ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

SEC. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. X.

(e) In annot. ad carmen 28. Rhabani Mauri

(f) Chronic. Godvvic. lib. I. cap. I. n.3. p. 14.

(g) De re Dipl. Supl. cap. 11. n.8.

Suivant Brovverus (e) on fe fervoit de la canne ou du calamus,
pour les lettres onciales & majufcules, & de la plume pour
les petits caractéres.

S'il nous étoit permis ici, de recourir à des conjectures, fon-
dées fur les traits de l'écriture courante, nous donnerions les
diplomes Mérovingiens aux calamus, ainfi que les chartes
Romaines, dont l'antiquité remonte encore plus haut. Au
VIII. fiècle la plume & la canne auroient en France écrit tour à
tour les diplomes. Mais la plume auroit infenfiblement pris le
deffus. Au fiècle fuivant le rofeau n'auroit prefque plus été
admis, à écrire le corps des actes, émanés de la puiffance
royale; quoiqu'il ne fût pas exclus des fignatures, & que los
bulles des Papes & les actes fynodaux le préféraffent encore à
la plume.

L'Abbé de Godvvic (f) obferve fort judicieufement, qu'au defaut de textes clairs des auteurs fur l'antiquité des plumes, on peut s'en tenir aux peintures des anciens Mff. D. Mabillon en cite deux, (g) l'une de l'Abbaie de Hautvilliers, du tems de Louis le Débonaire, & l'autre de l'Abbaie de S. Amand du X. fiècle. La première nous ofre les portraits des Evangéliftes, tenant des plumes à la main : la feconde représente dans la même atitude Baudemond, ancien écrivain de la vie de faint Amand. Il ne s'enfuit pas, qu'aux IX. & X. fiècles, l'ufage des cannes fût totalement aboli; mais bien qu'on fe fervoit de plumes, même pour écrire les Mff. Après tout quand les cannes n'auroient plus été employées dans les Mff. on n'en pouroit rien conclure, par raport aux diplomes. Comme on remarque dans ces derniers des traits nets & dégagés, qui femblent caractériser la plume; on en observe d'autres obfcurs & grossiers, qui paroiffent nous annoncer le calamus. Supofé que la canne füt encore alors de quelque ufage en France, pour transcrire b) Lib.1.ep. 20. les Mff: au X. fiècle Pierre le Vénérable (b) ne conoiffoit plus, que celui de la plume..

On n'avoit ordinairement recours au pinceau, que pour former des lettres en or ou en cinabre. Les Chinois n'ont point (3) aujourdui d'autre plume. C'eft avec le pinceau trempé

[merged small][ocr errors][merged small]
[ocr errors]

(i) dans l'encre de la Chine, qu'ils peignent leurs caractéres. Les Empereurs Grecs fe font fervis du pinceau pour foufcrire. Mais on ne peut douter, qu'ils n'aient auffi ufé de plumes foit ordinaires foit de quelque métal, quand on a vu quelques-unes de leurs fignatures.

Ipapis (k) pouvant également fignifier le calamus & le pinceau, on ne fait fi l'Empereur Juftin employoit l'un ou l'autre dans fes monogrames. On pouroit dire la même chofe de ceux de quelques-uns de nos Rois. Au jugement de quelques gens de lettres, l'écriture des livres de linge, fi célébre chez les Romains, n'étoit pas peinte avec le calamus, mais avec le pinceau.

SEC. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. X

(i) Trigault.Expedit. Sinic. lib.1.

cap. 4. p. 23.24.
(k) Procop. anec-
dot. p. 29. edit.
Alemanni., 1623.

(1) Hugo de primá ferib. orig. pag. 88.89.205.

(m) Cod. Juftin.

Nous omettons les divers crayons & les (1) charbons mêmes, dont on fe fervoit autrefois, & dont on fe fert encore pour écrire. Conftantin (m) autorifa par une loi les guerriers, prêts à expirer dans les combats, à écrire avec leur épée fur le foureau, fur la pouffiére ou fur leur bouclier, leurs dernières lib. 6. tit.21. Lege volontés. Leur fang leur tenoit alors lieu d'encre. Ces testa- 15. mens étoient apelles in procinctu (n) facta. Les gens de guerre (n) Briffon. de ne se bornoient pas toujours, à difpofer de leurs biens par des formul. lib. 7. pag. testamens, écrits avec leur fang fur leurs boucliers; ils y mar- 652. quoient auffi (0) des chofes, qui en étoient fort diférentes. La (0) Sil. Ital. lib. même liqueur fervoit quelquefois (p), à former certains carac-. (p) Suid. in voce téres dans les opérations magiques. Nous parlerons ailleurs de Otrraan yun. quelques fignatures, faites avec le fang de J. C.

Quoique nous n'ayons pas fuivi l'énumération, que Julius

Pollux (9) fait des inftrumens à l'usage des écrivains; nous en (q) Onomaftic. avons toutefois décrit un plus grand nombre. Il faut mainte- lib. 10. cap. 14. nant traiter des liqueurs, avec lesquelles on écrivoit.

[blocks in formation]

SEC. PARTIE.
SECT. I.

"L'

· Encre noire: ma- I.
niéres de la com-
pofer, furtout chez
les anciens.

(a) Plin. hift. lib.

35. cap. 6. Cornel. Celf. lib. 6. c. 4.

(b) Vitruv. lib.7.

вар. 10.

[blocks in formation]

que

CHAPITRE XI.

Liqueurs, dont on a use pour écrire.

'ENCRE des anciens n'avoit de commun avec la nôtre, la gomme & la couleur. On l'apelloit atramentum fcriptorium (a) ou librarium, pour la diftinguer de l'atramentum futorium ou calchantum. Au lieu que l'encre d'aujourdui eft compofée de vitriol, de noix de galle & de gomme; le (b) noir de fumée ou la fuie de la réfine, de la poix, des torches & des fourneaux étoit comme la bafe de celle des anciens. A la fuie on fubftituoit le tartre ou la lie de vin, l'ivoire brulée, les charbons pilés. L'encre, dont on fe fervoit pour écrire; quelles que fuffent les drogues, dont elle étoit compofee, fe faifoit toujours au foleil, & peutêtre jamais au feu. Telle étoit l'encre du tems de (c) Diofcoride & de (d) Pline le Naturaliste. Elle n'étoit pas encore diférente au VII. fiècle, conprouvent les origines (e) de S. Ifidore de Séville.

me le

Les Juifs & leurs Rois mêmes, (f) s'il en faut croire leurs Rabins, ne pouvoient tranfcrire les livres faints, qu'avec de l'encre, compofée de noir de fumée, d'huile de poix ou de fuif, mêlée avec du charbon & du miel; le tout diffous. dans l'infufion de noix de galle. Toute autre couleur leur étoit interdite. Mais comme cette prétention ne s'acorde pas avec Joseph, elle peut conftater l'ufage moderne des Juifs, mais non pas celui de leurs ancêtres.

Les peuples feptentrionaux préparent leur encre avec la féche & l'alun. Les orientaux y emploient auffi la feche. Parmi les anciens, les Africains faifoient entrer dans la compofition de leur encre la (g) féche ou le pavot. Les autres n'y admettoient guère, que le fang ou la liqueur de la fêche ou du caIcmar. Allatius (b) dit avoir vu de l'encre compofée de poil de chèvre brulé. Cette encre eft un peu rougeâtre, luifante, & s'unit fi bien au parchemin; qu'elle n'en fauroit être détachée, & qu'elle ne change point de couleur.

[ocr errors]

"

CHAP. XI. Encre de la Chi

ne & des Indes: diférence entre celle des moder

II. L'encre de la Chine eft, comme on fait, très-noire: & SEC. PARTIE. il eft plus aifé de s'en fervir avec le pinceau, qu'avec la plume. SECT. I. Auffi les Chinois ne conoiffoient-ils que l'ufage du premier. L'encre (i) dont ils fe fervent, fe fait du noir de fumée, » qu'ils tirent de diverses matiéres, & principalement des pins » ou de l'huile qu'ils brulent. Ils y mêlent des parfums, qui corigent l'odeur forte & défagréable de l'huile. voir, dans l'endroit cité du P. du Halde, diverfes recettes pour faire l'encre de la Chine, les préparations par lefquelles elle doit paffer, les moyens d'éprouver fes diférens degrés de bon

رو

té &c.

[ocr errors]

l'encre des anciens

&

On peut nes.

(i) Du Halde tom. 2. p. 245. doo

fuiv.

L'ufage de l'encre de la Chine eft fi ancien, felon l'auteur Chinois, pris pour garant par le P. du Halde; qu'elle (k) re- (k) Ibid. monte plus de 1120. ans avant l'ère Chrétienne. Mais on ne s'en fervoit alors, que pour noircir les lettres gravées. La décoction d'un bois nommé Arandranto fournit aux Indiens l'encre, dont ils font ufage.

Quant à la compofition de la nôtre; elle étoit inconue aux anciens, ou du moins n'en ufoient-ils, que pour teindre en noir leurs cuirs. Avec quelques-unes de nos encres on n'écrit pas commodément fur l'ivoire: on le faifoit fans peine avec celle des anciens. Ils avoient des tablettes & des livres, non feulement couverts d'ivoire, mais dont tous les feuillets n'étoient pas d'une matiére diférente. Scaliger a été relevé par Voffius, (1) pour avoir nié, qu'on pût écrire fur l'ivoire: comme s'il étoit permis d'argumenter de nôtre encre à celle des anciens. On peut donc faifir des diférences caractérisées entre ces deux encres ; quoiqu'après tout on ne laiffe pas d'écrire avec de l'encre commune fur l'ivoire pourvu qu'elle foit un peu forte.

(1) De arte Gramm. lib. 1.

сар. 38.

Des chartes, dont on feroit remonter l'age fort haut: fi elles fe trouvoient écrites d'une encre entiérement femblable à celle, dont on fait maintenant ufage; pouroient par-là devenir fufpectes. Mais il n'apartient qu'à des antiquaires trèshabiles & très-exercés, de porter des jugemens fi délicats. Car quoique bien des encres antiques fe terniffent & s'éfacent, que quelques-unes deviennent rougeâtres, jaunâtres ou pâles ; ces defauts font rares dans les diplomes antérieurs au X. fiècle. On en trouve (m) des exemples plus fréquens dans les Mff. (m) Palog bibe

[ocr errors]

SEC. PARTIE,
SECT. I.

Cependant Casley, qui en 1734. a publié le catalogue de ceux du Roi d'Angleterre, atefte que les couleurs des encres font CHAP. XI. auffi vives fur des Mff. de mille ans ; que fi elles avoient été apliquées depuis un fiècle. Il insiste à la vérité particulièrement fur les lettres en or. Mais on peut porter le même jugement, fur l'encre d'un nombre confidérable d'anciens Mff. Latins, Ceux des Grecs en écriture courante tirent fouvent un peu fur le rouge, quand ils apartiennent au IX. ou X. fiècle. A l'égard de l'antiquité de l'encre, nous ne citerons (n) Cap. 36, 18. que ces paroles (2) de Baruc dans Jérémie: Ego fcribebam in volumine, atramento.

Avec quelles précautions on peut faire revivre l'en

cre éteinte.

Quand les livres étoient décorés de lettres initiales, formées de figures de poiffons, d'oifeaux, de quadrupedes, de fleurs & autres ornemens; l'enlumineur étoit diftingué pour l'ordinaire de l'écrivain. De-là tant de Mff. fur-tout depuis le XIII. fiècle, dépourvus de ces lettres laiffées en blanc.

III. La qualité de l'encre encore plus que le tems, & divers accidens, auxquels les chartes & les Mff. font exposés, les rendent quelquefois indéchifrables. Il ne refte alors point d'autre reffource, que de faire revivre les écritures, dont les traits échapent aux yeux les plus perçans. Quand on prend cette réfolution; il ne faut jamais employer des fecrets de nature, à fournir prétexte à la mauvaise foi. Et fi l'on en veut faire usage : furtout par raport à des chofes, qui peuvent être de quelque conféquence; on doit toujours obferver les précautions prefcrites par les loix. Par-là, non feulement on fatisfait à fa confcience; mais on ne court pas les rifques de voir les actes, qu'on produit, rejetés par la Juftice, pour avoir été ablués fans le concours de l'autorité publique. Au refte les perfones fans honneur & fans religion ne doivent pas fe flater, d'en impofer aux tribunaux. Si l'on n'y fait pas toujours les fecrets, qu'on aura employés, pour faire revivre l'encre; on s'apercevra du moins aifément, qu'on en a employé quelqu'un. D'un autre côté l'on auroit tort d'interdire des fecrets utiles: pourvu qu'on en faffe un ufage légitime, & avec fubordination, dans tout ce qui eft de la compétence de la Justice.

Outre l'encre noire; les encres d'or, d'argent, de pourpre, les encres rouges, vertes & bleues paroiffent fouvent dans les Mff. mais rarement dans les chartes.

T

« ÀÌÀü°è¼Ó »