroit au nom du Concile provincial, après qu'on y avoit reconnu la néceffité du voyage d'outremer. Aller en Cour, s'apelloit alors ad comitatum ire. Il ne faut pas confondre ces diferentes fortes de démiffoires avec ceux, par lefquels les maitres permettoient à leurs ferfs, d'être élevés aux faints ordres, en leur rendant la liberté des actes folennels, qui portoient quelquefois le nom de démiffoires. Au reste on (5) Bern. Fer. De ne (s) manque pas d'exemples d'Evêques, qui renfermoient ant. Ecclef. Epift. dans leurs lettres formées des actes de manumiffion, en fa

par

gen. lib. 1.cap. s. veur des Clercs prêts à quitter leur diocèfe.

nis

Les Pénitens chargés de faire des pélérinages, étoient mu

par les Evêques de lettres de pénitence, littera pænitentiales. A Rome, après qu'on leur avoit impofé des peines fatisfactoires; on leur acordoit des lettres, qui recommandoient aux fidèles des lieux, par où ils devoient paffer, de leur fournir du pain & de l'eau.

On apelloit fingulièrement, lettres canoniques, celles que le Métropolitain adreffoit au Clergé & au peuple d'un Evêque, ordoné tout récemment; pour leur notifier fon facre & les informer de l'atention, qu'il avoit eue, de lui preferire

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