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SECT. II.

SEC. PARTIE. quelques-unes dans leur écriture hiéroglyphique. Pour n'en citer qu'un feul exemple; n'y voit-on pas fouvent la figure. CHAP. IV. de l'œil repréfentée par un ovale horifontale? Or cette figure

Antiquité des let

Latines.

s'eft à peu près confervée jufqu'à nous dans notre O, Elle fe retrouve d'ailleurs dans les anciens caractéres Grecs & Phéciens. Et ce qui femble encore plus fort; c'est que le nom de cette lettre en Hébreu fignifie un œil. Ainfi fon origine fe tire tout naturellement de ce hiéroglyphe. Mais on ne peut pas renfermer chez les Egyptiens l'ufage des caractéres symboliques, ni même leur en affurer la découverte. Il ne s'enfuit donc pas, qu'ils doivent être regardés, comme les inventeurs de notre écriture, ni que Moyfe ait fait ufage de leurs caractéres dans le Pentateuque. Les Hébreux, qui parloient aux Egyptiens par interprète, & qui habitoient un canton féparé, n'ont-ils pas pu conferver leur langue & leur écriture, fort diftinguées de celles de ces peuples? S'ils avoient eu la même langue & la même écriture; il eût été dificile qu'au bout de plufieurs fiècles, on eût mis une fi grande diférence entr'eux. Rien n'oblige donc à fupofer, que Moyfe ait écrit les livres faints avec les caractéres de l'Egypte & tout nous porte à croire, qu'il l'a fait avec ceux de Phénicie.

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IV. Si les anciens Gaulois ont fait ufage de quelque gente tres Etrufques & d'écriture, totalement diférente de celle des Grecs & des Latins; il n'en refte plus aucun veftige. Mais on eft autorise à croire, qu'ils ne conoiffoient que ces deux fortes d'écritures.

(1), Lib. 7. c. 56.

On trouve fur les anciennes monoies Espagnoles & Africaines des lettres, dont les raports avec nos lettres Gréques & Latines font fenfibles. Il n'eft pas même jufqu'aux lettres Runiques, où l'on ne découvre bien des traits de conformité avec nos caractéres. Mais leur antiquité ne paroit pas affez avérée, pour qu'on y cherche l'écriture, d'où toutes les autres alphabétiques font forties.

Les Pélafges, dit Pline, (4) aportèrent les premiers l'ufage des lettres dans le pais Latin. On prétend, que l'art d'écrire fut perfectioné par les (6) Arcadiens, qui vinrent s'établir

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(6) Selon l'auteur de la Bibliothéque du Vatican pag. 136. & 137.. les lettres H.K. Q. X. Y. Z. furent ajoutées dès

lors à l'alphabet Latin. Cependant bientôt après it dit, que les trois dernières n'y étoient pas encore reçues au fiècle

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SEC. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. IV.

en Italie, fous la conduite d'Evandre, foixante ans au plus avant la guerre de Troie felon Denis d'Halicarnaffe. Le même auteur (m) atefte, qu'on voyoit encore de fon tems, dans le temple de Diane une colone, fur laquelle (m) Hift. l. 4. Servius Tullius Roi des Romains avoit fait graver fes Loix avec les mêmes lettres, dont on ufoit anciennement en Gréce. Voffius (2) en infére, que ces lettres étoient Cadméennes.

Les lettres Etrufques ne le cédent point aux Latines en antiquité; fi elles ne l'emportent pas fur elles. Il en refte des monumens qu'on dit être antérieurs à la guerre de Troie. Il n'y a que la Gréce, qui puiffe en fournir peutêtre d'auffi anciens. C'est encore à l'établiffement en Italie des colonies Pélafgiennes, qu'on doit faire rémonter les lettres Etrufques. Mais comme elles y étoient venues de la Gréce; l'écriture a dû s'y voir en honneur, avant qu'elle fût connue à l'Italic.

V. De tous les Européens, ce font les Grecs fans contredit, qui les premiers ont connu les lettres. Perfone néanmoins ne s'eft avifé, de leur en atribuer l'invention. Leurs plus anciens auteurs reconoiffent eux-mêmes les avoir reçues des étrangers.

Les modernes femblent aujourdui fur ce point partagés en trois opinions. Les uns font remonter l'origine des lettres Gréques à Cadmus, les autres à Cécrops, & d'autres aux Pélafges. La plupart les font venir de Phénicie, & quelquesuns feulement d'Egypte. C'est-là véritablement que les Grecs puifèrent la conoiffance des arts & les premiers élémens de prefque toutes les sciences.

Il s'agit maintenant de favoir, auxquelles des lettres Egyptiennes, Phéniciennes, Hébraïques ou Samaritaines, les Gréques doivent raporter leur origine. Car à l'égard de celles » des autres peuples; pourvu qu'on les fupofe alphabétiques, c'eft de quelqu'une de ces écritures qu'elles font elles-mêmes dérivées.

d'Augufte. Pline & Prifcien nous aprennent, que ni les Pélafges, ni les Tofcans ne faifoient point ufage de la lettre Q. Elle ne paroit point à la vérité dans l'alphabet des premiers: mais il s'en trou

ve de plufieurs fortes dans celui des fe-
conds. C'eft peutêtre comme fi l'on di-
foit, que les François ne fe fervent point
du K. S'enfuit-il que cette lettre foit
banie de leur alphabet?

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(n) De arte Gramm. l. 1.c.10.

Antiquité des lettres chez les Grecs.

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Mais, fans toucher au fond de l'hiftoire, & fans entreprendre, de rétablir le texte ; il n'eft pas dificile d'y découvrir, que ce n'eft pas Agathodémon; mais Manéthon, qui, par ordre de Ptolémée Philadelphe, traduifit de l'égyptien en grec les livres, que le fecond Mercure avoit dépofés dans les temples. Ainfi de-là nulle induction contre les raports des hiéroglyphes avec les caractéres Chinois.

Cette écriture des premiers hommes, tranfmife par Noé à fes descendans ne devoit pas être ignorée de Cham, ni de Mitfraim ou Mizraim, dont Taaut ou le premier (6) Mercure eft reconnu, par M. Shuckford lui-même, pour le (g) fils & le fecrétaire. Quand on fupoferoit, que dès-lors notre alphabet étoit trouvé; n'étoit-il pas tout fimple, de configner, fur des monumens durables, l'ancienne écriture du monde dont il étoit aifé de prévoir la décadence & même l'oubli, auquel la commodité de la nouvelle écriture fembloit la condamner ?

CHAPITRE II I.

Ecriture des fons de la voix : antiquité des lettres alphabétiques.

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I l'incommodité de cette multitude prodigieufe de caractéres, qui va toujours croiffant, ne s'eft pas fait fentir aux Chinois pendant le cours de quatre milliers d'années, ou s'ils s'en font aperçus; ils n'ont pu jufqu'à préfent y aporter de remède. Il n'en fut pas de même des Egyptiens & des autres peuples, qui s'établirent dans les contrées occidentales de l'Afie.. Voyant que leurs hieroglyphes & la

(6) L'ancien Mercure ou Thoyt étant fils de Mitzraïm touchoit de près aux tems, qui fuivirent le déluge univerfel. Ce Thoyt écrivit en hiéroglyphes les conoiffances, qu'on avoit alors fur les fciences & les arts. L'antiquité n'a connu, il est vrai, nul autre ouvrage de lui, que fes colones écrites, felon Manéthon, en lettres facrées ou hieroglyphiques. On re

léguera, fi l'on veut, au païs des fables tout ce que les Anciens ont débité des monumens dreffés, & des livres compofés par l'un & l'autre Mercure Egyptien : mais les obélifques, & furtout les pyramides d'Egypte, font d'une antiquité,. que perfone ne fauroit révoquer en dou-te. Or elles font chargées d'hiéroglyphes d'un age égal à celui de ces monumens.

dificulté de les conoitre & d'en faire ufage, augmentoient avec la même proportion; ils faifirent & mirent auffitôt en pratique la nouvelle découverte des lettres alphabétiques.

I. Cette écriture incomparablement plus aifée & plus commode, fut nommée épiftolographique: parcequ'on s'en fervit, dit-on, pour écrire des lettres & autres chofes d'un ufage journalier au lieu que l'ancienne écriture fut réservée pour les mystères, & tout ce qui avoit trait à la Religion. Les hiéroglyphes continuèrent donc de se maintenir, du moins en Egypte, dans les chofes facrées.

Mais dans afaires du commerce; ces caractéres fans nombre furent réduits à deux douzaines tout au plus de lettres, qui par leurs divers affemblages & combinaisons diférentes, formèrent des mots expreffifs de tous les fons, & par eux des pensées, qu'on étoit convenu d'y atacher.

Les mêmes caractéres pouvoient fervir à toutes les langues; parcequ'elles ont toutes une certaine conformité dans les fons. Comme elles fe diftinguent auffi par-là les unes des autres ; quelques-unes s'aproprièrent des lettres particulières, pour mieux rendre ce que leurs fons avoient de fingulier. Dès qu'on fupofe, qu'il exifta une écriture de penfées, antécédemment à celles des fons; il s'enfuit néceffairement, que la dernière eft une invention humaine, & non pas un don naturel, que l'homme ait reçu de Dieu en fortant de fes mains. Cependant cette invention a paru à quelques favans fi admirable, & fi au-deffus des plus grands éforts de l'esprit humain ; qu'ils n'ont point fait dificulté, de l'atribuer immédiatement à Dieu même, & de la ranger parmi les faveurs, dont il gratifia le premier homme. Mais dans cette fupofition; comment tant de nations auroient-elles abandoné des lettres fi commodes, pour s'atacher à l'écriture Chinoise ou à l'hieroglyphique, qui semble présenter prefque autant d'énigmes, que de caractéres ? Aufli cette opinion n'a-t-elle pas

fait fortune.

II. Quelques-uns ont fait honneur aux premiers hommes de l'invention de notre écriture alphabétique. Mais, répond Shuckford : que (a) l'efprit de l'homme fon pour coup d'effai ait trouvé l'art d'exprimer des paroles par des figures ou lettres, qu'il ait inventé une méthode, par laquelle il pût

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SEC. PARTIE
SECT. II.
CHAP. III.

Ecriture épifto

lographique, fub

ftituée aux hiéro glyphes.

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SEC. PARTIE,
SECT. II.

Nous n'en exceptons pas les (7) lettres des Abyffins, des. Indiens, des Calmuques, & autres peuples d'Afie & d'Afrique, dont chaque confone porte sa voyelle avec elle. Ce qui multiplie confidérablement leurs caractéres..

(7) On fait un genre à part de leurs caractéres; parceque leurs confones font toujours liées avec leurs voyelles. Mais au fond leurs lettres font alphabétiques, comme les nôtres. Chacune d'entr'elles fè diftingue fort bien des autres. Ces confenes portant leurs voyelles, fe rencontrent dans prefque toutes les écritures. C'eft ce que nous apellons des lettres

liées ou conjointes. En remontant à la plus haute antiquité ; les Grecs, les Latins, les Septentrionaux ufant de Runes ont eu leurs lettres liées, même avant l'écriture courante. Les Orientaux, dont. on vient de parler, ne se diftinguent donc à cet égard, que par un ufage conftant de lettres liées,

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CHAPITRE

མ..

Recherches fur l'origine des lettres Gréques..

R

ECHERCHER l'origine des lettres Gréques; c'eft fe propofer de remonter à la fource des nôtres. Elles nous: ont été aportées de la Gréce : & malgré tous les changemens, qu'elles ont éprouvés de part & d'autre ; il refte encore au moins une (1) douzaine de lettres capitalès, qui font absolument les mêmes.

On ne connoit, comme on l'a dit, que quatre écritures: alphabétiques affez anciennes, pour avoir pu donner naiffance:

Nous ne voyons point, il eft vrai, que les Grecs fe foient acordés avec nous fur le fon & la figure de l'X. Mais avant que leur fut inventé; ils en exprimoient la valeur par un K ou par un

(1) A BEHIKM NOTY Z. Au R & des S femblables aux nôtres. L'V furplus fi depuis plus de 2000, ans; no-paroit fur leurs plus anciens monumens. tre C eft is des Gregs; notre D fe trouve dans des monumen's beaucoup plus anciens. L'F revient au digamma Eolique, Le G fe montre, fur des antiques poftérieurs & même antérieurs à l'ère Chrétienne. Les Latins ont d'ailleurs fou-X fuivi d'une Z. Auffi Pline -(a) & Ta-. vent fait ufage dur des Grecs. La plus cite (b) nous déclarent-ils expreffément, ancienne L de ceux-ci étoit femblable à la que les plus anciennes lettres des Grecs nôtre. Les P des Infcriptions Latines font les mêmes, ou a peu près les. du tems de la République Romaine ref-mêmes, que les Latines. Pline fe proufemblent très-fréquemment au des ve par une table d'airain de l'age le plus Grecs. Quant au Q. on ne le découvre, reculé : On la confervoit à Delphes, que dans leurs nombres. Cinq cents ans Voyez ci-après la colone en lettres Açi-ayant Jésus-Chrît, les Grecs avoient des ques, planche VI. n. XI..

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