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SECT. I.
CHAP. IV.

remarquer fur la nature & les espèces de parchemin. L'ancien- SEC. PARTIE. ne manière de le fabriquer ne diféroit en rien d'effentiel de la nôtre, dont on peut prendre une idée fufifante dans le Spectacle de la nature. Nous alons donc nous borner à l'ufage du parchemin par raport aux chartes.

IV. Si les plus anciens Mff. confervés jufqu'à préfent font Ufage du parche en parchemin; les plus anciens diplomes font auffi en papier min dans les di d'Egypte. On n'a découvert en parchemin nulle charte anté- plomes.

rieure au VI. fiècle. Faute d'avoir été affez au fait de la matiére, fur laquelle fe trouvent écrits quelques diplomes de

nos Rois, M. Maffei (b) recule jufqu'au VIII. fiècle le com- (b) Iftor. diplomo mencement de l'ufage, de faire fervir le parchemin à l'expé, pag, 80. pédition des chartes, & fon progrès au regne de Didier Roi des Lombards. En un mot, dit-il (1), on n'a point encore vu, que je fache, de diplome original en autre matiére qu'en papier, avant l'an 700. Mais il auroit apris, qu'on en avoit vu; s'il eût jeté les yeux fur les pages 380. & 472. de la Diplomatique de D. Mabillon. Du refte, il eft jufte, d'aplaudir à la fageffe de fa critique. Loin de tenir pour faux, felon la méthode de certaines gens, tout diplome en parchemin, dont la date précéderoit le VIII. fiècle; parcequ'il n'en avoit vu aucun, ou qu'il croyoit que les autres antiquaires n'avoient pas été plus heureux dans leurs recherches: (2) il ne nie pas, qu'il ne s'en puiffe trouver, ni qu'on écrivit quelques chartes fur cette matiére. Convaincu par le témoignage des auteurs, & le langage muet des Mff. en parchemin; il fe contente de juger, qu'ordinairement on le deftinoit pour les livres, & le papier pour les actes publics. La propofition eft trop raisonable, pour que nous faffions dificulté, d'y foufcrire dans toutes fes parties. Quoique l'Italie l'emporte fur la France & fur l'Angleterre par les antiquités, qu'elle tire de fon fein: il réfulte de l'aveu du favant Marquis, que ces deux Royaumes ont fur elle l'avantage, de poffeder plufieurs diplomes originaux en parchemin du VII. fiècle. Avouons-le cependant, ni l'Angleterre

(1) In fomma, anteriore all' anno fettecentefimo non fi è veduto ancora, ch' io fappia,original documento, fe non in papiro. Ibid. Dell' arte critic. p. 56.

anco in membrana negl istessi tempi non fi
fcriviffe, di che tanti paffi d' Autori, e tanti
codici confervati fanno fede; ma gli è che
d'ordinario allora e regolarmente in mem-

(z) Non è già però impoffibile,ch' alcun febrana fi fcriveano i libri, e in papiro i do~ metrovi, nè è per questo da credere, ch'

cumenti. Ibidem,

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(c) Hickes Ling.

SEC. PARTIE. (c) ni l'Allemagne (d) n'employèrent jamais, pour dresser leurs actes, le papier d'Egypte ou de coton. Le parchemin fut l'unique matiére, dont elles firent usage, avant la découverte du papier de chife. Ainfi en fupofant que le judicieux Gudenus (e) n'aura eu en vue que fa patrie, il aura pu établir cette règle: qu'avant l'an 1280. tous les diplomes & actes, de quelque nature qu'ils foient, font en parchemin.

wet. Sept. thef. pra fat. p. XXXII.

(d) Chron. God

vvic. tom. 1.p. 82.

(e) Sylloge varior. Diplomat. praf. pag. 2.

Chartes de parchemin en forme de rouleaux, écri

tes quelquefois
des deux côtés.
(f) Ifid. lib. 6.
сар. 12.

(g) Laert. in Epi

cur.

(b) Martial. lib, 11. Epigram. 62.

(i) Jofeph. Aniq. Jud. l. 12.6.2.

(k) Sylloge varior. Diplomat. praf.p. 3.

V. De plufieurs pièces de parchemin atachées ensemble, on formoit (3) des rouleaux, apellés volumes (ƒ) à volvendo, ou rolles à rotâ, ou cylindres ao xuλivdpov: (g) parcequ'ils en empruntoient la forme, & que les batons fur lefquels on les rouloit, étoient réellement de petits cylindres de bois, de corne (b), d'os, d'ivoire, de verre ou de quelque métal. Les bouts en étoient terminés par des globes ou des pointes de diverses figures, tant pour tenir en état les pièces roulées, que pour les orner, Les anciens Juifs uniffoient les diférens morceaux de leurs rouleaux facrés avec tant d'art, qu'on ne pouvoit en apercevoir la jointure. Ce fut, felon Joseph, un fujet d'admiration pour (i) Ptolémée Philadelphe; lorfque les 70. vieillards, envoyés par le grand Prêtre déplièrent en fa préfence les rouleaux, où la loi de Dieu étoit écrite en lettres d'or.

Il s'en faut beaucoup, qu'on ait dans la fuite pris la même peine, pour joindre autant de pièces de parchemin qu'en demandoit l'acte, qu'on fe propofoit d'écrire. Souvent au lieu de les coler, on fe contentoit de les coudre ensemble, ou de les unir par des ataches de la même matiére: pratique dont les exemples fe font multipliés fans nombre dans les bas fiècles: lors même que les actes étoient affez courts, pour être renfermés, en moins d'un quart de feuille. Les procédures, actes judiciaires, (k) enquêtes étoient fouvent fur des rouleaux de plufieurs toifes de long. Mais en général il étoit rare, que les rouleaux fuffent écrits des deux côtés. On peut voir dans notre IV. planche quelques rouleaux repréfentés d'après l'antiquité expliquée planche 194. & la Chronique de Godvvic, tom. I. pag. 37.

Soir que la fineffe du papier d'Egypte ait déterminé les (3) Ceu qui chez les anciens coloient ensemble les feuilles de parchemin s'apelJoiufglutinatores.

anciens

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anciens, à ne l'écrire que d'un côté : foit que l'importan- SEC. PARTIE. ce des pièces, jointe à la dignité de ceux, à qui on les adreffoit, ou au nom de qui elles étoient écrites, ne permît pas d'en remplir les deux côtés ; l'ufage de ne point écrire fur le dos des chartes ne devint pas moins ordinaire, l'égard du parchemin que du papier. Les lettres des Princes, des Magiftrats & des Généraux Romains n'étoient (1) Hugo de prijamais (1) écrites qu'en dedans & fuivant la longueur de ma fcrib. orig. pag. la feuille. Avant Céfar il étoit inoui, que des perfonages

à

de fon rang ne laiffaffent pas en blanc un des côtés de leurs
lettres. Mais de tous tems les gens du commun ne balan-
cèrent pas,
à
mettre à profit le verfo comme le recto des piè-
ces de
peu de conféquence, ou qui ne devoient point durer
à perpétuité. Comme les teftamens prenoient fouvent la forme
de livres; on faifoit encore moins dificulté, d'y écrire fur le
revers de chaque feuille. Les Jurifconfultes (m) anciens & mo-
dernes rendent non feulement témoignage à cette pratique; mais
ils l'autorifent en termes formels. Depuis la chute de l'Empire
Romain, jufqu'aux derniers tems; il étoit fort rare, qu'on portât
une partie de l'écriture, fur le dos des chartes en parchemin.
Quand on le faifoit, cela ne confiftoit guère,que dans les figna-
tures, & autres formules finales. Encore n'en découvre-t-on pref-
que point d'exemples antérieurs au X. fiècle. Nous venons de
le dire; anciennement on écrivoit les teftamens fur plufieurs
feuilles, & l'on avoit la liberté de les remplir, fans laiffer
aucun vuide. Mais au moyen age, on ne donna point aux
teftamens une forme diférente de celles des autres chartes. Au
contraire depuis environ trois fiècles, les teftamens & bien
des contrats, traités & autres actes imitent l'ancienne forme,
dont les teftamens furent revêtus.

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188.

(m) Ibidem.

Parchemins raclés: leur antiquicaufe: on en interdit l'ufage dans

té, leur vraie

les actes publics.

VI. Ce ne fut qu'aux XIV. & XV. fiècles, qu'on s'aperçut, combien il étoit dangereux, de se servir de parchemin raclé, dans les actes publics, & qu'on prit des mefures éficaces, pour arêter ce défordre. En confequence les provifions, par lefquelles les Empereurs élevoient à la dignité de Comte, avec pouvoir de créer des Notaires impériaux portoient communément (n) cette clause: à condition qu'ils n'emploiront point de parche- (n) Maffei Iftor. min vieux & raclé, mais qui foit vierge & tout neuf. Si l'ufage du parchemin raclé dans les actes publics n'a Tome I.

PPP

diplom. p. 69.

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jamais paffé en coutume, & s'il femble même n'avoir et quelque cours qu'en Allemagne, il a eu des fuites funeftes pour quantité de bons livres, dont nous regretons la perte. Lorfqu'elle étoit une fois jurée; tantôt on les faifoit pafler par l'épreuve de l'eau bouillante : tantôt par celle de l'eau de chaux vive; on en enlevoit la fuperficie; en un mot on les racloit. Quelquefois même, on leur faifoit fubir à peu près les mêmes préparations, que fi l'on avoit voulu fabriquer le parchemin vierge. C'est ainfi qu'on faifoit difparoitre les anciennes écritures, pour en fubftituer de nouvelles.

Ce goût barbare s'étoit répandu de tous côtés, par raport aux Mff. Il s'étoit tellement acrédité chez les Grecs des XII. XIII. & XIV. fiècles; qu'il a fait périr beaucoup d'excellens ouvrages. On en est assez mal dédomagé par une foule de livres de chœur, qui les remplacent.

Quand on n'a pas pris, ou qu'on a mal pris, les précautions marquées,pour éfacer les anciennes écritures, & qu'on s'est contenté de les racler; on ne laiffe pas d'en lire des portions plus cou moins confidérables. On expofe le feuillet, qu'on veut déchifrer à la lumiére la plus vive on le couvre d'une ombre légére, qui empêche que la vue ne foit ofufquée par l'éclat des rayons du Soleil : & pour plus grande commodité, le lecteur fe place entre cet aftre & le Mf. De quelque fecret, dont on fe foit fervi, à deffein de ne laiffer fubfifter aucun trait de l'écriture primitive; s'il en refte encore quelque vefrige; on vient à bout avec plus ou moins de peine, d'y découvrir des lettres, enfuite des mots & même des phrafes entiéres. Mais ordinairement ce travail demande de bons yeux, un beau jour, beaucoup de tems & furtout une patience, qui ne fe laiffe pas aifément rebuter par les dificultés.

Au refte ce fut moins par goût de deftruction, que par une efpèce de néceffité, qu'on en vint à l'extrémité facheufe, de faire de nouveaux livres, aux dépens des anciens. Le papier & le parchemin étoient rares, & coutoient très-cher. On ne pouvoit fe paffer de certains livres. On en voyoit d'anciens dont on ne conoiffoit plus le mérite,& dont les caractéres paroif foient quelquefois indéchifrables, par le dépériffement ou la fingularité de leur écriture furanée. La pauvreté d'une part & de l'autre le befoin de livres d'ufage déterminoient affez

naturellement, à facrifier des ouvrages, fouvent très - précieux SEC. PARTIE. à la République des lettres, mais inutiles à leurs poffeffeurs.

Jufqu'ici l'on avoit cru pouvoir reftreindre l'abus, de racler les livres, prefque aux feuls fiècles XI. XII. & XIII. & le renfermer dans les bornes de l'Eglife Gréque. Mais tous les jours de nouveaux exemples conftarent, que le mal avoit gagné chez les Latins, & qu'il remonte bien plus haut, qu'au tems, où l'on commence à conoitre les ravages, qu'il fit dans l'empire des Grecs. M. Muratori (0) dit avoir vu dans la Bibliothèque Ambrofienne un Mf. des œuvres du vénérable Béde, d'une écriture de huit à neuf cents ans, fubftituée à une autre de plus de mille. Malgré les efforts, qu'on a faits, pour la détruire; on y faifit encore des phrafes, qui annoncent un ancien Pontifical. Un Mf. de S. Germain des Prés, contenant le catalogue des hommes illuftres de S. Jerôme, continué par Gennade, n'a pas été plus épargné. Dom Mabillon, qui en a publié un modèle au V. livre de fa Diplomatique, le jugeoit du VII. fiècle. La forme des caractéres Mérovingiens, dont il eft écrit, ne permet point de le faire defcendre plus bas. Cependant nous avons remarqué, qu'il avoit été récrit au moins en partie. On y diftingue les caractéres de trois (4) fortes de Mff. plus anciens. Sa nouvelle écriture Merovingienne en couvre une autre beaucoup plus antique; fi elle n'apartient pas à la Romaine courante. Sur le plus grand nombre des feuillets de ce Mf. on ne voit aucune trace d'écriture primitive; foit qu'ils n'euffent point encore fervi foit qu'ils euffent été mieux

(4) Les premiers fe montrent fur un affez grand nombre de pages. Nous y avons reconnu les anciennes loix des Wifigoths. L'écriture en eft demi-onciale & elle nous paroit du VI. fiècle. Quand nous difons, qu'on y découvre les loix des Wifigoths; nous entendons, qu'on y en trouve quelques-unes, quoiqu'avec des variantes confidérables. Mais les titres y font incomparablement plus multipliés. Nous en avons obfervé, qui portent le chifre Romain CCCXXVIIII, Ainfi l'on a fujet de croire, que les loix des Wifigoths furent tirées d'autres recueils beaucoup plus amples, tel qu'étoit originairement ce M. de S. Germain des Prés.

La feconde écriture pouroit bien être

au moins du V. fiècle. Elle eft un peu mai-
gre, quoiqu'en lettres onciales ou majuf-
cules pour la plupart. Il n'eft pas fort difi-
cile, d'en lire quelques mots : mais il n'est
pas aifé, d'en former des phrases. Il fem-
ble toutefois qu'elle renferme un éloge de
l'éloquence de celui, à qui le difcours eft
adreffè.

La troisième eft une écriture Romaine
courante, encore plus malaisée à déchi-
frer, que les précédentes: tant les carac
téres en font éfacés. Peutêtre n'eft - ce
qu'une portion de quelque charte. Nous
laiffons à d'autres, qui auront plus de
loifir, le foin d'en rendre un meilleur
compte au public.

SECT. I. CHAP. IV.

(0) Antiq. Ital. tom. 3. Dissert.43.

col. 834.

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