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Puis, doucement pensifs, vers le toit paternel

Où leurs chiens sont rentrés las de leurs courses vaines,

Ils retournent, joyeux au plus profond des veines

De ce bonheur muet qui touche à l'éternel.

L'INSPIRATRICE

PIÈCE

PRÉSENTÉE AU CONCOURS

Par M. l'abbé VICTOR DOUSSY, vicaire à Léon (Landes).

D'invisibles liens, frêles et douloureux,

Dans l'immense univers vont de mon âme aux choses.

(SULLY PRUDHOMME.)

Oh! que chaque départ loin de tes horizons.

A fait saigner mon rêve et pleurer ma jeunesse, Depuis les jours lointains où nous nous connaissons, Ma Lande, fiancée à ma toute tristesse!

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Je te reviens, ce soir d'automne, pour jamais;
Mon retour est heureux comme un ciel sans nuage,
Car tu m'as ondoyé, dans le vent des sommets,
D'un baptême d'azur limpide, le visage.

O bonne Inspiratrice, ô Lande, je te dois
Le don quotidien des pures solitudes:

Tu m'appris à bénir, le front entre mes doigts,
L'isolement des soirs sous ma lampe d'étude.

En suivant tes leçons avec simplicité,

j'ai pu, malgré la croix d'épreuve qui m'incline, Eblouir mon labeur à la sérénité

De ta mélodieuse et forte discipline...

Si j'ai soufflé ton âme aux vieux airs des pipeaux, Tes pipeaux qu'ont aimés Lamartine et Virgile, Et, sous un ciel d'églogue où tintent des troupeaux, Evoqué le divin Pasteur de l'Evangile;

Si claire et sans détours, comme un beau parc français,
Perpectives de bois et d'eaux en lignes purės,

Ma strophe, selon l'ordre éternel que tu sais,
Ondule, harmonisée à tes pins, et murmure;

Et si même, parfois, dans la forêt des mots,
J'ai fait gronder un rêve aux musiques profondes,
Ou chanté, comme au vent tes lyriques rameaux,
Un poème chrétien où bat le cœur du monde,

Le rythme et la couleur m'en sont venus de toi,
Des couchants violets parmi les dunes blanches,
Et de cette autre mer, les pins aux amples voix,
Qui bercèrent mes yeux au roulis de leurs branches.

O Dunes, où le vent des siècles a sculpté
Des reposoirs de solitude à ma prière,

O mer sans horizon comme l'éternité,

Je vous aime toujours de ma ferveur première!

Et c'est pourquoi, ce soir, Lande qui m'as nourri
De méditation sous tes nefs de feuillage,

Je réfugie en ton asile désappris

Mon cœur si las d'aventureux appareillages.

Me voici : Je suis seul, dans l'ombre envahissant

La solitude bleue où Dieu fit sa demeure...

Et mon âme est plus neuve, il me semble, et je sens Une lumière emplir ma vie intérieure!...

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Passé gouffre et clarté, tombeau des siècles, paix, Charnier faiseur de vie aux plis de son suaire! Avenir inconnu que guette l'ossuaire,

Profondeur, nuit des nuits, rêve, silence épais!... Vingt ans! Gouttes de vie au flot du temps mêlées! Hélas! comme déjà vous êtes loin de moi

O mes vingt ans : propos d'orgueil, actes de foi ! Heures d'oubli, heures d'espoir, heures ailées!

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