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PREM. PARTIE,

SECTION PREMIERE.

Où l'on montre la folidité des principes & des fondemens, fur lefquels la Diplomatique eft apuyée.

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U AND on entreprend de traiter d'un art, il convient de payer d'abord quelque tribut de louange à fon inventeur

& de mettre fon fyftème & fes principes à couvert des fauffes critiques de fes envieux. Aufli ce ne fera qu'après avoir rempli l'un & l'autre devoir, envers le père de la Diplomatique, qu'on justifiera les archives elles-mêmes de diverfes acufations, formées contr'elles. Les éloges confacrés à la mémoire de D. Mabillon, ne feront pas un vain encens, uniquement destiné à relever fon mérite, ils rejailliront néceffairement fur l'art, dont la République des Lettres lui eft redevable. Ils en conftateront de plus en plus l'excellence, & commenceront au moins à en decouvrir la folidité,

CHAPITRE PREMIER.

Défense générale de la Diplomatique de D. Mabillon.

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Eloges de la Di- I. plomatique & de fon auteur.

L n'eft peut-être point d'homme de lettres, qui n'ait admiré le travail immense, la fagacité merveilleuse, & l'érudition profonde, dont la réunion fait de la Diplomatique du P. Mabillon un des ouvrages les plus utiles, les plus extraor dinaires & les plus achevés, qu'on ait vû paroître depuis plufieurs fiècles. Nous pourions faire un jufte volume des éloges, que toute l'Europe favante a décernés à la mémoire de celui, qui en a conçu le deffein, & qui l'a fi heureusement exécuté. Au jugement d'un Bibliographe, de qui le nom n'eft pas moins cé

lébro

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23

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PREM. PARTIE.
SECT. I.
CHAP. I.

(a) Dupin Bi

blioth. tom. XIX.

édit. de Holland.

lébre en Orient (1) qu'en Occident. (a) » D. Jean Mabillon
» est un des Savans du fiècle, qui a le plus donné d'ouvrages au
public, & qui eft le plus eftimé & le plus confidéré avec juftice
par tous les Savans de l'Europe.....Il feroit dificile de louer
le P. Mabillon, comme il le mérite. La voix du public &
l'eftime générale de tous les Savans font fon éloge beaucoup p. 6. 55. 17.
» mieux, que tout ce que nous en pourrions dire. Sa profonde
érudition eft connue par fes ouvrages. « Nous n'ajouterons pas
les autres louanges, par lefquelles M. Dupin termine fon
éloge. En rendant compte de fes livres, il s'étoit expliqué fur fa
Diplomatique en ces termes: Le livre qui a le plus aquis de
reputation au P. Mabillon eft fon favant ouvrage de la Diplo-
matique, imprimé en 1681. Il n'y donne
feulement une
connoiffance des chartes; mais il aprend encore à juger de
>> tous les monumens anciens. C'est un genre d'érudition toute
» particulière, que perfonne n'avoit encore ofé tenter, & qu'il
» a épuifé dans cet excellent ouvrage."<

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pas

Déja néanmoins le P. Papebroc avoit effayé d'établir des règles, pour le difcernement des diplomes vrais, faux ou suspects. Mais comme elles fe trouvèrent entiérement éfacées par celles de D. Mabillon; M. Dupin femble compter pour rien l'Effai de Diplomatique, placé à la tête du fecond tome des Actes des Saints du mois d'Avril. Le favant Jéfuite AVOUE luimême, dit M. l'Abbé Raguet, (b) « qu'il avoit vû peu d'originaux anciens; & il faloit en avoir vu beaucoup, pour bien exécuter fon deffein. Ainfi on peut dire en quelque forte, que la matière étoit encore toute neuve, quand le P. Ma» billon a entrepris de la traiter : mais il a pris auffi toutes les mefures, pour l'épuifer, & pour faire un ouvrage ache

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M. Fontanini, l'un des plus favans Prélats Italiens de notre fiècle, auroit travaillé pour l'immortalité; n'eût-il jamais fait autre chofe, que de fe déclarer avec autant de zèle que de fuccès en faveur de la Diplomatique. Défenfeur d'un auteur, pour lequel Rome & l'Italie entière avoient déja pris parti; pouvoit-il manquer de parler avec éloge de fon livre, qu'il

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(b) Hift. des conteft. fur la Diplom.pag. 34.

PREM. PARTIE.

SECT. I.

СНАР. І.

:

avoit vu accueillir de toutes parts avec (2) des aplaudiffemens, dont à peine trouve-t-on d'exemple : Plus il avoit aprofondi l'ouvrage, qu'il fe propofoit de venger, en le comparant avec les raifonemens de fon adverfaire plus il s'étoit perfuadé, qu'il ne fe pouvoit rien de plus accompli. Ce n'étoit point un fentiment, qui lui fût particulier. Quand il atribuoit à la Diplomatique, d'avoir infiniment augmenté les richeffes littéraires des Nations, qui n'ont pas la barbarie en partage; il ne faifoit que foufcrire au jugement du public. Non feulement il qualifie D. Mabillon d'homme très-fage, de génie admirable; mais il ne veut pas même, qu'on prononce fon nom, fans l'accompagner d'éloges. Il femble en effet que prefque tous les Savans s'en foient fait une loi inviolable. C'eft ainfi qu'entre tant d'autres, un Académicien François, qui mérite d'être distingué par fes découvertes dans l'antiquité, après avoir observé, dans quelles étranges bévues, les gens d'efprit mêmes avoient coutume de tomber, il n'y a guère plus de foixante ans ; lorfqu'ils parloient de diplomes, fans être encore guidés par les lumiéres sûres de la Diplomatique, s'écrie d'un ton, qui montre affez qu'il connoit tout le prix de cet art & de fon inven(c) M. Lebeuf. teur: (c) Tant il eft vrai, qu'avant l'inestimable livre du P. MaRecueil de divers billon, l'on alloit fort à tâtons dans l'examen des diplomes de nos Rois!

Ecrits t. 1. p. 326.

(d) Ling. vet.

Septentr. thefaur.
Prafat. p. xxxv.

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Hickes, le fameux Hickes lui-même dans (d) le livre, où il arbora le titre de cenfeur de la Diplomatique & de fon auteur, ne put lui refufer celui d'homme très-favant & du plus grand ornement de la France, Gallia maximum ornamentum. En un mot, felon lui, nommer le P. Mabillon, c'eft en faire l'eloge le plus complet. (e) Quem nominare, maximè laudare eft. Le faVant Jaque Vencker (f) met l'ouvrage de D. Mabillon au-dessus. de tous les livres de ce genre, & lui donne le titre d'incomparante Jacobo Wen- rable. Cujus libri fex imcomparabilis de re diplomaticâ operis in hoc inftituto principatum tenent. Le docte Baringius ne trouve point de comparaifon plus noble, pour relever ce livre & fon

(e) Ibid. p. xx. chivi & Cancella ria jura, accu

(f) Collecta Ar

kero. Argentorati. 1715. p. 221.

(2) Abfolutissimum & ubique fplendidè | exceptum opus de re diplomatica, quod ante annos tres viginti Johannes Mabillonius. vir fapientiffimus & nunquam nifi honorificè nominandus, poft immenfos ingenii fui

propè admirabilis, & vigiliarum exantlatos labores, in dias luminis auras eduxit. Unde omnium gentium non barbararum litteraria fuppellex ampliffimè auita. eft, Jufti Frontanini Vindicia pag. 2.

auteur, que de mettre en parallèle l'un avec Homére ( 3 ) & l'autre avec l'Iliade. Il regarde comme un bonheur fingulier, d'avoir vu (4) ce magnifique ouvrage. Un autre habile Alleman (g) traite D. Mabillon d'homme très-célébre, que tous les hommes admireront à juste titre : il dit que fon jugement incorruptible & fon érudition fingulière rendirent inutiles, les efforts d'une foule de critiques, ligués pour obfcurcir l'éclat de l'art diplomatique encore naissant; que pour détruire les opinions erronées de Marsham, qui s'étoient emparées des efprits de plufieurs gens de lettres, & pour élever cette belle fcience au comble de la gloire, où elle est enfin parvenue, il publia fa Diplomatique, ouvrage, où il ne remplit pas feulement l'attente des plus habiles gens, mais où il la furpaffa de beaucoup; qu'il montra dans l'éxécution de fon entreprise, un génie excellent, une étude profon de, une doctrine fure, une expérience confommée ; en un mot que fa Diplomatique eft un ouvrage immortel & au-deffus de tous les éloges. Don Blas Antonio Naffarre y Ferris grand bibliothécaire du Roi d'Espagne, dans la belle préface, qu'il a mise à la tête de la Bibliothèque univerfelle de la Polygraphie Espagnole de D. Chriftoval Rodriguez, & les favans aprobateurs de cet ouvrage, ne femblent combler d'éloges ce dernier auteur, que pour les faire rejaillir fur D. Mabillon.

M. le Marquis Scipion Maffei, quoique plus difpofé à critiquer D. Mabillon qu'à le louer; dans l'énumération, qu'il fait des auteurs, qui ont mis au jour diverfes compilations de diplomes, s'arête tout à coup, & femble reprendre fes fens, pour parler avec plus de dignité d'un homme fi extraordinaire, & en faveur duquel le public eft prévenu de la plus parfaite estime. (h) » Mais je fai, dit-il, que le lecteur attend

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(b) Iftoria di

tova 1727.p.106.

» avec impatience, qu'on l'entretienne du P. Mabillon, qui plomatica.in Man plus que tout autre a illuftré ce genre de littérature, il quale » più d'ogni altro illuftro quefto ftudio, & qui a fait paroî» tre un fi grand nombre d'actes dans fes Analectes, dans fes » Siècles Bénédictins, & dans fes Annales, interrompues par

(3) Pratermittendum duxi Joh.Mabillonii commentationem de variis fcripturarum veterum generibus, qua in opere ipfius diplomatico lib. 1. cap. XI. conftituit, ne Iliadem poft Homerum fcribere videar. Clavis diplomatica. Hanoveræ. 1737. pag. 11.

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(4) Potiora interim alphabeta Mabillo nii & hic exhibendum duxi, potiffimùm eorum in gratiam, quibus non datum eft, Splendidum hoc rei diplomatica opus inspicere. Ibid. pag. 10.

PREM. PARTIE.

СНАР. І.

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» mort au grand préjudice du public, & furtout dans fon SECT. I. fameux ouvrage de la Diplomatique. « Il eft fans doute bien glorieux à D. Mabillon, que la palme lui ait été ajugée fur tous les rivaux, par celui qui n'auroit pas été faché de fe mettre fur les rangs, pour la lui difputer.

(i) Répons, à la Lettre du P. Ma

billon touchant la

S. Larme, art. 9. p. 102,

M M. Baudelot

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M. de Thiers lui-même, en écrivant contre ce Bénédictin, n'a pu fe difpenfer de s'exprimer ainfi fur fon compte: (i) » Pour moi je ne connois point d'homme de lettres, qui se soit fait plus de réputation, à plus jufte prix, que lui. « Cet éloge eft court: mais il n'eft pas poffible d'y rien ajouter, quand on fait attention, que c'eft un homme fort animé qui parle, & qui fe croit obligé néanmoins, d'acorder à fon adverfaire le premier rang parmi les favans d'un fiècle auffi éclairé, que le fut celui de Louis le Grand. Au refte comme nous penfons moins, à mettre les auteurs à contribution, pour compofer le panégyrique de cet illuftre Confrére, qu'à repouffer les affauts qu'on lui livre, en leur opofant les éloges, dont il a été comblé ; voyons quels font les reproches généraux, qu'on a formés contre fa Diplomatique, Nous répondrons ailleurs à ceux, qui ne regardent que des points particuliers.

ractéres, qu'elle renferme. Le premier prend un chi- »> fre pour une écri- . ture nationale.

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II. L'auteur de la Méthode pour étudier l'histoire, eft venu à & Lenglet repro- bout de fe diftinguer du commun des Savans, en tranfcrivant chent à la Diplo- la cenfure, que M. Baudelot avoit faite de la Diplomatique. matique, de ne pas renfermer les ca- Selon ce dernier critique un peu dificile à contenter, (k) «quoi» que le P. Mabillon ait touché quelque chofe du caractère Gothique & Lombard, il n'a point parlé de ceux des autres pais & des autres langues. (5) De là vient.... que cet ouvrage ne donne qu'une connoiffance fort légére & fort bornée fur cette matiére, pour l'intelligence des titres ou des » autres Manuscrits. « M. Lenglet du Frefnoi n'avoit garde de fe refuser à une cenfure fi fingulière. Il débute néanmoins par un trait d'équité, quand il dit que (1) » l'ouvrage le plus célé » bre, que nous ayons fur cette matiére (des chartes) eft incontestablement, celui que le P. Mabillon a fait fur la Diplomatique, De re diplomaticâ. Mais fes idées fe confondent, quand il pourfuit ainfi fon difcours : » Il ne faut pas

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(k) De l'utilité » des Voyages tom. 2. p. 86. édit. de Rouen 1727.

(1) Méthod. pour étd. l'histoire, édit.

de Rouen, tom. 2. P. 378.

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(s) Ne femble-t-il pas, à entendre M. Baudelot, que pour faire une diplomatique parfaite, il auroit falu traiter des

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Chartes des Chinois, des Tartares, des
Indiens, des Japonois, & peut-être des
Méxicains.

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