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SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. XI.

IV. Ces lettres d'ivoire (0) & de buis (p), qu'on livroit anciennement aux enfans, pour leur aprendre à lire, en paroiffant fe prêter à leur ardeur pour le jeu, pouvoient être en relief ou gravées, ou même écrites avec l'encre ou toute autre li- Encre d'or & d'argent en ufage queur. Mais les lettres de fer (q) infcrites fur une petite ftatue dans les Mfl. d'Augufte en bronze, & qui juftifioient, qu'en fon enfance) Quintil. Inst. il avoit porté le nom de Thurin, devoient feulement être (p) Hieron. epift.

(9) Sueton. lib.2. in Oct. Aug.cap.7.

lib. 1. cap. 1. d'encre couleur de fer. Sans cela comment en moins d'un fiècle ad Latam. auroient-elles déja commencé à s'éfacer: Cicéron, dans fa VI. Oraison contre Verrès, parle d'une ftatue, où le nom de Myron fe lifoit en lettres d'argent. Selon Macrobe, cité par le P. Hugue, (r) les honneurs, décernés par le Sénat à Céfar Dicta- (r) De primá teur, furent écrits fur des colones d'argent en lettres d'or.

fcrib.origin.p.104.

Mais, fans nous arêter, à une infinité de monumens antiques en lettres d'or & d'argent, célébrés par divers auteurs ; obfervons en paffant, qu'il exifte encore un très-grand nombre de Mff. où elles fe confervent fans altération. Les uns font entiérement écrits en caractéres d'or, & les autres en caractéres d'argent, d'autres les emploient tour à tour. Nous n'apercevons les derniers, que fur du vélin prefque toujours teint en pourpre, dont la couleur en général tire beaucoup plus fur le violet que fur le rouge. Tel eft le Pfautier de S. Germain Evêque de Paris, confervé dans l'Abbaïe de ce nom. Les lettres d'or au contraire, d'ailleurs beaucoup plus communes, ne fe montrent pas moins fur le vélin non coloré, que fur celui qui l'eft. Elles ne rempliffent quelquefois, que les premières pages des anciens Mff. furtout de ceux, dont on eft redevable au travail des Grecs. Rien de plus fréquent, que d'y rencontrer des titres & des lettres initiales en or, de quelque contrée qu'ils foient venus. Il n'eft pas rare, que l'or foit apliqué fur le vermillon, uniquement destiné à lui donner un nouvel éclat. Il ne faut point chercher d'autre raison, pourquoi l'on afectoit de mettre l'écriture d'or ou d'argent fur du vélin teint en pourpre. On portoit à cet égard la magnificence fi loin ; qu'il n'eft pas extraordinaire, de voir une feule lettre d'or remplir une page entiére. C'eft aparament ce qui indifpofa S. Jérome (s) contre ces maffes énormes de livres, où (1) la (5) Prolog.in Jobu

(1) L'auteur du Dialogue entre un Clunie un Ciftercien, que D. Bernard Pez dit n'être autre qu'un Ciftercien Alleman

nommé Iringus, qui écrivoit vers l'an
1160. s'élève contre un abus beaucoup
moins considérable, que celui dont-faint

SEC. PARTIE. pourpre, l'or & l'argent étoient prodigués. Auffi donnoit-il fur eux la préférence à fes cayers, dont la fimplicité étoit CHAP. XI. relevée par une correction plus exacte du texte facré.

SECT. I.

P.43.44.

Ce feroit un détail immenfe, que de donner le catalogue des Mff. qui fe trouvent actuellement, dans les trésors des Eglifes & dans les plus célébres Bibliothéques; à deffein de conftater le goût, qu'avoit l'antiquité pour ces fortes d'écritu(t) De re diplom, res. Les Evangiles & les canons de la Meffe (7) les plus anciens font fouvent en vélin couleur de pourpre, & plus fouvent encore en lettres d'or. Il en eft prefque de même des autres (2) livres de l'Ecriture, de quelques faints Pères, des Pontificaux, des livres de prières à l'ufage des Rois, des préfens en Mff. qu'ils faifoient à d'autres Princes, ou dont ils ornoient leurs Bibliothèques. On peut voir dans la Paléographie (u) de Dom Bernard de Montfaucon plufieurs anciennes maniéres de préparer l'encre d'or, fecrets dont M. l'Abbé de Godvvic (x) femble déplorer la perte.

(1) Pag. 5. 6. 7.

(x) Chron. God

vvic. p. IS.

tro della Valle

Les caractéres d'or ne fe montrent pas feulement dans les Mff. Grecs & Latins, on les trouve encore dans ceux de prefque tous les Orientaux. Il y en a d'Hébreux en lettres d'or. (y) Viagi di Pie- Pierre de la Vallée (y) raconte, que le Patriarche des Jacobites lui fit voir à Alep un livre Syriaque des Evangiles pris par les Turcs en Chipre, & de-là transporté à Conftantinople, dont toutes les lettres étoient d'or & d'argent : de forte qu'il ne pouvoit fe voir rien de plus beau & de plus riche, ni du côté des caractéres, ni du côté des miniatures.

Letter. 12. 1625.

Ufage de l'or

V. Beaucoup de diplomes font qualifiés chryfobulles ou dans les diplomes. bulles d'or; non parce l'or entre dans les caractéres, dont ils font écrits, mais parcequ'ils font munis de fceaux de ce métal.

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Cependant l'Orient, l'Italie, l'Allemagne & l'Angleterre en
montrent à l'envi d'écrits réellement en lettres d'or. Les Em-

pereurs de Conftantinople dreffoient fouvent certains diplo-
mes en ces caractéres. Telle étoit une lettre adreffée à Con-
rad I. au raport du Prêtre Wippon (z), dans la vie du même
Prince: telle la lettre de l'Empereur Manuel Comnène, dont
il est fait mention dans (a) Albert de Stad. Cet ufage chez les
Grecs eft d'ailleurs attefté par (b) la foule des Historiens. p.
Heineccius raporte d'après Tenzel témoin oculaire , que les
Turcs mêmes ne s'en font pas départis.

Au commencement du VIII fiècle, Aribert Roi des Lombards reftitua par un diplome (c) en lettres d'or à l'Eglife Romaine le patrimoine, dont elle jouiffoit autrefois dans les Alpes Cottiennes, & dont elle avoit été dépouillée fous fes prédéceffeurs. Puricelli (d) parmi les monumens de l'Eglife Ambrofienne de Milan, décrit une charte semblable des Rois Hugue & Lothaire. Il parle auffi de plufieurs autres originaux (e), écrits avec des traits également brillans, & dont les Rois & les Empereurs ont enrichi les mêmes archives. On conoit un diplome en caractéres d'or, donné (f) par l'Empereur Arnoul. L'or n'éclatoit pas moins fur ceux, par lefquels (g) les Empereurs Otton I. Otton II. & Henri confirmèrent les priviléges de l'Eglife Romaine.

Quoique les Hiftoriens & les Compilateurs s'expliquent en termes très-favorables fur l'authenticité de celui d'Otton I. & que le Pape Innocent IV. & le XIII. Concile général, tenu à Lion en 1245. en aient déposé une copie authentique dans les archives de Cluni, ainfi que de ceux d'Otton II. & de l'Empereur Henri ; le fameux (h) Conringius & le (3) Père

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SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. XI.

(z) Pag. 438.

(4) Ad an, 1119. 624.

(b) De veter. German. aliarum

que nat. figillis part. 1. c. 4.

(c) Paul Vvar

nefrid. de Geft.

Langob. l. 6. c.28.

(d) P. 282. 283.

(e) De re diplom.

1. 1. c. 10. n. 7.

(f) Heineccius de Veter.figil. part. I. cap. 4. n. 3. (g) Museum Ita

lic. tom. I. p. 96. 97. Baron, ad an.

962.. §. 2. & seq.

(h) De Germa

nor. imperio Rams.

(3) Le Père Hardouin a fait une criti- Il condamne néanmoins la pièce ; par- cap. 10. que de ce diplome, capable de raffurer cequ'elle s'écarte des ufages des derceux, à qui l'autorité de Conringius au- niers tems, qu'on ne fuivoit point alors. roit pu en impofer. Plus l'écriture, dit-il, Le diplome fupofe, que l'élection des Paeft précieuse, plus la charte eft fufpecte.pes fe faifoit par les fufrages du Clergé & Il y a du plomb caché fous cet or. Ce du peuple. Mais, felon notre critique n'eft pas ici le lieu, de difcuter ses rai- les feuls écrits de l'impie cohorte acorfons. En général les prétendues imperti- dent quelque part au peuple dans l'élecnences qu'il relève dans cette pièce, tion des Pontifes. Plebis etiam, nec Cleri font parfaitement conformes au ftyle du tantùm, quafita effe fuffragia ad eligendos X. fiècle. Les contradictions, qu'il y aper- Pontifices, fola referunt fcripta cohortis imçoit, difparoiffent; dès qu'on donne au pia. Or dès que l'impie cohorte paroit, il texte le feul fens, dont il eft fufceptible. ne faut plus demander d'autres preuves. Tome I.

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Zzz

& numism. Cod.
De diplom. Sigil.

Bibl. Reg. 6226.
A. p. 9. 10. 11.

SEC. PARTIE.
SECT. I.

CHAP. XI.

(i) Annal Pa

derborn. tom. I. P. 409.490. 499.

Imperat. §. 9.

Paderb. p. 790..

Hardouin, n'ont pas laiffé de l'ataquer fans ménagement. L'Eglife de Paderborn poffède un titre d'une égale beauté, (i) acordé par Henri II. à fon Evêque en l'an 1014. Plufieurs auteurs graves (k) en ont vu un pareil de Conrad III. de l'an 1147. dans l'Abbaïe de Corbie en Saxe.

.

(k) Heineccius Nicolas Schaten (4) prétend avoir encore vu dans les archiibid. Hertii Differt. ves de la même Abbaïe un femblable diplome de Fréderic I. de diplom, Germ. donné en 1152. Heineccius, qui avoit pénétré dans ce riche p16. Martene 2. dépôt dépôt, & qui ne fe fouvenoit pas, qu'on lui eût montré cette Voyag. litt. p. 151. (1) Lib. 8. Annal. pièce, ne l'admet point, fans témoigner à fon fujet, qu'il lui refte au moins quelque doute. Mais un Auteur, qui dit avoir vu, & qui défigne un titre par fa date, ou par fa date, ou par d'autres caractéres auffi marqués ; à moins qu'il ne foit convaincu d'imposture, eft plus croyable, qu'un homme, qui n'a pas vu. L'Abbaïe de Stavelo compte parmi les monumens les plus remarquables de fes archives un diplome de la même nature, que les (m) 2. Voyag.litt. Pères Martène & Durand (m) ont fait conoitre au public. Mais ce que nous n'avons, difent-ils, trouvé dans aucune Eglife de France, nous y avons vu une charte de l'Empe» reur Lothaire II. acordée à l'Abbé Wibaldus, écrite en let» tres d'or.

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(n) Antiq. Poeld.

320

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La plupart de ces diplomes des Empereurs d'Allemagne n'étoient pas feulement en letres d'or, mais encore fur du vélin teint en pourpre. Leukfeld (2) déclare en avoir vu un de l'an sap. 8. §. 1. p. 29. 972. orné de diférentes figures, par lequel Orton II. conftitue une dote à l'Impératrice Théophanie. Les lettres de Con(0) Chron. Got- rad III. (0) & de Frederic I. font écrites fur une matiére égale-ment précieuse..

vvic. l. 2. p. 82..

(p) De re diplom. P. 44. (a) A catalogue

P. XII.

Les Brétons (p) & les Anglo-Saxons (q) n'employoient pas feulement l'encre d'or dans leurs Mff. ils faifoient à peu près of the M. of the éclater la même magnificence dans leurs diplomes. Ceci reKings Librar. garde particulièrement les Rois Anglo-Saxons. Alberic en fa chronique fait mention d'un privilége en lettres d'or, acordé à l'Abbaie de Glaston, par faint Edmond Roi d'Angleterre.. (r) Monaft. An- Peu de tems après, le Roi Edgar en donna un, (r) où l'or ne glic.tom. 1.p.211. fut pas plus épargné. Ces Rois fe contentoient néanmoins pour (5) Matth. Paris. l'ordinaire, d'écrire (s) ou de faire marquer à la tête de leurs Vit. Abb. Sanétal- diplomes ou de leurs fignatures des croix d'or : en étoient fouvent. imités par les Prélats & les Grands de leur

ban. p. 52..

quoi ils

Royaume, qui foufcrivoient (1) auffi avec des croix en or, diverfement figurées.

VI. Quoique l'Angleterre renferme dans fes archives plus de chartes, distinguées par des caractéres & des croix en or & en vermillon, que les autres païs; Hickes (u) porte la mauvaife humeur contr'elles, jufqu'à les regarder toutes, comme autant de pièces fupofées. Mais fa critique ne paroit pas affez

mefurée.

SEC. PARTIÈ.
SECT. I.

CHAP. XI.

(t) Hick. Differt. epiftolar. p. 71. (u) Ibid. 82. Diplomes ornés de lettres & de

croix en or, jufti

fiés contre M.

1o. S'il n'étoit queftion, que de réprouver un ou deux di- Hickes. plomes du même Roi, ou tirés d'un feul chartrier; la cenfure feroit moins révoltante. Il s'agit ici de paffer condamnation fur un nombre confidérable d'originaux, apartenant à des Princes, à des Prélats, à des fiècles, à des dépots fort éloignés les uns des autres. Des fauffaires de divers lieux & de diférens ages fe feront-ils entendus, pour relever leurs productions par des ornemens hors d'ufage, & toutefois uniformes entr'eux ? Qui ne fait que ces fortes de gens; loin de fe concerter, mettent toute leur attention, à cacher des actions, qui ne peuvent fe foutenir, qu'à la faveur des ténèbres ? Va-t-on confulter au loin, pour aprendre à fabriquer un faux titre ? Et fi les confultations avoient lieu; confeilleroit-on aux aprentifs fauffaires, d'inventer des formalités nouvelles ou inconnues à leur nation? Le vrai s'acorde aifément avec le vrai mais le faux n'est jamais d'acord avec lui-même ; fur tout quand il ne l'eft en aucune forte avec le vrai. Pour montrer, que les chartes d'Angleterre, ornées de croix en or, ne font ni en petit nombre, ni du même tems, ni de mêmes Princes, ni prifes dans les mêmes archives; il fufira de rapeller celles, dont Hickes fait ici l'objet de fa critique.

:

La première eft d'Ethelbalde Roi des Merciens, plus ancien qu'Alfréde le Grand. On la trouve au commencement de l'hiftoire de Croyland. Nous aurons dans la fuite ocasion, de nous expliquer fur la forme des croix, qu'elle renferme, & de juftifier leurs figures extraordinaires par les médailles de la na

tion.

La feconde de Wulfere, autre Roi des Merciens, eft non feulement décorée de croix d'or; mais encore d'une image en or du même Roi, tenant de la main droite une croix d'or fleurie avec fon fceptre, & de la gauche un glaive en or avec

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