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SEC. PARTIE.
SECT. I.
СНАР. У.

(k) Suplém. de Antiq. expliq.. $.3.p. 217.

mot papyrus, n'avoit pas été confacré, pour fignifier le papier Egypte.

Mais ce qui eft d'une évidence, à laquelle il n'eft pas poffible de fe refufer, Ottocar Roi de Bohème en 1224. renouvella une Bulle de Jean XV. acordée au monastère de fainte Marguerite proche Prague en 993. Or le même Prince dit & repète plufieurs fois, que ce diplome étoit en papier (13) de jonc; c'est-à-dire d'Egypte. Le terme de jone n'étoit pas feulement employé en Allemagne, pour exprimer du papier d'Egypte, on s'en fervoit auffi en France. L'auteur du cartulaire de l'Abbaïe de Bourgueil, dreffé en 1065. obferve au bas d'une bulle de Syveftre II. qu'elle étoit écrite en jonc ; (14) voulant faire entendre, qu'elle étoit en papier d'Egypte. Concluons donc, que ce papier étoit encore ordinaire, au moins en Italie, fur la fin du X. fiècle, & même au commencement du XI. & que fi l'ufage commença dans la fuite à s'en paffer, il ne ceffa pas totalement longtems avant le XH.

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Voici fur ce fujet quelque chofe de plus récent. » On m'a: affuré, ainfi parle D. Bernard de Montfaucon, (k) que » la Chambre du tréfor, il y a encore quelques actes écrits du » tems de S. Louis fur du papier d'Egypte « Quant à ce fait, il ne nous paroit guère croyable. On aura pris aparamment le papier de chife ou de coton, pour du papier d'Egypte. Dom Mabillon, après avoir reconu ce papier, dans une lettre des Hurons, infinue qu'on n'en a pas difcontinué l'ufage en Amérique, & peutêtre en quelque contrée d'Orient: fupofition. qu'il eft dificile d'ajufter avec la chute des manufactures de ce centes de la fabri- papier, atestée par Euftathe..

Epoques trop té

te démontrent la

cation des chartes. VIII. Après tout que la conjecture de D. Mabillon foit fondée, en papier d'Egyp- ou qu'elle ne le foit pas; l'ufage du papier d'Egypte abfolument fausseté des acufa aboli en Europe, avant le XIII. fiècle, confond fans ressource l'acufation de ceux, qui donnent une origine plus récente aux pièces, confervées en cette matiére. MM. Simon, Raguet, & le

tions intentées. contr'elles.

(13) Et quia idem privilegium, ut mos fuit hominum temporis illius, in chartá juncea feu fcirpea fcriptum erat, & in parte magná, vetuftate nimiâ jam conSumptum, adeò quid, propter attritionem ejufdem charta, in quibufdam locis vix liuera apparebant..... cujus ut pradixi

mus, charta erat juncea five feirtea de medulla. Oliverii Legipontii Differt. Phi lologico-bibliograph. p. 104.

(14) Sciant fucceffores noftri, quoniam charta hac junco ferta fuit. Mf. in 4 fol. 210..

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P. Germon font de ce nombre. La chaleur de la difpute les emporte quelquefois jusqu'à représenter des archives refpecta- SECT. I. bles, comme fe rempliffant tous les jours depuis un fiècle, de nouvelles chartes en papier d'Egypte.

Le P. Hardouin méditant de porter aux archives en géné

ral les plus grands coups, s'y prend, à la vérité, de meilleure

CHAP. V.

heure; mais néanmoins encore trop tard. Il fait remonter (1) (1) M. de la Biau XIV. fiècle, la fabrication des diplomes, qui ont trait aux bliothéque du Roi Rois de la première ou feconde race. Selon lui, toutes les char- P. 248. tes de France en papier d'Egypte feront convaincues de faux, par cela feul qu'elles fe raportent à nos anciens Rois, & qu'elles fupofent l'existence de ces Monarques. Syftème d'autant plus infoutenable, qu'on n'a pu fabriquer, depuis quatre cents ans, des pièces reconues pour être effectivement de cet ancien papier, par les ennemis les plus déclarés des archives. Car comment a-ton pu forger des diplomes en papier d'Egypte, fans en avoir ? Comment a-t-on pu en avoir fi longtems après que les manufactures, où il fe fabriquoit, étoient entiérement tombées & qu'il ne s'en trouvoit plus dans le commerce? N'eft-il pas de la dernière extravagance, d'imaginer qu'on en auroit fait des magafins, pour préparer à des fucceffeurs, éloignés de plufieurs fiècles, la matiére, fur laquelle ils devoient fupofer une foule de faux titres ?

le

Selon le Marquis Maffei, (m) il y a fept cents ans que papier d'Egypte n'eft plus d'ufage, pas même chez les Orien taux. Mais quelque parti qu'on embrafe; on ne fauroit nier que dès le XIII. fiècle, l'art même de le fabriquer ne fut abfolument éteint: ǹ rexvn åρri áæλetai, ars jam derelicta eft. C'eft ainfi qu'Euftathe, qui vivoit fur la fin du XII. s'en explique, dans fon commentaire fur le XXI. livre de l'Odyffée. Ce feul trait fufit fans doute, pour diffiper les foupçons. injuftes & les prétentions chimériques des auteurs, que nous

combatons.

Le P. Hardouin ne feroit pas plus repréhensible, que le Père: Papebrock & tant d'autres, fi voulant fe rendre l'avocat d'une caufe perdue; il fe fut contenté, de confondre le papier d'E-gypte avec le papier d'écorce. Mais à quoi atriburons-nous finon à l'impatience avec laquelle il foufroit qu'on reculât,, après avoir avancé quelque paradoxe, le reproche qu'il fait

(m) Iftor, diplom pag. 77.

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. 128.

à fon illuftre confrére, d'avoir rendu les armes à un adverfaire qui ne l'avoit réfuté, fi l'on veut l'en croire, que par de faux témoins & de faux témoignages Ce qui fignifie en bon françois que l'action, qui fait le plus d'honneur à la mémoire du P. Papebroch, ne fut l'effet que de fa foibleffe & de fon incapacité. On fera bien aise de trouver ici les propres ter(n) Propyl.cap.8. mes du P. Hardouin. (15) » Les diplomes, dit-il, écrits en écorce, le P. Papcbroch les juge (n) faux par cela feul, qu'ils font écrits fur l'écorce. En quoi le P. Mabillon ne le réfute, que par des témoins & des témoignages faux, & il » ne réfute point autrement le propylaum entier de Papebroch. « On ne doit pas fe figurer, que le P. Hardouin, parlant ainfi du papier d'écorce, ne prétende pas enveloper dans la même condamnation le papier d'Egypte : puifque, comme on l'a remarqué, il ne mettoit entr'eux nulle diftinction.

دو

Le P. Germon ne prononce pas avec moins de confiance, ni fur de plus fortes raifons, que D. Mabillon n'avoit vu (16) en papier d'Egypte, que des pièces fauffes ou fufpectes. Ce langage uniforme, dans la bouche de deux écrivains du même tems & de la même Société, pouroit faire demander, lequel des deux en feroit auteur. Mais fans entreprendre de réfoudre ce problème; il fufira d'obferver, que fi le P. Germon s'exprime avec un peu plus de précaution; fes idées fur la confervation du papier d'Egypte, ne paroiffent ni plus juftes ni plus exactes. Tout ce chapitre en fait la preuve.

(15) Diplomata in cortice fcripta vel eo uno nomine,quod funt in cortice fcripta,falfa cenfet idem Papebrochius c.8.n.128.Nec refellitur à Mabillonio, nifi falfis adductis teftibus aut teftimoniis, nec ab ipfo aliter refellitur integrum Papebrochii antiquarium propylaum. M. bibl. Reg. pag.

232.

(16) Nulla alia videras, dit-il, en adreffant la parole à D, Mabillon, nifi qua incerta erant aut falfa... Et en parlant un peu plus indirectement, qui nulla inftrumenta infpexerit, nifi falfa, aut de quibus dubitatur, vera ne fint an falfa. Difcept. 2. pag. 72.73.

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Ut ancien monument, nul texte formel des auteurs në fixent au juste l'invention de ces papiers, mais ils en conftatent l'usage. On a fouvent, comme nous l'avons observé plus d'une fois, confondu le papier d'Egypte, avec le papier d'écorce d'arbre. Pour trancher court à tant de méprises, un bel efprit de notre fiècle a trouvé un fecret, dont le fuccès ne feroit pas douteux ; fi le remède n'étoit pire que le mal. C'est de nier, qu'il ait exifté, ou qu'on ait jamais fabriqué de papier d'écorce d'arbre. Mais avant que de nous engager, dans la réfutation d'une opinion fi particulière; il nous paroit important, d'écarter tout ce qui nous détourneroit du but, que nous nous propofons.

On écrivit autre

fois fur des écorces: on n'a jamais fait de papier d'écorce, felon M. Mafféi: Ses

fifantes.

I. L'écorce, (1) entant que matiére propre, à recevoir l'écriture, peutêtre envifagée fous trois raports; dans fa totalité, dans fa partie la plus interne ou la plus voifine du bois, & dans fa fuperficie. 1°. Dans fa totalité ; les anciens employoient pour écrire l'écorce de certains arbres. Ils ne faifoient que la polir, ils en retranchoient les parties extérieures les plus preuves font infugroffières, & la façonoient en forme de tables. 2°. Ils détachoient les lames ou les pellicules les plus minces de l'inté rieur de l'écorce, pour en compofer une efpèce de papier. 3o. Ils ne dépouillèrent pas toujours les arbres de leur écorce interne, pour s'en fervir en guife de papier: ils fe contentèrent quelquefois de l'écorce extérieure de certains arbres, tels que le cérifier, (2) le prunier & le bouleau. On en fait encore au befoin le même usage en Amérique : témoin la

(1) Les Latins apelloient liber la partie de l'écorce, qui touche immédiatement au bois : liber dicitur, ainfi s'énonce Servius commentateur de Virgile, interior corticis pars, qua ligno coharet. Or comme on employa cette écorce, pour écrire; on donna d'abord le nom de liber aux

écrits, dont les feuilles étoient d'écorce:
ce qui s'étendit dans la fuite à toutes for-
tes de livres, de quelque matiére qu'ils
fuffent composés.

(2) Cerefi tua cortice verba notabo. Cal-
phurn. Eglog. 3.

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SECT. L
CHAP. VI.

(a) Pag. 33. (b) Pag. 15.

(c) Tom. 3. pag.

213.

(d) Iftor. diplom.

1.69.

lettre du P. Poncet Jéfuite, écrite du Canada en 1647. & confervée dans la Bibliothèque de S. Germain des Prés. Ces fortes de pellicules extérieures n'ont fans doute rien de commun avec le papier d'écorce. M. Maffei n'en parle point, & c'est une matiére, absolument étrangère à la question, où nous

alons entrer.

D. Mabillon dans fa Diplomatique (a), D. Bernard de Montfaucon dans fa Paléographie (b) & fon Suplément de l'Antiquité (c) expliquée, reprennent ceux, qui ne mettent nulle distinction entre le papier d'Egypte & le papier d'écorce. M. Maffei leur reproche à fon tour (d), d'avoir donné dans l'écueil, dont ils ont averti les autres : & pour les combattre d'une maniére, qui ne leur laiffe aucun moyen d'éviter fes coups, il leur opofe trois propofitions. La première qu'on n'a peutêtre (e) jamais écrit d'acte fur l'écorce: la feconde que fi l'on en a (e) Ibid. p. 70. écrit ; nul ne s'eft confervé jufqu'à nous : la troisième que le papier d'écorce d'arbre est une chimère, (3) & que jamais on

n'en a fait.

Nous pourions aifément foutenir la contradictoire fur tous ces points. Mais comme il eft d'une conféquence affez médiocre, de favoir, fi l'on a écrit des actes fur l'écorce fans aprêt : vu la dificulté qu'ils aient réfifté jusqu'aujourdui aux injures du tems; & que d'ailleurs perfone ne réclame en faveur de leur existence actuelle, nous infifterons peu fur cet article. L'effentiel eft de prouver, qu'on a fait du papier d'écorce, & c'est à quoi nous devons particulièrement nous atacher. La liaison des autres queftions avec celle-ci, leur procurera les éclairciffemens, dont elles ont befoin.

Au refte il n'eft pas naturel de penfer, que M. Maffei ait avancé des opinions fi fingulières, fans être fondé fur de bonnes preuves. Il convient donc d'examiner d'abord, fi elles font fufifantes, pour faire revenir le monde de fes anciens préjugés. Il a eu fous les yeux une vingtaine d'anciens monumens de la nature de ceux, qu'on a coutume de confondre avec le papier d'écorce. Leur matiére, leur tiffure, leur compofition parfaitement uniformes le perfuadent, que tous font de papier d'Egypte. Nous en avons vu davantage, revêtus deș

(3) Ho per fermo, carta di Scorza d'alberi non effer mai fatta. Ibid.

mêmes

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