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cette efpèce de monumens ; qu'elles ont comme à l'envi, publié
un nombre infini de Recueils de diplomes, plus propres les uns
que les autres à illuftrer leur Patrie, à éclaircir les droits des
Šouverains, ( 1 ) à maintenir les intérêts du Public, & à mettre
des bornes aux prétentions des particuliers. Qui ne connoit les
amples Collections de chartes des Leibnitz, des Kettner, des
Ludevvig, des Schannat, des Bernard Pez, des Muratori, des
Rangone, des Anderfon, des Rymers, des Duchefne, des
Perard, des Dachery, des Mabillon, des Martene & Durand
des Aubert le Myre, & de tant d'autres? Avec quel foin &
quelles recherches, les auteurs les plus exacts n'ont-ils pas
apuyé par des pièces juftificatives l'hiftoire des Eglifes, des
Ordres, des Monaftères, des Provinces, des anciennes Maifons
de France, d'Italie, d'Allemagne, d'Angleterre, &c. Et que
font ces pièces juftificatives pour la plûpart, finon des chartes
Nous ne finirions pas,
fi nous voulions faire l'énumération des
hiftoriens, qui ont fuivi cette méthode, & qui la fuivent
encore tous les jours.

(b) Mém. SerGaules pag. 375. &414.

vant à l'Hift. des

Tant de Savans de toute nation, dans le fiècle le plus éclairé, fe feroient-ils accordés à établir la foi, qu'ils vouloient qu'on eût à leurs travaux hiftoriques, fur les chartes poudreufes des Couvens; (b) la plupart étoient falfifiées ou inutiles, si c'étoit fe fier à des témoins TOUJOURS fufpects, fi c'étoit une fource fi SOUVENT impure? Le P. Germon lui-même, loin d'en porter un jugement fi peu peu favorable; relève au contraire l'excellence & l'utilité des anciens diplomes. « Ils font connoître, dit-il, (c) les » loix & les coutumes de nos ancêtres, ils donnent du poids P. 311 312. » & de l'autorité aux privilèges, ils fervent à diftinguer la Nobleffe, & font le flambeau de l'histoire. » (2) Nulle exagération dans ces éloges. Ils font encore au-dessous du mérite des diplomes.

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M. de Boze dans fon Hiftoire de l'Académie Royale des

(1) Sanè qui rempublicam tractant, in ad eruditionem reliquam, fed in primis ad iftis monumentis inveniunt exemplaria qua intelligenda Gentium jura. Guillelm. Leib infpiciant, & ubi artes fuas vel cum volup-nit. Præfat. in Cod. juris Gentium. pag. 3. tate agnofcant, vel cum fructu augeant, cautionefque & formulas obfervent, que gentium juri & publico ufui accommodantur... Ut fummatim comprehendam, profunt ifta ad politicas artes, ad hiftoriam,

(2) Voyez les Mémoires de Trévoux, Août 1740. pag. 1555. & la Préface du Livre intitulé: Thuringia Sacra five Hiftoria Monafteriorum, que olim in Thu ringia floruerunt, &c.

(c) Difcept. 2.

pag. 471. 472.

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Infcriptions & Belles-Lettres, en rendant compte du Projet d'une nouvelle Notice des Gaules & Païs foumis aux François· depuis la fondation de la Monarchie, par M. Secouffe, s'exprime (d) Tom. 4 ainfi. (d)" Notre hiftoire... eft un fonds inépuifable de recherédit. de Hollande.» ches. Chaque jour elle fe dévelope, & prend une nouvelle face par la publication des monumens qui la concernent. Ces chroniques, ces diplomes, ces chartes, ces titres qu'on a déja mis au jour, font des matériaux, qui n'attendent que » la main habile, qui doit les arranger. Le fiècle paffé & le » commencement de celui-ci, ont été féconds en recueils de pièces originales: il y a lieu d'en espérer un plus grand nombre; & l'exemple de l'Angleterre doit nous apprendre quelle » abondante moiffon l'on pouroit faire dans les Registres des » Parlemens & les Chambres des Comptes, dans la Bibliothédu Roi & le Tréfor des chartes. «

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» que

Les diplomes, dit l'éditeur du Lexicon diplomatique, qui vient de paroître, (3) font les témoins les plus incorruptibles du droit des gens. Ils fixent fans contredit l'incertitude des dates, quelquefois obfcurcies par les expreffions ambigues de certains hiftoriens. Ils découvrent la véritable fituation des anciennes villes, leurs révolutions, leurs destinées. Pour peu qu'on les confulte, ils mettent également à couvert de la révolte & du defpotifme & les Souverains & leurs fujets. Ils raportent avec autant d'exactitude de fidélité les fondations des Eglifes & le détail de leurs biens & de leurs priviléges. Par le moyen des chartes, on connoît la fuite des Empereurs, des Rois, des Princes, des Ducs, des Comtes, des grands Officiers; on_re

que

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(3) Diplomata juris gentium confuetudi- legiis, diligenter referunt : Diplomata famimarii pactitii teftes incorruptiffimi funt,liarum illuftrium origines, Imperatorum Reomnique exceptione majores: Diplomata gum, Principum, Comitumque feriem; agnatemporum rationes mirum in modum non- torum, cognatorum, affinium nomina, nunquam turbatas, dubiifque Scriptorum ma gentilitia, & quidquid hujus argumenti verbis obfcuratas, ita in promptu ponunt, eft, feris nepotibus commemorant. Denique ut res difputatione ampliùs non egeat: Di- ut paucis omnia complectar, omne jus faplomata locorum veros fitus, fata & mutatio- crum atque profanum, facros civiles & mines in apricum proferunt : Diplomata fum- litares ritus mirificè illuftrant & plena luce morum Imperantium jura ab infidiis &in fuffundunt. Quæ cum ita fint, non tantùm fultu malevolorum vindicant: Diplomata rei Litteraria, verùm etiam bono publico avitam Ordinum Provincialium libertatem tam utilia funt, quàm qua utiliffima. contra Gnatones aulicos egregiè tuentur : Præfat. Joan. Henrici Jungii ad Ludovici Diplomata Ecclefiarum Monafteriorumque Waltheri Lexicon Diplomaticum. fundationes, cum annexis juribus ac privi

monte à la tige des illuftres familles, on en diftingue les branches, les titres d'honneur, les armoiries.

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(e) Réfléx. fur. les règles & l'ufa

de la Critique,

Quel doit donc être le relief de l'art, qui apprend à faire un ufage légitime de ces précieux monumens, qui détermine leur âge, qui difcerne le vrai du faux, qui diffipe les doutes, qui marque les limites des divers degrès de fufpicion par les caraetéres propres à chaque fiècle : « Les règles (e), fur lefquelles eft fondé l'art de la Diplomatique, dit un favant auteur, font ge plus sûres, plus infaillibles & moins équivoques que celles, que tom. 2. p. 83. in◄ M. de Tillemont & M. Baillet ont prétendu nous donner, pour faire un jufte difcernement des véritables actes des anciens Martyrs, d'avec ceux qui font douteux & fupofés. » Comme cet art ne permet pas de recevoir pour véritables des titres faux; il ne bannit pas moins efficacement les vaines & ridicules frayeurs, (4) qui font apréhender à certains efprits, de tomber fur des productions de fauffaires, autant de fois qu'ils ouvrent quelque ancien diplome. Il n'eft ni d'un vrai fage, ni d'un efprit ferme & judicieux, de fe livrer fans raifon à de fi foibles & de fi téméraires foupçons. De même qu'un homme foupçonneux eft la pefte de la fociété, ainfi celui-là renverfe les fondemens de toutes les fciences & de la Religion même, qui fufpecte tous les monumens de faux. On doit regarder les écrits de nos ancêtres, comme leurs vrais & légitimes ouvrages, quand il n'est pas conftant qu'ils font fupofés, corrompus ou incertains.

Nous ne faifons en quelque forte, qu'apliquer aux diplomes, ce que dit le P. Germon des manufcrits en général. L'aplication eft d'autant plus jufte, qu'on ne peut prefque rien avancer pour ou contre les vieux manufcrits, qui ne convienne également aux anciens diplomes. La feule diférence, qui fe faffe ici remarquer, c'eft que ceux-là étant dépofés dans les biblio théques, & ceux ci dans les archives: fi la multitude des premiers ne permettoit guère de les corrompre, fans qu'on s'en

(4) Quid enim ridiculum magis, quàm peftis eft atque ipfius Religionis fundamenvaná ac temeraria ubique fufpicione la- ta convellit, qui libris omnibus falfi fufpiborare, metuere, ne quoties veterem cionem temerè afpergit. Relictos à Maiolibrum aperis, toties in fuppofuitias falfa- ribus noftris libros tandiù pro genuinis, fro riorum lacinias incurras? Hujufmodi fuf-integris ipforum fœtibus haberi decet, picionibus indulgere, nec fapientis eft nec conftantis viri. Igitur quemadmodùm humana focietatis peftis eft, pravè fufpicio fus homo: fic etiam doctrinarum omnium

quamdiù non conftat fpurios effe, adul-
teratos aut incertos. Germon. de veterib,

hæretic. Cod. corrup. pag. 560. 561.

aperçût; les précautions avec lesquelles on gardoit ordinairement les autres, ne les mettoit ne les mettoit pas moins à l'abri de la malice des imposteurs,

les

Les avantages, qu'on peut tirer des diplomes, font en fi grand nombre & fi étendus ; qu'il feroit dificile de tarir fur ce fujet, quand même on fe renfermeroit dans des notions géné rales. Pour mieux fentir néanmoins leur mérite & leur utilité, il fera néceffaire d'entrer dans des détails plus particuliers; lorfque nous aurons à combattre quelques auteurs, qui pour décrier, fe font roidis contre le fentiment prefque unanime des plus favans hommes. Ceux mêmes qui font les moins favorables aux diplomes, ou fe font cru obligés pour la plûpart, d'en venir à des rétractations, ou de leur rendre au moins quelquefois les témoignages les plus avantageux.

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PREMIERE PARTIE.

Où après avoir éclairci les principes fondamentaux de la Diplomatique, démontré leur folidité & juftifié les archives des accufations les plus générales, intentées contr'elles; on fait connoître la nature, la variété & la nomenclature des Titres, qui y font renfermés.

'UTILITE' des diplomes fuffifamment prouvée, emporte celle de l'art, qui fait en faire ufage. Rien n'eft plus propre à en rehauffer le prix, que de montrer, que tous les affaúts, qu'on lui a livrés, pour l'anéantir, n'ont fervi qu'à faire éclater fon excellence & fa folidité. Mettre en évidence l'inutilité des efforts, par lefquels on a tâché d'en ébranler les fondemens, va donc fixer nos premières recherches. Le fecond objet de cette Partie fera de ranger les chartes fous diverfes claffes, d'en examiner les raports & les diférences, de les diftinguer par les noms, qui leur ont été donnés, & de nous rendre, s'il eft poffible, les actes antiques auffi familiers, que ceux d'apréfent; malgré la fingularité de leurs dénomina tions, la barbarie de leur ftyle, & la bifarrerie de leurs formalités.

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