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Les yeux tout élargis de volupté profonde,
Ils aspirent un peu cette fraîcheur de l'onde.
Un aubier se profile, en gris clair, les roseaux
Se taisent; l'on entend le clapotis des eaux;

Et chassant de la queue une mouche importune,
Les boeufs, à petits coups, boivent du clair de lune...

LA PETITE MEUNIÈRE,

Les cheveux poudrés de lumière,
Le geste vif et gracieux,

Colette avait des yeux... des yeux
A damner Socrate, ou saint Pierre.
Mais jamais son petit bonnet
Joliment bordé de dentelles
N'avait encore ouvert ses ailes...
Et le moulin tournait, tournait...

Un soir, vint près de la rivière,
Fier comme un coq, le grand Lucas:
<< Eh bien, l'on ne fait donc plus cas
«Des amis, la gente meunière? »
Et Colette tant s'étonna

De se trouver si peu..... cruelle
Que le bonnet battit de l'aile,
Et le moulin tourna, tourna...

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Ce fut un vrai scandale, à cause
D'un roitelet, car à mi-voix,

Chez le petit peuple du bois

Il s'en alla conter la chose.

Les ruisseaux clairs, suivant leur cours,
En bavardaient à perdre haleine,
Et le vieux moulin, dans la plaine,
Tournait, tournait, tournait toujours!

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J'ai souvent le regret des siècles méconnus,
La hantise des jours que je n'ai pas connus.
Parmi les plaisirs vains ou le deuil éphémère,
Mon âme d'autrefois demeure une étrangère.
Je m'exalte à l'orgueil des sublimes aïeux.
L'héroïque Passé revit devant mes yeux,

S'éveille à la rumeur des saintes épopées.
Son ombre s'illumine à l'éclair des épées,
Et dans le gouffre bleu du beau ciel décevant
L'astre éteint ressuscite en un soleil levant.
Poètes qui rythmons le grand Verbe sonore,
Durant l'effroi des nuits nous songeons à l'aurore.
Drapés dans la fierté comme dans un manteau,
Par la religion du Bien, du Vrai, du Beau,
Nous nous faisons une âme impassible et sereine.
Ah! nous n'écoutons pas les clameurs de la haine.
Nons sommes les passants que l'on raille. Pourtant,
Nous oublions le mal ou l'insulte, en chantant!
Nous planons au-dessus de l'humaine misère.
Notre essor se mesure au vol de la chimère.
Nous mourrons indomptés, pour venger l'Idéal,
Et gardant le mépris de ce siècle brutal,
Acharnés vaillamment à nos labeurs sans trêve,
Nous soufflons vers le ciel les bulles d'or du Rêve!

1

ESPIÈGLERIE.

Parfois, pensif avant le crépuscule gris,
Assis devant la table élégante, j'écris

Près du vase de Saxe où tu places des roses
Mes espoirs fous, ou bien mes souvenirs moroses.
J'écris. Je suis le fil de mon rêve. Soudain,
J'entends, derrière moi, le murmure incertain
De ta robe. Je feins d'ignorer ta présence,
Je te vois dans la glace, et garde le silence

Pour te laisser l'orgueil de me surprendre ainsi.
Ta robe fait toujours son murmure adouci...
Alors, d'un geste fin, tu mets sur mes paupières
Tes mains d'enfant, tes mains câlines et légères,
En riant de mon trouble, en disant: « Qui c'est-il? »

<< Qui c'est-il? C'est la sœur des pervenches d'Avril? » — « Vraiment ? » — « J'ai respiré ton parfum si frivole... » Enfin, penchant le front par-dessus mon épaule, Avec le charme vif d'un oiseau familier,

Tu lis les vers nouveaux noircissant le papier,
Et ton âme se berce au rythme, et je regarde
Le rayon clair qui meurt sur la vitre, ou s'attarde
A poudrer d'or le blond de tes cheveux soyeux...
Je retourne la tête, et je baise tes yeux,

Ces yeux où j'ai trouvé le bon oubli des fièvres.
La douceur de tes cils me caresse les lèvres.
Je sens renaître en moi des désirs alanguis.

Je souris; tu deviens très rouge; et c'est exquis.......

LA LOIRE ET LA GARONNE

PIÈCE

PRÉSENTÉE AU CONCOURS

Par M. RENÉ PONCHET DE LUNEGARDE,
château du Martret (Corrèze).

O Loire, fil d'argent, qui coupe en deux la Gaule,
Ton eau s'écoule ainsi que les jours d'un bourgeois,
Paisiblement. Et tu reflètes de grands bois,

Des coteaux portant des villas sur leurs épaules,
Des profils d'aristos, qui, épris d'autrefois,
Voient le monde à l'envers dans ton mirage drôle.

La Gascogne, ta sœur, coule en pays gascons;
(La Gascogne, c'est le pays où l'on gasconne)
Les flots, sous le soleil, semblent des cheveux blonds,
Le soir, elle a le ciel étoilé pour couronne.
Et la Loire se jette en l'Océan profond,
Mais l'Océan va se jeter dans la Garonne !

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