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jufte, que par raport à la Diplomatique. Auffi dans. quelle estime n'est-elle pas chez toutes les nations favantes? Que n'a-t-on pas fait depuis le renouvellement des belles lettres, pour mettre le public à portée, d'en recueillir les fruits? Combien de collections d'actes publics & privés, de regîtres & de cartulaires n'a-t-on pas vu former, avec des peines & des dépenses incroyables, par les plus grands hommes d'Etat & les Sa+ vans du premier ordre ? Ces morceaux de littérature font aujourdui comptés parmi les principales richesses des Bibliothéques. C'est entr'autres par cet endroit, Jurnal des que celle du Roi l'emporte fur les plus renommées.. Savans du Lun. Quand l'héréfie s'établit en Suéde fur les ruines des di 4. Novem- Eglifes & des Monaftères; on n'eut rien de plus à cœur, que d'en raffembler les chartes & d'en enrichir la Chancellerie du Royaume. Ces archives, qualifiées royales, font devenues le dépôt public de l'Etat. La foi & la justice font foulées aux piés; tandis que les archives font épargnées & recueillies avec grand foin. On les reçoit fans fcrupule de la main des Moines: on s'aveugle fur la Religion; mais l'intérèt fait ouvrir les yeux fur l'importance & la néceffité des anciennes chartes. Ainfi les Archives furvivent fouvent au renverfement même des Etats.

bre 1709.

Solidité de la

II. Mais fa folidité répond-elle aux brillantes quaDiplomatique lités, dont elle nous paroit revêtue ? Ses principes fonts eft fa certitude. ils de nature à ne jeter jamais dans l'illufion?

de quelle nature

Quand elle n'auroit point d'autres fondemens, que ceux de l'Hiftoire, ils n'en feroient pas moins à l'épreuve des ateintes de la Critique, qui n'eft pas elle-même. apuyée fur des motifs plus certains. Perfone ne fauroit nier, que la Diplomatique ne foit au moins fondée fur

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رو

Troisième

certitude de

de l'Acad. des

des principes communs à ces fciences. Or, au jugement de deux Savans, diftingués en tout genre de littératu re, ou plutôt de l'illuftre Académie, qui s'eft en quelque forte expliquée par leur bouche: » l'exactitude & » la capacité d'un hiftorien, fa probité & son amour » pour la vérité, font tout le fondement de la certitu- Difcours fur la "de d'une hiftoire ancienne, telle qu'elle foit; quand hiftoire par M. » l'écrivain n'a pas produit les titres pofitifs & fonda- l'Abbé Sallier. » mentaux de fa narration..... Quoique cette certi- Mém. de Littér. » tude ne résulte point de preuves infaillibles en elles- Infer. tom. 6. » mêmes; elle a cependant la force, de calmer l'in- pag. 117. 118. quiétude de l'efprit & de fufpendre tous les doutes: 133 134 »nous croyons une hiftoire, quand elle eft reconnue » pour vraie, par exemple celle de Henri IV. avec au» tant de fermeté; que fi tous les faits particuliers, qui la compofent, nous étoient démontrés d'une manière » infaillible. « La Diplomatique participant à la certitude de l'Hiftoire, aura donc aufli la force, de calmer l'inquiétude de l'efprit, de fufpendre tous les doutes, de fe faire croire avec autant de fermeté; que fi les pièces, dont elle s'autorife étoient démontrées d'une maniére infaillible. Or une science avantagée de toutes ces pré-rogatives n'eft-elle pas d'une folidité, qui juftifie l'eftime, qu'en fait le public, & les foins avec lefquels la cultivent les gens de lettres de tous les païs? Ecoutons préfentement M. Fréret, autre lumiére de la même Académie. » Les fciences les plus importantes à l'homme, » la Morale, la Politique, l'Oeconomie, la Médecine, Ibid. P. 184a » la Critique, la Jurifprudence font incapables de cette » certitude identique des démonftrations de Géomé>>trie «L'importance de la Diplomatique n'en foufriroit donc pas, quand fa certitude n'iroit pas plus loin.

Mais fi le témoignage d'un ou deux auteurs bien inftruits, fincères & contemporains & non contredits par une autorité égale ou fupérieure, eft le fondement ordinaire de la certitude historique; il eft des cas auffi fréquens en fait de monumens originaux,qu'ils font rares en fait d'hiftoire, où l'on parvient à une certitude bien au deffus de celle, qui n'a pour bafe, qu'une plus grande probabilité. L'uniformité des témoignages de la part d'une multitude innombrable de témoins, foit qu'ils fe fuccédent d'age en age, foit qu'ils dépofent à la fois, furtout s'ils font de divers païs & d'intérèts diférens, opére une certitude morale du premier ordre. Il en eft de même du concours d'une foule de circonstances, qui toutes constatent la fincérité d'un original. Posé ce concours de fufrages, de traits historiques, d'ufages & de formalités: on prononce fans crainte, que tel acte ne peut avoir été fabriqué, que tel fait, dans ce qu'il renferme de principal, ne fauroit être faux. Ces conditions effentielles viennent-elles à manquer: un diplome contredit-il tous les ufages du tems, ou même péche-t-il contr'eux dans quelques points capitaux: il n'eft pas poffible de le tenir pour vrai. La Diplomatique roule donc fur des matiéres capables d'une certitude abfolue. Le vrai & le faux lui font fouvent connus avec évidence. Le discernement, qu'elle en fait, bannit toute incertitude. Si quelquefois le plus ou le moins probable devient fa refsource; alors les foupçons, les doutes, les conjectures, les préfomptions plus ou moins graves font la règle de fes jugemens. On diroit qu'elle les combine, qu'elle les fupute, qu'elle les aprécie. Tant qu'elle ne donne pour certain, que ce qui fe trouve apuyé fur des preuves infaillibles, & pour plus ou moins

on dreffa les diplomes, demontrent la certitude des faits,qu'ils

contiennent.

probable, plus ou moins fufpect, que ce qui en porte les caractéres ; la lumiére & la fageffe dictent les arêts, perfone ne peut en apeller, fans fe brouiller avec la raison. III. Si le fufrage des auteurs contemporains eft re- Les précautions, gardé comme le plus ferme apui de la vérité de l'Hif- avec lesquelles toire; parcequ'ils font cenfés témoins des faits arivés de leur tems: des actes originaux & fouvent autentiques où pour l'ordinaire les oui-dires ne font point de mife, où l'on ne configne que des événemens préfens, où tous les termes font pefés au poids du sanctuaire, où l'on ne laiffe gliffer aucun fait, qui ne foit au vu & au fçu des affiftans; de tels actes font d'une certitude, à laquelle il n'eft pas poffible, de rien opofer de raifonable. Or la plupart des anciens diplomes fe diftinguent: par toutes ces précautions, s'ils ne les portent pas encore plus loin. Les auteurs des chartes plus circonfpects, que ceux de l'hiftoire, n'avancent pas des faits fur le raport d'autrui, mais fur le témoignage de leurs propres yeux. Nul hiftorien du tems ne fut jamais auffi parfaitement informé de la totalité des événemens qu'il peint, que l'auteur d'une charte l'eft de l'action qu'il tranfmet à la poftérité. La mémoire de celui-ci ne fauroit lui rendre de mauvais fervices: il ne confulte

que le raport actuel de fes fens. Leur illufion n'eft pas à craindre pour lui : les objets qui l'ocupent font trop fimples & d'une difcuffion trop facile. Il n'eft point expofé au danger, de copier des relations mal concertées, ou de prendre de travers celles, qui seroient dressées avec foin: il ne fauroit énoncer quoique ce foit d'inexact ou de contraire à la vérité; qu'il ne fe voie obligé fur le champ de recommencer fon travail ou de coriger fon erreur. Les Princes, les Juges, les Parties

Pyrrhonifme hiftorique: excès de la Critique.

contractantes, les témoins, dont il eft éclairé, font autant de furveillans intéreffés, à ne pas permettre, qu'il altére la vérité ni dans les faits ni dans leurs circonftances.

Un ancien diplome n'eft pas l'ouvrage d'un écri vain, qui de fon cabinet, fouvent par prévention, plus fouvent fans connoiffance de cause, décide du mérite des grands hommes, pénétre les fecrets des Puiffances, prend parti fur des fuccès fort douteux. Ici ce font des perfonages de diftinction, qui voient, qui ateftent, qui confirment tous les faits énoncés par un Notaire. Là c'est un Prince au milieu de fa Cour, ou de fes Miniftres, qui les ratifie. Ici des Prélats, là des Magiftrats les muniffent du fceau de l'autorité publique ou de la leur. Communément nombre de témoins en répondent & s'en rendent garans. Et prefque toujours ces actes font dreffés, avec des marques de folennité égales, à celles de leur publicité. Qu'y a-t-il dans la fociété humaine de plus autentique, & de moins fujet à l'erreur? Peut-on après cela demander, qu'on prouve la vérité de monumens, dont l'autorité eft fi grande; qu'elle fufiroit feule, pour prouver les faits les plus extraordinaires, qui ne feroient point combatus par une autorité égale, & qui ne pouroient d'ailleurs être convaincus de faux ? Auffi eft-il passé en maxime parmi les Jurifconfultes, de tenir pour vrai tout Titre, contre lequel on n'a point formé d'inscription en faux : & cette infcription ne lui fait point perdre fon autorité, fi elle n'eft foutenue par des preuves péremptoires.

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IV. Cependant il s'eft trouvé des hommes, en qui le Pyrrhonisme historique avoit tellement ofufqué les lumiéres de la raison; qu'ils ont ofé demander, si des actes

autentiques

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