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d'un goût fort fingulier, dont l'original fe conferve au tréfor de S. Denis. Nous paffons fous filence la craie & les pierres ponces, qui faifoient partie des meubles d'un écrivain, & dont il eft auffi parlé dans les ftatuts du B. Guigues. Notre IV. planche fous les nombres XII. & XVIII. fait voir des encriers antiques de formes diférentes.

Aux nombres XIII. & XIV. deux fortes de canifs des anciens font représentés. Le nombre XV. montre leurs cizeaux & le n. XVI. leurs compas. Tous ces inftrumens font tirés d'après des monumens gravés dans la (b) Paléographie. Sculement on leur a donné un peu plus de grandeur: mais ils n'ont pas encore l'étendue naturelle, qui leur convient.

SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. X.

(b) Pag. 22, 14.

Inftrumens im

ture.

II. Le ftyle stylus, graphium & le burin calum, celtes ou caltes fauptiov étoient les inftrumens immédiats de l'écriture, médiats de l'écriformée fans encre. Celui-ci étoit employé fur les marbres & les métaux, dont il faloit emporter la pièce; celui-là fur les tables enduites de cire ou de craie, fur lefquelles il fufisoit de tracer des lettres : & c'eft ce qu'on exécutoit avec la pointe du ftyle. La cire étoit-elle nouvelle ou fans aprêt le bout opofé ou aplati éfaçoit ce qu'on ne jugeoit pas à propos de conferver. La cire étoit - elle dure par trop de vieillefie, ou par les drogues, qui entroient dans fa compofitione le même bout recourbé fervoit à racler ce qu'on vouloit détruire. Les ftyles étoient diversement fabriqués, fuivant qu'ils étoient deftinés à ces diférens ufages. Nous en repréfentons ici (i) neuf figures, que nous fournit l'Antiquité expliquée, (k) outre celle, qui fut publiée par le P. Hugue, & que D. Bernard de Montfaucon dans fa Paléographie préfére à toutes les autres, comme plus conforme à la defcription, qu'en font les anciens.

de

(i) Voyez les dis

premiers nombres la planche IV. liv. 5. chap. 7.

2.

(k) Tom. 3. Part.

Les modernes ont beaucoup differté fur le palimpfeftus, liber liturarius, autrement charta deletilis. Qu'on usât du style anciennement, pour éfacer ou racler ce qu'on vouloit coriger fur les tables de cire ou de plâtre, ou pour les mettre en état de recevoir d'autre écriture; cela ne fauroit être révoqué en doute. Allatius, après avoir fur ce fujet répandu l'érudition à pleines mains, conclut (1) que ce qui étoit apellé autrefois (1) Animadv.in charta deletilis ou palimpfeftus ne diféroit pas des tablettes, Antiq. Etru,c.. dont on fait ufage de nos jours.

On trouvoit dans prefque tous les métaux une matiére propre

fragm.num. 58.

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SEC. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. X.

(m) Sueton. in Caium, cap. 28. (n) De clement.

à faire des styles. Ceux d'argent étoient encore à la mode au VIII. fiècle, comme on le voit par la feptième lettre de faint Boniface, Apôtre de l'Allemagne. Les Orientaux, les Grecs, les Toscans & les Romains ufèrent de ftylets de fer. La plupart des auteurs avancent, que ces derniers en interdirent l'ufage, à caufe des homicides & autres abus du même genre, que ces inftrumens meurtriers donnoient la facilité de commettre. Cependant nous ne voyons point, qu'on ait discontinué de s'en fervir. Céfar en avoit un, dont il perça, felon Plutarque, le bras de Cafca l'un des conjurés, qui le tuèrent en plein Sénat. Mais au raport de Suétone, Céfar ayant faifi le bras de Caffius, y enfonça fon ftylet, graphio... trajecit. Caligula voulant faire périr un Sénateur fuborna des gens, pour l'ataquer, (m) en le traitant d'ennemi public, & pour le maffacrer avec leurs ftylets. Du tems de Sénéque (2), un Chevalier Romain fut maffacré dans la place publique par les fty(0) Lib. 14. - lets du peuple, pour avoir tué fon fils à coups de fouet. Les mains des jeunes écoliers étoient à l'ordinaire (0) armées de ftyles de fer du vivant de Martial. S. Caflien (p) ne fut martyrifé par les styles de fes difciples, qu'environ un fiècle avant la décadence de l'Empire Romain. Auffi Gérard Jean (q) De arte gram- Voffius (q) prend-il le parti de dire, que la défense ne dura mat. l. 1. cap. 35. pas longtems. On fe fervoit alors de ftyles d'os & d'ivoire, & l'on continua depuis, d'en tirer le même service. Le style que le P. Hugue (r) à fait représenter étoit d'airain, quadrilatère, mais les côtés ou les angles en avoient été recherchés avec la lime. C'est le second de ceux, que nous avons représentés. Il y en avoit, qui n'étoient propres qu'à éfacer. Tel eft le VII. de notre IV. planche.

lib. 1.

сар. 14.

gram. 18. edit.

Lugd. 1603.

(p) Prudent.

περὶ τεφάνων. hymn. 9.

(r) De primâ ferib. orig. p. 89.

Rofeaux ou can

nes, plumes, pin

ceaux &c.

(3) Voffius de arte Gram. l. 1. c. 36. (t) Pfalm. 44. (u) Plin.hift.l.16. cap. 36.

III, La canne, le calamus ou le rofeau arundo, juncus fut l'inftrument ordinaire des écritures faites avec des liqueurs, longtems (s) avant qu'on fe fervît de plumes. On en trouvera deux dans notre planche IV. fous les nombres XVII. & XIX. David (1) compare fa langue au calamus d'un écrivain, qui écrit rapidement. Ce calamus eft interprété jonc par Aqui(x) Lib. 14. Ep. la. L'Egypte fournissoit beaucoup (#) de ces joncs ou rofeaux. Dat chartis habiles calamos Memphitica tellus, dit (x) Martial. Perfe (1) décrit les defauts du calamus, qu'il qualifie nodofa arundo. Les Grecs des bas fiècles continuèrent, de fe fervir de

34.

(9) Satyr. 3.

cannes

cannes, qu'ils (z) tiroient de la Perfe. Encore aujourdui les Orientaux (4) Grecs, Turcs, Perfans &c. font le même usage de ces cannes. Ils les recueillent en Mars vers Aurac,

le long

du golfe Perfique & les laiffent durcir pendant fix mois dans
le fumier. C'est-là que ces rofeaux fe couvrent d'un beau ver-
nis noir & jaune, qui les fait particulièrement rechercher.
Du tems de Pline on donnoit la préférence au calamus d'E-
de Cnide & du lac Anaïs en Afie. » Le roseau (b) que
gypte,
Lindfchot & Acofta nomment bambu ou mambu fert aux
» Indiens de plume à écrire : ils coupent ce rofeau de la lon-
gueur & de la largeur de nos plumes, en taillent le bout &
» le fendent. « Les Patriarches d'Orient croyoient autrefois,
qu'il étoit de leur dignité, de foufcrire avec des plumes
d'argent.

"

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p. 669.

Celles d'oies, de cygnes, de paons, de grues & d'autres oifeaux font en Occident depuis bien des fiècles prefque les feuls inftrumens immédiats de l'écriture, qui fe fait fur le parchemin ou fur le papier. Mais à quel tems en doit-on faire remonter l'origine ? Il est affez naturel, d'inférer d'un texte de l'Anonyme, publié (c) par Adrien de Valois, qu'on écri- (c) Ad cal-em voit avec des plumes dès le V. fiècle. Théodoric Roi des Of Ammiani Marcell. trogoths fe fervoit, felon cet ancien auteur, qu'on dit être contemporain, d'une plume pour foufcrire les quatre premières lettres de fon nom. On cite un vers (2) de Juvenal, qui feroit remonter jufqu'à fon tems l'ufage des plumes à écriré : fi l'on ne leur apliquoit pas une métaphore, tirée des aîles des oifeaux; & que ce Poëte femble avoir entendue dans un fens fort diférent de celui de nos plumes.

39

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"

» La plume (d) à écrire ne peut être guère moins ancienne (d) Antiq. expl. que Juvenal, au jugement d'un favant moderne; puifqu'Ifi- tom. 3. part. 2. dore, qui, comme chacun fait, ne parle ordinairement que

» des anciens ufages, dit que les inftrumens des écrivains étoient la canne & la plume, que la canne étoit tirée d'un arbre, & la plume d'un oifeau, & qu'on la fendoit en deux » pour écrire. « S. Ifidore n'aura pas fans doute été tellement ocupé des anciens ufages, qu'il n'ait eu égard à ceux de fon tems. Celui de la plume étoit donc déja tout commun au VII. fiècle, & celui de la canne n'étoit pas encore paffé. (2) Anxia pracipiti veniffet epiftola penna Satyr. 4.

Tome I.

Yyy

liv. s. ch. 6.

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