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EXTRAIT

DU

PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DE RENTRÉE

(16 NOVEMBRE 1906).

Après avoir déclaré la séance ouverte, M. de Raymond-Cahusac, modérateur du trimestre, s'est exprimé en ces termes :

MESSIEURS,

Trois fois, depuis l'interruption des séances que nous reprenons ce soir, l'Académie s'est vue frapper douloureusement: il y a deux mois, qu'à une semaine d'intervalle, ses deux doyens, M. le comte Fernand de Rességuier et M. le comte Victor d'Adhémar, deux maîtres de haute et rare valeur, deux amis pour la plupart d'entre nous, lui ont été enlevés; avant-hier, M. de Peyralade nous quittait aussi, plume brillante sur laquelle nous nous plaisions à compter pour longtemps encore. Les morts vont vite chez nous! L'expression de nos regrets particuliers n'a pas attendu

jusqu'aujourd'hui; vous voudrez néanmoins que le registre de nos délibérations constate ceux de la Compagnie.

Personnalités différentes à maints égards MM. d'Adhémar et de Rességuier, que vous me reprocheriez de séparer; mais l'un et l'autre hommes supérieurs et talents de race; tous deux issus de la même formation morale, tous deux s'inspirant du même idéal pour les travaux de l'esprit, la règle des actions, ou la conception très élevée de ce que nous sommes ici et devons

rester.

Nul n'a tenu plus grande place chez nous que M. le comte de Rességuier, non seulement par la richesse et la flexibilité d'une organisation merveilleuse, mais par l'ascendant qu'il avait pris sur l'Académie et y conservait encore, plus qu'octogénaire; nul n'a eu plus sincèrement à cœur le prestige et les intérêts de la Compagnie. Traditions, aspirations, elle s'incarnait en lui, vous le savez, et je n'ai pas à rappeler avec quels soins vigilants, pendant plus d'un tiers de siècle, sa direction s'est attachée à la maintenir dans la voie de spiritualisme chrétien, de bon sens et de progrès où c'est notre honneur de persister. De la série de ses incomparables rapports, si divers, si personnels, sur nos concours, il y aurait à tirer un corps de doctrine solide et large où trouveraient leur place les choses nouvelles dignes de durer... Telles étaient, il vous en souvient, notre déférence à son égard, notre confiance en sa critique, toujours sincère, mais toujours amicale, que, le plus souvent, il avait la confidence et la

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primeur de nos ouvrages. Combien nous étions jaloux de l'accueil aimable que l'on a rencontré jusqu'à la fin auprès de ce confrère dont le cœur, aussi bien que la vive intelligence, conservait le privilège de ne pas vieillir.

Esprit à la trempe vigoureuse, non moins remarqué pour la perfection de la forme littéraire que pour la fermeté de la pensée, M. le comte d'Adhémar aurait continué M. de Rességuier au grand honneur de l'Académie; l'autorité que nous lui reconnaissions semblait l'investir par avance de notre première charge. Pour tout ce que nous avons à défendre, il eût été le champion; que de luttes n'avait-il pas menées ailleurs, toujours sur la brèche! Les causes auxquelles il s'est dévoué le savaient à toute épreuve et l'on regrettait que l'arène parlementaire lui eût manqué pour donner sa mesure entièrement.

Lui aussi, M. de Peyralade, occupait à l'Académie une place très personnelle; comme dans la chaire du professeur libre ou au barreau, on l'y remarquait pour l'allure indépendante d'un beau talent souple et spontané. Sa facilité de travail tenait du prodige, et quelque sujet qu'il abordât, il se faisait applaudir. Assidu à nos réunions jusqu'à la fin, quels droits particuliers l'excellent confrère qu'il savait être n'a-t-il pas à nos souvenirs d'amis !

Dans notre vieux Toulouse, auquel la disparition des trois mainteneurs laisse un vide qui ne sera pas comblé, tous trois personnifiaient un passé qui eut son caractère et mérite nos regrets; tous trois ont combattu les mêmes combats. Ils

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nous lèguent un programme d'art et d'influence à poursuivre, en même temps que des exemples de vies noblement remplies, de fins soutenues par des convictions profondes. À notre tour, sachons nous approprier l'oeuvre et la pensée de tels devanciers; ce sera l'hommage le plus digne de leur mémoire et de nous-mêmes.

J'ai l'honneur de proposer à l'Académie :

1° De décider que l'expressión de sa condoléance sera transcrite au registre de nos délibérations et adressée sans retard aux familles de MM. de Rességuier, d'Adhémar et de Peyralade;

2o De lever immédiatement la séance en signe de deuil.

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Bossuet commence ainsi l'oraison funèbre d'un grand magistrat : « Louer Michel Le Tellier, c'est louer la sagesse. » Nous appliquerions volontiers à notre si regretté et si vénéré confrère la for mule du grand orateur : Qui, louer Mer Goux

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1. L'auteur déclare avoir emprunté la plus grande. partie des détails de ce discours à la Semaine catholique de Toulouse (nos du 26 janvier 1879, 12 mars 1889, 16 novembre 1902, 8 mai 1904, 15 mai 1904); à la Semaine religieuse de la ville et du diocèse de Versailles (nos du8 mai 1904, - 15 mars 1904, 22 mai 1904 et 26 juin 1904. Il a utilisé aussi la collection des mandements de Mgr Goux, mise très gracieusement à sa disposition par M. l'abbé Kraner, curé-doyen de Montfortl'Amaury, ainsi que l'oraison funèbre du regretté prélat, composée par M. le chanoine Caron. Il remercie tous ses collaborateurs.

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