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SECT. I. CHAP. II

de l'état de la France en 1307. & furtout de la Maifon du Roi. Prefque tous les Grands du Royaume atachés à la Cour SEC. PARTIE fe trouvent nommés, a l'ocafion des fommes, qu'ils reçoivent ou qu'ils paient des deniers du Roi. Par tout où il paffe, les Seigneurs les plus diftingués lui font cortége, les pauvres Gentilshommes militaires, eftropiés & autres font fecourus par fes largeffes.

V. Le continuateur de Guillaume de Nangis place la mort de Jeanne Reine de Navare (p) de façon, qu'on pouroit également la fixer à l'an 1304. & 1305. fi les années, qu'on voit en titre dans cette chronique n'étoient que de l'éditeur. Le P. Daniel s'en tient à l'an 1304. M. d'Hermilly (q) renvoie cette mort à l'an 1305. Il la marque même précisément au 4. jour d'Avril; tandis que M. (r) Secouffe la met au 2. du même mois: ainfi que MM. de S. Marthe dans leur Hiftoire généalogique, & D. Lobineau dans fon Hiftoire de Paris. Nos tablettes font en 1307. mention de Durand de l'Ordre des Fréres Prêcheurs, autrefois Confeffeur de la Reine de Navare: .ce qui quadre avec les historiens. Mais les mêmes tablettes en 1307. parlent plus d'une fois de la Reine de Navare, comme actuellement vivante. Le 3. de Mars 1307. le Roi faifant route pour Avranches dépêche du Tilleul en Baffe-Normandie un courier à la Reine de Navare. Quoique Louis fils aîné du Roi fût du chef de fa mère héritier de la Navare, qu'il en ait été la même année couroné Roi, & qu'il foit très-fouvent nommé dans ces tablettes; jamais on ne lui atribue néanmoins le titre de Roi de Navare. Ainfi nulle aparence, que fon épouse foit ainfi qualifiée. Y auroit-il eu une autre Princeffe, qui eût porté le nom de Reine de Navare depuis la mort de Jeanne Reine de France jusqu'en 1307?

Le Roi a des enfans majeurs & mineurs. Les majeurs font Louis, Philippe & Charle. Les mineurs ne font point nommés. Les premiers font prefque toujours apellés Seigneurs & fils du Roi, quand ils font défignés par leur nom. Les der-niers font nommés enfans mineurs ou liberi minores ou bien liberi minores Regis; fans qu'aucun d'eux foit diftingué fépa-

rément.

Les uns & les autres ont leurs. Oficiers. Mais ceux-ci les ont toujours en commun,, & ceux-là pour l'ordinaire en

Principaux traits hiftoriques, qu'elles font codémontré.

noitre : leur age

(p) Spicileg. tom. (9) Hift. d'Espag. XI. p. 617. 4.p. 461. (r) Mém. hift. & critique Mf..

1.

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SEC. PARTIE.
SECT. I.
СНАР. ІІ.

particulier, à l'exception du Confeffeur. C'étoit frére Ymbert de l'Ordre des frères Prêcheurs. Frére Guillaume étoit Confeffeur du Roi. Il devoit l'être depuis peu d'années: puifque le Pape Boniface, à l'ocafion de fes diférends avec Philippe le Bel, avoit cité frére Nicolas Confeffeur de ce Prince, à comparoitre devant lui. Tous ces Confeffeurs avoient chacun un compagnon, couché comme eux fur l'état. Ils avoient des domeftiques & des pages de leurs écuries. Il est vrai qu'alors on confondoit les pages avec les palefréniers & les garçons

même de cuifine.

Quoique les tablettes de S. Germain rapellent plus d'une fois les années 1306. & 1307. ce n'eft point fur de pareils indices, que nous en fixons le contenu aux fix premiers mois de la dernière de ces années. Quand on a une fois la clé de nos tablettes; les preuves qu'elles apartiennent à l'an 1307. fe réproduifent prefque à chaque ligne. Mais il n'eft pas néceffaire, d'avoir cette clé, pour lier quelques dates de ces tablettes avec la même année. C'est un caractére, qui lui eft propre, que la vigile de la Purification tombe le Mercredi ; le premier Dimanche de Carême, le 12. Février; la vigile de S. Jean, le Vendredi ; le Dimanche de la Paffion, le 1 2. de Mars; Pâ que, le 26. le troifième Dimanche de Carême, après la S. Ma thias. Or nos tablettes vérifient leur age par toutes ces dates. Combien n'en renferment-elles pas d'autres fpécifiques, qui ne fauroient convenir, qu'à l'année 1307? Mais ce qui achève, de mettre ce fait dans la dernière évidence; c'eft qu'on y voit voyage de Philippe le Bel à Poitiers, pour s'aboucher avec le Pape Clément V. Sur ce point non feulement tous les Hiftoriens font d'acord; mais on a de plus des monumens pu (s) Hift. de Lang. blics, qui le conftatent. Telle eft une ordonance (s) du Roi adreffée au Sénéchal de Toulouse & datée de Poitiers, le Lundi d'avant l'Afcenfion 1307. c'est-à-dire le premier de Mai de la même année.

t. 4. p. 138.

Preuv. col. 140.

Autres avanta

tirer des tablettes.

le

VI. Ces fortes de tablettes peuvent donner de grandes luges, qu'on peutes, miéres, pour l'intelligence des locutions, qui entrent dans le Gloffaire de la baffe & moyenne Latinité. Toujours on s'y contente, de prêter une terminaison latine aux mots François, fans s'embaraffer fi l'expreflion eft ou n'eft pas barbare. Les origines de notre langue, les loix, les coutumes trouvent

dans ces monumens des éclairciffemens autant ou plus directs, que ceux qu'elles puifent dans les romans & autres ouvrages frivoles.

La Géographie même en tirera divers fecours, pour déterminer la fituation de lieux connus des anciens: mais dont le tems a tellement altéré les noms, qu'on ne fait plus ou les placer. Combien de hameaux & de villages ont, pour ainfi dire, été fubftitués à des villes, à des bourgades, à des maifons royales, fans en ocuper précisément la place. Entre celles qui fubfiftoient encore, du moins en partie, il y a quatre à cinq cents ans ; il en eft plufieurs, dont aujourdui l'on chercheroit envain quelques débris. Les tablettes de cire, qui font des itinéraires perpétuels, peuvent beaucoup contribuer, à faire retrouver ces lieux, & à les reconoitre fous des noms, alors corompus, qu'ils ne le font maintenant. *

moins

CHAPITRE III.

Cyrbes & axones des Grecs: Codices & Codicilli des Romains: Carta des uns & des autres.

L

pénales, civiles &

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Es Grecs nommoient nupfe & oves, les tables, fur Tables des Grecs lefquelles (a) ils gravoient leurs loix apellées zúgbes cérémoniales. Elles fervoient auffi de regîtres publics, où l'on codices des Latins. άξονες, σανίδες : trouvoit la fucceffion des familles. Tels étoient ceux de Cy- (a) Henr. Steph. rène, dans lefquels Synefius dit, que fa généalogie fe confer- Graca ad verimn thefaur.lingua voit (1) de père en fils, depuis Hercule jufqu'à lui. Ariftote xigis. ne met aucune diftinction entre les tables, apellées coves & uples. Mais la plupart des auteurs les diftinguent les unes des autres, par leur figure & par leur matiére, auffi bien par leur contenu. Celles-ci étoient (6) de pierre & triangulaires: antiq. p. 21. 22. celles-là d'airain ou de bois & en forme carrée. Les premiè- (Joan. Potters res étoient employées à toutes fortes d'ufages : les (c) fecondes ca lib. 1. cap. 16.

que

(1) dua Kog'mns. ais di daμoriai xve-fucceffionem deducunt. Synef. Cataftafis Beis MéxÇis incũ xatayour тás a'q' Heap. 302. Il répète ailleurs la même chofe, βεις μέχεις ἐμοῦ κατάγουσι τὰς zrious Siadexas. Heu Cyrenem ! cujus pu- d'une manière plus claire & plus détail blica tabula ad me ufque ftirpis Herculea léc.

(b) Eckhard Sche diafma de tabul.

Archaologia Gra

SECT. II

les rites des facrifices & autres cérémonies fa

les

réservées pour SEC. PARTIE. crées. Jean Tzetzes nie (4) pourtant, que les cyrbes fuffent CHAP. III. de bois; elles étoient, felon lui, d'airain ; au lieu que (d) Chiliad. 12, axones n'étoient que de bois. hift. cap. 406.

(e) Dionyf.Halic. 1. 4 antiq. c. so.

(f) Voffius de art. Gram.p.132.

Les loix permet

zent d'écrire les teftamens fur tou

On donnoit encore le nom de arides aux tablettes, fur lefquelles les Juges faifoient infcrire leurs arêts de condamnation, les amendes &c. Au raport d'Aulu-gelle, de Plutarque & de Diogène Laerce, les loix de Solon ne parurent d'abord, que fur des tables de bois, Cette matiére toute fimple qu'elle étoit, ne paroiffoit pas moins propre, à manifefter aux peuples les règlemens des légiflateurs & les ordonances des Souverains, que le marbre & le bronze. Ce n'étoient pas toujours des tables, mais des colones & des pyramides. On blanchissoit souvent les tables de bois avec la chaux, le plâtre, ou quelque autre enduit, pour mieux faire fortir l'écriture.

Avant que les Romains euffent introduit l'usage, de graver leurs loix fur le bronze, ils les infcrivoient (e) fur des tables de chêne. Des tables de bois on faifoit les livres, apellés codices; & des tablettes, ceux qu'on nommoit codicilli. L'écriture des premiers n'étoit point fujète (ƒ) à être éfacée. Le contraire arivoit aux fecondes. Les actes publics étoient apellés codices ou tabule publice, noms empruntés du tronc des arbres, (2) avec lequel un affemblage de tables ou de planches avoit d'autant plus de reffemblance, qu'elles en étoient tirées,

II. Les inftitutes de Justinien (g) laiffent la liberté, de fe fervir pour les teftamens de tables, de cartes & de membranes, te forte de matié ou de telle autre matiére, qu'on jugera à propos, Par les tables re: charte dérivée ce légiflateur défigne particulièrement celles de bois & d'éde charta ; ce nom corce; par les cartes, (b) le papier d'Egypte; & par les mem branes, le parchemin. Ce n'étoit point là une loi nouvelle. Il y avoit déja longtems qu'elle étoit en vigueur, Le digeste (į) l'autorife. Soit donc, y eft-il dit, que les tables foient de bois ou de route autre matiére, foit qu'elles foient de papier ou de cuir; ce feront toujours des tables proprement dites. Ce que les loix apliquent aux teftamens, ne peut «

convient fpéciale-
ment au papier
d'Egypte.
Lib., tit. 10

S. 12.

(b) Maffei Ift, dipl. p. 59. (i) Lib. 37. tit.

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manquer de s'entendre, des diverfes autres fortes d'actes, où SEC. PARTIE. l'on prenoit moins de précaution.

SECT. I.

(k) De re Diplom 1.1.cap.8. n. I.

Toute matiére, fur laquelle on pouvoit écrire, étoit, dit- CHAP. III. on, exprimée par le mot (k) charta. C'eft le fentiment de Dom Mabillon. De-là, felon lui, la dénomination de charte, commune à tous les genres d'actes. Mais ne l'auroient-ils pas plutôt empruntée du papier d'Egypte Avant le VIII. fiècle, on avoit coutume d'expédier les diplomes fur ce papier. Jufqu'à cette époque, c'étoit là ce qu'on apelloit charta par excellence. Ce nom lui étoit réservé privativement à toute autre matiére.

S'il exiftoit dèflors une forte de papier de plomb, nommé Xápτns μorúbdivos, carta plumbea, comme le prétendent les PP. Mabillon() & de Montfaucon; l'épithète, qui l'acompagne, le distinguoit fufifamment du papier d'Egypte. A force de coups on réduifoit le plomb en lames: (m) à force de l'étendre, on lui communiquoit avec le papier quelque reffemblance, qui lui fit donner le nom de carte. Mais c'est justement ce qui feroit douter, fi la carte de (3) plomb, dont Néron couché fur le dos, avoit la patience, de charger sa poitrine, dans la vue de fortifier fa voix, étoit écrite, ou même faite pour l'être. Une lame de plomb auffi mince, que la fupose l'écriture à laquelle on la deftinoit, étoit-elle capable par fon poids, de mettre la patience de cet Empereur à une épreuve, qui montrât l'excès de fa paffion pour la musique?

Ce prétendu papier devoit donc avoir une épaiffeur plus confidérable, que celle qu'on donne maintenant au plomb laminé, destiné à garnir les caiffes, où l'on renferme certaines marchandises. Ces (2) papiers de plomb, dont il eft parlé dans un ancien auteur cité par Jofeph, (4) dans Apollonius de Tyr, & dans Anastase (5) le Bibliothécaire fur les Papes

(3) Nec eorum quidquam omittere, qua generis hujus artifices vel confervanda vocis causâ vel augenda factitarent. Sed plumbeam cartam fupinus fuftinere. (0) Pline T'hiftorien raportant (p) le même fait, ne qualifie ce plomb, que du nom de lame, fans y rien ajouter, qui eût trait aux chartes ou à l'écriture.

(4) C'eft Lyfimaque d'Aléxandrie, qui dit qu'un Roi d'Egypte précipita les Juifs

Tome I.

dans la mer,envelopés de cartes de plomb.
Eis Morucdircus xa'gras irdúcarlas. Jofeph
lib. 1. adversùs Apion.

(5) Anaftafe le Bibliothécaire raporte,
que le Pape Serge fit fondre des cartes de
plomb, & en fit couvrir le dôme d'une
Eglife: Trullum verò ejufdem ecclefia fu-
fis chartis plumbeis cooperuit atque munivit.
Voilà des cartes de plomb, dont la defti-
nation n'a rien de commun avec l'écriture.
Ooo

(1) Paleograph. pag. 16.

(m) De re Dipl. 1.1.cap. 8. n. 15.

(n) Allatius ani

madv. in antiq. Etrufc. fragm, n.

72.

(0) Sueton. in Neron.cap. 20. (p) Lib. 34.c.18.

7

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