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(q) Math. Parif. edit. Paris. p.

483.

355.

originaux, & rejeté trop légèrement des monumens refpectables avec les faits hiftoriques, auxquels ils rendoient témoignage.

V. Il se rencontre quelquefois dans les chartes des contrariétés avec l'hiftoire, dont ne peut rien conclure, ni contre la vérité & l'autenticité de ces pièces, ni contre l'autorité des hiftoriens contemporains. C'est lorfque ces diplomes raportent des faits arivés long-tems avant leur confection. Alors la certitude qui réfulte de ce témoignage, quoique rendu par des perfones publiques, n'égale pas celle qui naitroit du fufrage d'un auteur du tems. Leur recit ne mérite, qu'on s'y arête, qu'autant qu'il eft conforme, ou du moins qu'il n'eft pas contraire aux monumens hiftoriques de l'age, dont il s'agit. Mais dans quelques fables groffiéres que donnent, au fujet de faits fort anciens, les auteurs d'une charte; leur ignorance, ou leur prévention ne doivent porter aucun préjudice au témoignage, qu'ils rendent des faits, qui font fous leurs yeux : & encore moins à la certitude de l'acte, qu'ils paffent.

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"

En 1246. les Barons de France dreffèrent contre les Eccléfiaftiques (q) un écrit latin, qu'on trouve dans le Tréfor royal des charres, & dans Mathieu Paris hiftorien du tems. On y fupofe le Royaume de France converti du Paganisme à la foi Catholique par les guerres de Charlemagne. Surquoi (r) Tom. 17. p. M. Fleuri (r) fait cette obfervation. On voit ici l'ignorance de celui, qui compofa cet acte, d'atribuer à Charlemagne l'établiffement du Chriftianifme en France, & d'y apliquer » les guerres, qu'il fit contre les Saxons, & autres infidèles » de Germanie. « Notre judicieux hiftorien n'a garde néanmoins, de fufpecter pour cela la fincérité de la pièce. Le P. (5) Mf. de la Bibl. Hardouin n'en pense pas fi équitablement. C'eft, felon lui, (s) un écrit infenfe, qu'on a fait paffer dans le Tréfor des chartes, après l'avoir tiré de Mathieu Paris, menteur de profeffion, & l'un des membres de l'impie (8) cohorte. Comme fi

du Roi 6216. A.

214. 343.

p.

دو

(8) C'est une fociété de fauffaires, de l'invention du P. Hardouin. Au moyen de cette chimère, il rejetoit fans façon tous les monumens antiques facrés & profanes, qui ne pouvoient quadrer avec fes préventions. A l'entendre, ces impofteurs

s'élevèrent vers le commencement duXIII. fiècle, & fe répandirent bientôt par toute l'Europe. Ils employèrent tout le XIII. fiècle, à fabriquer la plupart des Conciles, des SS. Pères, des Hiftoriens, & des autres auteurs; fans en excepter même

l'auteur d'un acte ne pouvoit pas fe tromper dans le choix des moyens, fur lequel il l'apuie.

En général on ne doit pas exiger plus de lumière & de conoiffance de l'antiquité de ceux, qui dreffent les chartes que des historiens mêmes de leur fiècle. Or fi l'on réprouvoit ces derniers, à caufe des fables, qu'ils débitent, fur des tems antérieurs, & quelquefois même fur des événemens de leur tems, mais dont ils n'ont pu être témoins; il ne resteroit de ces fiècles d'ignorance prefque aucun hiftorien, auquel on fir grace. Mais comme on ne rejete pas l'autorité d'un écrivain exact pour fon tems; parcequ'il adopte des hiftoires fabuleufes fur les fiècles, qui l'ont précédé : on ne doit pas ufer de plus de rigueur envers les auteurs des chartes, qui croient & qui raportent bonnement des traditions populaires, ou des hiftoires apocryphes, dont la fauffeté n'est devenue palpable, que depuis qu'on a publié des monumens inconus à la plupart de.

nos ancêtres.

Il faut être auffi fort réservé, à condamner les diplomes, fous prétexte de dates éloignées d'un ou de deux ans des véritables. C'est une maxime que M. Muratori ne ceffe d'inculquer, dans fa Differtation fur les Diplomes: maxime, que les feules variations dans le comput fufifent pour juftifier, Mais les anachronismes énormes (9) en matiére de faits hiftoriques, fur lefquels tout doute doit être interdit, font d'un grand poids contre les chartes originales, qui en font infectées. C'est le moyen le plus général & le plus sûr de confondre l'imposture. Comme les fauffaires modernes (& pourquoi n'en diroit-on pas autant des anciens?) font la plupart ignorans l'hiftoire dans ce qu'elle a de plus inconteftable eft pour eux un écueil contre lequel ils ne manquent guère de venir fe brifer, quand ils ont la témérité, de forger de prétendus anciens titres.

;

VI. Rejeter les diplomes à caufe de leur contrariété avec les historiens: la prétention fans être toujours recevable,

ceux, qu'on voit dans les Claffes. Au fiècle fuivant, ils firent dans les archives les mêmes ravages, qu'ils avoient déja fait dans les Bibliothéques.

(9) Potiffimùm verò in examine veterum chartarum concordia in rebus hiftoricis ani

| madvertenda, magnique facienda eft : fa-
cilè enim heic fuccumbunt recentiores fal-
farii, plerumque indocti, fi quando anti-
qua monumenta fibi confingenda affumunt.
Antiquit. Ital. tom. 3. Differt.
34. col.
74.

PREM. PARTIE

SECT. I.

CHAP. III.

Conformité des

chartes avec l'hiftoire, moyen de

faux contr'elles felon le P. Hardouin.

PREM. PARTIE.

SECT. I. CHAP. IIL

ne choque pourtant pas le fens commun. Il étoit réservé à un efprit auffi fingulier, que le P. Hardouin, de réprouver ces pièces uniquement à caufe de leur conformité avec l'hiftoire.

Une charte paroit-elle fous le nom de Charle furnommé le Chauve Elle fera fauffe, fuivant les principes du P. Hardouin: parcequ'elle s'acorderoit avec les auteurs anciens & modernes à fupofer, qu'un Monarque de ce nom auroit regné dans la France occidentale. Un titre nous anonce -t-il quelque Roi de la première race, ou comme parle le P. Hardouin, du premier age, diférent de douze Rois, qu'il reconoit feuls, pour avoir alors regné en France, & qu'il apelle Alaric, Charibert, Childebert, Chilperic, Clovis, Clotaire, Dagobert, Gontran, Mérovée, Sigebert, Théodebert, Thierri Cet acte fera faux: parcequ'il ne contredira pas les Hiftoriens de France fur l'existence d'un ou de plufieurs Chilperics, de plus d'un Clovis, de plus d'un Thierri, de plus d'un Clotaire &c. Quelque diplome d'un Roi des François, plus ancien que le milieu du XI. fiècle, fait-il entendre, que ce Prince auroit exercé à Paris des actes d'autorité royale ? La pièce fera fausfe: parceque tous ces Rois ou Empereurs n'ont jamais vu Paris, qu'ils n'ont dominé fur aucune autre contrée de la France, que fur une partie de la première Lionoife, & que tout le refte du Royaume étoit libre, & gouverné jufqu'à cette épo que par fes propres loix. Voilà fans doute des imaginations mille fois démenties par l'hiftoire. Mais cette histoire, au jugement du P. Hardouin, se trouve à fon tour contredite par les médailles ou monoies de nos anciens Rois, expliquées arbitrairement. Ni les noms d'hommes, ni les noms de villes, tels que Paris, Orléans, Tours, Bayeux, infcrits fur les monoies, n'empêcheront pas, qu'il n'interpréte de divers dons gratuits,acordés par lesMarchands d'Autun,toutes les anciennes médailles de la nation, recueillies dans le Traité de M. le Blanc. Donnons pour exemple une monoie de Louis d'Outremer, laquelle a cette légende, du côté de la tête, Ludovicus gratiâ (1) Joan. Hard. Dei Rex, & porte celle-ci au revers, Marfallo vico. Autant oper. var. Amficle- qu'il y a de lettres dans cette dernière infcription; le P. Har$85. M. de la Bi- douin en fait autant de mots, que voici : (t) Mercatores broth. du Roi n°. Auguftoduni reftitutori fexagefimam attulere : quinquagefimam

dami 1733. p.

6216. A. p. 142.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

Lubentiffimè obtulere Victori, imperii confervatori octogefimam. On peut par cet échantillon juger des explications de toutes les médailles de la monarchie, jufqu'après le milieu du XI. fié- CHAP. III, cle. Il n'y en a pas une feule, qui ne foit abfolument dans le même goût. C'eft par le moyen de ces interprétations fantaftiques', qu'il prétend anéantir tous les hiftoriens de la nation, & par conféquent tous les monumens, actes ou diplomes, qui s'acordent avec notre hiftoire. On n'attend de pas nous, que nous réfutions férieusement un homme, qui parle en délire, quelque favamment qu'il le faffe. Mais voyons fi les chartes, auxquelles nous avons acordé la préférence fur les hiftoriens, ne l'emporteront pas encore par plufieurs endroits fur les infcriptions & les médailles.

tandis que les infcrip

Les diplomes

ce fur les infcrip

toire.

VII. Les unes & les autres ne fourniffent pas des lumiéres auffi abondantes, que les diplomes fur l'hiftoire ne méritent pas des (10) dix derniers fiècles. Les premieres, fi l'on en ex- moins la préférencepte les épitaphes, font affez rares, & ne nous ofrent, en tions & les médail comparaifon des chartes, qu'un fort petit nombre de faits, les que fur l'hifA peine les médailles & les infcriptions les plus folennelles, le font-elles autant, que les diplomes, qui le font le moins. Rien n'eft donc ni plus jufte, ni plus raifonable, que de fupléer parles diplomes aux vices, aux imperfections, & à la difette même des autres monumens. La multitude des chartes remplit les vuides de l'hiftoire tions & les médailles lui font d'une très-médiocre reffource. Cependant, quoique celles des bas fiècles foient moins recherchées; tout le monde convient de leur utilité : parceque leurs témoignages font pour l'ordinaire contemporains aux faits qu'elles énoncent. A plus forte raifon doit on porter le même jugement des diplomes, qui avec tous les avantages de ces anciens monumens, n'en ont pas les defauts. Ils n'ont point non plus cette énigmatique obfcurité, qui fouvent ne laiffe apercevoir aux plus habiles dans les médailles & les infcriptions, que des conjectures combatues par d'autres conjectures, pour ne pas dire que de fameux antiquaires en fait

(10) Ces fiècles manquent fouvent d'historiens, ou s'il n'en manquent pas, ils n'ont écrit que long tems après. Chaque

païs n'a pas eu le fien, & la plupart ne font
que de fimples chroniqueurs.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

CHAP. III.

vino.
(x) Laurent
Parmefan.

de médailles, ont à cet égard débité des extravagances fans nombre.

Les diplomes ont encore un infigne avantage fur les autres monumens antiques: c'eft que le nombre des infcriptions, & furtout des médailles fauffes, actuellement exiftantes eft auffi confidérable, que celui des chartes originales, l'eft peu. Que les anciens diplomes convaincus de faux, ou reconus pour fupofés aient autrefois été détruits, & qu'il n'en refte aujourdui que très-peu en original; c'eft ce qui fera prouvé fans replique. Que des infcriptions & des médailles fupofées exiftent encore maintenant en très grand nombre: c'est une vérité reconue de tous les Savans. (1 1)Les marbres mêmes & les tables d'airain, sur lesquelles on a quelquefois gravé les monumens des anciens, avec des caractéres, qui femblent en conftater l'antiquité, ne font pas toujours de furs garans de leur fincérité parfaite.

En fait de fauffes médailles, quel est l'aprentif médaillifte, qui ne fache les noms de ces fameux fabricateurs d'Ita(u) Giov. Cau- lie & de Hollande; d'un ( « ) Padouan, d'un ( x ) Parmesan d'un Carteron, qui ont rempli le monde de fauffes médailles? Les conoiffeurs les ont trouvées fi reflemblantes, & d'ailleurs fi commodes, pour former des fuites, qu'ils n'ont pu fe réfoudre, à les mettre tout à fait au rebut. Il n'eft guère de cabinet (12) un peu célébre, qui n'en foit bien fourni. Et l'on viendra nous dire aprèscela, que (13) les bronzes mêmes, les marbres, les diplomes, les bulles d'or & de plomb mentent très-fouvent,

(y) Relat. hiftoriques & curieufes de voyages p. 88.

édit. de Rouen 1676.

(11) Neque ipfa marmora, aut area
tabula, quibus interdum infcripta vifun-
tur veterum monumenta, & characteribus
quidem vetuftatem pra fe ferentibus, certos
nos facere femper queunt, germanos ibi fœ-
tus comprehendi. Murator. Antiq. Ital.
tom. 3. Differt. 34. col. 1o.

(12) Charle Patin rendant compte
dans fa feconde relation du cabinet de
l'Electeur de Baviére, s'en explique (y)
ainfi » Il y
1400. médailles d'or
» en vingt tablettes. Leur beauté con-
» fifte dans la fuite des Empereurs Ro-
→ mains. Car pour les Grecques & les
» Confulaires, dont il y en peut avoir
» trois ou quatre cens, quoiqu'elles foient
→ parfaitement bien contrefaites, la vé-

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