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SEC. PARTIE..
SECT. I.

obfervations; mais elles font entièrement du reffort des anti quaires. C'est à eux, qu'il eft réservé, d'en faire l'aplication. CHAP. IX. Une difcuffion plus aprofondie feroit un langage prefque inintelligible, pour qui n'eft point initié à la conoiffance des archives. Quel progrès ne faut-il pas avoir fait, dans l'étude des diplomes, pour pouvoir, finon toujours, du moins quel quefois juger avec certitude de leur age, fur la feule vue du parchemin; quoique l'ufage n'en foit borné par aucun fiècle ! Cela n'eft pas néanmoins impoffible. Leur confervation est fans doute ici de quelque reffource; mais ce n'eft pas toujours par là qu'on peut décider de leur antiquité..

(q) Ibidem..

(+) Ibid.num.78.

P.. 1:40. & feq,

Souvent le parchemin de certains fiècles & de certains païs fe trouve de moins de durée, que celui des fiècles les plus reculés. Un air antique, une couleur fale ou noirâtre font des indices équivoques. Allatius nous aprend (q), qu'ayant eu entre les mains quelques morceaux de papier, fur lequel les prétendues antiquités de Tofcane étoient écrites; il les avoit fait tremper dans l'eau, que leur couleur noirâtre s'étoit diffipée, & qu'ils étoient devenus blancs. Ce qui ne feroit pas arivé, fi ce papier avoit réellement été fort antique. Qu'on enlève quelques particules externes de ces papiers ou parchemins véritablement très-récens, dont la couleur noirâtre ou jaunâtre semble annoncer une antiquité fort réculée; l'intérieur de ces parcelles fera communément bien plus blanc que l'extérieur, & celuici même ne tiendra pas longtems contre l'action de l'eau, dans laquelle on les fera tremper. Au contraire fi l'antiquité de la pièce répondoit aux aparences; il feroit très-dificile, de faire difparoître des couleurs, qui auroient depuis longtems pénétré les parties les plus intimes de ces matiéres.

En général les marques de vieilleffe, tirées des couleurs enfumées des chartes, font des argumens fort incertains, pour ou contre leur antiquité. D'anciens titres, après des cinq à fix cents ans & même davantage, peuvent fe trouver & se trouvent en effet prefque auffi blancs & auffi propres, que s'ils étoient tout neufs. D'un autre côté, fi des pièces fort fales & fort ufées, font quelquefois vieilles; elles peuvent être auffi très-nouvelles. » Quand nous voyons, dit Allatius, (r) des. chartes tirant fur le noir; nous nous imaginons qu'elles ont » contracté cette couleur, & perdu leur blancheur naturelle,,

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par leur antiquité, & par une longue fuite de fiècles: mars » rien de plus foible que cet argument. En effet bien des piè » ces très-récentes expofées au feu, à la fumée, à la pouffiére » & à l'air, pendant un peu de tems, fe couvrent d'une cou » leur noirâtre, qu'on ne remarque point, dans des titres beau

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coup plus anciens; parcequ'ils ont été confervés avec foin ., & mis à couvert de tous ces accidens. J'ai vu des livres transcrits, il y a plus de quatre cents ans, d'une propreté & d'une blancheur fi parfaites; qu'on auroit prefque dit, qu'ils venoient d'être achevés. Il s'en faloit bien qu'ils euffent éprouvé cette fale & flétriffante couleur, par laquelle le vuf» gaire veut décider de leur antiquité. D'autres, au contraire très-modernes, font fi noirs; qu'on croiroit qu'ils auroient "Allatius tout de fuite paffé par les mains du charbonier. prouve par un fait, combien il eft facile, d'en impofer à des perfones, qui ne font point fur leurs gardes, ou qui ne s'y conoiffent pas, en leur donnant pour très-antiques, des monumens, que l'artifice a déguifés.

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Parmi les Théatins de S. Sylveftre fur le mont Quirinal à Rome, Mathieu Cicolini frére convers, diftingué par des chefs d'œuvres de peinture, en fait de perfpective, d'ombres, & de coups de lumiéres, s'avifa d'écrire le livre de la fphère de Jean de Sacrobofco fur notre papier commun: mais les caractéres en étoient formés & difpofés de telle façon ; qu'on ne pouvoit les conoitre, ni les lire qu'avec le fecours d'un miroir. Pour donner un air d'antiquité à ce livre; il en avoit teint & coloré les pages de maniére, que tout le monde le jugeoit ancien de plus de mille ans, & qu'on fe figuroit que ces lettres, dont on ignoroit la valeur, étoient les caractéres perdus de quelque langue antique. Le frére voyant les fpectateurs dans l'admiration fur la vénérable antiquité de fon Mr. diffipoit l'enchantement, en leur préfentant un miroir. La couleur du papier ou du parchemin ne doit donc pas être comptée pour quelque chofe de fort décifif. De prétendus conoiffeurs qui s'en laifferoient impofer fur l'antiquité d'une pancarte, précisément parcequ'elle feroit enfumée, donneroient une très-mauvaise opinion de leur capacité.

Si l'on fe laiffoit prendre à ces dehors féduifans; bien des pièces du XV. fiècle feroient déclarées plus anciennes, que

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SECT. I.
CHAP. IX.

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la plupart de celles du XI. & même que les diplomes en parchemin des VII. & VIII. fiècles. Parmi les antiquaiCHAP. IX. tes, les novices mêmes s'aperçoivent du premier coup d'œil, des titres ont éprouvé certains accidens, qui femblent ajouter au nombre de leurs années. Mais l'atention d'un homme confommé dans ce genre d'étude, fe porte à des objets plus délicats & plus dificiles à faifir.

Non feulement il remarque l'humidité, que ces diplomes ont contractée; les lieux mêmes, où ils ont été confervés, le foin qu'on en a pris, le plus ou le moins d'ufage qu'on en a fait, exercent tour à tour & fon expérience & fa pénétration. Il fait tirer parti de toutes ces circonftances & de beaucoup d'autres, qu'il eft plus dificile d'exprimer que de fentir. Auffi D. Mabillon n'a-t-il pas même tenté, de fixer l'antiquité des diplomes, par la nature & la forme du parchemin, indépendamment de l'écriture. En effet prefque toutes les règles, qu'on pouroit donner fur l'article, ne feroient fondées, que fur une fuite de modèles, qu'on ne fauroit expofer aux yeux du public, qu'en lui repréfentant les originaux. Si donc on vouloit porter ce moyen au degré de perfection, auquel abfolument parlant il n'eft pas impoffible qu'il ateigne; il faudroit d'abord etablir des archives publiques, abondamment pourvues de pièces originales de tous les fiècles & de tous les païs, rangées dans un grand ordre : enfuite former des règles fur ces modèles & fur les divers raports, qu'ils auroient entr'eux. Alors on pouroit devenir conoiffeur à peu de frais. Un moyen, qui n'eft que du reffort des antiquaires, feroit mis à la portée du commun des gens d'efprit, fans qu'il leur en coûtât beaucoup. Mais jufqu'à ce qu'un pareil établiffement ait lieu, (eh! qui peut dire s'il l'aura jamais ?) il faudra toujours s'en raporter » du moins à cet égard, aux décifions des antiquaires.

CHAPITRE

X.

Inftrumens dont on s'eft fervi, pour écrire..

Quoiqu'on tire peu

de lumiére, pour le difcernement du

vrai & du faux dans les actes, des inftrumens avec lefquels on les écrivoit; l'étendue de notre deffein ne nous permet pas, de les paffer tout-à-fait fous filence.

SEC. PARTIE.

SECT. I.

I. Les inftrumens, dont l'Antiquité vouloit, que le labora- Inftrumens relatoire d'un écrivain fût garni, étoient la règle, le compas, le tifs à l'écriture, plomb, les cizeaux, le canif, la pierre à aiguifer, l'éponge, le style, le pinceau, la plume ou le rofeau, l'encrier ou cornet, l'écritoire, le pupitre, une fiole pleine de quelque liqueur, propre à détremper l'encre devenue trop épaiffe, une autre du vermillon, avec lequel (a) on écrivoit les titres des (a) Palaograph. livres ou des chapitres, & une boete à poudre. Chacun de ces p. 23. inftrumens avoit fa deftination particulière.

La règle regula, norma & quelquefois canon, fervoit à tirer des lignes droites, & le compas à les ranger dans une égale distance. Ces lignes tracées en blanc fubfiftent encore aujourdui fur plufieurs chartes & fur une infinité de Mff. & font ordinairement terminées dans leurs deux extrémités par des points, qui percent le parchemin d'outre en outre. Il en eft, où les trous font vers le milieu des pages : & alors on se difpenfe quelquefois d'y tracer des lignes en blanc. Ces trous ne font pas toujours en forme de points, mais de petites incifions horizontales. Quand les points, qui marquent chaque ligne font placés au milieu des pages, elles ne laiffent pas d'être percées dans leurs extrémités par quatre points, qui se répondent. Les trous en diftance égale font faits, foit avec le ftilet ou la pointe du compas, foit avec quelque autre inf trument tranchant ou pointu, propre mener les lignes, qui devoient précéder l'écriture.

Il eft apelle punctorium dans les Statuts du B. Guigues, (b) (b) Cap. 28. §. 20 & diftingué de la fubula autre inftrument du même genre, à Fufage des écrivains. Mais ils font confondus enfemble dans

SEC. PARTIE,
SECT. I.

CHAP. X.

(d) Differt. 2. de

110.

la vie de fainte Methilde (c) par l'Abbé Engelhard. D. Légipont (d) fait confifter la diférence entre le ftyle & la fubula, en ce que le premier ne fervoit, que pour les tables de cire; (c) Cap. 23. au lieu que la feconde étoit d'ufage dans les Mff. de vélin, Mf. librifque pag. tant pour enfoncer des points enfoncer des points au commencement & à la fin des lignes, que pour tirer celles-ci. Lorfque l'instrument à tracer les lignes avoit trop de tranchant, le parchemin se troufe voit quelquefois coupé, & alors il faloit laiffer vuides les lignes endomagées. Nous en avons trouvé plufieurs exemples. On n'a pas befoin d'avertir, que les cizeaux retranchoient les inégalites des pièces du parchemin ou du papier. L'ufage du canif, de la pierre, & de l'encrier ne font pas moins connus. Celui de l'éponge étoit d'éfacer les méprifes, échapées à l'écrivain ou à l'auteur. On en ufoit encore pour aprêter les drogues, dont on faifoit l'encre d'or.

Les écritoires n'étoient pas feulement destinées, à renfermer les plumes ou les rofeaux; quelques-unes étoient façonées de maniére à tenir lieu de règle. C'eft peutêtre en ce fens qu'un ancien apelle cet étui canon (1).

Καὶ κανόνα γραφίδων ἰθυτάτων φύλακα.

(e) Strom. lib. 6. S. Clément d'Aléxandrie (e) femble apliquer à l'encrier même le nom de canon. Mais M. du Cange, dans fes additions à son Gloffaire de la baffe & moyenne Grécité, croit qu'il faut lire navíov, d'où l'on a formé zavinλejov atramentarium. Le premier fecrétaire des Empereurs de Conftantinople portoit le nom de canicularius κανίκλειος, κανίκλης, οι ἐπὶ τοῦ κανικλέο; parcequ'il avoit la garde du vafe, où le cinabre étoit confervé, & avec lequel l'Empereur foufcrivoit tous les actes, émanés de fa fouveraine puiffance. Præpofitus caniculi, dit Anaftafe le Bibliothécaire, (f) eft qui curam & cuftodiam gerit caniculi, id eft, atramentarii, ex quo Imperator phoniceas literas fcribit in chartis. Les Papes ont eu des Oficiers, qualifiés atramentarii, & chargés des mêmes fonctions. La matiére & la figure de l'encrier & de l'écritoire, ainsi que le manche du canif varioient beaucoup. Mais la lame de ce dernier étoit bien plus large, que celle des nôtres. On peut voir dans la Paléographie (g) & dans l'Antiquité expliquée une écritoire (1) Et canonem calamorum rectiffimorum cuftodem. Anthol. lib. 6. pag, 939. edit,

(f) Ad VIII. Sy nod. general. Áct.

X.

Pag. 23.

Commelin.

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