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PREM. PARTIE.
SECT. I.
CHAP, II.

(g) Suplem. de re diplom. pag. 2.

Foibleffe des

contre les origi

du P. Mabillon.

emploie contr'eux. Ainfi tombe-t-on dans une contradiction manifefte. On détruit d'une main le principe, qu'on établit de l'autre. On opofoit tantôt à ces modèles, comme des diférences effentielles de caractére, quelques variations dans les fceaux ou dans les fignatures, & dans plufieurs autres menues formalités. Maintenant on foutient, qu'un même caractére regne par tout. Que de chicanes retranchées par cet aveu, fi l'on ne le perdoit auffitôt de vue !

Prétendra-t-on borner ce caractére à la feule écriture ? Mais outre qu'il en faudroit encore diftinguer plufieurs, parmi les modèles de la Diplomatique; on verra dans la fuite, que les écritures Mérovigiennes, Lombardiques, Carlovingiennes & autres, dont le P. Mabillon nous a donné des exemples, font certainement les mêmes, qui furent en ufage pendant les premiers fiècles de la Monarchie Françoife. Il seroit donc impoffible de prouver, que ces écritures ne conviennent pas refpectivement à tous ces modèles : tant s'en faut qu'on pût démontrer, qu'elles ne conviennent à nul d'entr'eux, ou que convenant féparément à quelqu'un, elles conviennent généralement à tous.

Au reste ne doit-il point paroitre un peu fingulier, qu'on ose, fans aucune infpection de pièces, non feulement fufpecter; mais encore taxer de faux des originaux, examinés avec foin par les plus habiles antiquaires, qu'il y ait jamais eu au monde? Tels furent les d'Hérouval, (g) les du Cange, les Cotelier, les Baluze. Tous reconurent de concert l'authenticité des originaux, fur lefquels furent pris les modèles de la Diplomatique. De quel poids ne font pas de fi grands fufrages? Mis en balance avec les minuties, qu'on leur opose; de combien ne doivent-ils donc pas l'emporter?

II. Cependant voyons ce que les cenfeurs de D. Mabillon moyens employés ont à lui reprocher. D'abord ils font forcés de reconoître, naux, publiés dans que pour établir l'art de la Diplomatique, il a recueilli, avec la Diplomatique autant de travail que de fagacité, beaucoup d'observations importantes fur les anciens diplomes, & qu'il les a acompagnées d'un grand nombre de règles, pour difcerner les vraies & fauffes chartes. Mais ils prétendent que les fources, où il a puifé fes règles, ne font pas sûres: parceque, difent-ils, il n'en a point eu d'autres, que les pièces raportées dans le V,

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& VI. livres de la Diplomatique. Un art, ajoutent-ils, ne peut pas être plus certain, que les principes, fur lefquels il PREM. PARTIE. eft fondé. Les règles tirent toute leur force des modèles cités, & ces modèles eux mêmes ne font pas certains. Du moins leur certitude n'eft-elle pas démontrée. Donc la Diplomatique, à proprement parler, n'est pas un art.

Nous voulons bien ne pas nous récrier davantage, fur ce qu'on fait dépendre toutes les règles de la Diplomatique des feuls modèles, publiés par D. Mabillon: tandis qu'il les apuie encore fur une infinité d'autres exemples, tirés des monumens mis au jour par divers compilateurs, ou puifés dans les anciennes hiftoires les plus univerfellement eftimées. Nous n'infisterons pas non plus, fur ce que les modèles de la Diplomatique furent reconus dans leurs originaux pour indubitables, par tout ce qu'il y eut au dernier fiècle de plus grands antiquaires. Nous ne nous arêterons pas à ces réponses, toutes décifives qu'elles foient. Mais eft-il quelqu'un qui ne fache, que les titres font faits pour prouver, & non pas pour être prouvés ? Exiger qu'on démontre la vérité des titres originaux; c'eft exiger qu'on démontre la vérité des principes. Un axiome eft reçu comme la fource & la règle de plufieurs autres vérités : mais on ne demande point qu'on prouve, qu'il n'eft pas faux. Si quelqu'un prétend le révoquer en doute, c'est à lui à fournir fes preuves. Il fufit de les détruire, pour que le principe ne perde rien du droit, qu'il a effentiellement, de foumettre tous les efprits. Il en eft de même des titres originaux : La Jurifprudence ne connoît point de preuves plus fortes, que les littérales. Et parmi celles-ci, il n'en eft point, qui méritent plus de croyance, que les actes les plus folennels?

Mais s'il eft néceffaire, de prouver la vérité des titres originaux ; quelles en feront les preuves? Montrer qu'ils ne contredifent en rien les faits conftatés par l'hiftoire, qu'ils ne répugnent point aux formules ni aux ufages, foit généraux, foit particuliers, du tems auquel ils font atribués, & que leur écriture eft conforme à celle, dont ils portent la date; c'eft fans doute démontrer invinciblement leur vérité. Or il n'est aucun des modèles de M. Mabillon, qui ne réuniffe tous ces caractéres. Donc il n'en eft aucun, qui puiffe être déclaré

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:

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faux ou fufpect. Tout ce qu'on leur opofe n'eft fondé, que. PREM. PARTIE. fur des faits avancés par quelques hiftoriens, bien ou mal entendus; mais qui ne peuvent égaler l'autorité des monumens contemporains ou fur des formules un peu extraordinaires ; mais dont le fiècle auquel apartient le diplome, qu'on fufpecte, ne manque pas d'exemples: ou fur des variétés dans les ufages; mais dont il n'eft aucun tems, qui ne fourniffe beaucoup de preuves : preuves ou fur de légères diférences d'écriture mais qui ne pouvant jamais paffer pour des moyens légitimes de faux, le peuvent d'autant moins ici, que les modèles imprimés de D. Mabillon ne font pas les originaux mêmes, ni les copies immédiates des originaux, mais tout au plus les copies de leurs copies. La plupart de ces originaux font renfermés dans les archives de Saint Denis. D. Michel Germain en tira des copies figurées, aidé des lumiéres de D. Loiseau Religieux de la même Abbaïe, lequel fe chargea du pénible travail, de déchifrer les autographes, fans vouloir partager la gloire du fuccès avec fes favans confréres. Le P. Germon, de fon (h) Difcept. 3. propre aveu, ne vit jamais ni les (b) originaux, ni les copies, mais les feuls modèles, tirés fur les planches gravées. Or quoiqu'en général on ait représenté les écritures avec affez d'exactitude, pour qu'on y reconoiffe le fiècle auquel elles apartiennent:

pag. 27.

Incertitude de la preuve fondée ur la diférence de

l'écriture d'une

même main. Cette

diférence peut être

affez grande, pour

en impofer aux juges & aux experts. Aplication de ce principe à un modèle de D. Mabillon.

eft bien dificile, que tout y foit rendu fi fcrupuleusement trait pour trait; que la même main y foit entiérement reconoiffable; quelque reffemblante qu'elle foit dans les origi

naux.

III. Quel fond d'ailleurs peut-on faire fur certaines variations dans l'écriture de la même perfone; lors furtout qu'elles ne font pas abfolument incompatibles, & que les écritures font de diférens tems? Un des plus grands Légiflateurs qui fut jamais, va nous l'aprendre par le récit d'un événement, dans lequel furpris de trouver en defaut les maximes les plus communes de la Jurifprudence, il fentit la néceffité, d'aporter des modifications, à la preuve fondée fur la vérification des écritures. » On (2) a fait raport devant nous, dit l'Empereur Justi

(2) Εν δίκαις πολλαῖς ὧν ἐκρουσάμεθα,
καίτι παράδοξον ἡμῖν ἐξ Αρμενίας ἀνέση.
προκομισθέντος γὰρ ἀμείψεως συμβολαίου
* τῶν γραμμάτων ανομοίων κριθέντων, ύτε

ρον ἐπείπερ ευρέθησαν οἱ τῷ συμβολαίῳ μας. τυρησάντες, και γράμματα υποθέντες, καὶ ταῦτα ἐπιγνόντες, πίτιν ἐδέξατο τὸ συμβόλαιον καί τι παράδοξον ἐντεῦθεν ἀπήντη

nien,

دو

33

رو

دو

دو

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رو

رو

nien, d'une chose extraordinaire arivée en Arménie. Un » Contrat d'échange ayant été produit en Juftice, comparaison faite des écritures, elles furent jugées diffemblables. Toutefois comme dans la fuite on retrouva les témoins du contrat, & que ceux qui l'avoient figné reconurent leurs foufcriptions; le Contrat fit foi en Juftice. Ce qu'il y a ici de » plus étrange & de plus étonant; c'est que d'une part les écritures font regardées comme indignes de toute créance : & cela après l'examen des experts, & que de l'autre les fignatures reconues par les témoins font admifes comme véritables: quoiqu'il puiffe paroitre en quelque forte dange» reux, d'ajouter toujours foi aux témoins. Mais nous voyons, » qu'il eft fouvent néceffaire, de faire beaucoup d'attention » aux diférentes difpofitions, atachées à notre nature. Quels changemens dans les écritures l'age ne caufe-t-il pas ? Au» tres font les traits, qui partent de la main ferme & hardie » d'un jeune homme, autres ceux qu'il forme, lorfque fa main eft afoiblic par la vieilleffe, & peut-être devenue tremblante. Il n'est pas même rare, qu'une maladie opére ces fortes d'altérations dans l'écriture. Mais pourquoi tant infifter fur » tout cela; puisqu'il ne faut qu'un fimple changement de plume ou d'encre, pour faire perdre entièrement aux écritu» res la naïveté de leur reffemblance? «

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. II.

381. 383. lib. 6.

De fi judicieufes réfléxions font évanouir l'acufation de faux, intentée contre certains modèles de D. Mabillon, fous prétexte que des experts (i) écrivains, après avoir comparé quel-(i) De re diques fignatures du Roi Thierri, les jugèrentde mains diferentes, plom.lib. 5.p.379. ainfi que celles du Référendaire Wulfolaccus. Mais de plus 1o: p. 469. 471. 477ces fortes d'examens, par raport à des écritures antiques, font fort au deffus de la portée des Maitres écrivains. Ils s'expofent même à des bévues inévitables; quand ils ofent porter leur jugement fur des matières, que les antiquaires font en droit de révendiquer, & dont ils font feuls juges compétens.

σεν, ὅτι, τὰ μὲν γράμματα απιτα ὤφθη, καί τοιγε εξετασθέντα, τὰ δὲ παρὰ τῶν μαρτύρων ἀπήντησε σὺν ἀληθείᾳ· καὶ ταῦτα, τῆς παρὰ τῶν μαρτύρων πίσεως δοκούσης εἶναι πως ἐπισφαλούς. ὁρῶμεν μέντοι τὴν φύσιν αυτῆς πολλάκις δεομένην τῆς τὸ πράγμα τος ἐξετάσεως. ὅπου γε τὴν τῶν γραμμάτων ανομοιότητα πολλάκις μὲν χρόνος ποιεῖ οὐ γὰρ Tome I.

ἂν οὕτω γράψειέ τις νεάζων και σφριγῶν καὶ γεν
ρακὼς ἴσως καὶ τρέμων ) πολλάκις δὲ ἡ νόσος
τοῦτο ποιήσειε. καίτοι τί ταῦτα φαμὲν, ὅπου
γὲ καλάμου τὲ καὶ μέλανος ἐναλλαγὴ τὸ τῆς
ὁμοιότητος διὰ πάντων ἀκραιφνὲς ἀφείλετο
Authentic. collat. 6. tit. 2. nov. Conftit.
73. in prafat.

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SECT. I.
CHAP. II.

(k) Difcept. 2.

2o. Les écrivains experts du P. Germon font bien voir en effet leur infufifance; lorfqu'ils ne reconoissent pas la même main dans les foufcriptions de Thierri, ni dans celles de Wulfolaecus. (k) Car la diférence eft fi légére, qu'un fimple pag. 256. Jeq. changement de plume auroit pu la produire. 3. Il y a un intervalle de douze ans entre les deux fignatures du Roi, & de quatre entre celles du Référendaire. Cela fupofe auffi, changement de plume & d'encre. C'eft plus qu'il n'en faut, pour opérer une fi mince diffemblance. 4°. Il est encore à remarquer, que la prétendue vérification, fi vantée par l'Abbé Raguet, (1) n'eft point faite fur les originaux, ni même fur les copies figurées d'après ces pièces, mais fur les planches imprimées. Il n'eft donc pas furprenant, qu'il s'y rencontre quelque difparité: mais il l'eft fort, qu'elle ne foit pas plus grande: quand même on fupoferoit les fignatures des originaux parfaitement femblables.

(1) Hist. des conteft. fur la Diplom.

p. 248.249.

Réponses à quelques nouvelles objexions.

IV. Les adverfaires de la Diplomatique ont encore un dernier effort à faire contre fes modèles. Selon eux, les caractéres des pièces, qui peuvent paffer pour la régle des autres font 1°. qu'elles paroiffent exemtes de tout defaut, & qu'elles foient autorisées par les archives publiques. 2°. Que plu ficurs diplomes foufcrits par le même Prince ou le même Référendaire ; quoique gardés en des lieux éloignés, repréfentent la même main, le même fceau, la même écriture, le même style, les mêmes formules. 3°. Que comparés avec des chartes fauffes, ils en foient diférens. A ces conditions, ils veulent bien admettre des diplomes, qui fervent de règles

aux autres.

Mais, 1o. de la maniére que ces règles font propofées ; il paroit qu'on n'a eu pour but d'une part, que d'en rendre la pratique impoffible, & de l'autre de faire entendre que Dom Mabillon réduifoit tous les principes de la Diplomatique à des modèles, qu'il ne penfa peut-être jamais à donner pour règles. Supofons néanmoins qu'il eût prétendu les élever à ce degré d'autorité; il s'agit ici de modèles des chartes de la première & feconde race: & l'on exige qu'ils foient autorisés par de femblables monumens, tirés des dépôts publics: comme fi ceş dépôts n'étoient pas poftérieurs de quelques fiècles à l'extinction de la seconde race! Au lieu de demander le fufrage des

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