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parties étoient alors fort en ufage chez les Anglo-faxons. La
dénomination d'endenture, qui fuccéda à celles de chartes di-
vifées, put donc bien par abus être atribuée à celle-ci. Il étoit
fort ordinaire au XI. fiècle, d'employer indiféremment des
expreffions, qui avoient enfemble quelque raport; quoiqu'el-
les ne fignifiaffent pas précifément la même chofe. Le terme
impropre d'endenture & quelques autres motifs, qui ne font
pas beaucoup plus forts, out pourtant fufi à Hickes
traiter Ingulfe & de fauffaire & de corrupteur de chartes, ou
plutôt pour fufpecter à cet égard fa bonne foi. Mais n'eft-ce
pas outrer la critique: Ingulfe n'eft ici qu'hiftorien. Il apelle
endenture l'état dreffé par un Intendant du tréfor d'un mona-
ftère. S'il s'eft mal expliqué, cela prouve-t-il fon impofture?

, pour

A la vérité l'on diftingua les endentures des chirographes: parce que les premières étoient coupées en forme de dents de fcie ; tandis que les feconds étoient partagés en ligne droite. Leur reffemblance étoit d'ailleurs fi parfaite; qu'on ne laiffoit pas de les confondre, fur-tout dans les premiers tems. Jufqu'au XIV. fiècle, & particulièrement durant le cours du XIII. on vit paroitre en Angleterre une foule d'endentures. Mais elles n'ont pas coutume, de fe qualifier autrement, que cyrographes ou chartes en forme de cyrographes. On n'a qu'à parcou rir le Formulare Anglicanum de Madox, pour s'en convaincre. On confondoit donc alors les noms des chartes parties avec les endentures. Pourquoi n'auroit-on pas pu une centaine d'années auparavant, confondre également les endentures avec les cyrographes? Ne fufifoit-il pas qu'il y eût dès-lors de véritables endentures?

Mais on n'en trouve point de fi anciennes : on en convient. S'enfuit-il pour cela qu'il n'en exifte, ou qu'il n'en air point exifté de cet age? Tous les jours ne découvre-t-on pas des monumens, qui font fouvent remonter l'antiquité de certains ufages de plufieurs fiècles au delà du tems, qu'on les faifoit commencer? La première endenture connue du P. Mabillon, indépendam ment d'Ingulfe, n'étoit que du commencement du XII. fiècle. Mais étoit-ce la première, qui eût été faite : Il est visible que le XI. fiècle en vit dreffer plufieurs autres. Celle de 1106. trouvée en France par D. Mabillon, ne permet guère d'en douter.

PREM. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. VI.

ART. II.

SECT. II.

CHAP. VI.

ART. II,

PREM. PARTIE. La moindre chofe, qu'on puiffe inférer de l'endenture, dont il eft parlé dans Ingulfe; c'eft qu'elles étoient communément employées de fon tems : du moins en certaines provinces d'Angleterre, & par raport à certains genres de pièces. Or celle, dont il s'agit, apartient au X. fiècle fur fon déclin. C'est l'inventaire d'un riche tréfor d'Eglife, dont un Oficier comptable s'engage de répondre à une Communauté de Religieux, après la mort de leur Abbé. Voilà fans doute un fait du genre de ceux, qui ont dû faire inventer les endentures, fi elles ne l'étoient pas encore.

Antiquité des chartes parties

les Normans.

(e) Differt. Epift.

p. 76.77..
(f) Antiq. Litt.
Sept. lib. alter feu
Codd. Anglo-fax.

V. L'ufage des chartes parties remonte, felon Hickes, aux chez les Anglo-fa- premiers tems de fa nation, connus par des monumens diploxons. L'ufage n'en matiques. Il n'en (e) cite pourtant pas, non plus que (f) fut point aboli par Hunfrey Wanlei, de plus ancien qu'une charte de l'an 855.. Indiction 3. Elle porte au haut de l'original en gros caractéres & d'une forme carrée : Cyrographum (1) Alhvvini Ep. & Athelvvulfi Ducis. Hickes en fait conoitre une autre de l'an. 901. donnée par (g) Ethelréde Roi des Merciens. L'infcription en lettres majufcules eft placée au bas de la pièce. Cyrcgraphum n'entre point dans les paroles divifées. Elles confiftent dans ces deux mots SIGNUM CRUCIS: mais il ne reste plus que la dernière lettre du premier. Enfin le même auteur dé(b) Ibid. p. 8. crit (h) une charte, donnée vers la fin du X. fiècle, ou le commencement du XI. dans laquelle dix-neuf grandes lettres coupées paroiffent (2) à la marge inférieure.

pag. 302.

(g) Differt. Epift. 2.76..

mat. p. 7.

(*) De re Diplo Ủn cartulaire de S. Rémi de Reims. (i) nous aprend, qu'Al gar Comte Anglois fit à cette Abbaïe une donation en 1060. par une charte divifée en deux exemplaires, dont l'un en La tin fut envoyé en France, & l'autre en langage Anglo-faxon fut confervé par le donateur. Voilà prefque l'époque, que D. Ma: billon donne aux plus anciennes chartes parties de la France. Nous espérons d'en faire remonter plus haut l'antiquité dans la fuite de cet ouvrage. Les archives de Jumiége nous ont fourni la notice d'une charte de cette efpèce, datée de l'an 1034. L'ori ginal même nous a paffé par les mains. Il eft fans fceau & fans.

(1) Evêque de Whorchefter dans la province des Huicciens.

(2) Les Anglo- faxons n'ufant point

ordinairement de fceaux, pouvoient aifément divifer par le bas les deux exem plaires d'une même charte...

fignatures, mais dreffé en préfence de fept témoins.

, par

PREM. PARTIE..

la

La coutume (3) de couper & de partager les chartes moitié de certains mots ou lettres majufcules, dura longtems depuis la conquête de l'Angleterre. Hickes aporte en preuve une charte de l'an 1140. divifée en ligne (4) droite. Il auroit pu en citer de bien plus récentes. Dans la fuite, ajoute-t-il, l'ufage s'établit, de couper le cirographe ou les lettres majufcules de l'alphabet en ligne courbe, en forme de fcie ou de dents. Telle eft une charte d'Etienne Archevêque de Cantorberi, faite, fi l'on en croit notre auteur, fur le modèle des chirographes Saxons. Mais cette prétention manque d'exactitude par plufieurs endroits. 1o. La Formule fub formâ chirographi; loin d'avoir été empruntée dans un cas fingulier, des chartes Anglo-faxones; fut d'un ufage ordinaire, même dans les endentures, au moins jufque vers le déclin du XIII. fiècle. 2°. Non feulement les Anglo-faxons n'avoient pas coutume d'ufer de fceaux ;. Hickes lui-même. fupofe & dit cent fois, qu'ils ne le faifoient en aucune ocafion. Ce qui n'eft pourtant pas tout à fait exact. 3°. L'usage de n'atacher, , que les fceaux des Parties, avec lefquelles on contractoit, fur l'exemplaire, qu'on vouloit garder dans fes archives, ne s'établit d'une maniére uniforme, que plus de 200. ans, après l'époque de la domination Normande fur les Anglois.

Les chartes parties étoient encore bien dans le goût de la nation Angloife fur la fin du XII. fiècle : puifqu'au raport de Roger Hoveden, Henri II. voyant S. Thomas de Cantorberi déterminé, à ne pas apofer fon fceau aux nouvelles loix, qu'il vouloit établir, prit le parti de les faire écrire fous un cirographe, & d'en faire délivrer au Primat un exemplaire sem-blable au fien. Les cirographes avoient eu cours jufqu'alors en Angleterre, & ils continuèrent dans la fuite, d'y être en fi grande vogue, fur les chartes parties,& encore plus fur les endentures; que les Oficiers publics, qui les écrivoient, en avoient. pris le titre de cyrographarii. L'ufage des chartes parties fe, foutint donc en Angleterre, pendant le XIII. fiècle, & dura

(3) Mos hic autem fecandi & dividendi | chartarum membranas per medium vocabulorum vel litterarum alphabeti, qua in majufculis exarata erant, diu.... poft ingreffum Normannorum, antequàm in de

fuetudinem abiit, durabat. Hick. Differt..
epiftolaris pag. 77..

(4) Il y avoit auffi des chartes parties,
dont l'interfection étoit en ligne oblique..

SECT. 11.

CHAP. VI.
ART. II.

PREM. PARTIE.
SECT. II.

peutêtre même pendant le XIV. quoique celui des endentures eût prévalu. Hickes a donc tort de fupofer, que vers la fin du CHAP. VI. XII. ou le commencement du fuivant, les chartes dentelées prirent abfolument leur place.

ART. II.

(k) De re Dipl.

pag. 6.

(1) Voyez ci-après Planche 1. n. II.

Antiquité des endentures: leur durée.

(m) Ling.Sept. Thefaur. prafat.

pag. XXIX.

(2) Praf. p. 3.

95.

(0) Madox A Differt.concerning ancient charters pag. XXIX.

Les chartes divifées par l'alphabet étoient au XIII. fiècle d'un usage affez ordinaire en Efpagne, principalement dans le Royaume d'Aragon. Elles s'étoient fait conoitre en France longtems auparavant. D. Mabillon n'y en avoit néanmoins point trouvé d'antérieures au XI. fiècle : & les exemples, qu'il en (k) produit ne font, que de l'an 1061. & 1097. Nous ferons graver une (1) très-belle, qui remonte prefque jufqu'à la première de ces dates.

en

VI. Spelman ne conoiffoit point de chartes dentelées chez les Anglois avant l'an 1216. ni George (m) Hickes avant 1208. ni Rymer (2) avant 1197. ni Madox enfin avant l'an 1185. L'u fage des endentures ne devint général, que fous Henri III. mais on ne peut nier, qu'il (6) ne fut bien établi fous Henri II. Et fi l'on examinoit avec foin les archives des Eglifes d'Angleterre, tab. 1. pag. 94. on en découvriroit fans doute encore de plus anciennes.EnFrance le P. Mabillon, comme on l'a dit, n'en avoit point vu d'antérieures à l'an 1106. Malgré cette date, qui femble donner à nos endentures près d'un fiècle d'antiquité fur celle des Anglois ; loin de leur envier l'invention d'un ufage, qui leur a paru fi beau & fi utile; qu'ils l'ont régulièrement obfervé, dans la plupart de leurs contrats, pendant cinq à fix fiècles: il leur en fait honneur & foutient, qu'ils le pratiquoient dès (5) le X. fiècle. Il avance ce fait fur un texte d'Ingulfe, lequel, comme on l'a remarqué, eft fufceptible d'un autre fens. Mais il fufit pour prouver, que les endentures avoient cours en Angleterre dès le XI. fiècle.

Spelman parle d'une charte divifée en fept endentures. Elle avoit été donnée par Henri VII. Roi d'Angleterre, au fujet de fa Chapelle. Cette pièce apartenoit conféquemment au XV. ou XVI. fiècle. Madox en raporte plufieurs de la fin du regne

(5) On lit dans la Diplomatique de D. Mabillon, page 6. le IX. fiècle, au lieu) du X. C'eft une faute, qui s'eft gliffée dans l'impreffion de l'hiftoire d'Ingulfe, de l'édition de Londres de 1996. Elle avoit d'abord induit le P. Mabillon en

erreur. Elle fe trouve corigée, du moins en marge, dans la dernière édition de la Diplomatique. Mais elle s'eft confervée dans le nouveau Gloffaire de du Cange fur le mot Indentura.

de Henri VIII. au lieu que la dernière, qui avoit paffé par les mains de D. Mabillon, n'étoit que de l'an 1344. D. Lobineau (p) a publié une charte de l'an 1393. laquelle fe qualifie elle-même endenture. Le premier de ces deux favans Bénédictins femble.confondre les chartes dentelées avec les chartes parties; & celles-ci avec les diplomes d'une même teneur : lorfqu'il dit, que (g) l'ufage des chartes paricles fut en vigueur, jufqu'à ce que celui des dentelées eût pris le deffus. Ces dernières, & celles, qui étoient partagées en ligne droite, se maintinrent longtems ensemble. Pendant le XI. & le XII. fiècles, en Angleterre même, les chartes dentelées n'étoient pas fi communes, que celles qu'on divifoit en ligne droite.

Les endentures écrites en deux langues font fort rares, On en raporte néanmoins un exemple, fur lequel nous n'infiftefons pas, pour éviter les redites.

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cox.

concerning ancient charters p. XXIX. (s) Tom. 2. praf. pag-3.

L'ufage des chartes divifées s'eft mieux confervé en Angleterre, que chez les nations voisines. Thomas (r) Madox & (s) (*) A Dissert. Rymer nous aprennent, qu'il a duré jufqu'à notre fiècle. La figure en a pourtant un peu changé. Au lieu qu'on les façonoit en forme de dents de fcie, & que quelquefois même on les découpoit en d'autres dents plus petites; la pratique la plus commune eft de les partager en lignes ondées& fans interfection de Lettres, VII. Les chartes parties fe divifoient par le haut, par le bas, & par les côtés. On choififloit l'une de ces maniéres, où l'on en pratiquoit plufieurs à la fois ; felon le nombre des exemplaires, qu'on prétendoit tirer.

Diférentes ma

niéres de placer chirographes & en

les lettres fur les

dentures, qu'on vouloit partager.

Les divifions par le haut & par les côtés font les plus communes. Celles par le bas paroiffent un peu plus rares. La dificulté de les ajuster avec les fceaux a fans doute beaucoup con tribué à leur rareté. Le peu d'ufage, que les Anglo-faxons faifoient des fceaux, ne mettoit point le même obstacle aux féparations par le bas de leurs cirographes. Auffi y étoientelles affez (1) communes. Quand en France la divifion fe fai- () Hickes. Diffoit par le bas, on n'y replioit pas le parchemin. Alors on fert. pag. 8.76. tachoit quelquefois les fceaux au haut de la pièce. Nous avons vu une charte dans les archives de Jumiéges, qui porte deux fceaux dans fa partie. fupérieure. Elle eft du XII. fiècle. On y trouve une endenture de l'an 1280. dont les lettres font par tagées par le bas.

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