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Dans l'hypothèse, que (8) les monumens Etrufques & Pélaf giens, d'où font pris nos alphabets, précédent, la guerre de Troic; plus les antiquités Gréques aprocheront de ce tems, plus (s) leurs caractéres auront de conformité avec eux. Malgré les changemens introduits dans les alphabets de la planche VII. colone première, & de la planche X. colones 1. & 2. par le nombre & la figure des lettres, la fucceffion des fiècles, le génie des nations, la nature des langues & des dialectes; leur reffemblance ne permet pas de douter, qu'ils n'aient une origine commune, & qu'ils ne foient tous dérivés du même alphabet, ou que l'un d'eux ne foit la fource de

tous les autres.

C'est donc à très-jufte titre, que Tacite (1) eftimoit les lettres Etrufques, Gréques d'origine. En effet, les caractéres Etrufques & Pélafgiens font au fond les mêmes. Les cinq premières tables Eugubines, à l'exception du traité de Claverniur en lettres Latines, n'ont rien, qui les diftingue les unes des autres, du côté de la forme des lettres. Leur diférence d'avec celles des Etrufques des tems poftérieurs ne consiste, que dans des changemens, tels qu'on remarque dans tous les caractéres des mêmes peuples de divers fièclés. Quant aux deux dernières tables, & d'une partie de la troifième en caracté res Latins dans Dempfter; leur figure ne paroit pas originale. Nous n'y comprenons pourtant pas le P. & le Q. dont la forme est véritablement antique.

V. L'Etrufque ou l'ancien Tofcan doit nous intéreffer, & par la proximité des lieux, & par les travaux de la célébre Académie, qui s'eft particulièrement dévouée au renouvellement de cette langue & à l'éclairciffement de fes monumens antiques. Auffi en donnons-nous un alphabet général fort ample. Nous l'avions d'abord emprunté d'un Mf. de M. Bourguet, du XVIII. tome (u) de la Bibliothèque Italique, d'une table alphabétique, mife à la tête de la Differtation de M. Bourguet fur l'alphabet Etrufque, & de deux diférens alphabets, publiés dans les deux tomes du Museum Etrufcum de M. Gori. Mais comme les caractéres, à force d'être tranferits;

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font fujets à des altérations confidérables; nous nous fommes déterminés, à former cet alphabet général, d'après d'après les originaux, que nous fourniffent Dempfter, M. Gori, & les Differtations de l'Académie Etrufque de Cortone. Si nous faifons quelque ufage des alphabets dreffés avant le nôtre; nous avons foin d'en avertir par un ], qui les fépare de ceux, que nous avons formé nous-mêmes. Loin d'être perfuadés, qu'il faille retrancher huit lettres, des vingt-quatre de l'alpha-r bet Etrufque de M. Bourguet; nous croyons qu'on peut l'augmenter de plufieurs. En conféquence nous y ajoutons le C. lès deux O, f'un bref & l'autre long. Du refte nous fuivons le fyfième alphabétique du Profeffeur de Neuchatel. Nous portons auffi l'eftime pour l'érudition Etrufque de M. Gori, jusqu'à répéter quelques caractéres, fous les lettres, où il juge: qu'ils feroient mieux placés, qu'aux rangs que M. Bourguet. leur afligne. Et nous le faifons, non feulement quand nous penfons, que fon fentiment doit prévaloir; mais même quand:

nous en jugeons autrement..

Le plus grand embaras, que préfente l'alphabet Etrufque réfulte (9) des variations, ou plutôt du partage des auteurs, même les plus modernes, au fujet de la valeur des lettres, qu'il renferme.

Pour raffurer ceux qui ne fachant plus à quoi s'en tenir, voudroient fe replonger dans les incertitudes, où l'on étoit, avant notre fiècle; nous marquons d'un accent dans notre alphabet toutes les lettres contestées, & néanmoins bien fondées à conferver la place, dont elles font en poffeffion; par-· ceque des raifons très probables militent en leur faveur. Surmontées d'une étoile, elles annoncent qu'on ne doit pas trop compter fur leur certitude. Au contraire ne portent-elles aucune

:

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(9) Il y a des A, qui peuvent être confondus avec des N, des R, des F des Tl des B, qui le font avec des F., des V, des K, des, des P, des D & des O: des D avec des Z. des R, des K, des Q & des F: des V avec les-L: des H avec les & les : des avec les O brefs. Ces derniers le font même avec les H par M. l'Abbé (x) Olivieri. On voit encore des Z confondus avec des S : des I avec des L: des F avec des Sch: des TS avec des X, des TI: des Ph avec des Q & des Q :

des Sch avec des Tl : des T avec des V
& les doubles P.

Ces confusions viennent en partie de
la reffemblance réelle, qu'ont ensemble.
plufieurs lettres Etrufques; en partie de.
l'incertitude & du peu de concert de.
ceux, qui depuis environ vingt ans ont -
publié des alphabets Etrufques ou fait.
des obfervations fur les lettres, qu'ils
contiennent. Ce font les membres mêmes.
de l'Académie Etrufque, qui prennent di-
vers partis fur la valeur de ces caractéres."-

SEC. PARTIE.

SECT. 11. CHAP. XII.

(x) Saggi di Diff...

2. p. 63, ·

SEC. PARTIE.

SECT. II.

CHAP. XII.

(y) Saggi di Diff.. 4. p. 139.

Etat des lettres

note, c'est qu'elles font à couvert de tout foupçon. Il y en a
dont l'état n'eft pas douteux, mais qui cependant représen-.
tent tantôt une lettre, tantôt une autre. Nous les diftinguons
par un petit c.

Les mêmes lettres & particulièrement les voyelles fe dou-
bloient chez les Samnites en deux maniéres, fuivant M. l'Ab-
bé (y) Olivieri: 1o. en répétant les mêmes caractéres: 2°. en
mettant un point deffus ou une petite bare à côté : comme
on voit dans les deux derniers I de notre alphabet.

VI. Avant M. Gori, dont les travaux fur la littérature Etrufques jufqu'à Etrufque égalent ou furpaffent ceux des auteurs, qui l'ont dénombre n'eft pas vancé dans la même cariére; perfone n'y avoit couru,

préfent. Leur

encore fixé.

felon

lui, avec plus de fuccès, que M. Buonarruoti Sénateur de
Florence & M. Bourguet Profeffeur de Philofophie à Neu-
chatel. M. Gori, qui leur rend une parfaite juftice, n'a pas
pas moins bien mérité de la République des Lettres, par fes
recherches & fes découvertes, dans le même genre d'étude.

Depuis que les fameufes tables Etrufques & Pélafgiennes
(2) Museum E- d'Eugubio eurent été trouvées (z) en 1444. & mifes en dépôt
trufc. prolegomen. (a) dans les archives de cette ville: les Savans (10) à l'envi fi-
pag. xlvij.
(a) Saggi di Diff. rent cent tentatives infructueufes, pour dreffer un alphabet

E. 2. p. 34.

(b) Muf. Etrufc. praf. p. xxiij.

Etrufque. Il n'y a pas encore bien des années, que M. Re-
naudot regardoit comme un tems perdu tous les travaux en-
trepris, pour dévoiler les mystères des écritures Palmyrien-
nes, (11) Etrufques & Puniques.

Le tems de diffiper l'obfcurité, dont ces dernières étoient
couvertes eft enfin arivé. M. Buonarruoti a mis les Savans fur,
les voies. Mais la gloire, de frayer le premier un chemin sûr
à la conoiffance des lettres Etrufques & Pélafgiennes & d'y
pénétrer, étoit réservée à M. Bourguet (b): Primus magno lit-
teratorum plaufu ignotum Etrufci ac Pelafgici fermonis prifcum

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1

la

iter..... aperuit. En y (c) diftinguant 24. lettres, tant pour figure, que pour la valeur, & en publiant fur cette matiére des Differtations très-favantes, il a prefque entiérement rétabli la littérature (12) Etrufque rem penè totam reftituit.

Des éloges fi magnifiques fembloient au moins devoir nous répondre de la bonte de l'alphabet, qu'avoit publié cet auteur. Cependant M. Gori, après avoir célébré M. Bourguet, comme le reftaurateur de l'ancienne langue des Tofcans, propo-fe dans fa cinquième Differtation un alphabet tout diférent du fien, tant fur le nombre des lettres, que fur leur arangement & leur valeur. Son zèle pour le progrès de la littérature Etrufque a fans doute donné l'être à ce nouvel alphabet: & fes dificultés contre deux ou trois lettres du Profeffeur de Neuchatel ne font point du tout méprifables. Mais ne faloitil rien de plus, pour leur fubftituer un alphabet, dépourvu d'un tiers de fes élémens ; quoique plufieurs d'entr'eux puiffent aisément fe foutenir contre fes ataques? M. Gori peu fatisfait lui-même de fon premier travail, nous met entre les mains dans fa préface un fecond (13) alphabet, qu'il poura

qui nous font connues, & qu'elle n'y a » aucun raport. « Mém. de l'Acad. t. 1. pag. 205. M. de Boze a été relévé par : les Italiens, fur ce qu'il dit, que lestables Eugubines font toutes en caractéres Latins; quoiqu'il y en ait cinq en caractéres Pélafgiens ou Etrufques. Mais M. de Boze ne pouvoit parler de ces tables, que fur ce qu'en ont écrit les auteurs : & l'on convient, qu'avant Dempfter on n'en avoit donné, que des notions fort confufes. Il refte même quelques brouilleries dans les tables Eugubines, ajoutées à fon ouvrage. Mais elles ont été depuis redreffées par les Académiciens de Cortone.

SEC. PARTIE.
SECT. II.

CHAP. XII.
(c) Ibid p. xlviij
& xlix.

(12) M. Bourguer a mieux réuffi fans doute, dans l'intelligence des lettresEtrufques, qu'a en fixer irrévocablement les caractéres ; du moins au jugement de M. Gori. Peut-être auffi pouroit-on rabatre quelque chofe des louanges, que cet auteur donne à MM. Buonarruoti & Bourguet, au fujet de l'alphabet Etruf que. En éfet, M. de Boze dans fon hiftoire de l'Académie royale des Infcriptions s'en expliquoit ainfi dès 1717. Les favans des deux derniers fiècles » crurent diftinguer fufifamment toutes » les lettres de ces infcriptions (Etruf» ques), pour en compofer un alpha»bet, que Gruter a inféré dans fa col»lection. On peut s'y être trompé à l'égard de quatre ou cinq lettres. Mais la plus grande dificulté n'étoit pas de les diftinguer, ni même de lire: puifque les tables Eugubines, que Gru-Il fe détermina, à dresser un alphabet fur ter a auffi publices font toutes la découverte, qu'il venoit de faire, que le premier caractére (e) avoit la valeur de (e) Ibid. praf... deux X Latines, & que le fecond avoit t. 1. p. j. · celle du X Grec. Tout ce dérangement de fyftème n'eft fondé, que fur l'infcription.

сс

en

» caractéres Latins. La lecture eft conftante: & plus elle l'eft, plus on eft obligé d'avouer, que la langue est သ abfolument diférente de toutes celles,

ככ

*

(13) Quelques jours auparavant (d) (d) Muf. Etruf il prenoit le pour une F ou deux T. Le t. 2. p. 417. 418. pouvoit être, felon lui, le Pf, ou deux V ou deux L ou l'L & PU réunis.

X V

SEC. PARTIE. peutêtre dans la fuite remplacer par un troifième encore meil leur. Perfone n'en eft plus capable.

SECT. II. CHAP. XII.

Dificultés contre l'alphabet de M.

Au furplus tant d'incertitudes & de variations en si peu de tems, fur le nombre & la valeur des lettres Etrufques, pouroient faire douter; fi cette espèce de littérature eft encore fortie de l'enfance. Pour réléver l'éclat de fa réputation naissante, on pouroit à la vérité mettre en problème; fi l'alphabet de M. Gori a pris faveur dans l'Académie de Cortone, particulièrement apliquée à l'étude des antiquités Etrufques, & dont il cft lui-même un des membres les plus célébres. Mais fans aléguer ici les raifons, qui pouroient faire douter, que fes deux alphabets aient enlevé tous les fufrages de cette illuftre Compagnie; il vaut mieux abandoner l'un & l'autre au jugement du public, après avoir exposé les motifs, qui nous empêchent de foufcrire en tout aux nouvelles décifions de ce favant homme.

VII. M. Gori ne compofe fon alphabet, que de feize letGori: raifons en tres, dont douze font (14) fimples, trois compofées, outre faveur de la con- l'afpirée H. Notre habile antiquaire aura peutêtre été conduit fervation & de la à ce fyftème par l'alphabet plus Philofophique, que naturel de diftinction de plu- M. Chishull, dont il a eu certainement conoiffance. L'ancienne opinion des lettres Cadméennes, bornées à seize, aura fait le refte. La conformité des plus anciennes lettres Gréques, qu'il

fieurs lettres.

d'une pierre précieuse, où les noms d'U-I
liffe & d'Achille fe voient en lettres
Etrufques. Mais 1°. après avoir refufé,
d'admettre certaines lettres dans l'al-
phabet Etrufque, fur des exemples uni-
ques ou rares; il ne trouve donc plus
d'inconvénient, à le faire fur un feul.
2°. Ceux qui, au lieu d'Ulixe ou plutôt
Ulixxe, liroient Uliffe, en raportant le §
au Tfadé des Phéniciens, lequel fe rend
fouvent par une double f; ne feroient-
ils pas également favorisés par l'infcrip-
tion: & de plus la prononciation Gré-
que & Latine d'Uliffe ne leur donneroit-
elle pas gain de cause ? 3°. L'X Etruf-
que ofre une autre figure fort diférente,
fur laquelle M. Gori ne contefte point.
Il la reconoit même également apuyée
fur une infcription. Nous ne nous voyons
donc pas forcés, de nous départir du
fyftème alphabétique de M. Bourguet,

qui raporte cette lettre au Tf. ou ff. des Orientaux Le dont M. Gori enrichit encore l'F, s'éloigne fi peu du Schin Phénicien, Tyrien, Samaritain & Caldaïque que rien n'oblige de l'en féparer. Les figures dont il fait des P doubles,

fe

raportent très-bien au fimple T. Quant au nom d'Achille, la prononciation Etrufque pouvoit être affez conforme à la nôtre, ou du moins mitoyenne entr'elle & celle des Grecs. Rien n'empêche donc, de rapeller cette lettre au Schin des Phéniciens. Ainfi l'alphabet de M. Bourguet peut encore le foutenir à cet égard.

(14) AEIKLMNPRSTV font les 12 lettres fimples de M. Gori. Z ℗ ℗ font fes compofées. L'H afpirée, lorfqu'elle eft feule, entre dans la compofition des deux dernières. Le résulte du C & de l'S. Muf. Etruf. praf. p. xlix.

ait

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