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SEC. PARTIE.
SECT.. I.

CHAP. XI.

une croix semblable. Cette pièce apartient à la Bibliothéque

Cottonienne.

La troisième charte eft du Roi Edgard & dépofée aux archives de Westminster. On y voit trois croix ainfi figurées. V. Hickes Ibidem. † Elle eft citée comme indubitable par Roger Ouen, écri

vain habile & fort exact, de l'aveu de Hickes lui-même. Mais il ne favoit pas diftinguer l'écriture, les expreffions les phrafes, les coutumes Saxones de celles des Normans. Comme fi cette érudition étoit fort néceffaire, pour rejeter toute charte Angloife, uniquement à raifon de fes croix en or!

La quatrième eft confervée dans les archives de Weftminfter. Elle fut donnée par faint Dunftan au X. fiècle, & ne paroit pas plus fufpecte, que la précédente, au même auteur. Elle porte en tête une croix dorée. Plufieurs fignatures & entr'autres celle du Roi Edgard font fuivies de croix de même nature. Celles qui font en encre commune ont une fituation toute opoféc.

La cinquième charte, enrichie des mêmes couleurs eft un diplome du Roi Edgard, diplome qui fe trouve dans la Bibliothèque Cottonienne.

La fixième fut acordée au Monaftère de la Sainte Trinite de Winchester par le Roi Edgard. Ni Jean Selden, célébre (*) Tom...p. 38. Jurifconfulte Anglois, ni l'Auteur du Monafticon (u) Anglica num ne doutent point de fa fincérité. Hickes la traite néanmoins de fupofée, 1o. à cause de fes fignes de croix en or. 2o. parcequ'elle fe rencontre deux fois dans le même Mf 30. parcequ'une autre charte également en grands caractéres d'or fe trouve placée entre ces deux exemplaires de la même pièce. Nous l'avons déja dit, les archives & les bibliothèques d'Angleterre renferment des cartulaires de deux espèces principales. Les uns font compofês de chartes originales, les au tres font anciennement copiés. fur elles.

Dans le premier cas, la première raifon d'Hickes eft une pétition de principe. La feconde fupofe, qu'on ne tira jamais plus d'un exemplaire du même diplome. C'est le sophifme de Falfo fupponente. Nous avons affez prouvé le contraire, pour ne pas infifter plus longtems fur ce fujet. La troifième fait voir, que le copifte ou le releur du Mf. ne favoit pas aranger les pièces par ordre chronologique, ou qu'if auroit

mieux fait, de féparer les deux exemplaires du même titre, SEC. PARTIE. que de les joindre ensemble.

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(x) Pag. 106.

VIII. 2.

Dans le fecond cas, la première raifon a quelque chofe d'abfurde. Car pourquoi les croix & les lettres de ces chartes ne feroient-elles pas en or: puifque, depuis le commencement jufqu'à la fin, il n'y a pas un feul caractére de ce Mf. où l'or ne foit employé ? Liber totus characteribus aureis exaratus, die le catalogue de la Bibliothèque (x) Cottonienne. La feconde raifon ne relève tout au plus, qu'une faute, qui doit être fur Vespasianus A le compte du relieur ou du copifte. La troisième raison rentre dans la précédente. Au refte le catalogue confulté par Hickes atribue à Henri I. & non pas à Henri II. le diplome, dont il s'agit. Il eft précédé dans le Mf. que l'auteur ne paroit pas avoir vu d'une image, où Dieu eft peint fur fon trône, au milieu des Anges, ayant le Roi profterné à fes piés. A ces traits on reconoit un cartulaire copié. C'est ainfi que Hickes crie à la fupofition contre de prétendus originaux, qui ne font réellement que des copies.

,

(y) Cap 7.

La feptième eft une charte d'Edmond, écrite en lettres d'or, dans un livre des Evangiles, ofert par ce Roi à l'Eglife de Glocefter. Elle eft citée par Guillaume de (y) Malmefburi. 1o. Hickes n'a rien à lui objecter, que fes (z) caractéres d'or. D'autres en pouroient tirer un argument favorable aux char- pag. 83. tes, où ils fe rencontrent.

2o. Quand on voit un ufage établi parmi des nations limitrophes; il eft jufte de préfumer, qu'il s'eft communiqué d'un peuple à un autre : lorfqu'on en découvre des veftiges, quoique rares, chez fes voifins. L'ufage d'employer l'encre d'or étoit pratiqué en Allemagne. Il auroit donc pu paffer de là en Angleterre, s'il n'y étoit pas né.

3°. Mais il s'en faut bien, que les croix & les caractéres en or fuffent inufités chez les Anglo-Saxons. Combien n'ontils pas écrit d'anciens livres, où l'or & le vermillon brillent tour à tour? Pourquoi donc fe feroient-ils abftenus, de faire fervir ces fortes d'encres dans les chartes, qu'ils vouloient revêtir de toute la folennité & de toute la magnificence poffible? Par raport à des écritures, qui fe touchent d'auffi près, que celles des diplomes & des Mff. pourquoi n'auroient-elles pas emprunté les unes des autres leurs matiéres, leurs inftrumens,

(2) Differt. epift.

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edit. Oxon.

leurs encres & leurs lettres? Le paffage de l'or des unes aux autres n'a donc rien, qui doive furprendre. Perfone ne con tefte , que les Anglo-Saxons n'aient ufé d'encre d'or dans leurs Mff. pourquoi donc réprouver leurs chartes par la raifon, qu'ils y auroient quelquefois introduit cette encre ?

Mais peu d'anciens titres nous ofrent de pareils ornemens, en comparaifon de ceux qui en font dépourvus. Cela n'eft-il pas commun à toutes les nations? Tout ce qui eft rare doit-il paffer pour faux ? Charle le Chauve eft peutêtre le feul Roi de France, le feul Empereur d'Occident, qui ait donné quelques chartes, dont les monogrames foient en vermillon. Sont-elles pour cela fupofées ? Combien d'exemples femblables ne pouroit-on pas acumuler ici ?

4°. Il est fâcheux, qu'un homme d'une auffi vaste érudition, que Hickes, ait raifoné d'une maniére fi peu confequente, Quel motif a pu le porter à suspecter, & même à s'inscrire en faux contre toutes les chartes d'Angleterre, dont l'écriture est relevée par l'or & le vermillon? C'eft, dit-il, en premier lieu; parcequ'il n'a vu nulle charte certainement vraie, où ces fortes de croix paruffent: en second lieu, c'est parceque plufieurs des chartes, qu'il a rejetées comme faufses, font embellies par de femblables peintures. Eh! n'eft-ce pas là un cercle vicieux? Il rejette les chartes ornées de croix en or ou en vermillon; parcequ'il n'en a pas vu une entr'elles, qui fût certainement ou probablement vraie. Et nulle de ces chartes n'eft certainement ou probablement vraie, dès qu'elle eft ornée de croix en or. Il les combat à la vérité quelquefois par d'autres raifons. Mais fi elles viennent à lui manquer; il ne laiffe pas de les flétrir par le feul motif, que leur écriture ou leurs croix font en or.

(a) Hiftor. Croy5°. Il est bien étonant, qu'Ingulfe (4) témoin de la conquêland. tom. 1.p.70. te d'Angleterre par les Normans, fe plaigne, qu'ils ont fubftitué les fceaux & les témoins aux croix d'or, qui rehaussoient, felon lui, le mérite des anciens diplomes de fa nation : & qu'un Anglois de notre fiècle, non content de mettre au rang des chartes fauffes toutes celles, qui montrent des croix ou des caractéres en or, les fupofe fabriquées depuis la conquête. Cependant combien les Anglois n'ont-ils pas murmuré; de ce que leurs derniers conquérans avoient aboli tous

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leurs ufages: jufqu'à faire dificulté, d'admettre d'anciens titres, qui n'y étoient pas conformes ? S'il s'étoit donc alors éle- SEC. PARTIE. vé une troupe de fauffaires Anglois, ils auroient dû fabriquer des titres, non dans un goût furané, non avec des formalités inouies; mais tels que les exigeoient leurs nouveaux maitres.

diplomes écrits en

VII. Hickes après tout ne prétend point étendre fes vues Réponses aux au de-là des bornes de l'Angleterre. Mais M. Muratori, qui dificultés de M. fait profeffion d'affaifoner la douceur & la modération des Muratori, fur les principes de D. Mabillon avec l'austérité de ceux du favant lettres d'or. Anglois, (b) établit pour règle générale, de fufpendre fon (b) Antiquit. Ital. jugement fur tous les diplomes ornés de lettres d'or, c'eft-à- tom. 3. Dissert. 3 4. dire de les tenir pour fufpects. Il n'ofe nier toutefois, qu'il n'en col. 33. 34. ait pu exifter de fincères, & qu'il n'en exifte encore aujourdui. Il admet la donation faite par Aribert Roi des Lombards, fur le témoignage de Paul de Warnefride. Mais, ajoute-t-il, s'il nous étoit (4) permis, d'examiner avec foin ces monumens, cités par les anciens, ou qu'on regarde comme actuellement exiftans; peutêtre pouroit-on découvrir dans ces parchemins extraordinaires, des chofes qui en diminuroient le prix, ou qui les décriroient entiérement. Entre tant d'autres chartes, que j'ai vues, on ne m'en a montré qu'une feule en lettres d'or, publiée en faveur d'un infigne monaftère, & je l'ai trouvée fauffe. Nous fommes obligés, de nous en raporter à fa décifion. Car il n'indique, ni le monastère, ni la pièce, ni les motifs, qui l'ont déterminé à la condamner. Au furplus un feul diplome fufit-il pour répandre des foupçons fur tant d'autres ?

Auffi lui en afsocie-t-il un fecond. C'est le privilége, acordé par Léon III. & Charlemagne à l'Abbaïe de Trois-Fontaines au Diocèse d'Oftie, & enchaffé, dit-il, comme une perle par Ughelli dans fon Italie facrée. Mais il ne s'agit ici ni d'encre d'or ni de parchemin : il est question de tables d'airain en caractéres dorés. On aura ocafion d'en parler ailleurs.

(4) Si, qua ejufmodi tabula ab antiquis commemorantur, aut adhuc exftare dicuntur, nobis infpicere, diligenterque fcrutari liceret aliqua fortaffe in infuetis hifce membranis deprehendi poffent, que earum

pretium aut minuerent, aut omnino deji-
cerent. Ex his unum tantummodò objećtum
eft mihi inter tot alia, que vidi, pro infi-
gni monafterio editum, ipfumque commen
titium deprehendi. Murator. Ibidem..

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Voici un troisième argument. M. Muratori ne fauroit fe réfoudre, à s'en raporter à Puricelli, qui déclare avoir vu un CHAP. XI. diplome original de Hugue & de Lothaire Rois d'Italie, écrit en lettres d'or; beaucoup moins encore, lorfqu'il fe donne pour témoin d'autres chartes authentiques de Rois & d'Empereurs, diftinguées par de femblables caractéres. J'ai vu, continue notre favant critique, les mêmes archives, & nulle de ces précieuses raretés ne s'eft oferte à mes yeux. M. Muratori eft un grand homme, & fur la bonne foi de qui l'on ne peut former le plus léger foupçon. Lui même publie d'un autre côté, que Puricelli eft un perfonage, qui a bien mérité des Lettres, & pour la mémoire duquel il a une estime fingulière. Il n'eft donc pas jufte non plus, de le foupçoner de mauvaise foi : & il a fur M. Muratori l'avantage d'avoir vu & comparé enfemble ces chartes, devenues invisibles pour le compilateur des historiens d'Italie. Nul diplome des archives du monastère Ambrosien n'a-t-il échapé aux recherches de ce dernier ? Ceux qu'a vu Puricelli, n'ont-ils point été fouftraits depuis ou tranfportés ailleurs? L'éloignement des lieux ne nous permet pas, de réfoudre ces problèmes. Tout ce que la vénération, dont nous fommes pénétrés pour la perfone & les ouvrages de M. Muratori, peut nous infpirer de plus refpectueux; c'eft de fufpendre notre jugement fur l'existence actuelle de ces diplomes, dans les archives du monaftère Ambrofien de Milan. Mais nous ne faurions demeurer dans la même suspension, à l'égard de plufieurs autres diplomes en lettres d'or, vus & confidérés avec des yeux auffi critiques que les fiens, par plufieurs auteurs, qui ont eu fucceffivement entrée dans les dépots, où ils font confervés. Quant aux lettres d'argent, perfone n'atefte, que l'ufage en ait été introduit dans les chartes.

Encres rouges,

en cinabre.

VIII. Le noir eft tellement la couleur de l'encre ; qu'on ne bleues, vertes & conçoit pas communément, que ces deux idées puiffent être jaunes. Signatures féparées. Cependant il eft des encres rouges, bleues, vertes & même jaunes. Les unes & les autres, à la dernière près, furent employées plus fréquemment par les écrivains des Míl. que celles d'or & d'argent. Ils en formoient & les titres & les premières lettres des livres, des chapitres, des paragraphes. Nous nous écarterions de notre fujet, fi nous entreprenions,

de

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