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J'ai fini, Messieurs. Le sujet de philosophie chrétienne fournit, cette année, au rapport sur le concours, sa conclusion. Fidèles de l'idéal spiritualiste et chrétien, nous n'avons pas cessé d'espérer que le dernier mot lui restera; nous estimons que, même en poésie, la religion, règle supérieure de la vie morale, demeure la sauvegarde; c'est notre tradition de penser ainsi et d'oser le dire.

Aux poètes, de reconnaître cet idéal dans son principe et de travailler à en propager le règne; dans cet ordre de pensées, une haute et rare mission, j'allais dire un apostolat, leur est dévolue rappeler à une génération surmenée d'affaires qu'il existe un ordre supérieur où doit trouver le but l'homme qui ne vit pas seulement de pain. L'heure est décisive à maint égard; elle fait appel à toutes les forces et l'influence des poètes a sa place marquée dans le mouvement de notre temps.

RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DU PRIX PUJOL

Lu en séance publique, le 3 mai 1907

Par M. de GÉLIS

L'un des quarante Mainteneurs.

MESSIEURS,

Alphonse Karr a dit dans ses Guêpes que, de tous les métiers, celui de bienfaiteur était le plus ingrat, et que, quelque habile que fût un homme à mettre la philanthropie en pratique, il était toujours sûr de mécontenter quelqu'un. Souhaitons que M. Pujol, fondateur de nos plus beaux prix littéraires, n'éprouve aucune de ces déceptions. Du haut de sa demeure dernière, il n'entendra, j'espère, que des murmures de satisfaction et de reconnaissance monter à lui; mais je me demande s'il avait bien prévu la conséquence actuelle de sa générosité : ce troisième discours que je me vois forcé d'infliger à la patience de

notre auditoire et à l'impatience de nos lauréats?

Cependant, la récompense est trop belle et les efforts pour l'obtenir trop méritoires pour ne les mentionner point. Et comme notre rapporteur général, absorbé par l'accomplissement d'une tâche qui ferait reculer un moins vaillant ne peut suffire à tout, je viens à son aide, très confus d'ajouter un chapitre à son éloquent exposé.

Deux prix annuels, il est bon de le rappeler, deux prix de 1,500 francs chacun, furent destinés par M. Pujol aux candidats qui, soit en vers, soit en prose, se distingueraient dans un sujet d'histoire locale. L'idée d'employer une de ces annuités à célébrer la mémoire de nos donateurs. était toute naturelle, et, dès 1905, l'Académie inscrivait dans ses concours une Etude sur les bienfaiteurs des Jeux Floraux.

Pourquoi cet intéressant programme n'a-t-il pas eu plus de succès? Pourquoi, sur les 1,500 fr. mis à notre disposition, n'avons-nous pu en distribuer que 200 l'année dernière et 1,000 cette année? Pourquoi, lorsque nous souhaitions une glorieuse distribution de prix, en avons-nous été réduits à une sorte de liquidation forcée?

Mon Dieu! Sans connaître le secret des concurrents, je devine à peu près leur mésaventure. De ce titre « Bienfaiteurs des Jeux Floraux », ils s'étaient fait une idée toute poétique. Ils voyaient la théorie des bienfaiteurs s'avancer dans un ciel bleu, tenant, l'un son Lys, l'autre son Œillet, l'autre son Eglantine à la main. C'était, autour de l'autel d'Isaure, une procession auguste d'ado

rateurs, et sur les degrés du temple, un ruissellement de fleurs et de joyaux précieux. Mais quand l'écrivain s'asseyait à sa table de travail, surchargée de papiers, tout changeait! La réalité se faisait à la fois plus prosaïque et plus précise, et, ni la perruque poudrée de M. de Scopon, ni la toque galonnée du président de Boyer, ni la calotte de velours du bon M. Ozenne ne répondaient plus à l'idéal rêvé.

Bienfaiteur, sans doute, l'excellent M. Pujol! Il n'a fait que du bien toute sa vie! Il en a fait à l'humanité souffrante avant que d'en faire à l'humanité littéraire et poétique! Mais quel auteur, si ce n'est peut-être Molière, s'est jamais inspiré de pareilles vertus?

Dans leur désespoir, nos candidats trouvèrent, en l'érudit M. Duboul, un sauveur inespéré. Notre regretté collègue se trouve avoir fait un gros livre où la question des bienfaiteurs est savamment traitée. C'était providentiel, il n'y avait plus qu'à copier! Avec quelques variantes, les concurrents ont reproduit ce texte. Chaque bienfaiteur a sa fleur et chaque fleur a sa monographie. Comme documentation, c'est parfait; mais l'intérêt est faible et ne dépasse guère celui qu'on prend à une nomenclature de botaniste.

Soyons justes, pourtant; M. Rouzaud ne s'est pas borné aux statistiques de M. Duboul. Il s'est souvenu que les Sept Troubadours étaient nos fondateurs, et il a pensé que leur beau geste méritait, autant qu'autre chose, de passer pour un bienfait. Dans sa très complète et très consciencieuse étude, on trouve, à défaut d'idées bien ori

ginales, le souci de ne rien omettre et de ne rien négliger.

M. Bressolles n'a pas eu les mêmes scrupules': il a manqué de reconnaissance envers les créateurs du Gai-Savoir au point de les laisser dans l'oubli. Pour un fils d'académicien, c'est impardonnable. A moins que, par délicatesse, il ne se soit interdit toute flatterie à l'égard des mainteneurs anciens et modernes. J'excuse cette modestie, car elle est de naissance, et j'encourage le jeune auteur à puiser encore dans le trésor des vertus paternelles, il y trouvera le talent.

Mme Venturini ne consacre guère que l'introduction de son discours aux bienfaiteurs anciens. Elle réserve tout le reste, c'est-à-dire un peu plus qu'il ne faudrait, aux successeurs de Laloubère. Composition aimable, broderie légère, où l'on sent courir la plume j'allais dire l'aiguilled'une infatigable ouvrière de lettres que nos habitués reconnaîtront mieux sous le nom de Mme Caylas. Maintes belles fleurs ont récompensé son talent, et l'année dernière, sur ce même sujet des bienfaiteurs, elle a déjà mérité un prix. Son courage est grand d'avoir tenté l'épreuve encore une fois; mais on comprend l'effet plutôt nuisible qu'a dû produire, sur une imagination un peu vive, l'obligation de se répéter.

L'Académie n'a pas cru devoir octroyer en bloc, pour me servir d'une expression à la mode, les 1,300 francs dont elle disposait, mais elle a réparti 1,000 francs entre les trois concurrents: 500 francs au premier, 300 francs au second, 200 francs au dernier.

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