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PREM. PARTIE.
SECT. II.

ART. II,

Les lettres & les infcriptions, placées à l'interfection des exemplaires de la même charte, font en lignes horisontales ou CHAP. VI. perpendiculaires, dans l'ordre naturel ou renverfé. Elles font perpendiculaires aux chartes, qui les ont à leurs côtés ; horisontales à celles, qui les portent à leur marge fupérieure ou inférieure. Lorfqu'elles font perpendiculaires, elles vont en montant ou en defcendant: & leurs moitiés de caractéres fe montrent au côté gauche ou bien au côté droit ou à tous les deux à la fois, Si elles font horisontales; l'ordre des lettres eft naturel : pourvu que la moitié fupérieure du cirographe foit au pié d'un exemplaire,& que l'inférieure fe trouve à la tête de l'autre. Mais file cirographe ou l'infcription étoit en même tems au haut de toutes les deux ; l'une des moitiés d'infcription avoit fes lettres dans un ordre renversé, & de plus elles marchoient de droite à gauche.

Le même renversement étoit immanquable, toutes les fois que le bas des deux chartes fe touchoit, au moyen du cirographe, qu'elles partageoient entr'elles. Il pouvoit encore avoir lieu, par raport aux chartes, dont le haut ou le bas étoit apliqué au côté de celles, dont elles devoient être féparées.

Si les chartes divifées par le haut ne peuvent manquer, de renverser l'ordre des lettres d'une des moitiés de leur cirographe; lorfque les deux exemplaires le partagent dans leur partie fupérieure: ceux qui font tous les deux également coupés par le bas, ne fauroient non plus éviter le même accident; mais néanmoins dans un fens contraire. La pièce qui porte l'interfection du haut des lettres, les montre dans leur fens naturel ; & celle qui n'a que le bas de ces lettres, les préfente dans un ordre renverfé.

Mais fi de deux chartes parties ou dentelées, l'une avoit fa moitié de cirographe en haut & l'autre en bas; les lettres dont il feroit compofé n'éprouveroient nul dérangement ni dans l'une ni dans l'autre. Ainfi la partie fupérieure du cirographe seroit toujours au bas de l'une, & la partie inférieure au haut de l'autre de ces pièces. Il est au furplus affez inutile de favoir, fi la charte partie parallèle à celle, qu'on a entre les mains, porte fon cirographe en haut, en bas, de côté & à quel côté. On peut affurer néanmoins, qu'on trouvera rarement des chartes divifées par le bas, de l'une & l'autre maniére, que nous venons d'expofer. En voici la raison. Les cirographes

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cirographes ne donnèrent pas longtems exclufion aux fceaux, & -ceux qui en précédèrent l'ufage ne fe trouvent pas en fort PREM. PARTIE. grand nombre. Il étoit affez dificile, d'unir l'apofition du sceau avec celle du cirographe au bas d'une charte. Dans un tems où l'on n'apliquoit plus les fceaux fur le parchemin; il étoit ordinaire de le replier par le bas, pour y fufpendre plus commodément le fceau de cire ou de toute autre matiére. Une charte munie de fceau & de cirographe par le bas ne pouvoit admettre ce pli. Et fans ce pli le fceau couroit rifque, d'être emporté avec fon atache; fi le parchemin n'étoit très - fort. Aufli eft-ce une qualité, qu'on remarque dans un original dont nous produirons bientôt (#) le modèle.

Les lettres majufcules, qui compofoient les cirographes, étoient quelquefois d'une encre rouge, ou d'une autre couleur également frapante. Mais ordinairement elles ne se distinguoient de l'écriture des pièces mêmes, que par la grandeur & la force de leurs traits, ou par les ornemens Gothiques, dont elles étoient plutôt furchargées qu'embellies.

(u) V. ci-après Planche I. n. V.

mêmes chartes di

VIII. D. Mabillon avoit lu (x) dans le Gloffaire de Spel- Multiplicité des man, qu'on ne partageoit pas feulement les endentures en deux exemplaires des & en trois exemplaires originaux, mais en fept & quelque- vifées, à proporfois même jufqu'en onze. Il faloit donc que le texte de ces tion du nombre

des contractans.

pièces annonçât un fi grand nombre de divifions. En effet, (x) De re Diplopar le feul cirographe, qu'on trouve marqué, fur quelqu'un mat. lib. 1. cap. 2. des exemplaires d'un titre divifé; jamais on ne poura con- ». 7. clure, que le partage en ait été fait entre plus de cinq. Encore n'y a-t-il que les exemplaires du milieu, qui puiffent préfenter autant de cirographes que de bords. Ainfi lorsqu'une charte partie ou dentelée n'étoit féparée, qu'entre quatre ou cinq contractans ; une feule des pièces pouvoit réunir trois ou quatre des infcriptions divifées.

Souvent elles n'étoient autres, que le mot cyrographum, plufieurs fois répété. On ne laiffoit pourtant pas, de varier les cirographes. Mais très-fréquemment en Angleterre, quand les endentures n'étoient coupées qu'en trois ou quatre, 1o. le terme cyrographum fe trouvoit au haut des exemplaires: 2°. au lieu d'être encore marqué tout au long fur leurs côtés, ou d'y faire place à un autre mot; on en sembloit feulement répéter le commencement ou la fin, comme graphum ou cyro ou Tome I.

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PREM. PARTIE raphum &c. Cette pratique, qui paroit d'abord un peu bifare, étoit fondée fur le nombre des contractans, qui devoient emporter chacun leur part de la charte.

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Supofons pour mieux nous faire entendre,qu'une pièce dût être partagée en quatre: on écrivoit au milieu du parchemin deux fois cyrographum tout de fuite; de forte que ce mot répondoit précisément à la largeur de chaque couple de ces chartes. Après quoi le même mot étoit écrit, toujours avant leur féparation, une troifième fois, au milieu des quatre côtés de ces quatre pièces : c'est-à-dire fuivant leur longueur, de façon que la dernière infcription coupât les deux autres à angles droits. On conçoit que la pièce de parchemin divifée en quatre, par le milieu de chaque cirographe, donnoit à chacun des contractans une moitié de ce mot en ligne horifontale, plus un quart de la troisième infcription en ligne perpendiculaire. Il n'eft donc pas étonant que, quand on n'a fous les yeux, qu'un des quatre exemplaires; outre le cyrographum placé au haut, on life fur l'un des côtés tantôt cyrogr. tantôt aphum &c. fuivant que le dernier cirographe ocupe plus ou moins de place fur les endentures fupérieures ou inférieures. Par ce moyen on rendoit une feule infcription commune aux quatre parties contractantes. On pouvoit même la partager entre un plus grand nombre.

Hickes n'a pas eu des idées affez juftes de la maniére, dont fe faifoient les divifions des exemplaires de la même charte partie, & des fignes que chacun d'eux, confidéré féparément, peut nous donner du nombre de ceux, auxquels il étoit joint. Selon lui, les moitiés de lettres, capitales ne paroiffant qu'en haut ou en bas, caractérisent une charte, qui n'eft divifée qu'en deux exemplaires. Si ces lettres fe montrent à la fois en haut & en bas; c'est un figne affuré de fa divifion en trois pièces.

Qu'une charte, où l'on aperçoit haut & bas des moitiés de lettres majufcules, ait au moins été partagée en trois; le fait ne foufre nulle dificulté. Mais qu'une charte, où ces moitiés de caractéres ne fe préfentent qu'en haut ou en bas, ait été feulement partagée en deux, c'eft ce qu'on ne peut pas conclure puifque fur celles, qui font divifees en trois; il n'y en a tout au plus qu'une, qui porte ensemble au haut & au bas les demi-lettres capitales..

deux

On pouvoit partager trois chartes de telle façon; que portaffent, comme on l'a dit, fur deux de leurs bords, une moitié d'infcription & le quart d'une autre: mais la troisième ne pouvoit avoir, qu'à l'une de fes extremités l'autre moitié du fecond cirographe, fans participer au premier.

Que le mot cyrographum foit fupose faire l'inscription commune aux deux premières pièces, jointes par leur partie fupérieure; un second cyrographum placé fur leurs côtés pouvoit entrer en partage entre les trois pièces; de manière que la troisième en eût une moitié ; tandis que les deux autres n'en avoient qu'un quart. Il faudroit donc, felon Hickes, prononcer que la troifième pièce n'étoit point unie aux deux autres,

Au moyen d'une fentence compléte, écrite d'un bout d'une grande pièce de parchemin à l'autre ; le long de fes extrémités, foit fupérieures, foit inférieures, ou des côtés de vingt chartes d'une même teneur: on les auroit également partagées, fans qu'une feule eût eu plufieurs infcriptions à la fois.

C'eft fans doute par de femblables divifions, qu'on peut rendre raifon de ces cirographes, dont les plus habiles déchifreurs ne fauroient diftinguer les lettres: ou du moins leur donner aucun fens. Pour y réuffir, il faudroit qu'une moitié des chartes divifées ou des endentures, dont cette pièce fait partie, fût raportée. Alors ces caractéres inintelligibles ne se refuseroient plus avec tant d'opiniatreté aux empreffemens des antiquaires. Mais ce troifième cas, qui a dû n'être pas fort rare, prouve encore la fauffeté de la règle du favant Anglois.

Le même auteur tombe dans une nouvelle méprife: lorfqu'il fupofe, que les donations chez les Normans ne fe faifoient que par une charte, dont l'exemplaire demeuroit unique; au lieu qu'on en tiroit plufieurs de celles des Anglo-faxons. Il n'aporte en preuve aucune charte des donations de ceuxci, diftinguée de leurs teftamens, dont les exemplaires fuffent multipliés: & nous pourions en citer plus d'une de ceuxlà, dont on faifoit un ou plufieurs doubles. Toutes les autorités, fur lefquelles il s'apuie, n'ont trait qu'aux contrats ou chartes conventionelles. Hoc autem, dit-il, maximè obtinuit in chartis contractus five conventionalibus. Or à l'égard de ces pièces; il n'étoit pas plus rare, d'en voir nombre d'exemplaires entre les mains des divers contractans en France, qu'en Angleterre, fous.

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la domination des Normans, que fous celle des Anglo-faxons.. IX. Comme ces derniers ne faifoient prefqu'aucun usage des fceaux; il femble que pour y fupléer, ils inventèrent. la maniére de dreffer des chartes, dont la vérité put être conchartes parties & ftatée par le raport jufte, qu'auroient enfemble les traits des

SECT. II. CHAP. VI ART II. Authenticité des

des endentures:

leurs fceaux.

lettres d'un ou plufieurs mots coupés par la moitié fur diferentes chartes, & qu'on raprochoit au befoin.. C'étoit fans doute le principal caractére d'authenticité, dont les chartes. Anglo-faxones puffent être revêtues. La plupart de leurs fignatures étoient de la main de l'écrivain de l'acte. Dépourvues de fceaux & de foufcriptions;par quelle autre formalité pouvoient. elles devenir authentiques, que par des cirographes?

Les François les empruntèrent des Anglois, felon les aparences, & les mirent en ufage longtems avant qu'ils euffent des règles fixes de la maniére, dont ils devoient dreffer leurs chartes. Auffi cette unique formalité tenoit - elle chez eux, comme chez les Anglois, lieu de fceaux, de foufcriptions & de témoins. Ils les dreffoient même fimplement en forme de notices, & comptoient tellement fur la force & l'autorité de leurs cirographes; qu'ils faifoient quelquefois dépendre la confervation des terres cédées, de celle de la pièce, où étoient marqués ces cirographes..

Le premier degré d'authenticité ajouté au cirographe, ce fut de dreffer la charte partie, en présence de témoins Le second fut d'y apofer un ou plufieurs fceaux.

Jufqu'au XII. fiècle, les fceaux y furent affez rares, même en France. Il n'y avoit en effet auparavant guère que des: Princes ou des Seigneurs titrés, qui en fiffent usage.. Les Pré-lats & les Communautés s'en fervoient auffi. Mais cela n'étoit ni général ni invariable. Les cirographes étoient déja fort à la mode en France; qu'une Abbaie auffi célébre que celle de Corbie n'avoit pas encore de fceau, s'il en faut croire M. du Cange. Il l'avance fur l'autorité d'un ancien Mf. qui parle d'un tems, où faute de fceau, cette Eglife ne pouvoit traiter,, que par la voie des chartes parties. Au refte ce defaut de fceau a pu ne durer qu'un tems limité, & n'être arivé, que parcequ'on auroit perdu ou renouvellé le fceau de ce monaftère. En un mot le texte cité en preuve ne dit point, que: Abbaie de Corbie n'eût encore jamais eu de fceau..

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