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Ce que les (0) Chinois difent de leurs lettres, eft, felon notre auteur, une nouvelle preuve, qu'elles étoient en ufage dans le premier monde, & que Noé les enfeigna aux » hommes, après le déluge. Les Chinois prétendent, que » leur premier Empereur, qu'ils nomment Fo-hi, inventa les » lettres. Leur Histoire ne remonte pas plus haut que Fo-hi, qui eft le même que Noé. C'est dans ces quartiers-là ( de l'Orient) qu'il fortit de l'arche; & c'eft de lui que les Chi» nois ont reçu leurs lettres. Il ariva ici ce qui ariva ailleurs dans la fuite des fiècles. Noé étant le premier & le feul, qui ait enfeigné fes descendans, il a paffé pour l'auteur de » tout ce qu'il leur communiqua; quoiqu'il l'eût lui-même apris de fes ancêtres. « Ce n'eft pas par excès de prévention pour la littérature Chinoife, que M. Shuckford en fait remon

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SEC. PARTIE,
SECT. II.
CHAP. I.

(0) Ibid, tom. I 8.233.

(9) Mem. det A

cad. des Inferip.

1. 6. p. 623.624.

ter l'origine avant le déluge. » Leurs (p) lettres, dit-il, & leur (p) Ibid p. 241. langue paroiffent fi bizares; qu'elles peuvent très-bien paffer pour une invention des premiers ages où le main étoit encore fort groffier. M. Fréret (q) atribue à Fo-hi l'invention même de l'écriture Chinoise. Mais il prétend, qu'elle avoit été précédée par quelque chofe, qui tenoit lieu de l'écriture, & qui toutefois en étoit très-diférent. » La nation Chinoise, nous dit-il, même avant Fo-hi, c'est-à-dire, dans la plus profonde antiquité, fe fervoit de cordelettes nouées en guise d'écriture. Le nombre des noeuds de chaque corde formoit un caractére, & l'affemblage des cordes tenoit lieu d'une efpèce de livre, qui fervoit à rapeller ou à fixer dans l'efprit des hom» mes le fouvenir des chofes, qui fans cela s'en feroient éfacées.. .. Ce fut Fo-hi fondateur de la monarchie Chinoise... qui fubftitua à ces cordes nouées des caractéres forpar la combinaifon de plufieurs lignes droites & parallèles, mais les unes entiéres & les autres brifées, pour re» présenter ces nœuds.

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Si tout ce qui précéde Fo-hi paffe chez les Chinois mêmes pour fabuleux, & fi le fystème des cordelettes ne paroit pas affez fimple, pour avoir précédé toute écriture; on aura de la peine, à y trouver l'origine des caractéres Chinois, fans avouer que leur antiquité n'eft pas à beaucoup près fi grande, qu'on le fupofe.

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SEC. PARTIE.
SECT. II.

СНАР. І.

la Chine.

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V. L'écriture Chinoise eft aujourdui la feule, qui foit demeurée en poffeffion, d'exprimer les penfées. Seule elle conferve tous les traits principaux de la première écriture du Ecriture des per- monde. Les Chinois trop féparés des autres peuples, ou trop fées confervée à efclaves de la coutume, pour prendre part à la nouvelle découverte de l'écriture des fons, s'en tinrent à leur écriture de penfées, & ils en multiplièrent infenfiblement les caractéres prefque à l'infini. Aujourdui leurs plus habiles Lettrés n'en entendent pas (4) le quart. On croiroit, dit M. Shuckford, (r) Ibid. liv. 4. » (r) qu'avec le tems on auroit eu l'art, de réduire ces caractéres à un certain nombre fixe. Mais non : les Chinois écri » vent encore d'une manière auffi groffiére, que les premiers » inventeurs de l'écriture peuvent avoir fait. » C'eft de quoi M. Fréret & ceux qui ont étudié fyftématiquement les caractéres Chinois, ne tomberoient pas d'acord: quoiqu'ils y reconoiffent bien des bizareries, qu'ils atribuent à la perfecu tion contre les lettres & les Lettrés. Ils font perfuadés, qu'avant cette tempête, qui fit périr la plupart des livres ; rien n'étoit plus fyftématique, que les caracteres (5) Chinois.

p. 239.

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En fupofant que les hommes du premier age avoient l'écriture des pensées; les Chinois & les Egyptiens ont dû la conferver plus longtems que les autres peuples. Car fans parler de leur atachement pour les anciens ufages; ils s'établirent peu après le déluge dans les contrées qu'ils ocupent, & de plus ils ne furent pas fujets à des tranfmigrations ni à des révolutions auffi grandes & auffi fréquentes, que la plupart des autres na tions.

(4) Le Père du Halde naturellement porté, à relever le mérite des Chinois, ne Îaisse pas d'en tomber prefque d'acord.» Il » faut avouer néanmoins, dit-il, que pour» vu qu'on fache environ dix mille carac

téres, on eft en état de s'expliquer en cette langue, & d'entendre un grand nombre de livres. Le commun des Lettrés n'en fait guère plus de quinze ou » vingt mille; & il y a peu de docteurs, 2 qui foient parvenus jufqu'à en conoître quarante mille. « Defcript. de l'Empire de la Chine par le Père du Halde. 1735.

tom. 2. pag. 226.

(5) On prétend, que ces caractéres naiffoient les uns des autres avec un grand ordre & une grande régularité, avant la perfécution, qui s'éleva en Chine contre les lettres & les Lettrés, vers l'an 230. avant Jesus-Chrit, & qui fit périr la plupart des livres & des caractéres Chinois. Ceux d'aujourdui font fujets à beaucoup d'irrégularités, cansées par des métaphores hardies, & qui font perdre le fil de la defcendance naturelle de ces caractéres.

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Hieroglyphes, écriture facrée des Egyptiens.

Mi Renaudot, quoique prévenu, que les caractéres de

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la Chine & les hieroglyphes n'apartenoient point à un même genre d'écriture; trouvoit néanmoins, comme on l'a affez de raport entre les plus anciens caractéres des Chinois, & ceux qu'on découvre fur les obélifques & les momies des Egyptiens. On peut prendre acte de cet aveu, & s'en tenir à l'opinion de la plupart des favans fur une certaine conformité générale entre les hieroglyphes d'Egypte & les caractéres de la Chine. Nous ne la faifons pas confifter dans une reffemblance ni parfaite ni aprochante entre les figures, qui défignent ou les mêmes mots ou les mêmes choses ou les mêmes pensées; mais en ce que l'une & l'autre écriture étoit également une écriture de penfées. Nous reconoitrons même tant qu'on voudra, dans l'écriture Chinoise, des caractéres arbitraires & dans les hiéroglyphes d'Egypte,des images représentatives & des figures fymboliques: pourvu qu'on nous acorde, que de part & d'autre tout fe raporte à une écriture, qui parle aux yeux, & par les yeux à l'efprit; qui n'a point befoin de paroles, & qui ne les exclut pas; enfin qui peut exprimer des mots, fans le fecours des fons. Si cependant on veut s'en raporter au Père du Halde; on ne trouvera pas une fi grande diverfité entre les (1) hieroglyphes & les caractéres Chinois.

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(1) » Comme Clément d'Alexandrie

atribue aux Egyptiens trois fortes de ca»ractéres, les premiers qu'il nomme épiftolographiques, c'est-à-dire propres à » écrire des lettres, comme font ceux de » notre alphabet, les autres facerdotaux, » propres feulement à des Prêtres, pour » écrire les chofes facrées, de même qu'il » y a des notes pour la Mufique ; & les » derniers hiéroglyphiques, propres à être gravés fur les monumens publics; ce qui fe faifoit en deux maniéres ; l'une par des images propres, ou qui apro

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» choient des chofes, que l'on vouloir représenter, comme quand ils exprimoient la lune par un croiffant ; l'autre » par des images énigmatiques & fymboliques, comme feroit un ferpent, qui » fe mord la queue, & qui eft plié en » rond, pour fignifier l'année ou l'éter» nité les Chinois ont eu de tout tems » une femblable diverfité de caractéres. » Dès le commencement de leur monar» chie, ils communiquoient leurs idées, » en formant fur le papier les images » naturelles des chofes, qu'ils vouloient

:

SEC. PARTIE.
SECT. II.-

SEC. PARTIE.

CHAP. II.

I. M. Renaudot paroit avoir voulu contefter dans le texte, SECT. IL qu'on en a raporté plus haut, cette qualité aux caractéres Chinois. Mais fa prétention ne paroit apuyée, que fur une Les hiéroglyphes méprife. M. Shuckford, auteur d'ailleurs auffi profond dans des Egyptiens fe fes recherches, que judicieux dans l'usage, qu'il en fait faire, refuse nettement aux hiéroglyphes d'Egypte la prérogative, d'être une écriture (2) de penfees, pour la réduire à celle des

raportent à l'écriture des pensées.

(a) Hift. du monde. tom. 1. p. 241. &feqq.

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fons.

Mais, en montrant la fragilité des fondemens, fur lefquels le docteur Anglois bâtit; nous nous conferverons dans la poffeffion, de penfer fur les hiéroglyphes, comme on a toujours penfé. Les Egyptiens avoient certainement diverses espèces

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(2) » On ne (a) voit, dit-il, chez les » anciens auteurs pas la moindre chose, » qui puiffe nous faire foupçoner, que » cette maniére d'écrire des Chinois ait été en ufage chez quelqu'un des peuples » venus de Sinhar. Nous ne trouvons en deça des Indes point de lettres vérita» blement anciennes qui n'aient été em»ployées à épeler des mots. «<

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Il s'objecte enfuite, fur le témoignage de divers auteurs, que les Babyloniens avoient un caractére facré, diférent de ̧ leurs lettres ordinaires › que les Egyptiens avoient aufli trois fortes de lettres, les communes, les facrées & les hiéroglyphiques. C'eft fur quoi les auteurs font partagés. Les uns femblent atribuer aux Egyptiens trois fortes d'écritures : les autres ne mettent nulle diférence entre leur écriture facrée & leurs hiéroglyphes.

exprimer : ils peignoient par exemple, » un oiseau, des montagnes, des arbres, » des lignes ondoyantes, pour exprimer » des oifeaux, des montagnes, une fo» rêt, des riviéres « Defcription de la Chine. tom. 2. .pag. 227. Le Père du Halde va plus loin & foutient, que les caractéres plus modernes des Chinois ne laiffent pas d'être encore de vrais hiéroglyphes: 1°. parcequ'ils font compofés de lettres fimples, qui retiennent la fignification des caractéres primitifs. >> Autrefois , par » exemple, ils repréfentoient ainfi le » foleil & l'apelloient ge: ils le repré» fentent maintenant par cette figure § » qu'ils nomment pareillement ge. 2°.par» ceque l'inftitution des hommes a ataché » à ces figures la même idée , que ces » premiers fymboles préfentoient natu»rellement, & qu'il n'y a aucune lettre » Chinoife, qui n'ait la propre fignifica» tion, & qui ne la conferve, lorfqu'on » la joint avec d'autres. Tai, par exem-phes: ceux qui par des figures représenple, qui veut dire malheur, calamité, » eft compofé de la lettre mien, qui figni» fie maison, & de la lettre ho, qui fignific feu parce que le plus grand malheur eft de voir fa maison en feu. On 2 peut juger par ce feul exemple, que » les caractéres Chinois n'étant pas des » lettres fimples, comme les nôtres, qui » féparément ne fignifient rien, & n'ont » de fens, que quand elles font jointes » cnfemble ; ce font autant d'hierogly»phes, qui forment des images, & & qui expriment des penfées. Ibidem.

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Porphyre, dans fa vie de Pythagore, diftingue à la vérité deux fortes d'hierogly

toient les chofes énoncées en langage commun & les fymboliques, qui par leurs énigmes exprimoient des difcours métaphoriques. Cela peut bien établir une diftinction entre deux fortes d'hiéroglyphes, mais non pas entre les hiéroglyphes & les lettres facrées, comme le prétend M. Shuckford, faute d'avoir entendu le fens des paroles de Porphyre : igyanφικὰ κοινολογεμενα κατὰ μίμησιν, & συμβολικά αλληγορούμενα κατά τινας αστεία μούς.

d'hieroglyphes. Nous en avons pour garans les Anciens, qui ont écrit fur cette matiére. Parmi ces hiéroglyphes, les uns étoient naturels ou parlans; les autres imitoient la chofe qu'ils fignifioient. Un cercle, par exemple, repréfentoit le foleil. D'autres s'expliquoient par des raports de convenance. Ainfi T'hippotame marquoit l'impudence & la cruauté. Plufieurs étoient purement énigmatiques. Tout cela quadre affez avec le texte de Porphyre cité dans la note.

Qu'il y ait eu en Egypte des lettres ordinaires, des lettres facrées & des hieroglyphes ; ce fait eft plus propre, à établir au moins deux genres d'écritures tout diférens, qu'à prouver qu'ils étoient également alphabétiques. Mais quand on n'en pouroit rien conclure; il ne faudroit que l'interprétation de quelques hieroglyphes, donnée par les anciens, au tems même, où cette forte de littérature fubfiftoit

encore

pour renverfer le fyftème de Shuckford. Eft-ce qu'un cercle fignifiant le foleil, eft le résultat de plufieurs lettres de l'alphabet : La figure d'un hippotame, pour marquer l'impudence; eft-ce un compofé de lettres, qu'il faille épeler: Combien d'autres hieroglyphes femblables ne pourions-nous pas alléguer d'après les Anciens ? Mais écoutons le docte Anglois.

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SEC. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. II.

» Si les (b) raifons, ou plutôt les autorités, que je viens de (b) Ibid. p. 243. citer, me portent à croire, qu'il y avoit en Egypte d'anciens 244.

» caractéres, diférens des lettres vulgaires & des hiérogly

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phes communs ; je ne faurois pourtant m'imaginer, comme le docteur Burnet, que ces anciens caractéres étoient femblables aux lettres des Chinois. Celles-ci ne marquent au»cun fon ni mot particulier ; ce que faifoient les anciennes » lettres Egyptiennes, comme il paroit par ce que nous apre» nons des traductions d'Agathodémon.

Il n'eft pas prouvé, que les Egyptiens cuffent des caractéres, qui fignifiaffent des penfees, fans fignifier en même tems des mots, comme il eft fur qu'en ont les Chinois. Mais nombre d'autorités démontrent, que les premiers avoient des caractéres ou des hieroglyphes, qui pris feparément, faifoient entendre à la fois & les mots & les notions, qui s'y trouvoient atachées. Les Chinois n'ont-ils pas auffi des caractéres, qui fignifient les mots de l'ufage le plus commun? Ils en ont fans doute. Qui ne fait que l'Empereur Kam-hi avoit écrit,

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