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dépôts publics; il faudroit donc tout au plus fe contenter de celui d'autres archives eccléfiaftiques, diferentes des premiè

res.

A

2o. Quoiqu'entre deux diplomes du même Prince, du même Référendaire, il doit fans doute fe rencontrer de grands raports de reffemblance; on ne doit pas cependant les exiger à la rigueur. Il fe trouve fouvent, comme on vient de le voir, des diffemblances très remarquables entre les écritures ou les fignatures des mêmes perfones, caufées par la diférence de l'age, des faifons, des plumes, de l'encre, du papier. Le fceau varie quelquefois. Le style eft fujet au changement. Les formules ne le font pas moins. On en verra dans les Parties fuivantes des exemples innombrables.

PREM. PARTIE,
SECT. I.
CHAP. II

3o. Si un diplome eft vrai, parcequ'il difére de quelques chartes fauffes; un diplome fera donc pareillement faux, parce qu'il difére de quelques chartes vraies: or un diplome peur diférer de quelques chartes vraies, fans être faux, & de quelques chartes fauffes, fans être vrai. Les titres vrais & faux ne font-ils pas pleins de variétés infinies? Qu'il nous foit permis d'en renvoyer les preuves aux 3. 4. & 5e. Parties de cet ouvrage; quoique les deux premières ne laiffent pas d'en renfermer bon nombre. Donc un diplome diférent de quelques pièces fauffes, peut n'être pas vrai. Donc un diplome diferent de quelques pièces vraies, peut n'être pas faux. La troifième règle des cenfeurs de la Diplomatique eft donc manifeftement vicieuse, en ce qu'elle fupofe tout le contraire. V. Il eft des arts purement conjecturaux. Quand la Diplomatique feroit toujours réduite à cette condition, comme on ne peut nier, qu'il ne lui arive quelquefois; elle ne devroit pas être négligée, ni dépouillée d'un titre, qui lui feroit phyfique à la cercommun avec plufieurs autres. Mais fes prérogatives font plus dont au moins il éminentes. Cependant, au lieu de les reconoitre, quelques eft communément auteurs outrent les chofes, jufqu'à vouloir l'exclure de la ca- fufceptible. tégorie des arts. (m) Selon eux, comme on l'a déja remarqué, (m) Germon Diffans certitude point d'art. D'où ils concluent, que la Diploma- feq. cept. 2. p. 71. & tique n'en eft pas un. Pour qu'elle le devint, ils ne demanderoient pas, qu'elle fût fondée fur une certitude métaphyfique. Ce feroit une extravagance de l'exiger, par raport à des chofes, qui dépendent de l'ufage & de la volonté des hommes.

L'art de la Diplomatique peut ajouter quelque

fois

titude morale,

SECT. I.

PREM. PARTIE. Que les préceptes de la Diplomatique foient revêtus de cette certitude, dont les perfones fages fe contentent dans les afaires humaines, ils s'en contenteront aufli. Du moins est-ce là leur langage?

CHAP. II.

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Mais D. Mabillon ne se bornoit pas à un aquiefcement, qui femble plus tenir du probable que du certain. () Il croyoit qu'il n'eft point de pièce fabriquée avec tant d'artifice, dont la fauffeté ne puiffe être dévoilée par un habile antiquaire. Or fi ce n'eft pas porter la fcience des antiquaires jusqu'à la certitude phyfique; c'eft fans doute en aprocher beaucoup.

Les partifans du fyftème opofé foutiennent au contraire, qu'on ne peut jamais être auffi sûr de la vérité des diplomes, que de celle de quelque métal. Ceux, difent-ils, qui entreprendroient de contrefaire l'or, ne pouroient l'imiter à tous égards.

C'est justement la prétention de D. Mabillon au fujet des diplomes. Leur imitation parfaite, felon lui, fera toujours l'écueil des fauffaires.

Ses adversaires reviennent à la charge, armés de cet argument: Si le faux monoyeur peut donner à fon métal la couleur extérieure de l'or, il ne la lui communiquera pas dans fes parties les plus intimes: & quand même il y réuffiroit; du moins la dureté, le fon, le poids ne feront pas les mêmes.

Les diplomes foutiendront encore ici le parallèle. Le fausfaire poura peut-être imiter affez bien les traits de l'écriture d'un fiècle fort reculé: mais il ne parviendra pas à rendre dans la dernière perfection la couleur de l'encre, la qualité du parchemin &c. Et quand même il en viendroit à bout; immanquablement il péchera par quelque endroit, foit contre l'hiftoire, foit contre le ftyle, foit contre les formules du tems. Mais enfin dans la fupofition, que nulle formule ne fût répréhenfible; les reffources de l'antiquaire ne feroient pas encore épuifées. Nous en fournirons dans la fuite divers exemples.

L'art, infifte-t-on, peut imiter la nature jusqu'à un certain point; il ne le peut parfaitement.

L'impofteur peut auffi contrefaire, à certains égards, un ancien diplome; jamais en rigueur il n'ateindra fon modèle. L'ouvrier en or a des règles sûres: (0) s'il eft bien attentif

à les fuivre, il ne poura fe tromper. Leur usage d'ailleurs n'est
pas dificile; puifque, pour en faire l'aplication, l'on n'a be-
foin
que du tact, des yeux, & des oreilles.
L'antiquaire n'a pas des règles moins certaines. Il n'est
à craindre, qu'on lui en impofe, pour peu qu'il y foit fidèle.
Les jugemens font des deux côtés également fondés fur le ra-
port des fens.

pas

Non, replique-t-on, il n'en va pas ainfi des anciens titres. Celui qui les contrefait, ne se propofse pas de représenter la nature, mais d'imiter l'art, c'est-à-dire, l'ouvrage du Notaire. S'il y rencontre quelque dificulté, elle n'est pas infurmon

table.

La chofe eft-elle donc plus dificile, à qui fait contrefaire l'or. Eft-il obligé de repréfenter la nature? Ne fufit-il pas d'imiter ce qu'a fait le fondeur, l'orfevre, le monoyeur ?

.

Mais, ajoute-t-on, le jugement, qu'on porte des vieux titres, n'eft pas uniquement apuyé fur le raport des fens ; il l'eft encore fur diverfes conjectures : & dès-là il devient chancelant & douteux.

Des conjectures venant à l'apui de la certitude peuvent-elles la détruire? Du refte le jugement de celui, qui éprouve l'or, n'eft-il fondé que fur les fens? Ne l'eft-il pas fur les diférens caractéres de vrai ou de faux, que fon art lui fait connoitre? Si l'on prétend rapeller ces caractéres & leur aplication au témoignage des fens ; ne retrouvons - nous pas tout cela, du moins équivalemment dans notre antiquaire ? Il n'a même recours aux conjectures, que quand il n'a pas l'original fous les yeux. Car par raport aux originaux; les conjectures ne font la reffource que de ceux, qui prétendent avoir droit de juger des anciens titres, fans être antiquaires; tandis que l'expérience donne la certitude à ceux qui le font.

PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. II.

a

dans

Les méprifes des plus grands anti

VI. Mais, (c'eft ici le grand argument) n'eft-il jamais rivé, que des antiquaires célébres aient pris le change l'examen des chartes ?

quaires ne prouvent point l'incer

titude de leur art.

Formules d'autant

N'est-il non plus jamais arivé, que des maîtres de l'art aient été trompés dans l'épreuve de l'or. En certains cas des moins fufpectes, hommes fort habiles fe conduifent par refpect humain, par qu'elles font plus afection, par précipitation, par préjugé. Ils négligent de s'a- rares. tacher à leurs principes, ou bien ils ne les ont plus fi préfens.

PREM. PARTIE.
SECT. I.

СНАР. ІГ.

(p) Mém. chronol. dogmat. tom. 3. p. 109. & fuiv.

(g) Lettr. de M. Baluze pour fervir de réponse à divers

écrits. A Paris 1698.

Eft-ce la faute de l'art, ou des perfones ? Si l'on excufe les
perfones aux dépens de l'art; il n'en eft aucun, qu'on ne pût
dégrader. Mais, fi l'on fait, comme l'équité l'exige, tout le
contraire; l'art de la Diplomatique ne fera pas plus refpon-
fable, que
les autres, des fautes de ceux, qui d'ailleurs y font

exercés.

Le P. Mabillon fut, dit-on, (p) trompé fur l'age d'un morceau détaché d'un cartulaire. C'étoit néanmoins l'homme du monde qui a le plus examiné de parchemins.

Perfone a-t-il jamais prétendu, que D. Mabillon fût infaillible? Il fe trompa une fois, on le veut : mais l'art de la Diplomatique en eft-il refponfable : D. Mabillon n'a-t-il

pu

pas

fe laiffer entrainer à la chaleur, avec laquelle M. Baluze (g) foutenoit la vérité & l'antiquité de certains feuillets, qui d'ailleurs imitoient avec toute l'adreffe poffible, l'écriture du XII. fiècle? D. de Monfaucon, quoiqu'inférieur au P. Mabillon dans la conoiffance des diplomes, n'y fut pas pris, & refusa d'atester par fa fignature l'authenticité de ces pièces, tant vantées par M. Baluze. Celui qui fait fur cette méprise de fi fanglans reproches à D. Mabillon, reconoit que le titre en question parut fufpect à d'autres antiquaires. Il faudroit du moins, que tous les antiquaires fe fuffent réunis en faveur d'un titre fupofé, pour qu'on eût quelque prétexte, d'en faire retomber la faute fur l'art. Ici au contraire les antiquaires mêmes ne feront tout au plus obligés, que de defavouer deux ou trois d'entr'eux ; bien loin que la méprife de ces deux ou trois perfones renverse leur art.

Enfin quand la Diplomatique ne feroit fufceptible, que d'une certitude morale; tout le monde ne tombe-t-il pas d'acord, que cette certitude est égale dans fon genre à la métaphyfique Elle a de plus l'avantage, d'être moins fujète aux illufions fophiftiques des idées abftraites. Or non feulement l'antiquaire peut fouvent ateindre à la certitude morale; mais il n'eft pas même extraordinaire, qu'il puiffe la communiquer aux autres. Il le fait dès qu'il leur démontre, que les formules & les ufages du tems ont, ou n'ont pas été obfervés: n'étant pas poffible, qu'aucun ou prefque aucun des ufages, des caractéres ou des formules, propres de certains tems n'ait été fuivi, & que cependant une pièce foit vraie ou què

malgré leur observation la plus exacte, un diplome ne laisse pas d'être une production apocriphe des fiècles poftérieurs, ou même d'être reconu pour faux. Ainfi l'antiquaire se trouve en état, de donner aux autres une certitude morale, que ce titre-ci eft fupofé, & celui-là véritable. Il n'y a que cette efpèce de certitude phyfique, qui réfulte de l'infpection des originaux, dont il ne puiffe leur faire part, fans les rendre antiquaires.

Mal à propos s'imagineroit-on, qu'une formule, qu'un ufage doit être fufpect, à proportion qu'il eft rare dans un certain tems, quoiqu'il y en ait des exemples. Loin d'être fuspect à raifon de fa rareté, on doit plutôt en tirer un bon augure en fa faveur. Car la dificulté de trouver des formules rares, pour les contrefaire, ne fera-t-elle pas proportionée à leur rareté? Y a-t-il d'ailleurs quelque aparence, que dans des tems poftérieurs, où à peine conoiffoit-on les ufages des fiècles précédens, on ait préféré les formules extraordinaires aux plus communes? En fupofant que ces formules rares n'auroient pas été tout à fait inconues aux impofteurs; n'auront-ils pas mieux aimé s'atacher aux coutumes & aux formules, dont les modèles étoient plus ordinaires : Opofer les ufages les plus communs à ceux qui le font moins; c'eft cependant le moyen, dont font plus de bruit la plupart de ceux, qui s'infcrivent en faux fans bonne raifon contre quelque pièce ancienne.

VII. Voici un nouvel adverfaire, trop judicieux, pour ne pas fuivre ordinairement les décifions de D. Mabillon, mais trop complaifant, pour ne pas céder quelque chofe à fes contradicteurs. Si fa reputation lui donne droit de fe faire écouter; il ne trouvera pas mauvais, que nous réfervions nos homages pour la vérité feule. A l'entendre, il y eut autrefois (3) des fauffaires d'un efprit fi fubtil & d'une fi grande adreffe; que dans la fabrication des monumens des fiècles anté

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PREM. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. II.

Examen de quel.

ques principes de

M. Muratori.

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