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ARTICLE

PREMIER.

PREM, PARTIE.
SECT. II.

CHAP. IX.

I.

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Titres connus fous divers noms génériques.

Enfeignemens, monumens, tables,

N termes de Palais les enfeignemens ou documens renferment toutes fortes d'anciens titres ; & principalement ceux, qui furent acordés par les Princes en faveur des Egli- évidences &c. fes. Ce langage ne difére en rien, de celui de l'antiquité. Elle employa fouvent documenta, lorfqu'il ne s'agiffoit que de chartes. Mais elle ufa encore plus fréquemment de tabula, de monumina,monimina, monimenta,munimina, munitiones, toujours dans la même fignification. S. Grégoire le Grand acorde des priviléges fous le nom de munitiones. Les Rois des Lombards en firent expédier fous ceux de munimina ou munimenta &c. Du moins en se servant de ces expreffions, avoient-ils intention de parler de diplomes; & l'on peut dire, que jufqu'à ces derniers tems, le même ufage s'eft confervé avec la même idée. Il n'eft pas rare. dans le moyen age, que les chartes fe qualifient apices.

Les évidences, s'il eft permis de rendre de la forte evidentia, furent affociées aux notions, & aux prérogatives des monumens. Elles devinrent à la mode, furtout en Angleterre, fans en banir néanmoins les autres termes, confacrés à la nomenclature des titres. Elles s'entendent de toutes fortes de chartes, & furtout de celles, qui renferment des donations.

M. du Cange ne les diftingue pas des telligrapha. Et à dire le vrai ces fortes d'inftrumens fe confondent fouvent enfemble. Cet auteur cite un Concile d'Angleterre, qui rend ces derniers par libelles. Mais lorsqu'il dérive leur étymologie du verbe Saxon tellan; fa conjecture ne paroit pas heureuse. Il femble plutôt, qu'ils tirent leur origine de tellus & de ypźQ. En effet ils fignifient la description d'une terre; parcequ'ils la faifoient conoitre par fes bouts & côtés. C'eft auffi l'interprétation, que , que leur donne Thomas Madox. Telligraphum, felon cet Anglois, veut dire (a) libellus de terrâ, à caufe des limites des terres, fpécifiées dans ces chartes. Elles y étoient comme des hors d'oeuvre, qui n'entroient point dans le

(a) Formulare

Anglic. A Differt. concerning ancient

charters p. ij.

PREM. PARTIE..
SECT. II.
CHAP. IX..
ART. I.

Noms Grecs don

nés aux chartes, authentiques, ti

tres..

(b) Baluz. Capitul. tom. 2. col. 415.477.

(c) Concil. tom. 9. col. 820.

Idée des anciens diplomes..

contexte de la pièce. Elles étoient même prefque toujours énoncées en Anglo-faxon, quoique les titres fuffent Latins. Cette efpèce d'acte n'eft connu qu'en Angleterre, & fon usage fut renfermé chez les Anglo-faxons.

un:

M. du Cange nous repréfente grammatofora comme fynonime de diploma, fcriptura, apices, & cite ces mots d'une charte de Gérard Evêque d'Autun: Juffimus ei tales grammatoforas noftra auctoritatis in membranâ adfcribi. Mais comme il ne fufit pas, que quelqu'un ait ufé d'un terme extraordinaire, pour lui donner cours, & qu'il nous refte même quelque doute, fi l'on a bien pris le fens du Prélat, nous ne voudrions garantir le fens de cette expreffion.

pas

II. Les Grecs apelloient leurs chartes & leurs priviléges ἀσφαλίσματα,έγγραφα, γραμματεία, δικαιώματα : à peu près comme qui diroit chez les Latins, fecuritates, chirographa, firmitates. S'ils vouloient à la copie avriypaçov, opofer l'original; ils le faifoient par ces locutions, αυθεντικὸν δικαίωμα, αυθεντικὸς Xaprns. Voilà l'origine des pièces,apellées par les Latins authenticum exemplar, authentica cartula, authentica epiftola, & même authentica, foufentendant epiftola. M. du Cange cite des exemples de toutes ces acceptions & dénominations d'authentiques; & il n'en eft point, qui ne foit d'une fort haute antiquité.

Mais il eft furprenant, qu'il n'en ait aporté aucun d'authenticum tout court; foit que ce terme doive être pris fubftanti-vement, foit qu'il faille foufentendre exemplar ou inftrumentum. Car c'étoit vers le XII. fiècle un terme générique, pour: exprimer toute forte d'originaux. Les Papes en faifoient grand ufage dans les bulles; quand il étoit question d'un titre conftitutif ou d'un privilége acordé par quelque Prélat, à l'avan-tage d'une Eglife de fon Diocèse.

Titulus devint auffi un terme propre, à exprimer toutes furtout fortes de chartes (b). Les preuves n'en font pas rares, depuis le VI. fiècle jufqu'au XII. Titulatio litteralis (c) se difoit plus particulièrement des chartes de donation..

III. Par diplomes on entend aujourdui & les bulles Pontificales, & les diplomes foit royaux foit impériaux. Mais la fignification de ce terme ne fe borne pas là. Elle s'étend aux lettres patentes, aux priviléges, aux donations, à toutes fortes de chartes; pourvû qu'elles foient un peu antiques. Du

refte nous n'en avons point remarqué, qui fe qualifie elle-même de la forte. On diroit que le nom de diplome auroit été oublié, pendant près de mille ans ; quoique les compilateurs ne ceffent d'intituler ainfi les pièces, qu'ils inférent dans leurs collections..

Cependant fi nous remontons au langage de l'Empire Romain; nous trouverons que les diplomes y étoient d'un ufage ordinaire, & que cette dénomination n'a voit guère moins d'étendue alors, qu'on lui en donne maintenant. On l'employoit, non feulement pour fignifier des édits; mais quelque acte que ce fut, fans en excepter les teftamens & les codicilles, qu'on fcelloit en dehors, après avoir fait paffer au travers des fils ou ficelles de lin..

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Les autres diplomes n'étoient que pliés: précaution néceffaire, pour la confervation du fceau, dont ils étoient munis. C'est de-là que leur vient le nom de diplome, qui fignifie en grec quelque chofe de plié en deux. Les patentes ou provisions, par lesquelles les Empereurs élevoient (d) au Confulat ou à, quelque autre dignité, s'apelloient facrum diploma..

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(e) In Neron. cap. 12.

(f) Maffei Istor. Dipl. p. 19. (g) Fabretti Inf-cript. p. 349.

Au raport de Suétone, Néron (e) prodigua les diplomes, qui donnoient la qualité de citoyen Romain. Les Empereurs faifoient mettre leur nom à la tête de leurs diplomes. Dans les premiers tems, ils employoient, pour les écrire, des afranchis (3) apellés liberti à diplomatibus. Ces maitres du monde avoient grand foin, d'y expofer (b) les motifs, qui les avoient déterminés, à donner ces diplomes;.de marquer le nom des per- pag. 26. fones, à la recomandation defquelles, ils avoient été acor-dés; & d'impofer des peines, à ceux qui s'opoferoient à leur cxécution. C'étoient comme autant de brévets, qui devoient être fignés de la main (i) du Prince.

Les paffeports ou faufconduits, les patentes expédiées par les Gouverneurs des provinces étoient encore des diplomes ainfi que les congés (k) acordés aux foldats vétérans. Ces diplomes étoienr fouvent de cuivre. On les apelloit pour cette raifon, des (1) livres faits à coups de marteau. Ils avoient encore cela de fingulier, qu'ils étoient écrits au dehors (m) comme au dedans. Mais le plus grand ufage, qu'on fit de ces pièces; ce fut.

(b) Maffei Ibid..

(i) Hugo de prim. fcrib. orig.. 193

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(k) Maffei ibid.. p. 29.

(1) Themist. ·

orat. 4.

(m) Maffei ibid..

p. 32.

PREM. PARTIE. Pour permettre, de fe fervir des voitures publiques. Car on n'acordoit point ces voitures, fans un diplome de l'Empereur ou du Magiftrat, qui gouvernoit la province.

SECT. II.

CHAP. IX.
ART. I.

cap. 3.

(0) Caffiod. Va

Les diplomes, qui permettoient d'ufer des voitures publi(n) Veget. Lib. 2. ques, portoient auffi le nom (n) de tabula teftimoniales, & plus fouvent encore (0) d'evectiones. Ces diplomes marquoient le nombre des chevaux acordés. Ceux qui ofoient en prendre davantage, étoient févèrement punis, de même que ceux, (p) qui fans patente fe faifoient donner des voitures publiques.

riar. lib. (p) Ibid.

5. ep.5.

A ces diplomes fuccédèrent les lettres tractoria, dont nous avons parlé, au commencement de la préfente Section, & qui donnoient aux voyageurs les mêmes prérogatives, fi elles n'étoient encore plus grandes.

Au XII. fiècle, & les voitures publiques & les lettres du Prince, pour en obtenir l'ufage,fe foutenoient encore : comme (q) Epift. 52. 59. on peut en juger par quelques textes de Pierre de Blois, (q) & d'autres auteurs contemporains. On ne conoiffoit plus à la vérité ces lettres, fous le nom de tractorie ou de diplomata; mais fous ceux de dipluma, duplomum & plus ordinairement de duploma. On employoit auffi dans le même fens duplicate ou plutot publice duplicate.

(r) Meurfius

Gloff. Graco-barb.

p. 256.

Chartes fous les

oblations, renon

opufcules &c.

Longtems auparavant les lettres des Gouverneurs des provinces, pour acorder un atelage de deux chevaux, destinés aux voitures publiques, étoient apellées (r) combine. Les Grecs empruntèrent ce mot des Latins, ainfi que tractoria, plus courts que leurs periphrafes κέλευσις ἐπάρχου, σύνθεμα περὶ τῶν δρομικών ζώων. Suidas ure au même fens de κομπίνα, quoiqu'il ne l'explique point.

IV. Parmi les termes génériques, propres à fignifier des nons de pages, chartes, des actes, des inftrumens publics, fans en fpécifier la ciations, fermens, nature; pagina fut un de ceux, dont on fe fervit plus fréquemment, vers le moyen age. Pagina teftamentalis fut un testament, pagina cautionum, un acte d'obligation, pagina ou paginola donationis, une charte de donation. Tel eft le fens, auquel il faut prendre le célébre diplome d'une Dame Françoise du VII. (s) De re Dipl. fiècle, copié d'après l'original (s) par D.Mabillon. C'eft en effet une vraie charte de donation, & qui plus eft, de fondation: quoiqu'elle fe qualifie elle-même par cinq fois deliberatio, &

1.468.

une fixième, pagina deliberationis. Mais on fait que comme deliberare fignifie livrer dans le bas & moyen age,ainfi deliberatio PREM. PARTIE. veut dire quelquefois ceffio ou traditio. Il étoit fort naturel, qu'on qualifiât pagina,des chartes, qui n'étoient écrites que

SECT. II.
CHAP. IX.

ART. I.

d'un côté. » L'on nommoit page pagina, dit le P. Calmet (t) (1) Differt. fur

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» le côté écrit d'un volume, que l'on n'écrivoit que d'une la forme des livros part, & tabella ou tabula, ce que nous nommons à présent pag. 22. pages d'un livre écrit des deux côtés «.

Angélo de Nuce Bénédictin & Archevêque de Roffano nous aprend, que Léon d'Oftie avoit compilé un registre ou cartulaire divifé en fix parties, dans lesquelles entroient toutes les chartes du Montcaffin fous ces titres: Priviléges, préceptes, oblations, libelles, renonciations, fermens.

Les oblations, oblationes renfermoient les titres de donation; comme les renonciations comprenoient les chartes, par lefquelles on renonçoit à des droits réels, & dont on étoit actuellement en poffeffion, ou à des droits prétendus, & qui étoient en litige. Les chartes de renonciation étoient apellées anciennement renuntii, & depuis renunciationes qu renunciato

ria littera...

(u) Dere Diplom.

pag. 89.

Le nom d'opufculum ayant été donné aux chartes, D. Mabillon n'oublia pas (u) dans fa Diplomatique une dénomination fi fingulière. Les éditeurs de du Cange, à qui elle est échapée, nous aprennent en récompenfe, d'après le même illuftre Confrére, qu'opus a été pris dans une auffi grande généralité, & (x) Ibid. $71.. qu'un (x) Notaire, qui dreffa certaine charte de ceflion au X. fiècle, la qualifia opus dans fa signature. C'est encore fur leur autorité, que nous mettrons dictum au rang des locutions, qui fignifièrent des chartes, des actes ou des titres, Le monu-ment, dont ils s'apuient eft du XI, fiècle. On fait d'ailleurs, que dictum depuis le XII. veut fouvent dire une sentence arbitrale.

Chartes des Juifs

montres, actes pu

V. On appelle starra les chartes, inftrumens & contrats des: Juifs. Quelques favans Anglois ont obfervé, qu'on en trouve nommées ftarres: plufieurs dans la Tour de Londre, écrits en Hébreu, ou plu- livres, mémoires, tôt en langage Rabbinique. Notre ftarrum eft le fchetar ou blics. & febiterades Juifs. Il fignifie effectivement tous les actes, qu'ils font entr'eux, contrats de mariage, procurations, tef tamens, obligations, quitances. Ces dénominations fant

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