d'arbre; cela n'empêcheroit pas, qu'on n'en eût fait grand ufage autrefois. La feule fragilité de la matiére fufiroit, pour qu'il ne reftât plus aucun monument d'un papier, dont la fabrique eft abfolument tombée depuis tant de fiècles. cuffent une grande afinité avec elles. Mais fi elles font de papierd'Egypte, il s'enfuivra qu'on faifoit quelquefois une forte de papier du mélange des membranes de papy rus & d'écorce d'arbres. De la facilité avec laquelle les couches de papier d'écorce fe féparent les unes des autres, & font pénétrées par l'encre; il arive que les lettres paroiffent en tout ou en partie fur le côté opofé. Ce qui joint à certains reftes de caractéres, caufe une étrange confufion. Și au moyen d'un miroir, on peut redresser quelques-unes de ces lettres; les autres, qui ont moins pénétré, & celles qui fe font maintenues dans leur ancienne place, empêchent fouvent le fuccès de cette opération. Delà vient encore, qu'on n'ofe quelquefois ereufer, pour déterrer l'écriture, cachée dans les couches intérieures: de peur de rencontrer celle de la page opofée du même feuillet, laquelle s'eft enfoncée dans les mêmes retraites. Ces caractères ainfi placés fur deux membranes, qui fe touchent; les uns ne fauroient être produits au grand jour, qu'aux dépens de leurs voifins. Le même inconvénient a lieu, quand l'écriture de deux pages confécutives de diférens feuillets s'eft imprimée fur l'une, fans s'être confervée fur l'autre : en forte que la même réuniffe le contenu des deux. confondent, qu'il le trouve des caracté- que la page fuivante s'eft peinte fur la Il eft des pages, où les lettres écrites fur les deux côtés d'un feuillet, fe montrent fur une feule couche interne, devenue extérieure par le retranchement des membranes, qui dans le cours de tant de fiècles ont été dépouillées de l'écriture, dont elles étoient d'abord couvertes. De ces lettres reffufcitées par l'art ou parches les mots, qui ne paroiffent plus à fa l'injure des tems, les unes font difpofées à l'ordinaire, & les autres renversées. Souvent réunies fur la même ligne, comme elles fe répondent les unes aux autres, que leurs traits fe croifent & fe fuperficie. Cela n'eft pas au refte fort SEC. PARTIE SEC. PARTIE. SECT. I. CHAPITRE VII. Mf. de S. Marc à Noms fous lef connu : ufage qu'on en fit dans l'Occident. (a) Lib. 1. cap.2. (b) Iftor. diplom. (c) Ibid. pag. 78. p. 77. 79. (d) Diar. cap. 4. Papiers de coton, de foie & d'autres matiéres, I. les Indes. qui fe OIN de contester à l'auteur de la Paléographie Gréque, Venife: eft-il de que le papier de coton ait été en ufage chez les (a) papier de coton? Orientaux, dès le IX. fiècle; M. Maffei (b) ne paroit pas éloiquels ce papier fut gné, de faire remonter plus haut fon invention; quoiqu'il ne prenne pas fur foi, d'en fixer l'origine. Après avoir vu & touché à plufieurs reprises le fameux Mf. de S. Marc de Venife, qu'on a longtems donné pour le texte original du faint Evangélifte; notre habile antiquaire le déclare de papier (c) de coton, fans prétendre rien rabatre de fa vénérable antiquité. Si les expreffions générales, dont il use, pouvoient être fixées 8. Palaograph, par l'age, que lui atribue (d) en divers ouvrages D. Bernard lib. 1. cap. 2. Su- de Montfaucon ; le papier de coton ne devroit pas être postéplem. de l'antiq rieur au IV. fiècle. Car fuivant le Bénédictin, qui avoit aexpliq. tom. 3. liv. quis une fi grande conoiffance des Mff; la forme des lettres de celui-ci, lui affure la prérogative de l'antiquité fur tous les autres: & l'on ne hafarde guère, à fon avis, en difant, qu'il eft pour le plus tard du IV. fiècle. Mais il ne s'acorde pas avec M. Maffei fur sa matiére, qu'il croit être de papier d'Egypte très-fin. Cependant comme l'humidité en a tellement collé les feuilles, qu'on n'y peut plus rien lire de fuite; c'est, selon le Marquis, un caractère incompatible avec le papier d'Egypte. Le moyen de les acorder feroit peutêtre, de le fupofer de papier d'écorce d'arbre. Cela difpenferoit de prêter au papier de coton un age, que toute l'antiquité défavoue,& que M. Maffei même n'ofe lui acorder ouvertement. 9.c.3. Depuis le IX. fiècle par tout, où ce favant homme voit le nom de papier; il eft en garde contre l'équivoque. On aura du moins l'apréhende-t-il, indiféremment apliqué ce terme au papier de coton, comme à celui d'Egypte. Cette crainte paroitroit mieux fondée, fi reftreinte aux tems plus récens, que propres, (e) fe XIII. fiècle, elle avoit pour objet le papier de chife & celui dans Ce papier fe multiplia beaucoup parmi les Grecs, depuis le IX. & furtout depuis le commencement du XII. fiècle : mais il n'eut jamais autant de cours parmi les Latins. Il étoit moins rare toutefois en Italie, & particulièrement dans les contrées, où l'on parloit encore Grec, & où l'on étoit en grand commerce avec les Grecs, comme en Sicile, au Royaume de Naples & dans l'Etat de Venife. Auffi rencontre-t-on, les Royaumes de Naples & de Sicile, bien des titres en papier de coton ; & fur-tout des diplomes, acordés par les Princes Normans. Mais on n'en connoit point d'antérieurs à la fin du XI. fiècle. En général l'ufage du papier de coton n'eft devenu ordinaire, chez les Grecs mêmes, que depuis le commencement du XIII. fiècle. Avant ce terme le parchemin eut toujours la plus grande vogue, dans les Mff. ainfi que dans les chartes. Mais David Cafley qui a mis au jour en 1734. le Catalogue des Mff. du Roi d'Angleterre, ne paroit guère au fait de l'origine du papier de coton; quand il avance dans fa préface, (k) qu'il fut trouvé au XI. fiècle, & qu'alors l'usadu papier d'écorce fut aboli. ge II. On confond fouvent les diférentes efpèces du papier de la Chine, & furtout les plus belles avec le papier de foie. Les Pères Coftadau (1) Dominicain & du Halde comme f) Ala Chine (1) le papier eft fait,non » L'on en prend la peau de deffous SEC. PARTIE. (2) Jéfuite s'acordent à nous dire, que le papier de la Chine ne fe fait point de foie. Tous deux nous affurent, qu'il fe faCHAP. VII. brique d'écorce (3) de bambou. Mais bientôt après le dernier nous fait conoitre plufieurs fortes de papiers (4) de la Chine, qui ne laiffent pas d'être de foie; bientôt il nie, que celui de bambou (5) fe faffe de fon écorce. (m) Defcription de la Chine tom. 2. p. 239. (n) Grevv. Mufaum Regal. for. 1681. Si les Chinois font du papier de foie; il est certain qu'ils en fabriquent auffi de diverfes autres matiéres. Gemelli dans fon livre, qui porte pour titre, Le tour du monde, nous aprend (6) qu'ils font du papier de foie, ainfi que de bambou maceré & réduit en pâte, de la moelle de grands rofeaux & d'autres arbres encore, mais que ces papiers font de peu de durée. La Defcription géographique de la Chine ou l'Atlas Sinicus met dans la ville de Ning-que, douzième ville de la province de Kiang-nau une célébre fabrique de papier de rofeaux. On fait tremper dans l'eau ces plantes coupées par lames, avant que ככ : » l'eau claire, & enfuite l'on pratique les (2) Il s'explique ainfi au fujet du papier de la Chine. Il est (m) fi fin, que plu» fieurs ont cru en France, qu'il fe faifoit » de foie; mais ils ne faifoient pas atention, qu'on ne peut en foulant la foie, » la brifer, autant qu'il eft néceffaire, » pour en composer une pâte uniforme.« ככ C'eft avec la moelle du (u) cyperus ou foucher du Nil réduite en pâte, qu'on fabrique une forte de papier très-fin.Ceux (0) Dict. Hift. (0) qui fupofent, qu'on faifoit celui d'Egypte de la moelle du papyrus, femblent l'avoir confondu avec le fouchet. édit. 1707. p) Defcription de Chine par le P. du Hald.t.2.p. 339. (3) » Le papier de la Chine fe fait de l'écorce de bambou. «< (4) Le P.du Halde raconte,qu'un Mandarin mit en œuvre l'écorce de diférens arbres & de vieux morceaux de pièces de » foie & de chanvre déja usé : à force de » faire bouillir cette matiére, il lui don» na une confiftence liquide, & la réduifit » à une espèce de bouillie, dont il forma » diférentes fortes de papiers. « Ibid. pag. 240. S'il forma diverfes fortes de papiers de ces diférentes matiéres;il en forma donc une de foie. Il y a plus: il en fit de même de la boure de foie, qu'on nomma papier de filaffe. Voilà une feconde espèce de papier de fore. En voici une troisième : » Dans » la province de Tche-Kiang, dit le Père » du Halde, d'après un livre Chinois, il »fe tire du parchemin des cocons à foie, 11 eft fin, uni & propre pour des infcriptions & des cartouches.» Ibidem. Enfin il nous aprend, que le papier de la Corée le fait de cocons de foie, & que c'est de ce papier que les Coréens payoient leur tribut à l'Empereur, dès le VIÍ. fiècle. Ec 'c'eft fur l'autorité de fon livre Chinois, qu'il avance ce fait. Ibid. p. 241. (5) Le bambou a cela de particulier.... qu'on fe fert, non de SON ÉCORCE, mais de fa fubftance ligneuse, « pour faire le papier. Ibidem p. 241. (6) Se ne fanno altri di feta, altri di bombagia macerata, e ridotta in pafta ; del midollo di certe loro grandi canne e d'altri alberi ancora ; ma fono cosa poce durabile. Tom. 3. p. 308. de les mettre en œuvre. Le papier de (7) roseaux de ces auteurs n'eft autre, que celui de bambou. Outre le papier de foie & de bambou on en fait dans les diférentes provinces de la Chine de bien d'autres matiéres. On y emploie la paille de blé ou de ris, les muriers, les ormes, & plufieurs arbres propres à ces contrées. Ce n'eft (9) que de la pellicule intérieure de ces arbres, dont on fait le papier. La fubstance ligneuse & non lice de l'arbriffeau, qui porte le coton & du bambou, moyennant certaines préparations, fournit la matière du papier. Celui de bambou n'eft pas (r) le meilleur, ni le plus commun. Celui de coton (s) eft le plus blanc, le plus beau & le plus d'ufage. Mais le P. du Halde en donnant la préférence au papier de coton Chinois, ne marque point, s'il en faut diftinguer de deux efpèces; l'une telle qu'on vient de la décrire, & l'autre fabriquée de vieux morceaux d'étofe de coton. fon : HII.. A l'égard de l'antiquité du papier de la Chine origine eft fi ancienne, fi l'on en croit (t) M. Juvenel, qu'il » eft impoffible de la fixer d'une manière bien précife: on ne fauroit lui affigner d'autre époque, que celle de l'écriture » & pour déterminer celle-ci, il faut remonter jufqu'à la naiffance de l'Empire de la Chine. M. Fréret ne porte pas fi haut l'antiquité du papier Chinois. Voici fes paroles: Vers (u) l'an 230. avant l'ère Chrétienne.... le papier n'avoit pas » encore été inventé. « Il ajoute que fon invention fut trouvée fous le regne de Vene-ti, qui monta fur le trône 177. ans avant la naiffance de notre Sauveur. Le P. du Halde (u) fe contente d'affurer, qu'il y a très-longtems, que les Chinois ont inventé l'ufage du papier. Il cite d'abord un auteur de la même nation, qui avoue, qu'on ne fait pas précisément en quel fièele on doit en placer l'origine. Il donne enfuite pour certain qu'avant J. C. on écrivoit fur des pièces de foie ou de toile, & qu'enfin » en l'année 95. de l'ère Chrétienne un grand Manda-rin du palais nommé Tfai-lun inventa fous le regne de Ho-tit une meilleure (8) forme de papier. » & plus fort. « Defcrip. de la Chine par ls: (8) C'eft probablement dans un fens SEC. PARTIE. CHAP. VIL () Defcript.de la Chine t. 2. p. 241. (r) Ibid. p. 241. (f) Ibid. p.240. Antiquité du pa-pier Chinois: fon étendue ou longueur: fabrique pour le rajeunir. des Belles lettres, (t) Effais fur l'hift. |