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remonter plus haut. En effet leurs lettres fe reffemblent auffi SEC. PARTIE parfaitement, que fi elles avoient été tracées de la même main.

SECT. II.

D.. Bernard de Montfaucon ne jugeoit le Mf. Alexandrin, CHAP. XVI. que du VI. fiècle. Il lui paroiffoit poftérieur au premier du Roi, à celui de Leyde & aux deux de l'Empereur. Il le met prefqu'au niveau d'un Mf. de S. Martin de Tours, dont il a donné (t) un modèle, & du Mf. des Evangiles de la Biblio- (1) Palaograph. théque du Roi, fur lequel on a écrit un S. Ephrem. Nous p. 215.

en avons inféré un morceau dans notre VI. planche, n. XII.

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Il faut encore obferver, qu'outre les accens, il y a de tems en tems des points dans le Mf.. Alexandrin, & dans celui, qu'on acorde fi libéralement à Origène. Le troifième Angli can, placé au deffus de tous les Mff. femble auffi faire quelque ufage d'efprits, affez mal formés. S'ils font d'une main plus récente; Cafley auroit bien dû en avertir. Nous n'avons point de Mff. en France, dont les caractéres reffemblent plus aux trois Anglicans que le Royal, marqué dans notre planche: n.. VIII. & celui de S. Germain des Prés fous le n. XV. Ce dernier furtout a de grands raports de conformité avec l'Ale-xandrin.

pou

de S. Paul.

VII. Le beau manufcrit des épitres de S. Paul Grec & La Mf. des Epitres tin, apartenant à la Bibliothèque de S. Germain des Prés roit paroitre du nombre de ceux, qui ont adopté les premiers la mode nouvelle des accens, des efprits & des points. On a fujet de le croire du genre de ceux, où pour faciliter la lec-ture & la prononciation, on afecta de peindre les accens & lès efprits; quoique les Calligraphes n'en cuffent pas encore. contracté l'habitude. Les points & les efprits étoient ici d'au-tant plus néceffaires, qu'en écrivant ce manufcrit, on tra vailloit pour des Occidentaux. La verfion Latine, placée à côté, le prouve évidemment.

D. Mabillon prend ocafion de ce Mf. pour faire remonter l'ufage des accens & des efprits beaucoup plus haut, qu'on ne fait ordinairement. Les derniers font omis ici plus fouvent que les premiers, qui ne laiffent pas d'être eux mêmes quelquefois oubliés. Mais eft-il bien sûr, que ces efprits & ces;; accens égalent l'age du Mf? Le trait des uns & des autres ne femble pas répondre à celui des lettres. Les points paroiffent encore plus visiblement d'une main postérieure. Le Gree

SEC. PARTIE.
SECT. II.

& le Latin font écrits en lignes, qui fouvent ne renferment qu'un mot, quoiqu'il refte au bout beaucoup d'efpace vuide. CHAP. XVI. Ôn évite régulièrement, d'y couper un mot en deux ; quand on paffe d'une ligne à l'autre. Ce n'eft pas feulement alors, qu'on laiffe en blanc, ce qui n'a pu être rempli par un mot entier: dès que le fens eft tant foit peu fufpendu, Ion recommence toujours à la ligne; fi ce n'eft par pure méprise. Cette divifion fcrupuleufe par verfets prouve, que l'ufage des points. n'étoit pas encore bien établi dans les livres. Quand on fupoferoit les accens & les efprits de ce Mf. auffi anciens, que fon écriture; on ne fauroit difconvenir, qu'ils n'y font font pas marqués avec cette exactitude, dont on fe piqua dans la fuite.

p. 185.

La forme des lettres annonce un age, auquel il est trèspeu de Mff. qui puiffent ateindre. On n'en voit prefque aucun, où les traits fupérieurs des lettres foient comme autant de fommets ou de bafes, qui les coupent, ou qui les foutiennent. Ce caractére femble réfervé aux anciennes infcriptions. Ici le haut des lettres fe trouve régulièrement tranché, & le bas l'est fort fouvent. Quand on y manque ; les caractéres fe terminent en pointe, à la manière des plus anciens Mff. Plufieurs lettres, & entr'autres les T font relévés par le côté droit de la (u) Palaograph. ligne horizontale, comme dans le Mf. colationé fur celui de S. Pamphile. Selon D. Bernard de Montfaucon, les («) marbres, les bronzes & les médailles font les feuls monumens Grecs, où l'on rencontre des A majufcules, à peu près femblables aux nôtres. Dans les Mff. au contraire jamais ils ne prènent, que la figure de triangle plus ou moins aigu ou arondi: fi ce n'eft qu'ils aient été écrits de la main des Latins: comme le Pfautier de Sédulius Scotus du IX. fiècle, & quelques autres d'un age poftérieur. Notre favant Bénédictin donne un modèle des épitres de S. Paul: mais il ne représente point cet ouvrage comme écrit par des Latins. Et d'ailleurs, fi l'on en eft redevable à ceux-ci : c'étoit dans un fiècle, où les Grecs n'auroient pas mieux formé leurs lettres. On en peut juger par ce Mf. & par celui du Roi. Dans cette hypothèse, il faut néceffairement faire remonter notre Mf. plus haut, que n'a fait D. de Montfaucon. Nous nous y croyons d'autant plus obligés que le Mf. même femble nous fournir une

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SECT. II.

preuve hiftorique, qu'il a été tranfcrit (15) avant le Pape Gélafe. Il est écrit par plufieurs mains, mais du même age. Nous nous bornons à en faire graver deux (16) morceaux, dont les CHAP. XVI. caractéres font diftingués les uns des autres par des traits, qui marquent affez la diverfité des écrivains.

Evangéliftaire de

VIII. Nous avions réfolu de placer, fous le n. XIV. de notre planche, un modèle du Mf. 278. de (17) la Bibliothéque la Bibliothéque du Roi, remplacé par le Pfeautier de

on

(16) Οἱ τινές εισιν ισραηλῖται, ὧν τ υιοθεσία ... κ ἐξ ὧν ὁ Χειτὸς τὸ κατὰ σάρκα, ὁ ὢν ἐπὶ παίτων θεὸς ἐυλογητὸς εἰς τοὺς ἀιώνας. ἀμήν. Rom. 9, 4. &ς.

(15) Ceux qui l'ont examiné avant nous, vrages ayant été jugés apocryphes par le Zuric.
ont paru diftraits fur les conféquences, qui Pape Gélafe I. il n'eft pas probable, que
réfultent d'une efpèce de Canon qu'on y dans un M. écrit en Occident, après
voit des faintes écritures, avec le nom- le decret de ce Pontife Romain;
bre de leurs verfets. En voici le titre : cût inféré, entre deux Epitres de l'Apô-
VERSUS SCRIPTURARUM SACRARUM. tre une efpèce de catalogue, où l'on qua-
Ita Genefis verfus. ID: c'est-à-dire life faintes écritures, les Actes de faint
4500. On continue d'y marquer de même Paul & la Révélation de faint Pierre. Il
le nombre des verfets de chacun des livres paroit même peu croyable, qu'après le
de l'ancien & du nouveau Teftament, foit mépris, avec lequel faint Jérome avoit
proto-canoniques foit deutéro-canoniques.
traité ces pièces; on eût encore témoi-
De l'ancienne Loi, il n'y a que les ligné pour elles un fi grand respect. Ainfi
vres des Paralipomènes & de Néhémie, le Mf. doit, ce femble être eftimé,
qui foient paffés fous filence. De la nou- au moins du V. fiècle, & d'une date plus
velle, nous ne voyons omifes, que les ancienne, que celle, où les ouvrages du
Epitres de S. Paul aux Philippiens, aux faint Docteur fe trouvoient déja répan-
Theffaloniciens & aux Hébreux. Jamais pandus de toutes parts.
les Eglifes n'ont eu de dificulté fur l'au-
torité de ces faints livres : fi ce n'eft
par raport à l'auteur de l'Epitre aux Hé-
breux. Le nom de S. Paul eft éfective-
ment omis à la tête de cette Epitre dans
notre Mf. qui renferme d'ailleurs celles
aux Philippiens & aux Theffaloniciens.
D'où il réfulte, que le Canon, qui fe
rencontre ici, n'a point été formé, ni fur
les livres de l'Ecriture, reconnus généra-
lement de toutes les Eglifes, ni fur une
fuite de Mff. dont celui des Epitres de
S. Paul auroit fait partie; mais fur quel-
que Bible d'un fiècle & d'une Eglife,
où l'on n'avoit pas encore réuni tous
des livres de l'ancien & du nouveau Tel-
tament. Outre ces omiffions & l'ordre
donné aux livres facrés, fort difé-
rent du rang, qu'ils ont aujourdui,
& qu'ils ont tenu depuis le quatrième
fiècle on en admet plufieurs, qui dès
ce tems-là étoient exclus du canon, com-
me le IV. des Machabées, l'Epitre de
faint Barnabé, le Pasteur de 4000. verfets,
les Actes de S. Paul de 4560. la Révéla-
tion de S. Pierre de 270. Ces derniers ou-
Tome I.

» Mes frères, qui font les Ifraélites, » à qui apartient l'adoption des enfans de » Dieu.... de qui le Chrît eft forti, fe»lon la chair, LEQUEL EST AU-DESSUS » DE TOUT LE DIEU BÉNI dans tous les » fiècles. Amen. «

Εἴ τις 8 φιλεῖ τὸν Κύριον Ιησοῦν Χρισ sòr, ráváðeμa, μagár áðá. 1. Corinth. 16, 22.

» Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur » JÉSUS-CHRÎT, qu'il foit anathème : » notre Seigneur vient. «<

(17) C'eft le livre des Evangiles, que les Grecs apellent Evangéliftaire. Il est écrit avec beaucoup de magnificence. Tous fes titres font en caractéres d'or, auffi-bien que la première lettre de ses verLets, qui commencent à la ligne. Les notes muficales, placées au-deffus des paroles de l'Evangile, qu'on devoit chanfont peintes en vermillon. Quoique les efprits & les accens ne foient pas Tttt

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SECT. II.

du Roi. Mais, comme il n'eft tout au plus, que de la fin (18) SEC. PARTIE. du VIII. fiècle ; qu'il apartient plus vraisemblablement au IX. CHAP. XVI. & qu'il nous eft tombé entre les mains le modèle d'un Mf. de Zuric beaucoup plus ancien : nous nous fommes déterminés, à donner à ce dernier la préférence. Au furplus on voit un modèle du Mf. du Roi dans un (x) livre, qui eft entre les mains de tous les Savans..

(x) Paleograph.

p. 229.

Le Mf. de Zuric ne paroit pas de la main des Orientaux ; fi ce n'est qu'ils l'euffent écrit pour des Latins. Le commencement de chaque verfet Latin mis à côté du Grec vient à l'apui de cette opinion. Si l'on n'envisage ce Pfautier, que par raport à certaines lettres, telles que les BTAZH MNTT; on feroit porté à le faire marcher de pair avec les plus anciens. Mais les E OPEN, par leurs côtés anguleux ou par leurs figures alongées, autant éloignées de la forme carée que de la ronde, femblent devoir le rabaiffer jusqu'au VII. fiècle. En prenant un jufte milieu, peutêtre ne rifquera-t-on pas beaucoup, fi l'on le fixe au VI. M. Hirfel dans une lettre, publiée luid. p. 13 par M. Breitinger, prétend qu'il (y) égale le Mf. Alexandrin

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toujours fort exactement marqués, ils
ne fauroient être regardés comme pofté-
rieurs au Mf. Les efprits ont la figure de
petits maillets, dont le manche n'auroit
prefqu'aucune épaiffeur. Les accens cir-
confléxes reffemblent à des O ouverts par
le bas forme qui leur eft ordinaire dans
les plus anciens Mff. lorfqu'ils ne pren-
nent pas celles du chevron brifé. Les
deux points fur les I. & les Y, quand
ils commencent les mots, ou qu'ils font
fuivis d'une voyelle, avec laquelle ils
ne forment point de diphtongue, ont
quelque raport à la figure de nos vir-
gules, dans ce Mf. & dans quelques au-
tres. Mais dans la plupart, ce font deux vé-
ritables points. Quelque forme qu'on leur
donne ; prefqu'aucun des Mff. Grecs de la
première antiquité n'en eft dépourvu.
M. Breitinger (z) Profeffeur de la lan-
gue Gréque à Zuric, en parlant de ces
points & des apoftrophes, dit que Dom
Bernard de Montfaucon avoue pag. 33.
de fa Paléographie, qu'il ignoroit l'ufage
& le mystère de ces notes; tandis que
celui-ci déclare pofitivement au fujet des
deux points fur les Y & les I. qu'il n'eft

pour

pas dificile de deviner la raifon
laquelle ils y ont été mis: quả verò do
causâ adfcripta fuerint, haud difficile eft
augurari : & qu'il explique l'ufage de l'a-
poftrophe, fans dire le moindre mot,
qui infinue l'aveu de fon ignorance. En
éfet l'ufage des deux points fur ces let-
tres, eft d'anoncer, qu'elles fe pronon-
cent féparément des autres voyelles,
auxquelles elles font jointes, ou de
marquer le commencement des mots,
qui n'étoient point alors diftingués les
uns des autres. Voilà tout le mystère.
Cet ufage s'eft même foutenu, depuis
que les mots ne furent plus expofés à être
confondus enfemble. Il faut donc qu'en
lifant la Paléographic, la particule hand fe
foit dérobée aux yeux du favant Profefleur,
qui prendra fans doute en bonne part cette
petite juftification d'un docte confrére.

(18) La preuve que ce Mf. ne fauroir être tout au plus, que de la fin du VIII. fiècle, & beaucoup plus probablement dus IX. c'eft qu'il s'y trouve le 31. d'Août un Evangile pour la mémoire des faints Patriarches Alexandre, Jean & Paul k jeune, prédéceffeur de faint Taraise..

pre

SECT. II. CHAP. XVI.

en antiquité, s'il ne le furpaffe pas. Cet auteur ne feroit pas SEC. PARTIE. même dificulté, de le mettre au deffus; s'il en faloit juger par les changemens de l'H en I, fans exemple dans le mier, & qui ne font pas rares dans le fecond. Mais pour que l'argument fut toutafait concluant; il faudroit, qu'on ne remarquât point de changemens femblables dans des monumens antérieurs aux plus anciens Mff.

Au reste nous nous en raportons fur fon age au jugement des antiquaires, jugement qu'il leur fera plus aifé de porter, à la faveur des pièces de comparaison, que nous leur mettons fous les yeux. On voit les caractéres (19) de celui-ci au nombre XIV. de notre planche, d'après le modèle, que M. Breitinger en a fait graver. Nous ne devons pas omettre ici un trait, qui relève beaucoup le mérite du Mf. de Zuric. Le même savant homme nous aprend, que le Mf. Alexandrin, ainfi que celui du Vatican, laiffent des lacunes confidérables dans le livre des Pfaumes, auxquelles on peut rémédier, au moyen du Pfautier de Zuric. Ce dernier eft d'ailleurs écrit en caractéres d'or & d'argent fur du vélin peint en couleur de pourpre. Comme il n'a ni esprits ni accens; il auroit été placé plus haut dans notre planche: fi elle n'avoit pas été déja commencée lorfque M. l'Abbé Oliva Bibliothécaire de M. le Cardinal de Rohan a eu la bonté, de nous communiquer le livre, d'où nous empruntons ce modèle.

pas

xandrin de S. Germain des Prés > contenant prefque tous les livres hiftoriques de l'an

cien Teftament.

IX. Assigner dans notre planche la dernière place à un Ms. Autre Mr. Aledu V. fiècle; cela paroitroit extraordinaire : finous n'avions averti, qu'on feroit contraint, d'avoir plus d'égard à la forme des Mff. qu'à leur antiquité. D'ailleurs on s'eft fait une loi, de mettre à la tête ceux, qui n'ont ni efprits ni accens: à moins que les uns & les autres n'aient fi évidemment été ajoutés ; que perfone ne puiffe révoquer le fait en doute. C'eft furquoi nous ne nous flatons pas de réunir tous les fufrages, en faveur du Mf. de l'Abbaïe de S. Germain des Prés, dont on donne un extrait (20) au n. XV.quoique D. de Montfaucon (a) se soit

» tous les fiècles , pour acomplir mes
» vœux chaque jour.

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(19) Ελεος καὶ ἀλήθειαν αυτό τίς * έξη τήσει ; οὕτως ψαλῶ τῷ ὀνόματί σου εἰς τοὺς ἀιῶνας, τὸ ἀποδοῦναι με τὰς εὐχάς μου ἡμέραν ἐξ ἡμέρας. Pfalm. 60. v. 8. & 9. » Qui cherchera en vain sa miféricorde » & la vérité? Je chanterai votre nom dansur, & xaj duròs Sexia idrar.

(20) Τις κι ἐγερεῖ ἀυτόν ; οὐκ ἐκλείψει ἄρχων ἐξ Γούδα· καὶ ἡγούμενος ἐκ ὃ μηρῶν αυτό. ἕως αν ἔλθη ς τὰ ἀποκείμημα

(a) Biblioth.Coil. p. I. & 2. * al. ἐξ τήσει.

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