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SEC. PARTIE.
SECT. I.

fix volumes (8) d'écorce de tilleul, en lettres Phéniciennes, fur la de Troie. Nouvelle guerre de l'existence de roupreuve CHAP. VL leaux d'écorce, & par conféquent de papier d'écorce de tilleul. Comme le nom de papier a été donné dans la fuite à des papiers, qui n'ont rien de commun avec le papyrus; philura fut apliqué à des papiers très-diférens de ceux de l'écorce du tilleul. On tiroit cette dénomination de paupa, qui fignific ce même arbre: parceque c'étoit de fes pellicules, placées entre l'écorce & le bois, qu'on fabriquoit l'ancien papier d'é

(x) Schvvaz.Difput. 4. de orna

ment. vet. codicum

§. II.

(y) Chron. God

vvic. t. 1. p. 13. (z) Dere Dipl.

1. 1. cap. 8. n. 5.

15.

22.

corce.

Chez les (9) peuples feptentrionaux, le hêtre tenoit lieu de tilleul. Auffi dans leur langage, le nom de livre book fe confond-il avec celui de hêtre.

Un écrivain du Nord a pris le contrepié (x) de l'illuftre Italien, que nous réfutons. Il prétend nous mettre fous les yeux, la manière de fabriquer le papier d'écorce d'arbre. Elle se réduit à celle, dont on faifoit le papier d'Egypte. Selon lui, les anciens tiroient du tilleul plufieurs pellicules avec le fer, ils les arangeoient à contre fens les unes fur les autres, & les uniffoient ensemble avec de la colle. Ce détail ne nous aprend rien de nouveau. L'auteur cité relève D. Mabillon (y), pour avoir dit, que le papier d'Egypte (z) fe fabriquoit avec plus d'aprêts & de travail, que celui d'écorce. Le fait ne vaut pas. la peine, qu'on s'y arête.

Nous n'infifterons pas non plus fur la preuve, que le P. de (a) Paleogr. pag. Montfaucon a cru pouvoir tirer, en faveur du papier (4) d'écorce d'arbre, de l'étymologie des termes uλades xáρrai, Euλoxapria, employés par le Scholiafte (b) des Bafiliques. En ξυλοχάρτια, effet Euftathe aplique (c) Europriov aur papier d'Egypte, & M. du Cange (d) prouve par plus d'une autorité, qu'on a pris ce terme pour du papier de coton.

(b) Ad lib. Bafilic. p. 95. (c) Ad Odyff..

(d) Gloff. med.

infim. Grac. t. I. col. 1027.

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Papier d'Egypte pris pour du papier d'écorce. Ce der

nier eft actuellement exiftant.

III. Montrer du papier d'écorce d'arbre actuellement existant; ce feroit fans doute la preuve la plus décisive, qu'on en a fait.

(8) De toto hoc bello fex volumina in tilias digeffit phoeniceis litteris.

(9) In plaga hac feptentrionali frequentiùs cateris, adhibitas effe fagos, hoc mihi Sufpicionem facit, quòd exinde hodieque

| liber vernaculâ noftrâ book dicatur, quafi fagus, ac litera ipfa bookstaffwer, quòd fagi afferculos interpreteris. Holmius de fcripturâ feu fcriptione cap. 4. §.9.

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(e) Chr.Godvvic.

(f) Tom. 8.

Mais nous ne pouvons en difconvenir; la plupart des anciens papiers, qu'on donne pour être d'écorce d'arbre, font réellement de papier d'Egypte. Sans nous arêter aux auteurs, qui CHAP. VI. ont confondu ces papiers; ceux mêmes qui font atentifs à leur distinction, n'ont pas laiffé de prendre l'un pour l'autre. Si D. Mabillon a bien faifi le fens de Lambecius; le favant Abbé de Godvvic (e) non plus que D. Légipont D. Légipont ne feront ne feront pas exems de cette méprife. Ils atribuent avec la qualité, la nature de 1. 1. p. 13. papier d'écorce d'arbre, à une charte de pleine fécurité, gardée à Vienne en Autriche, repréfentée au naturel fur l'original par Lambecius (f), dans la Bibliothéque Impériale, & d'après lui par D. Mabillon (g) dans fa Diplomatique. Le dernier auteur interpréte ces mots de Lambecius,ex cortice arboris, du papier d'Egypte (10), ajoutant que c'eft une espèce d'écorce. Il ne doit donc pas entendre autre chofe; quand en raportant, que (b) Briffon avoit publié une autre charte de pleine fécurité d'après l'autographe, confervé dans la Bibliothéque du Suplem. pag. 55. Roi, il ufe de ces termes : ex corticeo regia bibliotheca archetypo. En effet cette dernière pièce, longue de fept piés, dont l'écriture eft figurée, & le texte publié dans le Suplément de la Diplomatique, n'eft certainement pas de papier d'écorce, mais de papier d'Egypte.

pag. 647.

(8) De re Dipl. p. 460.

Segg.

(b) De re Dipl.

Cette confufion de langage laiffe un fujet légitime de douter, fi l'on ne doit pas tenir pour papier d'Egypte, tout ancien monument, anoncé fous le nom de papier d'écorce, à moins qu'il ne foit marqué par des caractéres propres & diftinctifs. » Tel est, au jugement de D. Bernard de Montfau» con, (i) un grand rouleau du Sénateur Antonio Capello à Venife, qui contient un acte juridique, fait il y a environ 800. ans dans la ville de Riéti, autrefois Réate. « Mais M. Mafféi, qui depuis a fait l'aquisition de cet infigne (k) diplo me, n'a rien remarqué, qui le diftingue du papier d'Egypte. P. 54. Eft-cé prévention, ou fupériorité de critique?

(i) Suplém. de l'Antiq. expl. t. 3.

pag. 213.

(k) Iftor. diplom..

Ange Roccha (1) dit avoir yu dans la Bibliotheque du Va (1) Biblioth. Apotican plufieurs monumens en papier d'Egypte. Et tout de fuite fol. Vatic. p. 345. il continue de la forte : J'ai vu auffi une autre pièce en écorce, mais plus groffiére; de façon qu'on y reconoit parfaitement

(10) Materia ex cortice arboris, tefte | gyptiacâ, qua corticis eft fpecies. De re di~ Lambecios nempe ex papyro, ut puto, plom. p. 460..

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l'écorce d'arbre: fed rudiorem atque ita, ut arboris cortex effe omnino dignofcatur. Elle étoit confervée avec beaucoup de foin CHAP. VI. chez Alde Manuce. Le même auteur déclare avoir vu un livre d'écorce, dont les pages étoient fi minces; qu'on en auroit pris deux pour une. Elles n'étoient imprimées que d'un côté en caractéres Indiens. Ce livre aporté des Indes fut offert au Pape Sixte V. par le Général des Augustins Déchauffés. Mais ce n'eft pas fur ces fortes de livres d'écorce, que les Savans font partagés.

de

S'il reste au monde quelque monument de l'ancien papier d'écorce, c'eft affurément un Mf. de l'Abbaïe de S. Germain des Prés. Nous y avons obfervé des diférences fenfibles avec les Mff. & les diplomes de la Bibliothèque du Roi & des archives de S. Denis. Mal à propos rejetteroit-on ces diffemblances fur la diverfité des papiers d'Egypte, dont les uns étoient plus épais que les autres, ou fur quelque accident, qui auroit collé ensemble plufieurs feuilles du papier de ce Mf. 1o. Le plus ou moins d'épaiffeur du papier d'Egypte ne venoit pas la multiplicité de fes feuilles, collées les unes fur les autres ; mais de la proportion, avec laquelle les deux, qu'on unissoit enfemble, s'éloignoient du centre de la plante apellée papyrus, ou de la quantité plus ou moins grande de colle, qu'on y employoit. 2o. Si l'observation de M. Mafféi eft vraie, le papier d'Egypte n'a rien à craindre de l'humidité. Ainfi fes feuilles ne peuvent d'elles-mêmes fe coller enfemble. 3°. Celles du Mf. de S. Germain font trop égales & femblables entr'elles , pour qu'on puiffe foupçoner, qu'elles auroient été collées les unes contre les autres par pur accident. On ne peut pas même le dire du dernier feuillet, qui paroit le double des autres. 4°. Le papier d'Egypte, quoique très-mince, a de la folidité & de la confiftence. Le papier d'écorce, quoique plus épais, fe rompt aifément & s'en va par pièces ou pellicules, qui détachées de la fuperficie du papier, font évanouir l'écriture. Voilà en quel état fe trouvent les cinq feuillets du Mf. que nous décrivons. 5o. Ils font, non feulement plus épais & compofés de plus de tuniques, que ceux du papier d'Egypte, ils paroiffent encore plus groffiers. Or c'eft-là, felon les Savans, un caractére particulier au papier d'écorce. Du refte, à l'égard de ce Mf. fingulier, nous ne faifons que foufcrire au jugement

des

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des antiquaires. Tous l'ont cru de papier d'écorce. Nous en SEC. PARȚIE. exceptons néanmoins D. Mabillon. Quand il composa sa Diplomatique, il ne le rangea qu'au nombre des Mff. en papier d'Egypte. Peutêtre en penfa-t-il autrement dans la fuite. Mais D. de Montfaucon, qui avoit aprofondi la matiére, soutient fans héfiter (m), que c'eft du papier d'écorce d'arbre.

C'eft fans doute au fujet de ce Mf. que Thomas Dempfter s'explique (11) avec les fentimens de la plus vive admiration,

(11) Ex dictis (n) patet ante chartam inventam in libris arborum gentes & maximè Italos ab Etrufcis edoctos ( fic) confueviffe: cujus quidem fcriptionis exemplaria in plerifque Bibliothecis vidi; fed nullibi illuftriora, quàm in cœnobio D. Germani à Pratis ad muros Parrhifiorum, ubi fragmentum Polybii, & aliud Herodoti, penè ante duo annorum millia defcriptum cum admiratione fpectavi, & cupidè legi.

Si Dempfter a vu des fragmens d'Hérodote & de Polybe fur du papier d'écorce; ce n'eft pas à S. Germain des Prés. Le feul Mf. en écorce, qu'on y pofféde, au moins depuis plus d'un demi-fiècle, ne renferme pas un feul mot Grec. On pouvoit à la vérité lui faire dire tout ce qu'on vouloit après que les Mabillons & les Montfaucons n'avoient ofé entreprendre, d'y rien déchifrer, bien loin d'en dreffer une notice exacte. Sans nous croire ni auffi habiles, ni plus heureux : nous allons en donner une conoiffance fufifanfante, pour ne laiffer déformais à perfone la liberté, d'y fupofer des morceaux, qui n'y feroient point en effet. Les preuves morales, que nous avions alléguées de l'existence réelle du papier d'écorce, fondée fur ce Mf. feront, au moins par raport à nous, apuyées de preuves phyfiques, résultantes d'une anatomie exacte, que nous en avons faite.

Des cinq feuillets, dont il eft compofé, deux étoient jufqu'ici adhérens à la couverture de parchemin, & les trois autres encadrés dans des bandes de la même matiére. Ainfi huit pages feulement paroiffoient à découvert. La reliure & peutêtre même la réunion de ces feuillets eft affez moderne. Il ne fe trouve jamais moins de quatre couches dans chaque Tome I.

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feuillet; fi ce n'eft qu'elles aient été enlevées exprès ou par accident. On en compte dans quelques-uns un plus grand nombre.

(m) Palaogr. l. 1. c. 2. p. 15.Suplém. de l'Antiq expliq. . 3.p.213.

(n) Dempster. de Etruria regali tom. 1. l. 3. cap. 78.

p.

A peine peut-on remarquer de légers P. 432. veftiges d'écriture, fur certains feuillets: & l'on ne fauroit prefque en distinguer les lettres, fans les mouiller. Chose fingulière ! plufieurs des membranes, dont ces feuillets font compofés, cachent des lettres, qu'on ne peut apercevoir, qu'en détachant quelqu'une de ces pellicules. Alors diverfes fortes d'écritures fe manifeftent, même d'une ligne à l'autre. L'une eft fur une couche, l'autre fur une autre. Celle-ci apartient à l'écriture Romaine courante celle-là eft en écriture Romaine, demi-onciale pour la grandeur, minufcule pour la forme, & pour le contour tirant fur l'écriture courante. Il y a des pages, où l'on trouve des lignes,difpofées en des fens contraires. L'age des diverfes fortes d'écriture paroit quelquefois éloigné de plus d'un fiècle. On diroit que fur des feuilles anciennement écrites mais dont les lettres s'étoient confondues ou avoient été éfacées ; on auroit apliqué des couches blanches, pour les faire fervir à de nouvelles écritures. Or fi les plus récentes font du VI. ou VII. fiècle au plus tard: (ce qu'on peut démontrer par le caractére même ;) de quelle antiquité ne doivent pas étre les

autres ?

Tout le Mf. eft en lettres & en langue Latines. Nous ne doutons pas, qu'il ne renferme des actes publics. C'eft peutêtre même une portion de regîtres municipaux de quelque cité. Nous croyons y avoir fouvent obfervé des dates de Calendes, de Nones, d'Ides & de Confuls. Nous y avons lu fort diftinctement, au bas de la Ttt

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& qu'il rend témoignage aux livres d'écorce d'arbre actuelle ment exiftans dans les Bibliothéques.

Après tout, quand il n'exifteroit plus au monde de ce pa-. pier; comme il ne fe trouve plus d'anciennes tablettes d'écorce

:

nouvelles lames d'écorce? C'est ce qu'on› pouroit conclure, de la diférence des caracteres, qui restent à la fuperficie & de ceux, qu'on ne fauroit apercevoir, qu'en. portant le fer dans le fein de ce.Mf. Mais communément ces lignes, pour ainfi dire,

pénétré affez avant dans fon intérieur, & s'y font confervées : tandis que l'air & la tems ont totalement fait difparoitre l'encre & les lettres de la furface. Ces découvertes nous ont enhardi, à détacher les deux pages adhérentes à la couverture. Mais la première ne l'a pu être qu'en partie: parcequ'en quelques endroits elle eft

cinquième page : XIIII. Kalendas maias.
Il eft vrai que Kalendas eft abrégé, ainfi
que le mot Confulibus en d'autres en-
droits mais ce font des abréviations or-
dinaires à ces termes. Nous n'avons pu
lire nulle part le nom même des Confuls;
fi ce n'eft celui de Théodofe : encore pa-fouterraines, du dehors du papier ons
roit-il d'une main poftérieure à la plu-
part des écritures, quoique vraisembla-
blement du tems de cet Empereur & du
V. fiècle. Ce qui confirme, que notre -Mf.
a fait partie des regîtres publics; ou pour
le moins qu'il renferme des actes, qu'on
y avoit inférés: c'eft qu'il y eft fait une
mention fréquente de teftamens, d'actes,
de chartes, d'enregiftremens, de procu-percée à jour, & qu'en d'autres elle étoia
reurs chargés de les demander, de figna-
tures, de peine du quadruple, de prifey
de poffeffion &c. Tels font les principaux
traits des pages 6. 7. 8. &c. Peu s'en faut,
que nous n'y ajoutions la page 5. On y
parle en feconde perfone: & fi ce n'eft
pas un acte en forme d'épitre, il eft difi-
cile de n'y pas reconoitre une lettre.
Quoiqu'il en foit; ces pages & les 1. & 9.
font celles, où l'on déchifre plus de mots,
Nous y en lifons quelquefois deux ou trois
de fuite. Mais à l'exception de la neuviè-giennes ne font autres, que l'écriture cou-
me page, & à plusieurs égards de la hui-
tième, les lacunes qui furviennent fans
ceffe, ôtent la conoiffance du fujet pré-
cis, qu'on y traite.

A juger de ce Mf. par fon écriture extérieure la plus ordinaire; il ne fauroit être plus récent, que le VI. fiècle. Le peu de Latin, qu'on y déchifte, femble devoir le faire remonter encore plus haut. Rien ne s'y écarte de la pureté du ftyle, ni d'une bonne orthographe: excepté certaines lettres, fur lefquelles on varia de tout tems. En creufant dans ce Mf. nous avons découvert des lignes entiéres, cachées fous une ou deux membranes: quoique ordinairement aucune aparence de lettre n'indiquât cette découverte pas même après avoir levé la première couche. A-top donc colé, fur ce papier déja écrit, de

réduite à une feule membrane; bien qu'il y eût des portions de ce feuillet compofées à l'ordinaire, de plufieurs couches. Le dernier, prefque le double des autres en épaiffeur, après avoir été détaché de la couverture; nous a laiffé voir environ vingtdeux lignes d'écriture Mérovingienne, & par conféquent diférente de celle du refte du Mf. L'antiquité en eft au moins du VII. fiècle. Mais elle pouroit être plus. grande puifque nos lettres Mérovin

rante des Romains. Nous avons commen- . cé d'abord, par diftinguer quelques mots dans cette dernière page. Bientôt nous y avons lu plufieurs verfets des chapitres22. & 23: de l'Exode, & 6. & 18. du Lé-vitique.

Depuis que nous avons pénétré dans les entrailles de ce Mf. & qu'une espèce · de diffection nous a fait conoitre plus. parfaitement la nature de la matiére, done il eft compofé; nous y avons reconnu sou- vent des couches d'écorce tout-à-fait femblables à celle des écorces d'arbres. On en: peut même diftinguer de diférentes espèces. It eft vrai, qu'on y remarque auffi quel ques membranes en petit nombre, affez reffemblantes aux lames de papyrus. Si el·les n'en font pas véritablement; il faloit,. que certaines pellicules d'écorce d'arbress

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