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SEC. PARTIE.

C'eft dans ces caractéres réunis, qu'il faut chercher la pierre de touche (5), pour juger de la vérité ou de la faufseté des chartes. Auffi vont-ils faire le fujet des deux Parties fuivantes. Celle, où nous entrons, roulera fur les cinq caractéres extrinsèques. Quatre Sections en feront le partage. Nous aurions dû, ce femble, acorder une Section à chacun de ces caractéres. Mais l'étendue des uns & la briéveté des autres nous oblige, à ne pas nous affervir à une divifion, qui sembloit prescrite par la nature. Les trois premiers caractéres feront renfermés fous une seule Section. En récompenfe celui des écritures fournira la matiére à deux. La quatrième fera réservée pour les fceaux.

Il faut l'avouer, nous ne nous fommes déterminés, à divifer en deux Sections les écritures, que par l'impoflibilité, de les faire entrer dans notre premier volume. Ce partage néanmoins n'a rien de forcé. La feconde fection ofre un petit Traité fur l'origine des écritures & fur celles des anciens peuples, dont nous avons reçu la nôtre. La troifième Section fera confacrée, à faire conoitre l'écriture Romaine & à la fuivre dans toutes fes diverfes branches. Les écritures étrangères foit d'Europe ou des nations, qui ont eu de plus grandes relations avec elle paroitront donc au premier tome de notre Diplomatique. La Latine, & celle qui en font dérivées, feront placées à tête du fecond. Si les Mff. avoient été banis de notre ouvrage; nous aurions pu nous difpenfer des peines, que nous ont couté les écritures étrangères. Mais l'écriture des anciens diplomes conduit néceffairement à celle des Mff. & celle des Mff. aux infcriptions des marbres, des bronzes & des médailles. C'est uniquement fous ce raport, que nous mettrons ici à contribution les monumens antiques de la Gréce & de l'Orient.

(5) Non ex fola fcripturâ, neque ex uno folo characterifmo, SED EX OMNIBUS SIMUL, de vetuftis chartis pronunciandum.

Mabillon. de re Diplom. lib. 3. cap. 6. pag. 241.

SEC. PARTIE.

SECTION PREMIERE.

Matieres, liqueurs, inftrumens, employés, pour écrire
les diplomes, manufcrits, & autres monumens
de l'antiquité.

R

IEN n'eft plus intime aux originaux, rien n'en eft plus inféparable, que la matiére, fur laquelle & avec laquelle ils font écrits. Elle pouroit fous ce double raport être comptée parmi les caractéres intrinsèques: non à la vérité des chartes en général, mais feulement des autographes. Cependant l'ufage ayant prévalu, de qualifier intrinsèques, les caractéres, qui afectent le fond des actes, fans diftinguer, s'ils font originaux ou copies; pour éviter la confufion des idées, nous nous conformerons au langage reçu, & d'ailleurs affez conforme à la raifon. Ainfi nous continurons d'apeller caractéres extrinsèques, la matiére, l'encre & l'écriture des chartes.

Commençons donc à les faire conoitre ces caractéres, fous la notion d'extrinsèques, & à montrer les avantages, qu'on en peut tirer, dans les difputes fur l'antiquité ou la nouveauté des diplomes, fur le difcernement du vrai ou du faux, qui les doit faire admettre ou réprouver.

Mais comme ces caractéres, tout inféparables qu'ils font des originaux, varient prefque autant, que les fiècles & les nations, où ils ont eu cours ; ils faut fixer les ufages particuliers à chaque age & à chaque peuple. C'eft le feul moyen, de diffiper les ténèbres, que cauferoit une vue confufe de tant d'objets, & dont il n'eft pas poffible, de fe former des idées claires & diftinctes, s'ils ne font mis chacun à leur place, & féparément envifagés dans le jour, qui leur eft propre.

SEC. PARTIE.
SECT. I.

(a) De re Dipl. pag. 31.

nairement fervi de

rarement à ceux du bas & moyen age.

CHAPITRE PREMIER.

Matiéres fur lesquelles on a écrit les actes ou diplomes: leur variété avant qu'elles fuffent réduites aux tables de bois, de marbre & de bronze, aux peaux & aux diverfes espèces de papier.

LEs peaux des quadrupedes diféremment préparées, cel

les des poiffons, (a) les inteftins des ferpens & autres animaux; le linge, la foie, les feuilles, le bois, l'écorce, la boure des plantes & leur moelle; les os, l'ivoire, les pierres communes & précieuses; les métaux, le verre, la cire, la craie, le plâtre &c. ont fourni la matière, fur laquelle autrefois on écrivoit, ou fur laquelle on écrit encore. On a certainement dreffé des inftrumens publics fur la plupart de ces chofes : & les législateurs ; loin d'interdire plutôt l'ufage des unes que des autres, ont anciennement autorifé les particuliers, à ufer indiféremment de toutes. D'où il paroit naturel de préfumer, qu'il n'eft rien, furquoi la plume ou le burin puiffent s'exercer, qui n'ait fervi de matiére à quelque forte d'acte.

Les pierres & les I. Les auteurs ont fouvent parlé de livres en lames d'or, métaux ont ordi- d'argent ou de bronze: mais s'il eft aujourdui rare, de tomber matiére aux actes fur de femblables monumens; il l'eft beaucoup plus, de renpublics des anciens contrer des diplomes, gravés fur ces métaux, ou même fur le tems, mais plus plomb & l'ivoire. Non feulement D. Mabillon (6) n'avoit point vu de chartes d'aucun Prince Chrétien ainfi écrites; il n'avoit pas même connu d'écrivains, qui en fiffent mention. Il n'en excepte que quatre pièces : la première, du Pape Léon III. la feconde, de Luitprand Roi des Lombards; la troisième sous le nom de Charlemagne: mais fur la fincérité de laquelle il refte toujours de violens foupçons ; & la dernière de Jean Evêque de Ravenne. Des tables de plomb furent la matiére des deux premières, l'airain de la troisième, & la pierre de la quatrième. Telle eft la difette des diplomes modernes, gravés fur le

(b) Ibid. p. 38.

marbre

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marbre & le métal. Rien au contraire de plus commun chez
les Grecs & les Romains, avant & depuis J. C. que de con-
fier (c) aux marbres, aux bronzes, aux tables de plomb les
monumens & les actes publics les plus folennels.

Cet ufage étoit encore plus ancien chez les Hébreux. Sans
nous arêter aux exemples, qu'on pouroit en raporter; nous
toucherons celui de tous, qui intéreffe le plus la Religion. Se-
lon S. Epiphane, (d) les tables de la loi, écrites du doigt de
Dieu, étoient de Saphir. Elles étoient au moins de quelque
efpèce de pierre ou de marbre. Sur l'éphod du grand Prêtre
on voyoit quatorze pierres précieufes, fur lefquelles les noms
des douze Tribus d'Ifrael étoient gravés. Les deux principales
pierres renfermoient chacune fix de ces noms, & les douze
autres les contenoient féparément.

II. » L'ufage des tables de pierre & de bois pour écrire, » dit D. Calmet, (e) eft le plus ancien, dont nous ayons conoiffance. Il n'y a pas une expreffion dans Moyfe, où il par

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écrit.

» le des livres, qui ne puiffe s'expliquer dans le fens de ces (e) Differt. fur la
tables, & l'on n'y remarque pas un mot, qui donne l'idée, forme des livres.
» ni de rouleaux d'écorce, ni de papier, ni beaucoup moins

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» de parchemin : l'on a donc fujet de croire, qu'il n'entend
parler, fous le nom de livre ofepher, que de livres
compofés de plufieurs petits ais de bois «.

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' p. 24.

(f) Ibid. p. 257 Differt. 2.

26.

de

(g)

M. §. 3.

Selon le même auteur, (f) ainfi que D. Légipont (g) autre favant Bénédictin, prefque tous les textes de l'ancien Teftament, qui roulent fur la matiére des livres, doivent s'entendre de lames de plomb, & furtout de tables de bois; foit qu'elles fuffent ou ne fuffent pas enduites de cire. Encore ne remarquet-on ces dernières, que dans le IV. livre des Rois : (b) c'eft (h) Cap. 21. 13. à-dire peu avant la captivité de Babylone.

(i) Calmet ibid.

(k) Ibid. pag. 28.

29.31.35.

Cependant de l'aveu (i) du P. Calmer lui-même, le nom
de volume fe trouve dans le XXXIX. Pfaume, dans Jéré- p. 24.
mic, Ezechiel, Zacharie, Efdras. Il va même jusqu'à reco-
noitre, que (k) l'usage des rouleaux d'écorce d'arbre pour écrire
eft très- ancien, qu'on le remarque dans le livre de Job: que les
lettres que Rapfacès aporta à Ézéchias de la part de Sennacherib
aparemment auffi écrites fur des rouleaux. Or ces rou-
leaux ne pouvoient être ni de bois ni d'airain, ni de plomb.
L'age des papiers ou des peaux remontant donc au fiècle de
Tome I.

étoient

LII

SEC. PARTIE
SECT. I.
CHAP. L

() Defcription

de la Chine par le

P.J. B. du Halde.

tom. 2. pag. 239.

fm) Plin. hift.

Job; fur quelle autorité peut-on fe perfuader, que lufage des
tables ....de bois pour écrire,
écrire, foit le plus ancien ? On n'en a

fans doute aucune.

Mais il ne paroit pas naturel, que l'invention du papier ou des peaux propres à écrire ait précédé l'écriture. Quelle a donc été la première matiére, fur laquelle on a d'abord tracé des lettres? C'eft ce qui n'eft pas facile à déterminer. Seulement on peut conjecturer, que des matiéres qu'on a partout fous la main, comme l'écorce & certaines feuilles d'arbres, ont été employées de bonne heure, que les tables de bois ont dù les fuivre de près, & qu'on n'a pas tardé à se servir de pierres, de briques, & même de métaux, pour mieux conferver les chofes, qu'on vouloit faire parvenir à la poftérité la plus reculée. Avant l'invention du papier, les Chinois écrivoient (1) fur des planches de (1) bois & fur des tablettes de bambou Ils écrivoient auffi fur le métal, & les curieux de cette nation confervent encore aujourdui des plaques, où l'on voit des caractéres tracés fort proprement.

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En genre d'écriture les plus anciens monumens facrés & pro fanes, dont on ait une conoiffance diftincte, furent certainement des pierres. A l'égard des facrés; les tables de la Loi, & les pierres précieufes, qui ornoient l'éphod du fouverain Pontife, en fourniffent la preuve.

Quant aux profanes, il fufit de nommer les pyramides & b. VII. cap. 96. les obélifques de brique, de pierre ou de marbre, (m) fur lef quels les Egyptiens repréfentoient leurs hieroglyphes: en quoi confiftoit leur plus ancienne écriture. Nous ne parlerons pas des obfervations aftronomiques, écrites par les Babyloniens fur des édifices de brique, depuis plus de 1900. ans. Voffius (n) & Holmius (0) d'après lui fe trompent; lorsqu'ils s'autorifent du texte de Pline cité en marge, pour prouver que les Babyloniens, & les Phéniciens avoient écrit leurs loix fur des

(n) De arte gram

mat.cap. 35. pag. 125.

(e) De fcriptura

inter Analect.Crenji p. 44.1.

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