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SEC. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. V.

288.

fondement, que le papier hiératique étoit un genre, qui renfermoit fous lui trois espèces, les papiers Augufte, Livien & le facerdotal nouveau.

Le papier Augufte n'avoit que douze pouces de largeur. Compofe des envelopes les plus internes, & par conféquent les plus minces du papyrus, il réuniffoit la fineffe & la blancheur, dans le degré le plus parfait. Il n'étoit pourtant pas fans defaut. On y remédia par l'invention du papier Claudien, fous l'Empereur Claude I. dont il emprunta le nom. La largeur de celui-ci excédoit de deux pouces celle du papier facerdotal, qui n'en avoit que onze.

(y) Patyr. memA entendre Guilandini, (y) il étoit compofé de trois feuilbr. 18.p.182.183. les, apliquées les unes fur les autres. Mais quoique cet Italien ait publié un commentaire plein, & même furchargé d'érudition fur les trois chapitres, où Pline l'hiftorien traite du papier d'Egypte ; il a eu tort de s'élever avec tant de vivacité contre Turnebe, pour n'avoir compofe le papier Claudien, comme tous les autres, que de deux feuilles de papyrus. Le texte de Pline, malgré tous fes éforts, n'en anonce pas d'aVoici ce qu'il porte: (z) fecundo (6) corio ftatumina vantage. facta funt è primo fubtegmine. La première & feconde pellicule du papyrus pouvoient-elles être plus clairement défignées ? Eftil ici queftion d'une troifième, ou de plus de deux membranes, de diférente 'qualité? Mais cette méprife étoit une fuite de celle, qui lui avoit fait confondre en un feul, les papiers Augufte, Livien & facerdotal,

(x) Lib. 13. caf.

12.

(a) Orig.lib. 6.

cap. 10.

Saint Ifidore de Séville (a) diftingue évidemment (7) ces trois papiers, en autant d'efpèces. La première étoit compofée de (8) deux pièces de l'envelope la plus intime du papyrus.

(6) On est tombé par ocafion fur le
même texte de l'édition du P. Hardouin,
qu'on n'avoit pas fous la main, lorsqu'on
a compofé ce chapitre. Il prétend être au-
torifé par de bons Mff. à coriger ainfi le
texte E fecundo corio ftatumina facta
funt: è primo, fubtegmina. En même tems
il fait une note, où il montre qu'il en-
tend parfaitement bien fon auteur.
(7)Cujus genera quamplurima funt.Prima
pracipua Auguftea, regia, majoris forma
in honorem Octaviani Augufti apellata, fe-
sunda Libiani ad honorem Libia provincia;

tertia hieratica dicta, eò quòd ad facros libros eligebatur fimilis Augufta, fed fubcolorata; quarta Tencotien à loco Alexandria, qui ita vocabatur, ubi fiebat, quinta Saltica ab oppido Salo; fexta Corneliana à Cornelio Gallo prafecto Ægypti primùm confecta; feptima emporetica &c. Orig. lib. 6. cap. 10.

(8) Hieratica.... Augufti nomen attepit, ficut fecunda Livia à conjuge ejus : ha defcendit bièratica în tertium nomen.... primatum mutavit Claudius Cafar....... Igitur & fecundo corio ftatumina fačta futa

Deux pareilles de la feconde formoient le Livien, deux
de la troifième compofoient l'hiératique, & ainfi des autres.
Cette obfervation échapée à tous les modernes, que nous
ayons lus, leur a fouvent fait prendre le change. On diroit,
que, felon eux,
toutes les diverses membranes du papyrus,
ou du moins les premières fervoient indifèremment à toutes
les espèces de papier. Mais Pline mieux entendu fait difpa-
roitre cette erreur. Ce qui mettoit de la diférence entre les
trois premiers papiers & le Claudien, ne venoit donc pas des
trois prétendues feuilles, qu'on y faifoit entrer; mais de ce qu'il
empruntoit une de celles, qui étoient propres au papier Au-
gufte, & une de celles qui l'étoient au papier Livien. Ainfi
fans prefque rien perdre de la blancheur & de la finesse du
premier, il participoit à la folidité du fecond: il aqueroit
une qualité, qui empêchoit que l'encre ne pénétrât de l'au-
tre côté, comme il arivoit au papier Augufte, réservé par
cette raison pour les lettres, dont il étoit d'ufage de laif-
fer en blanc le revers. Voilà pourquoi le nom d'épistolaire fut
ajouté à ceux d'Augufte & de royal

Nous infiftons exprès fur un point, qui n'a point encore été bien dévelopé; parcequ'il eft important pour la Diplomatique, de fixer une bonne fois le nombre des feuilles, dont chaque efpèce de papier d'Egypte étoit compofée. C'est le seul moyen de vuider une queftion, qui jufqu'à préfent a caufé tant d'embaras aux plus habiles antiquaires. Nous voulons dire la dificulté, de difcerner le papier d'Egypte, de celui d'écorce d'arbres. Il s'enfuivra, qu'on ne fauroit diftinguer plus de deux feuilles dans le premier. Mais qui poura fe perfuader, qu'on n'auroit compofé le fecond, que de deux lames fi minces, qu'elles devoient aprocher de la fineffe du reseau le plus délié? Ainfi la multiplicité des lames, qu'on aura fait concourir à fa fabrique, prouvera invinciblement, qu'il n'a rien de commun avec le papier d'Egypte, que la pofition transverfale de fes couches, & la colle qui fervoit à les unir. Ainfi l'on ne courra plus rifque, de prendre pour du papier Claudien, celui qui laifferoit apercevoir un compofé de plus de deux

primo fubtegmine.... Pralata omnibus | primâ erat, fed omnia è fecunda. Plin Claudia, Augufta in epiftolis autoritas rehift. lib. 13. cap. 12. tida, Liviana fuam tenuit, cui nihil è

SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. V.

SEC. PARTIE.
SECT. I..
CHAP. V..

(b) Maffei Iftor. diplom. p.67..

(c) De arte

Gramm. lib. 1. cap.37.p.130..

(d) Orig. lib. 6. cap..10.

feuilles. En un mot, quand on voudra faifir le caractére propre aux diverfes fortes de papier d'Egypte, on ne s'atachera plus, qu'à fa fineffe & à fa largeur..

huit

Outre la diférence, que l'art mettoit entre le papier Fannien ou Fauniaque (b) & l'amphithéatrique ; ce dernier avoit un pouce de moins que le précédent, dont la largeur étoit de dix pouces. Selon Voffius (c) l'amphithéatrique n'avoit que pouces, quand on l'aportoit à Rome. A force de le baton lui en donnoit un de plus. Le Saitique n'ateignoit pas à la largeur de l'amphithéatrique. Celle du Téniotique devoit encore être d'un degré inférieur. Enfin l'emporétique n'avoit que fix doigts de large, & ne fervoit que d'envelope aux marchandises, comme fon nom le porte..

2

Ifidore de Séville (d) ne fait nulle mention ni du Claudien ni du Fannien ni de l'amphithéatrique. Mais il y fubftitue le Cornelien, inventé pendant la préfecture d'Egypte de Cornelius. Gallus, qui vivoit du tems d'Augufte.

La main de papier d'Egypte étoit de vingt feuilles du tems (e) Differt. fur la de Pline. Si l'on en croit (e) D. Calmet, elle fut dans la fuite: réduite à dix.

forme des livres

pag. 21.

Antiquité du papier d'Egypte :

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torze cents ans.

cap. 13..

par

IV. L'antiquité du papier d'Egypte remonte fi haut, qu'il n'est pas poffible, de fixer l'époque de fon invention. Varron, quelle eft la qua- comme on l'a dit, l'avoit voulu placer au tems des victoires s'eft confervé de- d'Alexandre le Grand. Mais Pline l'historien (f) combat cette puis treize à qua- prétention par la découverte des livres de Numa, & lė: (f) Hift. lib.13. témoignage de Mucien, qui avoit été (9) trois fois Conful. Cet illuftre Romain raportoit, qu'étant Gouverneur de Lycie, il y avoit vu dans un temple, l'original en papier d'Egypte d'une lettre de Sarpedon, écrite de Troie. Ce qui prouveroit & l'ufage & le commerce de ce papier, bien établis au loin, avantles tems hiftoriques de la Gréce. Guilandini démontre d'ail(8) Papyr. mem- leurs (g) par une foule d'autorités, qu'avant Alexandre lé Grand, l'ufage du même papier étoit général. Outre Hérodote, dont le fufrage eft décifif, il s'apuie entr'autres fur ceux d'Ifaie, d'Héfiode & d'Homère.

bt.2.6 23..

Prefque toutes les diferentes largeurs, que nous avons afsi-gnées au papier d'Egypte, fe montrent dans les diplomes

(9) Ces paroles font de Pline auteur contemporain. Cependant ce Conful ne paroic point dans les faftes confulaires..

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(b) Plin. hift. lib.

13. cap. 12.

qui font un des grands ornemens des plus célébres archives. SEC. PARTIE. Il femble fur-tout, qu'on y reconoit fans peine ceux, que l'antiquité qualifia macrocole (b), Claudien, Augufte, Livien, facerdotal, Fannien, amphithéatrique. M. Maffei, pour n'avoir point confulté fon Ifidore, ni été informé de la largeur des diplomes de papier d'Egypte, gardés en France, conclut de ceux, qu'il avoit vus en Italie, (i) que fa largeur avoit changé depuis Pline, que les degrés & les diférences, qui le pag. 68. diftinguoient avoient ceffé, que celui qui s'eft confervé en nature furpaffe par fa largeur, les espèces de papier, dont cet ancien a donné la defcription, & que tout eft aujourdui d'une qualité uniforme.

Au contraire les chartes & les Mff. que nous avons exami nés, nous en ofrent au moins de trois qualités marquées, indépendamment de leur largeur, qui les caractérise encore mieux. Saint Ifidore de Séville, qui fleuriffoit au VII. fiècle, diftinguoit de fon tems fept efpèces de papiers d'Egypte. Ce qui prouve affez, qu'on continuoit alors, d'en fabriquer de qualités & de grandeurs diférentes.

Toutes ou la plupart des anciennes chartes en papier d'Egypte de l'Abbaie de S. Denis en France nous ont paffé par les mains. Toutes font de la même matiére, de la même ftructure, de la même confiftance. Mais comme elles font aujourdui collées fur des toiles, il n'eft pas facile de s'affurer, fi elles font toutes de la même fineffe. Les feuls caractéres du papier d'Egypte s'y manifestent. On y obferve fans variation deux feuilles, pofées à contre fens ou de travers. Les fibres de l'une font dirigées de haut en bas ou de bas en haut, & celles de l'autre, de côté ou tranfverfalement; de forte que l'une eft toujours perpendiculairement couchée fur l'autre. Le même: caractére fe retrouve dans les pièces en papier d'Egypte de la Bibliothèque du Roi & de celle de S. Germain des Prés. Jamais compofition de plus de deux feuilles, jamais diverfité de matière. S'il eft une de ces chartes de papier d'écorce; il n'en reste aucune en France de papier d'Egypte.

(i) Iftor. diplom:

pag. 460%.

La longueur, ou fi l'on veut la hauteur (k) des chartes & (k) De re Dipl. bulles en papier d'Egypte actuellement exiftantes, furpasse pour l'ordinaire leur largeur de plufieurs piés. Quelques-unes

SEC. PARTIE.
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СНАР. У.

(1) Ibid. p. 436.

Etat préfent des d'Egypte.

chartes en papier

(m) De re Dipl.

P. 36. 37.

(n) Animadv. in

antiq. Etrufc. frag. n. XL.

(0) Palaograph.

P. 15. Suplém. de l'antiquité expliq. liv. 9.c.3.

(p) Maffei fior. diplom. p. 56.

néanmoins en ont environ deux de largeur fur un de longueur. On voit des diplomes en forme de rouleaux de douze piés, & (1) même de plus de vingt de long; quoiqu'ils n'aient tout au plus qu'un ou deux piés de large.

V. Il ne s'eft peutêtre confervé nulle charte de papier d'Egypte en leur entier, ou fans quelque altération plus ou moins grande: altération uniquement caufée par le tems,' & les accidens qui en font la fuite. Il eft peu de ces diplomes, qui n'aient des lacunes, même dans le corps de la pièce. Tous les fceaux de ceux de l'Abbaïe royale de S. Denis fe font perdus, & n'ont au plus laiffé que la marque du lieu, où ils furent apliqués.

Sans parler des archives de Ravenne, qui feules contenoient autrefois plus d'anciens actes en papier d'Egypte, que tout le refte de l'Italie; M. Maffei fait valoir ceux qu'on garde à Milan, à Sienne, à. Mantoue, à Vérone, à Padoue, à Genève. Mais par malheur ces pièces ne portent point d'indice certain du tems, auquel elles ont été dreffées. Ce ne font que des fragmens fort courts, & dont on ne fauroit prefque rien conclure. Hors de la France, il n'eft point de ville, où le papier d'Egypte foit moins rare qu'à Rome. Outre les diplomes, qui font entre les mains des curieux; la feule Biblio-théque Vaticane renferme un affez bon (m) nombre de titres en cette matiére. J'ai vû moi même, dit Allatius, des inftrumens (n) de donations & de priviléges, écrits fur des roudeaux de papyrus, qui fe confervent aujourdui dans la Bibliothéque du Vatican. Elle a fait depuis de grandes aquifitions en ce genre. Au dénombrement des villes d'Italie, qui se glorifient d'avoir eu, dans ces derniers tems, des diplomes & autres monumens en papier d'Egypte, on pouroit en ajouter quelques-unes, & (0) notamment celle de Venife. Du refte il -n'eft pas inutile d'obferver (p), qu'une feule charte de cette efpèce fe trouve partagée en fept, & que plufieurs morceaux d'un même acte ont été répandus en diverfes cités d'Italie comme autant de reliques. A ce compte il n'eft pas fort furprenant, d'y voir tant de villes, illuftrées par ces précieux débris de l'Antiquité.

Si l'Italie a fur la France, en fait de papier d'Egypte,

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