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SEC. PARTIE.
SECT. II.

les Gréques ne vient pas uniquement du commerce des deux nations; mais de ce qu'originairement leurs alphabets furent les mêmes. Spanheim étoit (11) d'un avis contraire. Les let- CHAP, XI. tres Latines, felon lui, de quelques légendes de médailles Gréques, comme ZEUS, MESSENION, AAMACCO COAONIA &c. ne furent jamais reçues dans l'alphabet des

fert. Accadem. t. I.

Grecs. M. Bourguet (p) répond que toutes les mêmes lettres (p) Saggi di Diffe retrouvent dans les grandes Litanies, des Pélafges & dans Dif. 1. Jopra i all'infcription de (12) Meffapia, plus anciennes, que la fon- ph. Etr. p. 19.

dation de Rome.

Si les lettres Gréques ont une union fi intime avec les Latinės; les unes & les autres tiennent par une infinité d'endroits aux caractéres Orientaux, Runiques, Gothiques &c. Une légère comparaifon de nos alphabets Latin & Runique fera fentir, combien autrefois nous avons emprunté de lettres du dernier dans nos monoies, nos infcriptions, nos Mff, à moins qu'on n'aime mieux dire, que ce font les peuples feptentrionaux, qui ont adopté nos lettres. Au refte quoique nous nous engagions, à n'omettre aucune des espèces de ca ractéres ufités en Europe, ni de ceux, d'où ils tirent leur origine; nous le ferons fobrement, pour nous atacher ticulièrement aux alphabets & monumens Latins. Comme nous ne nous bornons pas aux feuls Diplomes, & que nous voulons encore donner une connoiffance fufifante des Mff. dans lefquels on rencontre fouvent ces caractéres ; c'eft un dernier & puiffant motif, pour ne pas les négliger...

par

Mais ne nous juftifions pas davantage fur un article, dont l'omiffion feroit improuvée par plufieurs connoiffeurs. La réferve de D. Mabillon fur ce point, a fourni des traits à fes (9) adverfaires, pour décrier la Diplomatique, comme fuper- (9) M. Bandelor ficielle du côté des anciennes écritures.Enfin l'étendue de notre de l'utilité des deffein exige du moins, que les alphabets de l'Europe y foient voyages. M. Len compris, & que ceux, d'où ils tirent leur origine, ou avec glet Méthod. t. 2. p. 391. édit. de 1.729.

(11) Spanheim dans fon fameux ouvrage de Preftantiâ & usu numismatum antiquorum (r) de l'édition de Londres, fupofe un mélange de lettres Gréques & Latines, jufque dans les mêmes mots. Il nc. borne pas ce mêlange au. tems, ou

les Romains étoient les maitres du mon-
de; il l'étend encore aux fiècles, qui pré-
cédèrent l'établissement de leur domina-

tion.

(12) Les Meffapiens paffent pour une colonie venue de l'île de Crétc..

(r) Tom. 1. Differt. 2. pag. 105% 106, 107.

SEC. PARTIE. lefquels ils ont une afinité caractérisée, n'y foient pas totale

SECT. II.

CHAP. XI.

ment oubliés.

V. Le Docteur Edouard Bernard, dans la defcription de la Idée générale de table alphabétaire, qu'il publia en 1689. affigna l'année de nos alphabets. tous fes alphabets, depuis plus de deux mille ans. C'étoit une entreprise bien hardie. Il en eft peu, qui fe foient formés tout d'un coup, & peutêtre point, dont on puiffe sûrement fixer la date. Auffi n'aurons-nous garde, de hafarder des époques fi précises.

Jufqu'à préfent on a publié fort peu d'alphabets généraux: & quand on l'a fait, le hafard a placé fous chaque lettre les divers caractéres, qui lui apartiennent. Leurs traits de ref femblance devoient naturellement raprocher des figures dérivées les unes des autres: mais ils ont été comptés pour rien dans un arangement, auquel nul choix n'a préfidé. Les travaux, où nous prévoyions, que nous jetteroient les combinaisons fans nombre,qu'il faloit faire, pour trouver à tant de caractéres l'unique place, qui leur convenoit, n'ont pu nous détourner de la réfolution, de fixer leurs rangs par le plus ou moins de raports de conformité,qu'onpeut y faifir. Si nous n'y avons pas toujours réuffi;du moins croyons-nous avoir fouvent aproché du but.

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Qu'on s'atache féparément à l'examen de tous les élémens, dont nos alphabets généraux font compofés que toutes les figures du reffort de la même lettre foient fucceffivement envifagées; on aperçoit dans chaque ligne une efpèce de dation, qui dérobe fouvent aux yeux la diffemblance, dont ils font frapés, quand ils ne s'arêtent que fur les extrémités opofées ou fur des caractéres de la même lettre, fort éloignés les uns des autres. Si par cette méthode l'antiquité ne décide pas toujours du rang de chaque figure; c'est parceque certains caractéres ont plus long-tems confervé, que. les autres, leur forme primitive, ou s'en font moins écartés. Des alphabets ainfi difpofés, font toucher au doigt, comment il s'eft pu faire, que le contour de quelques lettres fe soit fi prodigieufement altéré.

Prefque dans toutes les écritures, non feulement de diférens peuples, mais de la même nation, plufieurs lettres ont éprouvé par degrés des changemens fi confidérables; qu'elles fe confondent avec d'autres lettres du même genre d'écriture.

Après

Après cela l'on a moins lieu de s'étoner, que la même confusion se fafse sentir dans d'autres genres d'écriture, ou dans des alphabets de nations, étrangères les unes aux autres.

La maniére avec laquelle nous difpofons les figures du même élément, met fous les yeux les degrés d'altération par où elles ont paffé. Le progrès en eft quelquefois fi rapide, qu'en comparant la première figure avec la dernière de la même lettre; on y aperçoit fouvent moins de raports de conformité, qu'entre deux lettres tout-à-fait diférentes.

Cependant fuivez les degrés d'altération d'un bout d'une ligne à l'autre, ils vous paroitront prefque infenfibles. Ils le feroient bien davantage; fi nous avions pu nous étendre affez,. pour rendre ces variations encore plus imperceptibles, qu'on n'a pu les repréfenter dans une ou deux lignes tout au plus. C'est ici une espèce de tablature alphabétique, auffi réelle dans fon genre, que celle des couleurs.

On perd de vue, il est vrai, en certains cas, cette férie d'altérations; parcequ'au lieu d'une feule, il s'en forme plufieurs, qu'il faut fuivre tour à tour. C'eft un arbre, qui fe divife en plufieurs branches, & celles-ci même quelquefois en divers ramaux. Pour une plus grande précifion, il auroit falu dreffer à toutes les lettres des efpèces de généalogies féparées; afin de montrer leur defcendance les unes des autres. Mais nous croyons, qu'il fufit de faire naitre ces idées, ou de les réveiller dans l'efprit de ceux, qui examineront avec foin la méchanique de nos alphabets généraux. La fuite fera fentir combien ces arangemens répandent de lumiéres fur la fcience des anciennes écritures. De-là leur diverfité: de-là cette multiplicité de genres & d'efpèces d'écritures parmi les peuples, qui ont pris la Romaine pour bafe de la leur: de-là la preuve de l'unité de toutes les écritures Latines, dont plufieurs ont été atribuées mal à propos à l'inondation des barbares.

Quoique la progreffion de changemens dans les figures d'une même lettre foit pour l'ordinaire peu fenfible; elle pa¬ roit fi brufque en quelques rencontres, qu'on a de la peine, à fuivre le fil des altérations. Mais comment feroit-il poflible, d'épuifer tous les degrés de variations de la même lettre; fur-tout lorfqu'ils forment plufieurs branches? Il faut Tom. I. Nnnn

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alors fe fouvenir, que nos alphabets généraux, malgré leurSECT. 11. étendue, ont auffi des bornes. Si ces paffages fubits d'une figure à une autre, qui lui reffemble peu, fe remarquent fur quelques lignes, au bout defquelles on voit de grands vuides; c'eft qu'il y a des proportions du plus & du moins, entre la variété des figures, que produifent diférentes lettres d'un même alphabet. Telle en donnera cent, tandis qu'une autre n'en fournira pas dix. A quels interminables travaux n'auroit-il donc pas falu fe livrer; fi l'on eût prétendu égaler les lettres les moins acompagnées à celles, dont la fuite eft la plus nombreuse! En ne voulant rien laiffer en arière, on fe met dans. la néceffité de ne rien produire..

De nouvelles découvertes & les omiffions échapées au gra-. veur, nous ont quelquefois obligés, de mettre certains carac-. téres au bout de la ligne & hors de leurs rangs. Mais on a eu foin d'y marquer des fignes, qui les rapellent à leur place naturelle, & quelquefois même d'en avertir en particulier.

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Parallèle des alphabets Samaritain, Grec, Arcadien,
Pélafgien, Etrufque. Explication de la planche
qui les contient. Remarques fur les monumens.
Etrufques & Samaritains.

N

OTRE première planche d'alphabets en renferme fix, le Samaritain, le Phénicien, le Grec, l'Arcadien, le Pélafgien & l'Etrufque. Le premier & le dernier font généraux. Les quatre autres n'ofrent, fous chaque lettre, qu'un petit nombre de figures...

On diftingue deux fortes de caractéres Hébraïques ; les Samatitains ou Phéniciens, dans lesquels la plupart des favans reconoiffent l'ancien Hébreu ; & les Caldaïques ou Judaïques, qu'on apelle Hébreu carré, Hébreu moderne. Il y a un autre caractére Phénicien ou Tyrien, dérivé du Samaritain & du Caldaïque tout ensemble.

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SECT. II.

Quoique le parallèle, donné d'après Chishull, des lettres Gréques, Etrufques & Latines, avec les Samaritaines, ait affez fait fentir, qu'elles tirent leur origine de ces dernières; CHAP. XII. un alphabet général des caractéres Phéniciens ou Samaritains rendra la chose encore plus évidente. Rien ne fera plus pro

pre,
à la mettre dans tout fon jour; que de difpofer fur di-
férentes colones, à côté du Samaritain, les alphabets Grec,
Arcadien, Pélafgien, Etrufque, qui font dérivés du premier
plus immédiatement, que tous les autres.

I. Le Phénicien du premier age, ancien Hébreu ou Samaritain; nous l'avons formé fur les médailles & les meilleurs auteurs, qui ont effayé, d'en réunir tous les divers caractéres. Cet alphabet général est le résultat d'un fi grand nombre d'ouvrages; que le détail en paroitroit ennuyeux. Auffi n'en trouve-t-on nulle part d'une égale étendue ou même, qui en aproche.

ral des lettres SaAlphabet géné maritaines ou

Phéniciennes

Les lettres BTEHLO * P ne s'écartent en rien des Gré- * ques, tournées de droite à gauche, telles en un mot qu'on les voit dans les anciennes écritures bouftrophédones. La diférence entre les A. K. M. N. I. regardant du même côté, n'a prefque rien de fenfible. Elle est très-légére, du moins entre un certain nombre d'A. r. z. o. z. §. Le T. fe recon- S3 noit dans le Tau en forme de croix. Il n'y a que le Schin, qui ne fe montre point dans l'alphabet Grec, quant au fon. Car quant à la figure, on la retrouve fans peine dans l'o méga. Il ne refte donc, que le feul I Grec, dont la reffemblance avec le Samaritain n'ait rien de frapant. Mais qu'eftce qu'une feule lettre fur vingt-deux? D'ailleurs, pour découvrir l'iota dans l'iod Samaritain, il ne s'agit que de retrancher quelques traits, fans en ajouter d'autres.

Si l'on compare les alphabets Etrufque & Samaritain; on remarque une uniformité parfaite de part & d'autre, entre les caractéres B EHZ KLM NEП*PT; fans parler des traits * የ de reffemblance, qu'un peu d'attention découvre entre les autres lettres de l'un & l'autre alphabet général.

Mais, puifque les lettres Phéniciennes ou Samaritaines, qui remontent le plus avant dans l'antiquité, ont été tirées des monoies des Juifs, apellées ficles, que ces médailles nous fourniffent plus de divers caractérés, que les Mff; il est

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