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SEC. PARTIE.
SECT. II.

Tous les deux font tirés d'une belle Grammaire Ruffienne compofée en 1724. par Jean Sohier, interprète en langues CHAP. XVII. Efclavone, Ruffienne & Polonoife à la Bibliothéque du Roi. C'eft le Mf. 462. Nous avons ajouté au premier alphabeti quelques lettres prifes des légendes d'une monoie Ruffrenne.. Quant à l'ordre des lettres, nous n'en avons dérangé qu'un très-petit nombre, pour les faire mieux quadrer avec les au tres langues voisines. M. l'Abbé Lebeuf nous a communiqué · une pièce extraite d'un Mf. d'Autun de fept à huit cents ans.. Les caractéres en font Grecs pour la plupart. On les croiroit: d'abord Ruffiens: mais il refte néanmoins plufieurs lettres, qui ne peuvent être connues avec le fecours de la nouvelle Grammaire. Il est vrai que fur un écu Ruffien récent on voit. quelques lettres, & entr'autres celle-ci.*, fur lefquelles elle ne nous donne aucune lumiére..

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La neuvième colone contient un alphabet Bulgare, tiré dus Mf. 2340. de la Bibliothèque du Roi, Mf. ancien au moins de huit à neuf cents ans. Ces derniers caractéres furent originairement les mêmes, que les Efclavons Ils ont encore cette conformité, d'être prefque tousà doubles traits : ce qu'on apelle des lettres blanches. On remarque pourtant de part & d'autre quelques caractéres abfolument diférens. Il y en a auffi: dans le Bulgare, qui ne fe retrouvent pas dans le Servien..

L'Illyrien ou l'Esclavon porte de plus le nom de S. Jérome.. Aventin (x) dit que les Efclavons reçurent leurs lettres de (x) Annal. lib. 4. Méthode le Philofophe. Mais le Pape Jean VIII. en reconoit, pour auteur le Philofophe Conftantin, Walton dans fes Prolégomènes ne fait pas dificulté d'avancer, que S. Jérome traduifit la Bible en langue Dalmatique, qu'il l'écrivit en caractéres aprochans de ceux des anciens Grecs, & qu'il aprit aux: peuples de Dalmatie à les lire.

L'auteur de la Bibliothéque Apoftolique du Vatican parlant de l'alphabet Illyrien ou Efclavon, qu'il venoit de rapor-ter, obferve que les Esclavons, Illyriens & Dalmates ont en cette langue & en ces caractéres l'Écriture fainte, la Messe & les autres Priéres facrées; que les Dalmates, à qui le Pape Paul II. en acorda l'ufage, les entendent ; & qu'ils répan(5) Ex registr. droient tous jufqu'à la dernière goute de leur fang, (5) plutôt Mf. Vatican. (5) Ut captis potiùs armis omnes difpe- | bliotheca Apoftol. Vatican. p. 162. rire malint, quàm eas relinquere. Bi

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SECT. II. CHAP. XVIL

que d'y renoncer. Longtems auparavant, Jean VIII. non feulement permit à ces peuples, de célébrer le fervice divin & SEC. PARTIE. dans cette langue & avec ces caractéres ; mais même (6) il le leur ordona en autorisant toutefois les Magiftrats, à se faire dire la Meffe en Latin, s'ils le fouhaitoient. Malgré la diférence des lettres de ces trois alphabets, elles ont les mêmes noms & se prononcent de la même maniére. Les caractéres Serviens ont également cours dans la Servie, la Valachie la Moldavie, la Bofnie, les Ruffies & la Mofcovie. Ce qui n'empêche pas que les Ruffiens n'aient aufli des caractéres propres, & dont quelques-uns font affez diférens de

ceux-ci.

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VI. La reffemblance des lettres Arméniennes & Gréques Alphabet Armē-eft bien moins frapante, que ne l'eft celle de ces derniè- nien. res avec les alphabets précédens. On l'aperçoit pourtant dansun petit nombre de caractéres. Il n'y en a pas moins ; qui ont de la conformité avec les Latins. Voilà en partie pourquoi, (7) nous avons confacré à cet alphabet la dixième colone de de notre planche. Nous y fommes encore autorifés par les établissemens, que les Arméniens ont en Europe. Au furplus nous croyons devoir nous borner à ces alphabets, par raport. à tous les peuples, dont nous venons d'expofer les caracteres. Exceptons-en les Grecs, fur les écritures & les chartes def-quels, nous ferons obligés, de nous étendre un peu davantage, quoique toujours avec beaucoup de réserve.

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(6) Litteras denique Sclavonicas à Conftantino quodam Philofopho repertas, quibus Deo laudes debita refonent, jure laudamus,& in eádem lingua Chrifti Domini noftri praconia & opera enarrentur, JUBEMUS. Neque enim tribus tantùm fed omnibus linguis Dominum baudare autoritate facra monemur, quâ præcipit dicens: Laudate Dominum omnes Gentes, & collaudate eum omnes populi Hinc & Paulus caleftis quoque tuba infonat monens : Omnis lingua confiteatur, quia Dominus nofter Jefus Chriftus in gloriâ eft Dei Patris..... Nec fanè fidei vel doctrina aliquid obftat five Miffas in eâdem Sclavonica linguâ canere, five facratum Evangelium vel lectiones divinas novi veteris Teftamenti bene tranf

:

latas & interpretatas legere, aut alia ho-
rarum omnium officia omnia pfallere
quoniam qui fecit tres linguas principales,
Hebraam fcilicet, Gracam & Latinam
ipfe creavit & alias omnes ad laudem

gloriam fuam..... Data menfe Ju-
nio Indict: xij. Biblioth. Apoftol. Vatic.
P. 316. 317.

(7) On a vu des favans du premier ordre ne pas laifler de prendre des caractéres Arméniens, trouvés dans le Mf.. 2357. de la Bibliothéque du Roi, felon l'ancien no. pour une écriture inconnue. A force de rendre commun cet al→ phabet; les gens de Lettres courront moins rifque, de donner dans de pa-reilles bévues.

SEC. PARTIE.

SECT. II.

CHAPITRE

XVIII.

Alphabets Runiques ou des Peuples du Nord: leurs M

Obfervations fur I.

les lettres Runi

ques.

Antiquité des

Runes.

A&

Quatre ou cinq lettres près, l'écriture Runique (1) ne femble guère pouvoir fe raporter à celle des autres peuples; quand on ne l'envifage que dans fes caractéres les plus communs, ou même dans quelques alphabets détachés. Mais fi l'on réunit tous ceux, qu'on peut tirer de divers monumens antiques; alors leur conformité avec les lettres Gréques,& encore plus avec les Latines, fe manifefte fi clairement; qu'à peine peut-on montrer une feule lettre de l'alphabet Runique, qui foit absolument étrangère aux unes & aux autres. Nous difons une lettre, & non pas un caractère ou une figure. Chaque lettre en effet de l'alphabet Runique fe trouvant extrèmement diverfifiée par le nombre des diferentes figures qu'elle prend; il s'en rencontre toujours quelques-unes, dont la reffemblance avec les Gréques & les Latines ne fauroit être contestée. Cette reffemblance de lettres Runiques s'étend jufqu'aux caractéres des anciens Hétrufques, Espagnols & Gaulois.

II. Nous ne prétendons pas nous rendre garans des fables débitées fur l'antiquité de l'écriture Runique. Supafé qu'elle ne vienne pas immédiatement de la Gréque ou de la Latine; on pouroit peutêtre raifoner, au fujet des nations (2) Septentrionales, comme le fait M. le Préfident Bouhier au sujet des Pélafges.

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SECT. II. /

Si l'amour de la Patrie fait excéder certains écrivains dans l'antiquité, qu'ils prêtent aux caractéres du Nord ; ceux qui SEC. PARTIE. nient, qu'on y ait ufé d'aucune écriture (4) avant l'établiffe- CHAP. XVIII. ment du Chriftianifme; ne paroiffent pas affez en garde con- (a) Bibl. univ. tre l'extrémité contraire. Hickes, qui feul en vaut plufieurs de la Polygraph. autres fur cette matiére, atefte, qu'il exifte un nombre con- Ep. Proleg. fol. fidérable (3) de monumens en écriture Runique, dont quelques-uns précédent l'établissement de la Religion Chrétienne dans le Nord, & quelques autres touchent de près à cette époque. Il n'en eft pas moins vrai, que divers peuples de ces climats & de l'Allemagne en particulier, ne faifoient nul

XXII.

ufage des lettres avant leur converfion. » On raporte (6) (b) Elian. var.. qu'aucun des anciens Thraces n'étoit inftruit des lettres. hist. lib. 8. cap. 6.L'ufage même en eft regardé comme une chofe très-hon

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teufe

par tous les barbares, qui habitent l'Europe. Mais on dit que ceux d'Afie ne font nulle dificulté de s'en fervir. Elien, dont nous citons les propres termes, floriffoit au II. fiècle, tems auquel on conoifloit fort les barbares d'Allemagne: mais on peut douter, fi les peuples de la Suéde & de la Norvége étoient affez connus des Grecs & des Romains.

C'eft prendre un parti raisonable , que de faire remonter avec certains auteurs l'ufage des lettres dans le Nord au IVe.. fiècle, ou même au tems, où ces nations commencèrent à lier quelque forte de commerce avec les Romains. Mais cette opinion ne réfout pas encore toutes les dificultés. On a par exemple, bien de la peine à concevoir, comment plufieurs

» écriture étoit répandue dans tout notre » Occident, & qu'ayant été détruite dans » la Gréce par l'alphabet de Cadmus,

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elle fe fera confervée dans la Scandinavie. Il faut convenir que Rudbeks a » fouvent été trop loin par le defir d'illuftrer fon païs: mais toutes les conjectures > ne font pas à rejetter pour cela, il s'en >> trouve de très-ingénieufes, & quel» ques-unes même d'affez probables. « Mem. de Littér. de l'Acad. des Infcript. tom. 6. p. 616.

Au furplus nous aimerions mieux chercher en Italie les caractéres Pélafgiens dans les monumens des Pélafges mêmes, que dans les lettres du Nord. La Scandinavie ne fauroit rien produire en ce gen

re, qui aproche de l'age des tables d'Eu-
gubio.

(3) Cet auteur tranche prefque le mot
d'infini. Selon lui, il exifte des Mff. fans
nombre, écrits en anciennes & nouvelles
lettres Runiques. Innumeri (c) codices
tam in litteris antiquis, quas runas vo-
cant, quàm in novis fcripti. Tant de mc-
numens & de M. ont-ils été fabriqués.
par divertiffement ou par pure vanité ?
Le penfer, ce feroit ébranler les fonde~
mens de la foi publique. D'ailleurs l'u--
fage des Runes (d) s'eft maintenu dans les
infcriptions & les Mff. du Nord: même
après l'introduction de l'écriture Latine,
jufqu'au XV. fiècle. On en trouve aufsi
fur les monoies & fur les tombeaux.

(c) Differt. epist..

p. 122.

(d)DeDanica lin-tiqua gloriá-com-gua & nominis an

mentariolus Otth.Sperlingii. p, 89..

SEC. PARTIE.
SECT. II.

caractéres, renfermés dans notre alphabet général Runique, ont fi prodigieufement changé de figure dans un assez CHAP. XVIII. petit nombre de fiècles; fupofé que ces lettres vinffent des Gréques ou des Romaines. Ne fe pouroit-il pas même faire, que comme les barbares devenus Chrétiens abandonèrent pendant long-tems aux Clercs l'étude des lettres.: lorfqu'ils étoient encore payens, quelques-uns de ces peuples s'en déchargeaffent également fur les miniftres de leur fauffe Religion? D'ailleurs il n'eft pas rare, que les Grecs & les Romains aient comté pour rien toute littérature, où ils ne pouvoient rien comprendre, & qu'ils trouvoient plus court de méprifer, que d'aprofondir.

Remarques fur

Nord.

III. Au milieu des alphabets Runiques, on en remarque. les alphabets du dont les lettres peuvent paffer pour communes, ou pour être beaucoup plus fréquentes que les autres. Elles naiffent toutes de l'I. ou de la ligne perpendiculaire. A ce trait fi quelqu'un croit faifir la marque de la fimplicité primitive des plus anciens caractéres ; un autre s'imaginera peutêtre découvrir la preuve d'une écriture inventée après coup. Mais de part & d'autre on fe tromperoit également.

(e) Pag. 49.

Précis de la XIV. planche.

(f) Page 152.

L'alphabet Norman, felon Béde, publié (e) par Wormius ne reffemble prefque point à celui, qu'on voit dans le beau Mf. 1340. de la Bibliothéque du Roi. L'un & l'autre contiennent peu de caractéres, que notre alphabet général n'eût déja tiré d'ailleurs. Outre celui (4) des Normans, les Scythes, les Gétes & les Maffagétes avoient auffi le leur. Chacun de ces alphabets ofre un nombre de lettres évidemment Runiques, & de l'efpèce la plus commune: mais ils ont auffi des Caractéres, qui les diftinguent les uns des autres. On n'en doit pas inférer, que les derniers ne font pas de véritables runes. Car combien d'alphabets intitulés Runiques dans les anciens Mff. où l'on ne laiffe pas d'obferver de femblables traits & de conformité & de diffemblance?

IV. Les Mff. les infcriptions & les alphabets Runiques: voilà les fources, où l'on a puifé l'alphabet général, quo

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