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SECT. I. CHAP. I.

de revendiquer à Henfchenius (21) les principales règles de critique que Mabillon a fuivies dans la Diplomatique. Car ils PREM. PARTIE. ne prétendent pas fans doute blâmer les règles établies par ce Jéfuite. Autrement ils ne confeilleroient pas au lecteur, d'y avoir recours. Selon eux, les principales règles de D. Mabillon font empruntées de Henfchenius. Or le P. Germon á tenté, de renverser les règles de Dom Mabillon, avec les fondemens, fur lefquels elles étoient apuyées. Donc il n'a pu réuffir dans fon entreprise, fans renverfer en même tems les règles de Henfchenius. Or fes favans Confréres font fi peu perfuadés, qu'à cet égard fon projet ait eu quelque fuccès; qu'ils renvoient par indivis aux règles de Henfchenius & de Mabillon, comme à des règles très-bonnes & très-bien fondées. En quoi ils foufcrivent à l'exactitude & à la fidélité du raport de cette difpute célébre, fait par un des plus judicieux écrivains de nos jours, qui conclut en termes formels, que le (t) ftyle poli & élegant du P. Germon n'empêcha pas que tout le monde favant ne fe déclarât pour Dom Mabillon & fes Défen- Diet.de Mareri.it. Seurs.

Un fait fi glorieux pour la Diplomatique fe trouve apuyé du témoignage d'un des hommes de notre fiècle, dont l'érurudition étoit la plus vafte, & le jugement le plus sûr. M. Fréret Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale des Infcriptions & Belles Lettres dans fes (u) Réfléxions fur l'étude des anciennes hiftoires & fur le degré de certitude de leurs preuves, nous don ne acte de l'arêt, qu'a rendu la République des Lettres fur fa difpute excitée par le P. Germon (x). Je fai, dit-il, que l'autenticité de nos chartes & de nos chroniques n'a pas » paru fort refpectable à un favant homme de ce fiècle ;

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(1) Suplém, as

(u) Mém. de l'Acad. tom. 8.p.263. cad.tom.

édit. Holl.

(x) Germon de

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vet. Reg. Franc.· diplom.

PREM. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. I.

(y) Chronic. Godvvic. 1. 2. p. 79.

دو

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رو

que

mais la maniére spécieufe, dont il a propofe fon opinion » N'A SÉDUIT PERSONNE. Ainfi je ne crois pas que ceux, qui » N'OSERONT adopter fon fyftème fur les chartes & fur les chroniques de nos monaftères, fe fervent de ses principes con» tre les anciens titres, & les anciennes chroniques des temples Grecs. » Le docte Académicien étoit donc perfuadé, fes adverfaires, qui ne faifoient nulle dificulté, de donner dans le pyrrhonisme hiftorique fur les antiquités des peuples, n'oferoient pas adopter le fyftème du P. Germon fur les chartes des monastères, & que ceux qu'un intérêt commun auroit dû porter à fe déclarer en fa faveur, fe trouvoient réduits à féparer leur caufe de la fienne. Pouvoit-on exprimer en termes plus clairs, que l'agreffeur de D. Mabillon n'avoit pas eu le fuccès, qu'il s'étoit propofé: Auffi le célébre M. Godefroi von Beffel Abbé de Godwic en Allemagne, nous le peintil d'après (22) les gens de Lettres, comme un homme, qui ne raifonoit que fur des pétitions de principes, des maximes fcéptiques, & des fophifmes: (7) Unde ab eruditis, tanquam vir, qui femper in petitione principii, in fceptifmis & Pyrrhonifmis, meris tricis ac fophifmatibus hæreat, notatus fuit.

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I

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Fondemens de la Diplomatique : modèles publiés
par D. Mabillon.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. II.

(4) Germon Dif

Nutilement fait-on les derniers éforts, pour faper les fondemens de la Diplomatique, en contestant la certitude de cet art. Les archives ne fauroient être dépouillées ; nous ne difons pas de leur autorité, mais de leur fupériorité en genre de certitude, fur tous les autres monumens purement hiftoriques. On pouroit même avancer, qu'elles conduisent fouvent, pour ne rien ajouter de plus fort, jufqu'à la certitude morale. Comment donc a-t-on ofé nous repréfenter la Diplomatique, comme une fcience vaine, (a) & qui n'a point de principes (1) certains? Pouvoit-on pouffer plus loin l'abus de la critique, que de la faire fervir, à dégrader à la fois tous 65. & feq. les diplomes, qui précédent le XI. fiècle, & à fufpecter tous ceux, qui ne font pas poftérieurs au XIIe On feroit un ufage plus légitime d'un fi bel art; s'il étoit employé, à fixer les caractéres, que doivent porter les chartes de chaque fiècle, pour en être véritablement. Au lieu de tout détruire & de répandre d'épaiffes ténèbres fur l'antiquité; la critique cultiveroit une des plus riches portions de fon domaine: nous voulons dire de la Diplomatique, à laquelle Dom Mabillon a donné un rang fi diftingué, parmi les conoiffances les plus néceffaires à la République des Lettres & à la fociété civile. Tâchons de fuivre les routes, qu'il nous a tracées : & fi nous nous en ouvrons quelquefois de nouvelles ; du moins ne nous écar

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modò dici poteft aliqua effe falfa, cùm fal-
So verum neceffariò opponatur & prafump-
tio ftet pro veritate ? Certè quanta hic fe fe
prodat Germonii hallucinatio,nemo non vi-
det, idque in vindiciis diplomatum abundè
demonftrarunt Juftus Fontaninus, Cou-
tantius, Ruinartius, Dominicus Lazarinus,
&c. Oliverius Legipontius Differtat. Phi-
lologico-Bibliograph. Norimberga 1747.
pag. 156.

PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. II.

Modèles de D.

en gros.

tons pas des folides principes, qu'il a établis. Cependant, afin qu'on ne dife pas que, comme lui, nous bâtiffons fur des fondemens ruineux; examinons fi l'on peut qualifier ainfi ceux de fa Diplomatique, & fi l'on ne doit mettre aucune diférence entre les modèles, qu'elle renferme, & les fondemens fur lefquels elle eft apuyée.

I. Pour peu qu'on défére au jugement, que porta le public Mabillon juftifiés de cet ouvrage célébre, on ne trouvera rien de plus folide. On s'en formera une idée moins avantageuse, fi l'on écoute les critiques, qui s'avifèrent de l'ataquer, après une vingtaine d'années d'aprobation générale. Selon eux, les fondemens de cet art ne confiftent, que dans les feuls modèles, gravés au V. livre de la Diplomatique, & dans les originaux transcrits en entier au VI. Mais D. Mabillon a-t-il réellement publié ces pièces, comme autant de règles de vérité, auxquelles il faloit que chaque titre fe raportât dans toutes fes parties, fous peine de conviction de faux: A-t-il prétendu, que la vérité ou la fauffeté de tout diplome devoit dépendre de fa parfaite conformité avec les modèles, qu'il a mis au jour ? Ne les a-t-il pas au contraire uniquement fait envifager, comme les exemples & les échantillons des écritures & des formules, employées dans chaque fiècle : Les noms fpecimina Eclypa, par lefquels il les défigne, prouvent affez, qu'il ne penfoit pas, à les ériger en règles. Il auroit pu aller plus loin, il eft vrai, fans rien hafarder. Il ne s'enfuit pourtant pas de là, qu'il l'ait fait. En vain donc rebat-on fans ceffe, (b) qu'il faut d'abord démontrer la vérité des modèles des preuves par afirmatives, & qu'il ne fufit pas de repouffer avec fuccès toutes les ataques, qu'on pouroit leur livrer. Réfuter tout ce qu'on allégue contre chacun d'eux, c'eft ruiner fans reffource. la preuve de faux, tirée de leur reflemblance mutuelle ou de leur difparité.

(b) Germon Difcept. 1. pag. 267. Difcept. pag. 10. & feq.

(c) Ibid. Difcept. 1. p. 115. & feq.

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On peut néanmoins abréger confidérablement la difpute, en fuivant à certains égards la route, qui nous eft marquée par ces auteurs. Ils tâchent de faire regarder quelques-uns des modèles de D. Mabillon comme fupofes; afin que leur flétriffure réjailliffe fur tous les autres. Pour y réuffir, ils commencent par en chicaner un affez petit nombre. (c) Mais chaque reproche qu'ils leur font; quelque frivole qu'il foit,

fe

moyens

transforme à leurs yeux en démonftration mathématique. De
peur néanmoins de fuccomber fous le poids d'un fi grand tra-
vail, s'il faloit articuler contre tous les modèles, des
de récufation, qui leur fuffent propres; ils prétendent que
ceux, fur lefquels ils n'ont trouvé aucune prife, reffemblent
à ceux qu'ils ont ataqués. (d) Or il leur plait de déclarer ces
derniers fufpects ou même convaincus de faux. Par confé-
quent les premiers doivent fubir le même fort. Ne voilà-t-il
pas un fecret admirable, pour faire crouler à peu de frais la
Diplomatique, en fapant tous les modèles, fur lefquels ils
veulent qu'elle foit uniquement apuyée ?

Mais ont-ils fait attention, qu'on retourneroit avec la même facilité leur méthode contr'eux mêmes: Ces pièces, pourons-nous dire, après les avoir juftifiées, font purgées des acufations intentées contr'elles, & conféquemment reconues pour véritables. Or elles reflemblent aux autres modèles de Ja Diplomatique. C'eft un fait avoué. Donc la vérité de ceuxci ne fauroit plus être révoquée en doute, fous prétexte de reffemblance avec ceux-là. Donc les uns & les autres font au-deffus de toute chicane.

Pour ne rien laiffer à defirer dans cette juftification des modèles ataqués, il refteroit d'en venir à des aplications particulières: & c'cft ce que nous ne manquerons pas d'exécuter en plus d'un endroit. Mais il s'agit pour le préfent, de répondre à quelques argumens généraux fur la certitude & la folidité de la Diplomatique.

Les contradicteurs de D. Mabillon vont effayer,de le ferrer de plus près. Si l'on peut, difent-ils, convaincre de fupofition un

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CHAP. II.

(d) Ibid. p. 265.

feul de fes modèles, (e) l'art de la Diplomatique eft renverse. (e) Ibid. Difcept. Dès là il fera évident, que ce Bénédictin atribue aux vrais 3. p. 43. diplomes le caractére, qui convient aux faux.

La raifon de la prétendue évidence eft remarquable; c'est que le modèle flétri fe trouve revêtu du même caractére, que tous les autres: (f) Cùm idem in ifto ac in cæteris caracter reluceat. Or en faut-il davantage, pour réduire l'objection en poudre Car enfin fi tous les modèles de D. Mabillon ont le même caractére : 1o. en juftifier un, c'eft les juftifier tous. 2o. on ne peut plus chercher des prétextes d'acufation dans leur diffemblance : c'est néanmoins un des grands argumens, qu'on

(f) Ibid. p. 43. 42.

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