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PREM, PARTIE.
SECT. II.
CHA P. II.

de tyrannie: parcequ'étant obligés de raporter les propres termes d'une lettre de Henri I. Roi d'Angleterre & Duc de Normandie; ils n'ont pas fuprimé ces deux mots profeffions extorquées, dont le Monarque s'étoit fervi (c) en écrivant au Pape Innocent II. Ces M M. vont même jufqu'à vouloir les forcer de reconoitre (d) l'orgueil de ces Abbés, orgueil d'autant (d) Juftific.p.116. ́ plus condamnable, qu'il étoit couvert du manteau de la piété &

de la dévotion.

Il n'apartient à nul mortel, de fonder les cœurs: mais n'y a-t-il pas une forte d'indécence, à traiter d'orgueil & d'hypocrifie des actions, autorifées par les canons, & les ordonances de nos Rois, & juftifiées par la conduite des faints, ou par la défenfe, qu'ils en ont prife? Or le refus du ferment exigé par les Prélats, réunit en fa faveur tous ces avantages. Charlemagne & fes fucceffeurs firent une loi, pour empêcher qu'on n'exigeât aucun ferment des moines. Statuimus (e) ut monachi ad facramentum non compellantur.

Les Pères du Concile de Chalons tenu en 813. défendent expreffément, d'obliger les moines à prêter ferment d'obéiffance: Quod (f) juramentum quia periculofum eft, omnes unà inhibendum cenfuimus.

(c) Concil. Norman. 2. part. p. 24.

(e) Chronic. Caffin. l. 4. cap. 9. edit. Paris. 1668.

(f) Conc. Labb.

t. 7. col. 1275.

(g) M. Fleuri

Le Concile d'Autun célébré en 1094. (g) déchargea l'Abbé de Marmoutiers du ferment, auquel l'Archevêque de Tours liv. 64. p. 591. vouloit l'affujetir.

S. Fulbert Evêque de Chartres; loin d'aprouver ce ferment de fidélité ou d'obéiffance, qui fentoit trop, (2) felon lui les maximes du monde ; vouloit qu'on fe contentât de la fujetion canonique, également d'obligation pour les Abbés, comme pour le refte des Ecléfiaftiques & des fidèles.

S. Anfelme en blamoit l'exaction, du moins comme inutile: finè (b) ullâ ratione fieri videtur. C'est beaucoup dire, en (b) Lib. 2. Epift. matiére de ferment. Auffi, au lieu de reconoitre dans le B. Bo- s2. fon, l'un de fes fucceffeurs dans le gouvernement de l'Ab

baïe du Bec, un orgueil d'autant plus condamnable, qu'il étoit (i) Mémoir. de couvert du manteau de la piété le Légat du Pape (i) & Trévoux 1716.

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nam legem pertinent, propter amorem Regis
Domini,miffa faciatis ; ut religionem magis,
quàm facularem ambitionem vos fectari co-
gnofcat. Fulbert. Carnot. Epift. 41.

p. 523.

PREM. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. II.

Vaffalité eclé

fiaftique: homages, exigés par les Evêques, de leurs

ges & fermens li

l'Archevêque de Rouen lui-même, difpensèrent-ils ce faint Abbé de la nouvelle profeffion d'obéiffance, à laquelle il faifoit dificulté de se prêter.

V. S. Fulbert, comme on l'a vu, infinue, que ces fermens, exigés par les Evêques, paffoient pour des engagemens, femblables à ceux des vaffaux envers leurs Seigneurs. A ces mots les Ecrivains de S. Victor fe récrient; » Les (k) Evêques, ce font leurs paroles, ont-ils jamais regardé comme vaffaux » ceux qui leur font foumis dans l'ordre hiérarchique de l'E(k) Justific.p.116. » glife? Ces termes de Seigneurs & de vaffaux n'ont jamais été d'ufage dans le ftyle ecléfiaftique. «

inférieurs dans

l'ordre hiérarchi

que.

(1) Epift. lib. 2. Ep. 33.

(m) Petr. Blef. Ep. 68.

(n) Difcipline de l'Eglife tom. 3. pag. 212.

(0) Ibid: p. 216.

[(p) Ibid. p. 215.

(q) Ibid. p. 217.

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Cependant faint Anfelme (1) Archevêque de Cantorberi, & (m) Pierre de Blois, ne nous repréfentent pas comme fort ccléfiaftique la puiffance, que les Evêques exerçoient fur les monaftères. Au refte il feroit fort inutile, de nous enfoncer dans de longues recherches fur un point de Difcipline, fufifamment éclairci par le P. Thomaffin. » Le Pape Grégoire. VII. dit ce laborieux écrivain, () fut le premier qui exi» gea du Patriarche d'Aquilée, dans le Concile Romain de » l'an 1079. non feulement la profeffion d'une obéiffance canonique : canonicè obediam; mais un ferment de fidélité femblable à celui, que les VASSAUX prêtent à leur SEIGNEUR, de ne jamais atenter contre leur vie, leur honneur, & leur liberté. «

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Selon le même auteur, (0) » Honoré III. jugea digne de dépofition l'Archidiacre d'Amiens; parceque nonobitant la foi » & l'homage, qu'il avoit rendus à fon Evêque, il avoit nié que l'Evêque fut fon SEIGNEUR. “

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Arnulfe (p) Evêque de Lizieux dit, que fon Archidiacre lui faifoit homage lige & ferment de fidélité. Hominio & fide ligia tenebatur obnoxius.

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Gui Evêque d'Auxerre (q) ordona en 1249. que le Scholaftique de fon Eglife feroit à l'avenir fon chapelain, c'eftà-dire, fon vicaire, pour les fonctions du chœur, & fon » homme lige, fauf la fidélité, qu'il devoit au Chapitre. Erit homo ligius Epifcopi & fidelitatem faciet, falvâ fidelitate, » quam debet Capitulo, tanquam canonicus. « Voilà certainement des Evêques, qui regardent comme vaffaux, ceux qui leur Jon foumis dans l'ordre hiérarchique.

رو

SECT. II. CHAP. II. (r) Pag. 227. r

Le P. d'Acheri, dans fes additions au X. tome de fon Spi- PREM. PARTIE cilége, placées à la fin du XIII. nous donne (r) les actes d'homage lige de deux Archidiacres d'Angers, en date des années 1313. & 1314. Quoique par procureur, ils (3) y pro- feq. 230, & feq. mettent avec ferment, à genoux, aux piés de leur Evêque, les mains jointes dans les fiennes, qu'ils conferveront fon corps & fon honneur &c. En un mot ils font à ce Prélat, fous la religion du ferment, homage lige de leur Archidiaconé & de fes dépendances: Ad faciendum fibi homagium ligium & præftandum juramenta &c.

On peut voir au nombre déja cité de la Difcipline du Père Thomaffin, les preuves, qui conftatent, que des Archipretres ont fait aux Abbés, des fermens de fidélité & d'obéiffance, les Clercs aux Evêques, les Vicaires aux Curés, les Curés à des dignitaires d'Eglifes Cathédrales &c. Le Concile de Rouen tenu en 1335. canon Ix. ordone aux Curés, qui n'auroient pas été inftitués par l'autorité épifcopale, de fe préfenter devant les Ordinaires, pour leur prêter ferment d'obéiflance (4) & de fidélité.

*

Ces fermens ont continué d'être en ufage jufqu'à notre tems. Nous n'en raporterons qu'un trait, tiré des archives de l'Evêché d'Amiens. On y voit l'acte de foi & homage & de ferment de fidélité, prêté entre les mains de M. de Caumartin, le 8. Mai 1631. par M. François du Bos pour fon Archidiaconé du Ponthieu.

* Mém. concer

nant l'hift. d'Aul'Abbé Lebeuf tom. xerre, par M. 1.pag. 677.

Chartes de

cartes.

VI. Si les Rois exigeoient de leurs fujets diverfes fortes Mundeburde, de fermens, pour s'aflurer de leur fidélité; ils leur acordoient Apennes, chartes auffi volontiers des chartes de défense ou de protection, apel- de relation, panlées (s) charte de mundeburde. Les particuliers qui man- (s) Baluz. Caquoient des chofes néceffaires à la vie, fe mettoient fous la pitul.t. 2. col.388. protection, in mundoburdum, de quelque homme de qualité, (1) en s'obligeant par une charte, à le fervir toute leur vie fans néanmoins fe réduire à la condition d'efclaves. Dans e XI. fiècle, les Evêques & les Seigneurs donnoient des chartes

(3) Genibus flexis coràm dicto Domino Epifcopo, manibufque complofis & junctis inter manus dili Domini Epifcopi, eidem fecit nomine procuratorio dicti Archidiacoai, homagium de Archidiaconatu pradicto

& pertinentiis ejufdem. Ibidem p. 229.

(4) Praftiturus Diocefano de & fuper obedientiâ, & fidelitate refidentia aliis confuetis, debitum & folitum juramentum. Spicil. tom. 12. p. 165.

(t) Ibid. col.49 3 ..

PREM. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. II. (u) Marten.

de protection, fous le nom de falvitates (u), qui mettoient ordinairement un certain territoire des Eglifes & des Abbaïes, renfermé par des croix, à couvert des pillages & des

Anecd. tom. 1. col. infultes, fi ordinaires en ces tems là.

271.

(x) De re Diplom. Suppl. p. 82.

83.

pitul. tom. 2. col.

460. 484.

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Pour tenir lieu des titres confumés ou perdus, foit par les incendies, foit par les ravages des gens de guerre, ou les courfes des brigands, après des informations exactes du fait; (x) les Magiftrats de la ville voifine, ou le Comte chargé du gouvernement & de l'administration du païs, faifoient expédier deux chartes, dites apennes, dont l'une étoit afichée dans la place publique, & l'autre délivrée à celui, qui avoit (3) Baluz. Ca- perdu fes (y) titres. C'étoient à proprement parler des procès verbaux, où l'on expofoit les circonftances & les dépendances du defaftre qu'on déploroit. C'eft ce qui faifoit apeller ces pièces, chartes de relation, charta relationis. Les Princes les confirmoient par des diplomes ou préceptes. Pour les obtenir, les habitans d'un païs ravagé par les guerres & les incendies, en dreffoient une relation en forme de lettre, qu'ils qualifioient notitia fuggeftionis, & que Marculfe, intitule Re-latio pagenfium. Ils l'adreffoient au Roi ou à fon Maire du Palais, & folicitoient en conféquence un précepte royal en faveur de ceux, dont les titres avoient péri par les flammes. Ces relations fe confondent fouvent avec les chartes dites apennes.

pag. 4.

Les diplomes royaux expédiés, pour faire droit fur ces relations, furent qualifiés pancartes au IX. fiècle tout au plus (z) D: re diplom. tard. Les (z) Princes confirmoient en termes généraux la poffeffion de tous les biens, dont on avoit perdu les titres. Ces diplomes ne renfermoient point, dans les premiers tems, le dénombrement de toutes les terres, de tous les droits & des priviléges de ceux, en faveur de qui ils étoient donnés. Si la pancarte de Louis le Débonaire, à laquelle on renvoie dans du Cange, avoit été confultée, on n'auroit pas avancé le contraire. On n'y entre pas dans un plus grand détail, que dans les chartes, acordées par nos Rois, aux priéres de ceux, qui leur envoyoient des relations ou des apennes. En effet ces chartes royales, dont on trouve plufieurs exemples dans les anciennes formules (4), ne parlent qu'en général, fans fpécifier aucune terre, aucun droit, aucun privilége. Il eft vrai,

(a) Mare. form. 1. 1. cap. 33. & 34. Sirmond. cap.

7.

qu'elles furent longtems, fans s'annoncer fous le nom de pan- PREM, PARTIE.

cartes', mais elles en avoient toute la réalité. Celle de Louis le Débonaire déja citée porte cette denomination en titre, mais dans le texte clle ne fe qualifie qu'autorité. Celles de Charle le Chauve fe difent pancartes, pancharte, pantocarte, & entrent dans le détail des terres : ce qu'on n'obfervoit pas auparavant. On fut aparamment obligé de faire ces dénombremens; parceque les ravages des Normans ne laiffoient pas de témoins, qui puffent certifier la poffeffion. Les Bulles pancartes des Papes commencèrent auffi vers ce même tems. Nous obferverons ici en paffant, que les cartulaires font quel

SECT. II. CHAP. II.

quefois nommés pancartes. Nous (b) qualifirons auffi pancar- (b) De re diplom. tes vers le XI. fiècle certaines chartes de fondation, qui ren- P. 4. 7. 3. ferment un grand nombre d'autres chartes, faites par diférentes perfones, à la fuite de celle du principal fondateur. Il y en a même quelquefois d'inférées dans le corps de la pièce, immédiatement avant les claufes finales.

Pour revenir aux relations, & les confidérer, felon toute l'étendue de l'idée, atachée à ces fortes de titres; nous dirons que c'étoient des efpèces de requêtes, où après avoir rendu compte d'un événement, on imploroit la protection de quelque perfone conftituée en dignité. Rien (c) de plus commun depuis le IV. fiècle, que les lettres fous le nom de relations. Les Grecs les apelloient avagopaí. Elles n'étoient adreffées, qu'aux perfones de la première diftinction, la plupart aux Empereurs, quelques-unes aux Papes. Si elles contenoient de véritables relations, de ce qui s'étoit paffé; il s'en trouvoit peu, qui ne fe terminassent qui ne fe terminaffent par quelque requête ou fuplique. La relation du Concile d'Ephèfe au Pape Céleftin, non plus que celle de Léon II. à l'Empereur Conftantin Pogonat, (e) n'en renferment cependant aucune. Il en eft de même de certains jugemens, précédés de la relation de faits, (f) qui en prouvoient l'équité. Toutes les relations contenues dans le Journal des Pontifes Romains (g) regardoient la mort du Pape & l'élection de fon fucceffeur. Elles ont pour objet, d'obtenir de l'Empereur & de l'Exarque de Ravenne la permiffion, de facrer le nouvel élu. Elles ne font pas feulement écrites à l'Empereur & à l'Exarque, mais encore à l'Archevêque de Ravenne, au Conful, aux Juges de

(c) Baluz. Capital. tom.2.col. 394.

Dere diplom.p.29.

n. VI.

(d) Concil.tom.z.

col. 607.629.655.

(e) Tom. 6. col. 1109.

(f) Baluz.Capi(g) Pag. 14. 5

tul. t. 2. col. 485.

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