LE CONSENTEMENT FORCÉ, COMÉDIE EN UN ACTE, EN PROSE, Par GUFOT DE MERVILLE. Repréfentée à Munich en 1755. BIBLIOTHECA) REGIA MONACENSIS. Chez JEAN JAQUES VÖTTER, Imprimeur de la Cour, & des Etats de Bavière. ACTEURS ORGON. CLÉANTE, fils d'Orgon. CLARICE, femme de Cléante, LISIMON, ami d'Orgon & de Cléante. TOINETTE, fuivante de Clarice. La Scène eft à Auteuil. LE CONSENTEMENT FORCÉ. SCENE PREMIERE. LISIMON. A joye que j'ai de vous voir, Cléante, m'eft d'autant plus fenfible que je ne m'y attendois pas. Quoi! vous quittez Paris dans le tems que les plaisirs y règnent? CLÉANTE. On n'eft pas toujours dans les mêmes difpofitions, mon cher Lifimon. On change à tout âge, & ces plaifirs, autrefois fi flatteurs pour moi, ne me touchent plus. LISIMON. Ce que vous me dites-là eft-il bien fincére? Rien n'eft plus vrai, je vous affûre. J'applaudis de bon cœur à de fi beaux fen timens, & je m'en réjouis pour l'amour de vous. La feule chofe qui me fâche, c'est que vous ayez choifi une faifon fi peu favorable les amusemens de la compagne. Auteuil eft fort joli en été ; mais il ne peut être agréable en hyver qu'à une espéce de Mifantrope comme moi. pour CLEANTE. Il n'est pas en mon pouvoir de mieux prendre mon tems. Car (& c'eft ce qui me fait de la peine) ma vifite eft intéreffée. LISIMON. Je puis vous rendre quelque fervice, mon cher Cléante? CLÉANTE. Un fervice de la derniere importance. LISIMON. Voilà pour moi un furcroît de plaifir. |