Ah, bonnet! ah, bonnet! contre qui je déteste, Que puisses-tu crever quelque jour de la peste, CARIZEL continue. MARIN. CARIZEL. MARIN. CARIZEL. MARIN. SCÈNE V. MARIN, CARIZEL. Ah, Sire! malotru. Suborneur effronté, fourbe, archifourbissime, Par lien conjugal vous prenne pour moitié, « Et pour vous souhaiter tous les malheurs ensemble, Puisse naistre de vous un fils qui vous ressemble 1! Ce bonnet qui rendoit invisible, Diablezot! la chose est trop certaine : il y en a une qui ressemble à celle-là, sinon en ce que le bonnet est remplacé par un onguent. Poinsinet, se croyant invisible, fut roué de coups comme Carizel. Reproduction, avec une légère variante, de deux vers de Rodogune (V, sc. 4). Ces burlesques imprécations rappellent, comme une parodie, celles que lance Ovide contre son ennemi, dans l'Ibis. MARIN. CARIZEL. M'assénoit lentement un coup qui portoit droit, J'ay cru que non d'abord; MARIN, bas. CARIZEL. MARIN. CARIZEL, remettant le bonnet. Comme cela. MARIN. CARIZEL. CARIZEL. MARIN. Fy, morbleu, pauvre beste! Je ne le sçavois pas. O mal! cruelle jalousie! Jusques à quand veux-tu troubler ma fantaisie? Ils vous disent bonjour, répondez donc. A moy? Vous avez quelque effroy ! Bonjour done, Messieurs. CONTEMP. DE MOLIÈRE. - 1. 33 CARIZEL.. Qu'ils ont, à ma prière, Remply vostre bonnet de sa vertu première. Et qu'il aura toute sa faculté, Pourveu que vous l'ayez tousjours de ce costé. Adieu. (Bas.) Quant au bonnet, je m'en vais hasarder SCÈNE VI. CARIZEL seul. Enfin donc te voilà, bonnet en qui j'espère, Et dans l'occasion mets-toy du bon costé; Mais voicy quelqu'un bon, c'est Lucette elle-mesme. Ce morceau, dont la musique figure dans l'édition originale, porte pour titre : Trio italien burlesque, composé par le sieur Cambert, maistre de la musique de la feuë reyne-mère.- Robert Cambert (1628-77) fut le premier musicien français qui composa un opéra, du moins à Paris, (la Pastorale d'Issy, paroles de l'abbé Perrin, 1659). Il quitta la France en 1673, victime des intrigues de Lully, et mourut en Angleterre, maitre de chapelle de Charles II. On a souvent attribué la musique de ce trio Lully. SCÈNE VII. CARIZEL, LUCETTE. LUCETTE, bas. Achevons, s'il se peut, un si beau stratagème. CARIZEL. LUCETTE. Pour en estre plus seur, et la force et l'effet. Hé bien, ce loup-garou, voyez comme il s'échappe ! Depuis un certain temps il devient si bourru... CARIZEL, bas. Ah! morbleu! je vois bien que je ne suis point veu : L'air dont elle a parlé me le fait trop connoistre. LUCETTE. CARIZEL. LUCETTE. LUCETTE. CARIZEL. (Il oste le bonnet.) La peste soit!... Ah, ah ! l'on vous attend, mon maistre. Il est fort inutile '. Dis-luy que pour ce soir je vais souper en ville; Mais quoy?... Mais rentre, dis-je, allons. Vous le diray-je encor? montrez-moy les talons. Passez viste, qu'on soupe; allez donc, la lorgneuse. Eh bien, j'y vais, Monsieur. Comme elle va, la gueuse! LUCETTE, à part. La fourbe réussit, mais allons advertir SCENE VIII. CARIZEL, seul. J'ay des émotions que je ne puis comprendre, Je prends cette leçon dans le texte donné par le Théatre françois, ou Recueil des meilleures pièces de théatre, in-12, 1738, t. VIII. L'édition originale (N. Pépingué, 1666, in-12) ne donne ici qu'un vers incomplet : Mais les voicy tous deux; voyons si le bonnet SCÈNE IX ET DERNIÈRE'. LE MARQUIS, ISABELLE, CARIZEL. LE MARQUIS, bas à Isabelle. Bon, l'heure est opportune. (Haut.) Quel obstacle, Madame, à ma bonne fortune! . Carizel est jaloux! Carizel craint de moy Que je vous sollicite à luy manquer de foy! Moy, qui jamais pour vous n'eus qu'une estime pure, Une amitié sincère a passé pour amour! CARIZEL, bas. Bon, bon, le compagnon est dessus mon chapitre. Que mon cœur fut sensible à l'éclat de vos yeux ? Je sçais que vostre sexe a de la vanité, Mais répondez, Madame, avec sincérité : Si Carizel jaloux s'emporte à quelque ombrage, Je veux justifier un soupçon qui l'outrage, Et bannir le chagrin qui l'a préoccupé. CARIZEL pendant ce temps-là passe et repasse devant le marquis et sa femme, croyant n'estre point veu, tandis qu'ils feignent aussi de ne le pas voir. L'honneste homme! morbleu, je m'étois bien trompé ! LE MARQUIS. Madame, parlez donc, et me rendez justice. ISABELLE. Ne faut-il pas donner quelque chose au caprice? Il est vray que le bruit couroit légèrement A nous suivre par tout l'a confirmé peut-estre. CARIZEL bas. Elle s'explique bien. C'est la 6 seulement, dans l'édition originale. |