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.SEC. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. II.

Diférence entre

Tien-ci, adorez le Ciel Ne font-ce pas là des mots, qu'on
?
prononce, & qu'on ne laiffe pas d'écrire? Voilà donc des carac-
téres Chinois, qui, comme les hiéroglyphes, rendent égale-
ment & les mots & les penfées. Après tout, la Chine pouroit
avoir plus étendu l'ufage de fes caractéres, que n'a fait l'E-
gypte; fans que ni les uns ni les autres fuffent de diférente na-
ture, quoique de figure diférente.

II. Quoiqu'en ait dit (c) le Père Kircher, dans fon livre l'écriture hiéro- intitulé, China illuftrata, & quoiqu'il puiffe quelquefois se glyphique & la Chinoife. rencontrer comme par hazard certaine reffemblance entre (c) M. Fréret, les caractéres Chinois & les chofes qu'ils expriment : elle dif Mém. de l'Acad. paroit toujours ; quand on vient à décompofer ces caractéres,

des Infer. tom. 6.

pag. 623.

(d) Ibidem.

'Antiquité des hié

men d'un texte

d'Eufèbe, tiré de Manéthon.

pour

les ramener à leurs clés ou à leurs racines. Il n'en étoit pas ainfi des hieroglyphes. Ils figuroient fouvent les choses mêmes, qu'ils défignoient.

S'agiffoit-il d'exprimer des paffions, des fentimens, des idées fpirituelles? Les fymboles, les emblèmes & les énigmes, formoient une feconde claffe d'hieroglyphes. La nature fournissoit alors des images, qui par des allégories donnoient du corps à des chofes, qui n'en avoient point. » Par (d) exemple, chez les Egyptiens, un œil ouvert & pofé au bout d'un bâton défignoit la prudence dans le gouvernement d'un Etat & la Providence. « Dans la figure d'un œil au bout d'un bâton, pour fignifier la prudence humaine ou la Providence divine, aperçoit-on des lettres, qui puiffent composer un

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mot ?

III. Cependant M. Shuckford croit l'opinion contraire déroglyphes exa- montrée par un texte (e) de la Chronique d'Eufèbe, tiré de Manéthon. Ce prêtre des idoles dédia à Ptolémée Philadelphe les antiquités Egyptiennes, après les avoir traduites en (e) Eufeb. Chron. Grec des livres du fecond Mercure Egyptien, nommé Agaadis. Scaliger.p.6. thodémon ou Trifmegifte. Celui-ci les avoit compofées des infcriptions, que le premier Mercure, autrement Taaut ou Thoyth, felon Eufebe, avoit gravées fur des colones, qu'il avoit érigées dans la terre de Sériade.

Le docteur Anglois voit dans le texte allégué, que les monumens de fon (3) Thyoth, écrits en langue & en lettres facrées étoient compofés de vraies lettres de l'alphabet; (3) C'est ainfi qu'il l'apelle conftamment.

parceque

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SEC. PARTIE.
SECT. II.

СНАР. ІІ.
(f) Hift. du

parceque le fecond Mercure les traduifit en grec, après (4) le déluge. » C'eft-à-dire, ainfi parle (f) M. Shuckford, qu'il changea bien la langue, mais qu'il fe fervit des mêmes ca»ractéres. Cela nous aprend donc, que les lettres facrées pou- monile. tom. voient fervir, à exprimer les mots de diverfes langues, tou- pag. 244. » tes diférentes : & par confequent, qu'elles n'étoient point » de la même nature, que les lettres des Chinois, ou que les , que les hommes employèrent au commence

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caractéres

» ment. «

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Mais le texte, dont on ne cite que quelques lambeaux détachés, eft fi obfcur, fi confus & même fi abfurde; qu'il doit paffer pour avoir été étrangement altéré par les copiftes. Eft-il en éfet probable, qu'un contemporain de Moyfe, ait traduit, pour l'ufage des Prêtres de fa nation, les plus anciens monumens de l'Egypte, dans une langue (5) étrangère conue ou du moins, qui n'avoit alors aucune célébrité ? N'étoit-il pas naturel, , que d'inintelligibles qu'ils étoient par les changemens furvenus dans la langue, durant une fucceffion de plufieurs fiècles ; ils fuffent mis à la portée des prêtres, par une verfion de la dialecte facrée dans la commune ? Ils étoient d'ailleurs affez à couvert des yeux du profane vulgaire par les hieroglyphes, qui leur fervoient d'envelopes, & par les tréfors des temples, où ils étoient renfermés. A quel deffein Agathodémon auroit-il donc traduit en grec les infcriptions facrées de l'ancien Mercure ? Si le texte en question étoit auffi pur, qu'il eft visiblement corompu ; ne vaudroit-il pas mieux rejeter le fait, comme un conte ridicule, forgé par Manéthon; que de le regarder comme un fondement folide, fur lequel on pût bâtir des systèmes ?

(4) Ceux qui tiennent pour la réalité des déluges d'Ogyges & de Deucalion doivent entendre ce fait du premier, que les uns difent être arivé en Egypte & les autres en Achaïe, du tems du Patriarche Jacob, plutôt que du déluge univerfel. Mais dans cette fupofition; il feroit encore bien étonant, que dès-lors le fecond Mercure eût traduit les anciens monumens de la dialecte facrée des Egyptiens en grec, & avec les caractéres hiéroglyphiques.

(5) On ne prétend pas, que les Grecs & les Egyptiens n'euffent aucun raport Tome I.

par

enfemble. Si l'on en croit Diodore de Si-
cile liv. V. Saïs en Egypte fut bâtie par
les Athéniens, avant le déluge de Deu-
calion, & la ville de Memphis fondée
Apis Roi d'Argos: comme il eft porté
dans le I. livre des Arcadiques d'Ariftip-
pe, cité par S. Clément d'Alexandrie au I.
de fes Stromates. Mais quand ces faits
feroient indubitables; ils ne rendroient
jamais vraisemblable la traduction Gré-
que des infcriptions de Thoyt par Aga-
thodémon, à l'ufage des prêtres Egyp-
tiens à moins qu'on ne prouve, qu'ils
étoient obligés, de favoir le grec.
Cccc

1.

SEC. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. IL

(g) Ibid. tom. 2.

Mais, fans toucher au fond de l'hiftoire, & fans entreprendre, de rétablir le texte ; il n'eft pas dificile d'y découvrir, que ce n'eft pas Agathodémon; mais Manéthon, qui, par ordre de Ptolémée Philadelphe, traduifit de l'égyptien en grec les livres, que le fecond Mercure avoit dépofés dans les temples. Ainfi de-là nulle induction contre les raports des hiéroglyphes avec les caractéres Chinois.

Cette écriture des premiers hommes, tranfmife par Noé à fes defcendans ne devoit pas être ignorée de Cham, ni de Mitfraim ou Mizraim, dont Taaut ou le premier (6) Mercure eft reconnu, par M. Shuckford lui-même, pour le (g) fils p216.288. . . & le fecrétaire. Quand on fupoferoit, que dès-lors notre alphabet étoit trouvé; n'étoit-il pas tout fimple, de configner, fur des monumens durables, l'ancienne écriture du monde dont il étoit aifé de prévoir la décadence & même l'oubli, auquel la commodité de la nouvelle écriture fembloit la condamner ?

P. 230..

CHAPITRE II I.

Ecriture des fons de la voix : antiquité des lettres alphabétiques.

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I l'incommodité de cette multitude prodigieufe de caractéres, qui va toujours croiffant, ne s'est pas fait fentir aux Chinois, pendant le cours de quatre milliers d'années, ou s'ils s'en font aperçus ; ils n'ont pu jufqu'à préfent y aporter de remède. Il n'en fut pas de même des Egyptiens & des autres peuples, qui s'établirent dans les contrées. occidentales de l'Afie.. Voyant que leurs hiéroglyphes & la

(6) L'ancien Mercure ou Thoyt étant fils de Mitzraïm touchoit de près aux tems, qui fuivirent le déluge universel. Ce Thoyt écrivit en hiéroglyphes les conoiffances, qu'on avoit alors fur les fciences & les arts. L'antiquité n'a connu, il est vrai, nul autre ouvrage de lui, que fes colones écrites, felon Manéthon, en lettres facrées ou hiéroglyphiques. On re

léguera, fi l'on veut, au païs des fables tout ce que les Anciens ont débité des monumens dreffés, & des livres compofés par l'un & l'autre Mercure Egyptien : mais les obélifques, & furtout les pyramides d'Egypte, font d'une antiquité que perfone ne fauroit révoquer en dou-te. Or elles font chargées d'hieroglyphes d'un age égal à celui de ces monumens.

dificulté de les conoitre & d'en faire ufage, augmentoient SEC. PARTIE. avec la même proportion; ils faifirent & mirent auffitôt en pratique la nouvelle découverte des lettres alphabétiques.

I. Cette écriture incomparablement plus aifée & plus commode, fut nommée épiftolographique: parcequ'on s'en fervit, dit-on, pour écrire des lettres & autres chofes d'un ufage journalier au lieu que l'ancienne écriture fut réfervée pour les mystères, & tout ce qui avoit trait à la Religion. Les hieroglyphes continuèrent donc de fe maintenir, du moins en Egypte, dans les chofes facrées.

Mais dans afaires du commerce; ces caractéres fans nombre furent réduits à deux douzaines tout au plus de lettres, qui par leurs divers affemblages & combinaisons diférentes, formèrent des mots expreffifs de tous les fons, & par eux des pensées, qu'on étoit convenu d'y atacher.

Les mêmes caractéres pouvoient fervir à toutes les langues; parcequ'elles ont toutes une certaine conformité dans les fons. Comme elles fe diftinguent auffi par-là les unes des autres; quelques-unes s'aproprièrent des lettres particulières, pour mieux rendre ce que leurs fons avoient de fingulier. Dès qu'on fupofe, qu'il exifta une écriture de penfées, antécédemment à celles des fons; il s'enfuit néceffairement que la dernière est une invention humaine, & non pas un don naturel, que l'homme ait reçu de Dieu en fortant de fes mains. Cependant cette invention a paru à quelques favans fi admirable, & fi au-deffus des plus grands éforts de l'efprit humain qu'ils n'ont point fait dificulté, de l'atribuer immédiatement à Dieu même, & de la ranger parmi les faveurs, dont il gratifia le premier homme. Mais dans cette fupofition; comment tant de nations auroient-elles abandoné des lettres fi commodes, pour s'atacher à l'écriture Chinoise ou à l'hieroglyphique, qui femble préfenter prefque autant d'énigmes, que de caractéres ? Aufli cette opinion n'a-t-elle pas fait fortune..

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II. Quelques-uns ont fait honneur aux premiers hommes de l'invention de notre écriture alphabétique. Mais, répond Shuckford: que (a) l'efprit de l'homme fon pour » sai ait trouvé l'art d'exprimer des paroles par des figures ou » lettres, qu'il ait inventé une méthode, par laquelle il pût

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Cccc ij

SECT. II.
CHAP. III.

Ecriture épifto

lographique, fub

ftituée aux hiéro

glyphes.

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SEC. PARTIE.
SECT. II.

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dont

» expofer à la vue tout ce qui fe peut dire ou penfer ; & cela le moyen par de feize ou de vingt-quatre caractéres, CHAP. III. » le diférent arangement forme des fyllabes & des mots ; que l'homme, dis-je, ait pu trouver d'abord & du premier coup

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le

» une telle méthode ; c'eft ce qui ne peut fe comprendre..
Jamais aucune invention n'a été portée tout-d'un-coup à fa
perfection. « On conçoit aifément, que l'écriture des pen-
fées a dû précéder celle des paroles & des fons, & qu'on n'en
eft venu que par degrés, à former un alphabet. Mais il
ne faut
pas non plus en fixer trop tard la découverte..
MM. Jacquelot (b) & Bourguet (c) non contens, d'atribuer
à Moyfe l'invention de l'écriture épiftolographique, qu'ils
apellent combinatoire, pour la diftinguer de l'hieroglyphique;
en fixent l'époque au tems, où Dieu grava la Loi du Deca-
logue fur les deux tables de pierre. Tel fut, felon eux
premier ouvrage écrit, qui parut au monde. M. Jacquelot
n'en excepte pas même l'écriture hieroglyphique. Eh! quel
ufage auroit-on pu faire de la Loi (d) écrite, fi les lettres n'a-
voient pas exifté auparavant? Dira-t-on, que Dieu fit conoi-
tre à Moyfe l'ufage de ces caractéres, & que Moyfe les
aprit lui-même aux Ifraélites? Mais puifque les partifans de
cette opinion fe prévalent fi fort du filence de l'Ecriture
fainte, ne peut-on pas tourner avec bien plus de force cet
argument contr'eux-mêmes: Eft-il poffible que Moyfe cût gar
dé le filence fur l'invention des lettres, fi elle eût été divine
& toute récente : Moyfe n'auroit-il jamais parlé des mefures
prifes, pour faire conoitre au peuple une nouveauté fi admi-
rable ?

D'ailleurs, fans parler du cachet de Juda & de l'aneau de Pharaon; quelle auroit pu être cette fageffe tant vantée des Egyptiens, à laquelle Moyfe fut initié ; fi elle n'eût consisté, que dans des hieroglyphes? On peut juger par l'état préfent des fciences chez les Chinois, qu'elle fe feroit réduite à fort peu de chose. Mais l'argument eft tout autrement décifif contre des auteurs, qui n'acordent pas même à l'écriture hiéroglyphique une antiquité fupérieure à celle des tables de la Loi

Comment encore ajufter cette opinion avec les obfervations des Babyloniens, qui remontoient bien au-delà de Moyfe, & qui n'ont pu fe faire, fans quelque forte d'écriture?

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