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ARTICLE

I I.

PREM. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. X.

I.

"L

Enquêtes, rôles, montres, matricules, journaux.

E XIV. fiècle employa quelquefois les mêmes dénominations d'inventaires & de répertoires pour défigner les livres d'enquêtes, libri enqueftarum. Il n'étoit pas plus rare, de leur apliquer le titre d'inquifitionales articuli. Les enquêtes prirent, outre le nom d'enquesta, ceux d'inquefta, ďinqueftio, d'inquifitio.

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Nous avons vu, dans le chartrier de Bonne- nouvelle de Rouen, des enquêtes inquefta, qualifiées de douze & de vingtquatre hommes à raifon du nombre des perfones, de qui f'on recevoit les témoignages. Inqueftio étoit en ufage dès l'origine de la Monarchie; puifqu'il en eft fait mention, dans la loi Salique. Mais inquifitio pour enquête ou information remonte jufqu'au tems de la République Romaine. C'est le titre (a) qu'on donna depuis aux informations faites, pour la canofation d'un Saint.

Par une enquête Philippe Augufte (b) voulut s'afsurer, s'il avoit où non le droit de régale, fur les biens de l'Archevêché de Rouen. En 1272. on fit (c) une enquête, touchant les limites du Comté de Foix. L'acte commence par les dates du tems, & finit par celle du lieu, fuivie de l'énumération des témoins. Nous n'infifterons pas fur les enquêtes par turbes, & d'examen à futur, abolies par l'ordonance de i667. On faifoit celles-ci, en vertu de lettres de la Chancellerie. Ces enquêtes avoient pour but d'empêcher, que la mort des témoins ne fit périr la preuve des faits néceffaires, pour apuyer des prétentions, qui pouvoient dans la fuite devenir des fources de procès.

Sous le nom de recognitiones, on fit auffi des enquêtes. Il en eft parlé fort au long, dans la (d) Coutume de Normandie. Recordum & recordatio pris au même fens, n'y font pas moins communs. Ces enquêtes étoient ainfi apellées; parceque les témoins cités devoient commencer par déclarer, qu'ils fe fouvenoient de telles & telles chofes, au fujet des points

Enquêtes.

(a) Thef. Anecd. tom. 1. col. 904. (b) Amplif. Coll. (c) Hift. de Lang. tom. 4. col. 49.

tom. 1. col. 1081.

(d) V. Cap. 91. &feqq.

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PREM, PARTIE.

SECT. II.
СНАР. Х.
AR T. II.

Rôles.

pag. 7.

actuellement conteftés, ou qu'on prévoyoit devoir l'être. La même Coutume s'étend beaucoup, & fur les records, & fur les diférentes espèces de recordations Tous ces actes & la Jurifprudence, qui s'enfuivit, devint d'un usage ordinaire en Angleterre, depuis que les Normans victorieux y portèrent leurs loix & leurs coutumes, & les firent regner fur une nation, qu'ils avoient mise fous le joug.

II. Les rôles ou chartes pliées en rouleaux font de la plus haute antiquité. Ils étoient en ufage chez les Juifs, sous le nom de meghilla; chez les Grecs fous celui d'éiλnTs'piov, & de novτániov; chez les anciens Latins, fous celui de volu men. Mais rotulus, rotula & rollus ont depuis longtems pris la place de ce dernier. Les rôles formoient des rouleaux d'une épaiffeur, plus ou moins confidérable; à proportion des nouvelles feuilles, qu'on y atachoit.

Quoique l'idée d'un rouleau de parchemin ou de papier femble prefque inféparable de celle de rôle ; fes fignifications au refte ne laiffent pas de varier beaucoup. Tantôt les rôles peuvent être envifagés, comme de vrais cartulaires, qui renferment des titres, raportés dans toute leur étendue. Tels font (e) De re Diplom. les rôles d'Angleterre, tels ceux de l'Eglife d'Albi, (e) que l'Abbé de Camps fit voir à D. Mabillon. Tantôt ce font des lettres, appellées rotulares epiftola. Tantôt c'eft l'état des cens, ou des ferfs d'une Eglife, ou des fervitudes, dûes aux Seigneurs par leurs vaffaux. Alors on leur donne quelquefois le nom de rotuli curia. Tantôt ce font, comme autant de regîtres de procès,arêts ou fentences d'une Cour fupérieure, ou d'une Juftice fubalterne & alors ils font apellés rotuli placitorum. Tantôt ils confiftent dans des fuites de procédures devant un tribunal, ou dans de longs détails d'enquêtes, contenant les dépofitions d'une multitude de témoins. Nous avons vu des originaux de l'une & l'autre espèce.

Il faloit que les actes autentiques des Conciles fuffent rédigés fur des rouleaux de papyrus ou de parchemin; puifque dans la quatorzième action du VI. Concile général on produifit le rouleau original de la feptième feffion du V. Concile, (f) Concil. t. 6. (ƒ) xapТäv auDevtinov ÉλTapiov. On prenoit encore rotula pour un écrit en forme d'avis ou d'inftruction. Tel eft (g) celui, qui fut adreffé par Hincmar, à Charle le Chauve. On l'entendit

col. 976. 977.

(g) Ibid. tom. E. col. 755.

fouvent

fouvent, dans le moyen age, d'une fimple charte. En Angle- PREM. PARTIE. terre les actes publics & les archives, mêmes royales, portent le nom de rôles.

SECT. II.

CHAP. X.

ART. IL

Aujourdui les rôles en France les plus à la mode, ne font que des listes de perfones ou de même condition, ou qui ont contracté les mêmes engagemens, ou qui font impofées aux mêmes charges, ou dont les afaires doivent être plaidées chacune à leur rang. Depuis le IX. fiècle les Eglifes en fociété de priéres s'entre-envoyoient les cédules de leurs défunts: non feulement après le décès de chacun d'entr'eux; mais il arivoit auffi, que ces billets renfermoient une fuite de leurs morts depuis une ou plufieurs années. Dans l'un & l'autre cas, ils prenoient indiféremment les noms de rollus, rotula, rotulus, liber rotularis (h). D. Mabillon diftingue encore deux autres (h) De re Diph fortes de catalogues ou rôles de défunts. Les uns étoient an- pag. 39. 40. nuels, les autres perpétuels. Ceux-ci renfermoient les noms & les actions les plus mémorables de tous les Religieux défunts d'un monaftère. Ceux-là ne contenoient que les noms des Religieux décédés dans l'année. On connoit plufieurs rouleaux de la première espèce. D. Mabillon cite ceux de Chelles. Nous en avons vû dans d'autres Abbaïes, comme Mármoutiers & S. Père de Chartres. Ils commencent vers le XI. fiècle.

III. Quoiqu'on donne entrée dans les archives aux catalogues, liftes, matricules, liéves, mémoires, journaux, livres de recette & de mife, d'achat & de vente; nous nous bornerons à quelques obfervations très-courtes fur tout cela.

1o. Les liftes des gens de guerre, que devoient fournir les Seigneurs à leurs Souverains, forment une partie considérable des chartes, raportées dans diverfes compilations. Elles Y figurent, fous le nom de montres, en latin monftra, monstra, monftrationes. La revue de ces troupes ou leur dénombrement, le témoignage rendu foit par le Prince, foit par fes Oficiers au bon état, où elles fe trouvoient, les gages acordés & reçus, pour leur entretien, faifoient fouvent la matiére, d'autant d'actes diftingués. Ils étoient ordinaires aux XIV, & XV. fiècles. On en voit grand nombre, parmi les Preuves de l'hif-› toire de Bretagne. Mais c'eft furtout dans les Chambres des ¿ Comptes, qu'il faut les chercher.

Tome I.

Iii

Montres, catalogues, matricules, liéves, mémoires, journaux &c.

PREM. PARTIE.

SECT. II.

CHAP. X.
ART. II.

(i) Bolland.

Janv. tom. 3. p.

1. (k) Hug. de prim. fcrib. orig. p. 187.

2o. Les matricules, matrices, matricula étoient anciennement les catalogues des foldats ou de ceux, qui devoient un cens au fifc. A l'imitation des ufages civils, furent dreffées les matricules des Ecléfiaftiques & des pauvres, dont une Eglife étoit chargée, Ce nom paffa depuis à l'ordre de l'Ofice divin, & même aux tables des Oficiers hebdomadaires, apellées d'aiileurs tabula officiales.

3o. Les liéves font des mémoires ou regîtres des rentes, cens ou droits feigneuriaux. Par un article de l'édit de Melun, elles font foi; lorfqu'il eft queftion, de dreffer de nouveaux papiers terriers: fupofé que les guerres ou les incendies aient fait périr les anciens.

4o. Les mémoires s'apelloient autrefois memoranda, quand ils fignifioient regîtres: memorialia & memoria, quand ils défignoient les preuves & les écrits fervant à l'inftruction d'une afaire : memoriales libri, quand ils vouloient dire des nécroLoges.

5°. Les journaux font les ionpepides des Grecs & les Diaria des Latins. En fait d'archives, ils ne diférent pas des papiers journaux ou livres de comptes, livres de recettes & de mife (i) liber ordinarius. On les apelloit du tems des (k) Romains accepti & expenfi tabule. Afin de pouvoir plus aifément comparer la recette & la mife, on écrivoit l'une fur le recto & l'autre fur le verfo des feuillets du journal.

Les livres ou journaux des ufuriers (1) prenoient le nom de (1) Ibid. p. 195. kalendaria. Le même nom fut donné dans la fuite à de fimples catalogues. Les anciens Pontifes, Magiftrats, Juges, Curiaux avoient leurs journaux ou regîtres. On difoit (m) (m) Ibid. p. 189. Album Pontificium, Pretorium, Judicum, Decurionum &c. On n'entendoit pourtant pas toujours par album des journaux, mais fouvent des catalogues, des programmes, des tablaux tels que ceux des Juges ou des Avocats.

190.

(n) Briffon. lib.

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Laterculum (n) ne s'éloigne pas beaucoup de ce fens. C'étoit un livre, regître ou catalogue des charges ou dignités civiles & militaires. On distinguoit majus laterculum & minus laterculum. Les arêtés de comptes, arrefta computorum, font anciens de quelques fiècles; mais ils n'ont pas befoin d'explica tion.

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Idée des cartulaires, minutes, protocoles, vidimus, chartriers.

N

PREM. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. X.

Obfervations qui

qu'on doit faire Recueils de chartes, & cartulaires

des cartulaires :

I: Ous aurions ici bien des chofes, à remarquer fur les cartulaires, les copies & les vidimus; fi nous n'avions fi nous n'avions prouvent l'eftime, traité ces articles dans les derniers Chapitres de la première qu'on a faite, & Section de cette Partie. On ne fait remonter l'antiquité des cartulaires, chartularia, qu'au X. fiècle. Au XII. ils furent de plus qualifiés chartologia, au XIII. chartularia, de charDepuis longtems on apelle en Espagne ces fortes de livres del bezerro: c'est-à-dire de veau (1); parcequ'ils en font couverts. Leur autorité femble être chez les Efpagnols encore d'un plus grand poids, que par tout ailleurs. En Allemagne un cartulaire (a) fe nomme ein copial-buch.

tulare.

Aux obfervations, faites ailleurs touchant l'autorité des cartulaires; on peut en ajouter une, qui en certaines rencontres met le comble à leur autenticité. Nous voulons parler d'un ufage, fuivant lequel, ceux qui faifoient quelque donation à un Chapitre ou une Abbaie, foufcrivoient dans le cartulaires ne fût-ce que par un figne de croix. Du Cange en raporte plufieurs exemples.

Mais rien de plus fingulier, ni de plus propre en même tems, à donner une idée avantageufe de ces fortes de recueils, que celle qu'en avoit conçue Jean de Cherchemont Evêque d'Amiens. Dans le cours de fes vifites en 1345. il fit un règlement, (2) pour ordoner, que les Chanoines de l'Eglife Collégiale de Fouilloy commenceroient toutes leurs affemblées capitulaires du Samedi, par lire deux, trois ou plufieurs pièces

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bato, primitus & antè omnia, dua carta
five littera aut tres vel plures, fi fint de eâ-
dem materia, de cartulari legantur: &
qui prafens non fuerit amittat retributio
nem confuetam. Ex cartulario Epifc. Am-
bian. Permis à ceux qui aiment à décla
mer contre les cartulaires, de s'égayer fur
ce texte.

à

des Eglifes & des Monaftères,gardés

la Bibliothèque

du Roi.

Coll. arch. p. 98. (a) Wencker.

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