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PREM. PARTIE.
SECT. II.

(m) Archiv. de S. Ouen de Rouen.

fiècles; c'est de remarquer fi l'on n'y parle pas en troifième perfone des donateurs, vendeurs, & autres perfonages, dont CHAP. III. il s'agit. C'est là en effet le caractére le plus général des notices. Mais cela n'empêchoit pas ceux, qui dreffoient la notice, d'énoncer en première perfone, qu'ils jugeoient à propos. de mettre tels faits par écrit. Nous avons peine cependant, à ranger parmi les notices, des pièces, dont le texte prend réellement la forme hiftorique; mais à la fin defquelles, ceux dont il eft queftion, confirment & ratifient en première perfone, tout ce qui a eté dit auparavant. Un fecond caractére des notices, à l'égard furtout des VIII. & IX. fiècles, c'est de commencer par notitia qualiter & quibus: caractére néanmoins, qui ne renferme pas toutes les notices de ces tems. Un troifième caractére, c'eft que la pièce fe qualifie notice dans le texte; règle toutefois, qui devient incertaine, vers la fin du XI. fiècle, où les notices fe confondent avec les chartes. On a même quelques exemples de cette confufion dès fon commencement. Telle est une charte de Richard II. Duc de Normandie (m), commençant par l'invocation de la fainte Trinité &c. Ego Ricardus Marchio,filius Ricardi Marchionis qui locum fancte Trinitatis in Fifco campo fundavit. Notum effe volo &c. & qui finit par ces mots : Et ut hec notitia fit notior firmitate perpetuâ, figno crucis eam manu meâ roboravi &c. On doit en dire autant d'une charte du Roi Robert; laquelle eft revêtue de tous les caractéres des vrais diplomes. Elle fe qualifie précepte: & néanmoins ne laiffe pas (~), de prendre le nom de notice. Cette dénomination pouroit remonter encore à une antiquité bien plus reculée. Bornons-nous à une feule charte,qui ne difére en rien des autres, & qui cependant prend tour à tour les noms de notice & de (0) privilege. Elle commence ainfi : Giso per mifericordiam Dei Mutinenfis Epifcopus, omnibus filiis Ecclefia noftra notum effe volumus &c. Elle eft foufcrite par cet Evêque, par un Prêtre & trois Diacres, dont un étoit Notaire de la fainte Eglife de Modène. M. Muratori la fixe à l'an de J. C. 796. Il ne conçoit pas contre elle le plus léger foupçon: quoiqu'il aperçoive quelque contradiction dans fes dates, que voici: anno imperii domnorum noftrorum Caroli & Pipini gloriofiffimorum regum in Dei nomine XXV. & XVI.. die XIV. menfe Octobris per indictionem XIV.

(n) Vet. Gall. Chrift. t. 2.p.378.

(0) Murat: Antiq. medii avi tom. 3.

Differt. 43. col.

812.

I. Les notices confidérées en général, & indépendamment de leurs divers raports, font donc des chartes, par lefquelles on tranfmet à fes héritiers ou à fes fucceffeurs la conoiffance de quelque fait hiftorique, comme la fondation ou la dédicace d'une Eglife, la conceffion de certains priviléges, droits & biens temporels, qui devoient paffer entre leurs mains.

PREM. PARTIE.

SECT. II. CHAP. III. Définition des notices, leur autorité.

3. c. 4. n. I.

Les unes font publiques, les autres privées. Celles-là, étant faites fous les yeux des Evêques ou des Juges,n'en cédent à nulle autre charte, du côté de l'authenticité. Celles ci font dreffècs devant des témoins; foit pour fupléer au défaut de chartes de donation &c. foit pour les expliquer plus en détail. D. Mabillon (p) diftingue les unes des autres, en ce que les pre-) De re diplom. mières étoient faites en public, devant le Magiftrat, au nom des donateurs: au lieu que les fecondes étoient rédigées au nom des donataires, dans un lieu particulier, par un notaire qui n'avoit aucune qualité d'homme public, hors de la préfence du Magiftrat. Ces dernières empruntent leur autorité 10. de la préfence des témoins, qui pouvoient attefter leur vérité, jufqu'à ce que la prefcription eût lieu. 2°. quelquefois des croix, apofées après coup par le donateur ou par fes fucceffeurs. 3°. fouvent des marques d'inveftiture, qui leur font jointes, telles que des couteaux des anneaux, des batons & tant de fymboles, dont on peut voir une longue lifte dans le Gloffaire de du Cange, fous le mot inveftitura: (1) outre les précieux reftes de ces anciens monumens, dont il eft peu d'archives célébres totalement dépourvues. 4°. du caractére, dont étoit revêtu le Notaire ou le Chancelier, qui avoit dreffé la pièce. Car alors chaque compagnie avoit un notaire, chancelier ou fecrétaire, qu'on regardoit comme perfone publique : ufage qui fubfifte encore aujourdui à bien des égards. 5o. de la coutume, qui vouloit, que ces fortes d'actes fiffent foi en Justice. On en peut voir des preuves dans le nouveau du Cange, raportées au mot Notitia, & fondées fur le concert du Sacerdoce & de l'Empire. 6°. L'autorité

(1) Toutes ces marques d'inveftiture | étoient préfentées ordinairement par les donateurs. Quelquefois néanmoins les donataires leur faifoient des préfens, qui devoient fervir contr'eux de témoignagés s'il venoient à oublier, qu'ils leur

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avoient donné certains biens, ou qu'ils
leur en avoient confirmé la poffeffion.
Acta SS. Ord. S. Benedicti Secul. 4. part.
1. pag. 764.765. Nous parlerons plus au
long des fymboles d'inveftitures dans
notre feconde Partie.

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des notices, dont la plupart font renfermées dans les archives du Clergé, fe prend de ce que les Ecléfiaftiques & Religieux étoient alors témoins dans leur propre caufe. (9) 7. de la folennité, avec laquelle avoient été faites les donations, raportées dans les notices poftérieures.

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A ces moyens décififs en faveur des notices, D. Lobineau (r) en ajoute quelques autres, qui font d'un grand poids. » Deux réfléxions, dit-il, établiffent la bonne foi de ces notices; la première, c'eft qu'elles ont été faites dans des tems, où les moines tant de l'Ordre de S. Bénoît, que de celui de Citeaux, & les Chanoines réguliers de S. Auguftin vivoient (2) dans une grande pureté de mours; la feconde eft que fi l'ignorance a regné dans quelques fiècles, il n'y en a eu aucun, où les hommes n'aient été également atentifs à leurs intérêts qu'il n'a jamais été plus facile, qu'il ne l'eft aujourdui, de s'aproprier le bien des autres, par des prétentions deftituées de » bons titres, & de poffeffion fufifante; enfin qu'il eût été d'une »impudence extrème, & très-hazardeufe, de citer fauffement pour auteurs & pour témoins des perfones, qui vivoient » encore, ou dont les enfans euffent pû donner le démenti » aux fauffaires.

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رو

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Ainfi quand le même auteur comparant les notices avec les originaux les plus authentiques, s'exprime de la forte immédiatement avant le paffage raporté: » On ne peut pas répondre, que la vérité fe trouve dans les notices; parceque » tout homme, quelque faint qu'il foit, eft fujet à l'erreur,

رو

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vinrent générales, qu'au tems du fameux Concordat. Sublatis electionibus (u) Ordo monachicus per totam Galliam peffum abiit. ac regularis obfervantia, faltem interior neglecta eft. Lorfque l'auteur des Mémoires chronologiques dit, que les archives monaftiques, ont groffi entre les mains des anciens Religieux, qui ont vécu depuis ce tems-là; il avance un paradoxe, démenti par l'expérience même. Nous n'avons que trop de preuves fenfibles de la perte d'une infinité d'anciens titres, de Mff. & de cartulaires, caufée par la négligence de ces moines, qui les abandonoient à des laïques, chargés des afaires temporelles ou de la recette des monaftères..

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SECT. II.

CHAP. III.

» & peut tromper innocemment les autres, après avoir été trompé le premier: « il ne faut pas s'imaginer, qu'il révoque en doute la vérité de ces pièces ou des donations, qu'elles contiennent: mais tout au plus quelques circonftances, énoncées dans ces notices; lorfqu'elles étoient poftérieures de plufieurs années à la donation. Auffi ne demande -t-il rien autre chofe, finon qu'en fait d'hiftoire, on mette quelque (x) diférence entre ces deux espèces de monumens, les chartes (x) Hift. de Bréauthentiques & les notices privées.

pour

preuve.

la faire

tag. ibid. Néceffité des

tes.

tian. vet. edit. t.4. p. 191. 192. c..

II. Quant à la néceffité des notices, il fufit fentir, de raporter encore un texte de notre auteur, tiré du notices, leurs damême endroit. » Il a été un tems (ce font fes paroles) où ces » fortes de notices ont été absolument néceffaires: parcequ'il » y a eu beaucoup de donations, qui ne fe font faites que » verbalement, & en présence de témoins, fans écritures; & » l'on ne pouvoit en conferver la mémoire à la postérité, qu'en écrivant fidèlement ce qui s'étoit paffé. « Mais bien des notices ont été dreffées fur des chartes plus anciennes. Les (y) dates précifes qu'elles portent de faits éloignés d'un fiè. (y) Gall. Chrif cle ou d'un demi fiècle, en pouroient faire la M. Ménage ne s'explique pas avec affez de jufteffe ni de précision, fur les dates des notices; lorfqu'il en parle en ces termes. » La(z) plupart des notices des Abbaïes (il devoit ajou»ter & des autres Eglifes) ne font point du tems de leur date: ce qui a été très véritablement observé M. Pavil»lon dans fes curieufes remarques fur fon hiftoire de Robert d'Arbriffel. Et c'est particulièrement à caufe de ces fortes de titres, qu'on a dit que dans les monaftères, il y avoit un » Dom Titrier.... Mais toutes les chofes contenues dans ces » titres narratifs, ne laissent pas d'être véritables, à la réferve » de la date : ce qui a été encore très véritablement observé M. Pavillon. par

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par

Parmi les notices privées, dont il s'agit ici, on en voit qui font munies de dates: & c'eft le plus grand nombre. D'autres. en font entièrement dépourvues: plufieurs renferment deux fortes de dates : l'une d'un fait ancien, dont on veut conferver la mémoire, par un titre fubféquent : l'autre de l'acte mê-me de la notice, qu'on dreffe. Cette dernière espèce de date

(2) Hift. de Sa

blé pag. 9.

PREM. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. III.

Notices dreffées

X. fiècle.

fe trouve prefque toujours auffi exactement vraie, que celle des diplomes les plus authentiques.

Quoique la date de l'événement antérieur, qu'on veut tranfmettre aux fiècles futurs par une notice, puiffe quelquefois paroitre incertaine; elle ne l'eft pourtant pas : fupofé que la pièce foit dreffée, fur des chartes plus anciennes, ou des enfeignemens contemporains. Mais quand cette date est déterminée de mémoire, on ne fauroit beaucoup compter fur fon exactitude. Il faut donc alors s'affurer, de quelle nature eft la date de l'événement, énoncé dans la notice. Si le fait antérieur à la date propre de la notice ofre plufieurs dates particulières, & fi l'on y fpécific jufqu'au jour, où il ariva; c'est une marque qu'on a pris cette date fur des monumens du tems. Au contraire fa date n'a-t-elle rien que de vague ? on peut au moins douter, fi l'on ne s'en feroit pas repofé fur la mémoire des témoins ou des perfones intéreffées. Voilà le feul cas où la date, non de la notice, ce qu'il faut bien remarquer; mais de l'expofé de la notice, n'eft pas toujours sûre. Encore une fois la date de la notice même n'en céde point pour cela, ni du côté de la vérité, ni du côté de l'exactitude à celle de tout autre genre de chartes. Ainfi M. Ménage nous donne une ouverture, pour renverfer à peu de frais la fable du prétendu Titrier des monaftères: puifque, felon lui, elle n'a pas d'autre fondement, que la date mal entendue des no

tices.

III. Nous en avons déja fait la remarque, les anciennes en Juftice avant le notices commençoient ordinairement par notitia qualiter & quibus &c. Elles furent d'un ufage fort commun dès le VIII. fiècle. On le prouve par celles, qu'on rencontre dans l'Appendix des formules de Marculfe, dans celles de M. Bignon, du P. Sirmond & de Lindenbroge. En effet ces collections ayant été pour le plus tard rédigées au IX. fiècle, fur des actes, que le public avoit entre les mains depuis longtems; il s'enfuit qu'avant ce fiécle, les notices avoient commencé à être en ufage. Mais les formules Angevines, publiées par Dom Mabillon, (a) doivent faire remonter l'origine des notices bien au-là du huitième siècle, au commencement duquel il est démontré, pour ne rien dire de

(a) Dere diplom. Suppl. pag. 68.

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