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à la Gréque favoir l'Egyptienne, la Punique ou Tyrienne, SEC. PARTIE. la Caldaïque, la Phénicienne ou Samaritaine..

SECT. II.

CHAP. V.

Les lettres Gréques ne viennent

point des Egyp

tiennes.
(c) Differt. t. 1.

1. Pour conftater l'identité des lettres Gréques avec les Egyptiennes, Dom Calmet (c) fait valoir un argument déja alegué par le Chevalier Marsham dans fon Canon chronicus Acgyptiacus. Plutarque raconte, qu'on trouva (d)du tems d'Agéfilaüs, dans le tombeau d'Alcmène à Thèbes, une pla- pag. 24. que d'airam, chargée de caractéres, qui parurent affez femblables à ceux des Egyptiens. On l'envoya en Egypte au plus habile antiquaire, qui après bien des recherches, répondit, que telle étoit l'écriture Egyptienne du tems du Roi Protée, environ deux cents ans après Moyfe..

Mais 1°. qui nous garantira, que l'Egyptien n'ait pas voulu en impofer aux Grecs Ces derniers fe rendoient alors for-midables à leurs voifins, & même aux Egyptiens, par des expéditions militaires, qu'ils entreprenoient tous les jours.. On leur fait anoncer par ces caractères inconnus, de mettre bas les armes, de tourner toute leur ardeur & leur efprit vers l'étude des Lettres & des Mathématiques. Une pareille réponse dans les circonftances, où elle fut donnée, doit paroitre bien fufpecte:

(d) Tom. 2. de genio Socrat. pag.. 577. $78.

(e) De arte

20. Si l'on en croit Voffius, la (e) Gréce n'avoit point d'infcriptions plus anciennes, que celles, dont Hérodote (f) Gramm. p.44.47.. nous a confervé la mémoire. Elles étoient en caractéres Cad- (f) In Terpsichore. méens, fort aprochans des lettres Ioniques. La première étoit plus ancienne , que celle d'Alcmène : puifque c'étoit un trépié, donné par Amphitryon au temple d'Apollon Ifménien. Les caractéres trouvés dans le tombeau de fon époufe, qui lui furvécut, durent être les mêmes, ou ce n'étoient point des caractéres Cadméens. S'ils étoient les mêmes, on ne devoit pas avoir plus de dificulté à les lire, que ceux du trépié d'Amphytrion, qu'on lifoit (2) fans peine. S'ils en étoient diférens, on n'a pas droit d'en conclure, qu'ils euf fent été en ufage dans la Gréce. Plutarque fupofe, que

(2) Les Enianes (g), peuples d'Epire; ayant trouvé chez eux fur une colone, une infcription en anciens caractéres l'envoyèrent à Athènes, pour en favoir le contenu. Mais leurs députés paffant

par la Béotie, furent conduits au temple (g) Ariftot. Mira-
d'Apollon Ifménien, où toutes leurs di-- bil. aufcult. c.180..
ficultés furent éclaircies, & où l'on leur
fit voir des infcriptions femblables à la
leur..

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§.

(k) Differt. Phi

P. 114. 115.

Hercule (b) fils d'Alcmène avoit été inftruit de la Grammaire Egyptienne de fon tems. Alcmène pouvoit avoir auprès d'elle des Egyptiens, qui auroient mis cette plaque dans fon tombeau. Elle l'avoit peutêtre reçue d'Egypte, comme un talisman, phylactère où amulette, dont la vertu lui seroit encore utile après la mort.

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A peine, dit M. Renaudot, connoit-on les (2) lettres Egyptiennes fi ce n'eft par les caractéres gravés fur les obélifques. On n'est pas encore convenu, fi ce font des let» tres fymboliques ou de fimples caractéres, comme ceux des " autres nations: & on prétend décider fur des preuves aufli foibles, que ce ne font pas les Phéniciens ou les Hébreux, dont les lettres ont été portées en Grèce, mais celles des Egyptiens, & cela contre le témoignage de toute l'antiquité! On peut diftinguer, comme on l'a obfervé plus haut, fur les monumens Egyptiens & des hiéroglyphes & de véritables lettres. Cependant M. Renaudot, après avoir dit, qu'on ne fauroit juger; fi ce font de véritables lettres ou de purs hieroglyphiques, comme on le croit ordinairement, ajoute tout de fuite, que fi les hieroglyphiques ne font pas les véritables lettres Egyptiennes, nous n'en conoissons point d'autres.

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Voffius prouve par de bonnes raifons, nous dit (k) le R. P. logico-Bibliograph. Légipont Bénédictin d'Allemagne, que la conoiffance des 5. 4. n. 9. 10. lettres fut aportée en Gréce par Cécrops. D'où il conclut, que les anciennes lettres Grèques doivent également être confondues avec les Egyptiennes & les Phéniciennes. Ainsi les caractéres employés par Moyfe n'étoient autres, felon notre favant Bénédictin, que les Egyptiens. Et fi l'on en doute, il en apelle aux preuves décifives, aléguées par Dom Calmet. On eft fort tranquille, quand on peut compter fur un garant, dont l'érudition eft fupérieure à la réputation, qu'elle lui a faite. Cependant ici prefque tout fe réduit à l'autorité du premier critique, cité par Dom Légipont. Voffius, » ainfi parle le (1) Père Calmet, a raporté plufieurs raifons très-plaufibles, pour prouver qu'avant l'arivée de Cad» mus; Cécrops avoit déja communiqué à la Gréce l'ufage de » l'écriture. «

(1) Calm. Dissert. Bom. 1. p. 24.

(m) De arte

رو

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Toutes les preuves de Voffius (m) fe réuniffent au conGramm.l.1.c.10. traire en faveur de Cadmus. Il réfute les opinions, qui pag. 43. & feqq.

atribuent à d'autres, l'introduction (3) des lettres de la Grèce. Seulement () il déclare, qu'il aimeroit mieux la faire remonter jufqu'à Cécrops, que de la reculer à des tems poftérieurs à Cadmus.

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Dans le fyftème de M. Bouhier, les lettres Attiques étoient connues des Pélafges, même avant l'arivée de Cadmus. Les Athéniens, pour lui opofer quelque grand nom & s'aproprier un inventeur de lettres, qui eût fur lui l'avantage de l'antiquité, les atribuèrent à Cecrops, Egyptien de naissance & le premier de leurs Rois ; quoique probablement ils euffent l'ufage des lettres avant ce Prince.

Les Athéniens (0) étoient eux-mêmes Pélafges d'origine. Delà les épithètes d'anciennes & d'indigènes, données aux lettres Attiques dans Harpocration. Quelques auteurs prévenus (p) de l'antiquité des Egyptiens, & que Taaut ou Thoyt avoit inventé les lettres, n'ont pu fe perfuader, que Cadmus étant venu de Thébes en Egypte, eût plutôt aporté aux Grecs les lettres des Phéniciens, que celles des Egyptiens. Mais, au moins, de l'aveu de tout le monde, Cadmus avoit passe en Phénicie, s'y étoit arêté, & même établi, avant que de faire voile pour la Gréce. M. Bouhier va plus loin, & foutient (q), qu'il est très-faux, que Cadmus fût Egyptien : qu'à la vérité fon père Agénor l'étoit : mais qu'il avoit quité fa patrie & avoit regné en Phénicie, où Cadmus étoit né, & avoit aquis la conoiffance des lettres. Ce furent donc les lettres Phéniciennes, & non pas les Egyptiennes, qu'il communiqua aux Grecs.

De ce que Cadmus, fupofe Egyptien par M. Renaudot, les aprit en Phénicie; le favant Académicien conclut, qu'elles n'étoient donc pas encore connues en Egypte. Mais comment les lettres alphabétiques y auroient-elles été ignorées du tems de Moyfe, plus ancien que Cadmus ? Le même favant homme tire un argument plus concluant du peu (r) de reffemblance des lettres Gréques avec les Egyptiennes, qu'il comprend toutes fans diftinction fous le nom d'hieroglyphes.

(3) On feroit furpris de voir auffi (s) M. Shuckford atribuer la même opinion à Voffius, dont il indique le livre & le chapitre ; fi l'on n'avoit pas lieu de pen

fer, qu'il aura pris cette citation plutôt
dans le Père Calmet ou dans quelqu'un de
fes copiftes, que dans la Grammaire de
Voffius

SEC. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. V.

(n) Ibid. p. 48.

(0) Differt. de prifcis Gracorum

Latin. lit.n.26,

(p) Mém. de l'A ead. des Infcript.

tom. 2. p. 248. & fuiv.

(9) De prifcis Differt. n. 3.

Grec. & Lat. lit.

(r) Mém. de l'Académ. tom. 2. 2. Mém. fur l'orig. ・des lettr. Greg. (s) Hift. du monpag. 260, de. liv. 4. §. 222.

SEC. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. V.

(t) Mém. de l'A

cad. t. 2. pag. 270. Les Lettres Gré

ques viennent de Phénicie.

(u) De arte

Gramm. p. 44.

(x) Hift. du monde. t. 1. p. 223.

(y) Num. 8.

(x) Mém. de l'Acad. des Infcript. tom. 2. pag. 256.

(a) Ibid. p. 248. (b) Pag. 256.

Il n'y a pas même d'anologie, felon lui, entre (1) les caractéres Egyptiens, Samaritains & Hébraïques. Ceux-ci n'ont donc pu en être dérivés.

II. Voffius, après (u) avoir cité Hérodote, Denis d'Halicarnaffe, Pline & faint Clément d'Alexandrie, en faveur du fentiment, qui fait aporter par Cadmus les lettres de Phénicie en Gréce; le confirme par les fufrages de Victorin, de faint Ifidore, de Suidas & même de Plutarque. Conféquemment il regarde comme un fait-démontré, que les Grecs ont reçu leurs lettres de Cadmus : Ex his igitur manifeftum eft Gracos à Cadmo litteras accepiffe.

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les

Quoique M. Shuckford fe foit mépris fur le vrai sentiment de Voffius, par raport à l'origine des lettres Gréques, il ne laiffe pas d'avouer, que preuves (x) en faveur de Cadmus font & plus fortes & en plus grand nombre, que celles qu'on peut aléguer en faveur de Cécrops. « On ne sauroit nier, dit M. le Préfident Bouhier dans fa (y) Differtation, adreffée au Père de Montfaucon, & publiée à la fin de la •Paléographic, que les lettres Gréques ne foient atribuées à Cadmus, de l'aveu de prefque tous les Auteurs, & même des plus anciens. M. Renaudot acuse hautement de témérité les partifans de l'antiquité (4) des lettres Egyptiennes. Il y revient à plufieurs réprifes, & ne blame guère moins ceux, qui vont chercher dans l'Egypte l'origine des lettres Gréques. Enfin il n'épargne rien, pour perfuader fes lecteurs, de

(4) Il ne feint pas de traiter de fables, tout ce qu'on a publié au fujet de Taaut, inventeur des lettres. » Quand (z) on fixe, dit-il, le tems de fon prétendu » regne en Egypte, peu de tems après le déluge, c'eft fans aucune preuve: puifque ce que les Grecs difent de Mer» cure eft auffi croyable, que ce qu'en » difent les Egyptiens..... Tout ce que » les Egyptiens difent de trente mille • volumes compofés par le fecond Mer» cure, apellé Trifmégifte, est égale» ment fabuleux ..... Les ouvrages (a) avoit» que nous avons fous son nom

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il dit plus haut, portent des marques
fi certaines de nouveauté, qu'il n'y a
perfone, qui doute préfentement de
de leur fupofition. « On ne croir pour-

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fuivre l'opinion commune de prefque tous les auteurs Grecs → & Latins, qui conviennent, que Cadmus parti de Phénicie communiqua aux Grecs les premières lettres, qui furent · depuis apellées Ioniques.

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SEC. PARTIE.
SECT. II.
CHAP. V.

Quelles étoient

les lettres Cad

III. Herodote avoit vu trois infcriptions en lettres Cadméennes, dans le temple d'Apollon Ifménien en Béotie. Au mécnnes? jugement (5) des favans, il n'y en avoit point de plus anciennes dans toute la Gréce. Hérodote dit, que les caracté res Cadméens étoient pour la plupart femblables aux Ioniques, τὰ πολλὰ ὁμοῖα ἐόντα τοῖσι Ιωνικοῖσι : qu'avant Parivée de Cadmus & des Phéniciens, les Grecs n'avoient (6) point l'ufage des lettres : que d'abord ces nouveaux venus, fe fervirent de leurs lettres, telles qu'elles étoient qu'avec le tems ils en changèrent le fon & la figure : que les Ioniens, après avoir altéré la forme de quelques lettres, ne laiffèrent pas de publier par-tout, qu'ils (7) en étoient redevables aux Phé

niciens.

Scaliger (c) & Saumaise ont prétendu donner au public les trois Infcriptions avec les mêmes caractéres Cadméeens, qu'Hérodote (d) avoit vus. Mais n'étant aidés , que par des infcriptions postérieures de plus de mille ans ; on ne doit pas être furpris, qu'ils aient fi mal réuffi. Shuckford muni de celles de (e) Délos, d'Hérode (f) & de Sigée, a tenté de nous représenter plus exactement les Infcriptions, dont parle Hérodote. Quoiqu'il ne touche pas fi loin du but; on fera convaincu par les anciennes infcriptions, que nous donnons qu'il ne l'a pas encore ateint. Il a d'ailleurs été bien mal fervi

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» les figures des lettres, dans leurs nom's
» & dans leur valeur, la reffemblance,
qui eft remarquée par Hérodote ;
qu'on voit que toutes les lettres des
nations d'Europe & d'Afie, excepté les
» Indiens & les Chinois, ont été formées
» fur ces Phéniciennes ; qu'on ne trouve
» pas, que les Egyptiennes aient été
portées ailleurs, & même qu'on ne les
» connoit point. Il (b) ne faut que la vue
» feule, pour reconoitre, qu'elles n'ont
» aucun raport aux lettres Phéniciennes
» ou Hébraïques pour la figure, & par
conféquent que celles-ci ne peuvent
» avoir été tirées des premières.

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