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C'est un grand bien que l'appétit,

Qu'il eft doux de manger? mais j'entens un caroffe,
Courons vite avertir Monfieur le Chevalier,
Où craignons aujourd'hui que fon bras ne nous.
roffe.

SCENE

IV.

LE COMTE, LE CHEVALIER,

LE CHEVALIER.

CE procédé me paraît fingulier,

Quoi ! le jour de ton mariage
Quitter Paris & fon monde bruyant,
Mais c'est la conduite d'un Sage,

Et ton cœur n'est

pas fait pour ce rôle étonnanti

LE COMTE.

Oh, l'Hymen m'a changé prodigieusement,
Je m'apperçois déja que fa chaîne incommode
Va me donner l'air d'un Caton;
Et je crains que malgré la mode,
Je ne fois obligé d'admettre la raison
Je dois te dire la confidence
(Pour mon honneur, garde-moi le fecret,)
Il est des momens où je penfe,

Ne vas pas, Chevalier, m'imputer ce forfait,
De la trifte raifon la maligne influence,

Avec mon cœur, n'est point d'intelligence.

LE CHEVALIER.

Mais en penfant ainsi, pourquoi quitter Paris,
Et n'y pas faire enfin les honneurs de ta nôce?

LE COMTE.

Voudrois-tu qu'imitant ces ftupides maris,
Dont l'air benin & la bonté précoce
Font préfager un funefte avenir,

J'étalaffe par-tout les charmes de ma femme,
Et la forçant à me haïr,

Je me trouvasse en but aux traits de l'Epigrame?
J'époufe Céliante au fortir du Couvent,
Nos petits merveilleux qui connoiffent l'usage
Avec impatience, attendoient le moment
De nous envelopper dans leur froid perfiflage
Ils croyoient que ce foir au nouvel Opera,
J'irois en Efpalier présenter la Comteffe ;
Et s'écriant par air, c'eft elle, la voilà ;
Elle n'eft pas fi bien, exceptés fa jeuneffe

Elle n'a rien de trop miraculeux :
Sabouche n'eft pas mal, mais conviens que les yeux
Ne difent rien du tout: Ah! le Comte eft bon diable;
Et par égard pour lui, nous pourrons la former;
La petite à la fin fçaura fe faire aimer
Dans la fociété l'on doit être traitable;

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Tel eft, mon cher, le propos affommant,
Que malgré foi, l'on eft forcé d'entendre:
Heureux encor quand un fot impudent,
En ricanant ne vous fait pas comprendre
Que vous êtes bien loin d'épouser un enfant.
LE CHEVALIER.

Je m'apperçois que je dois à tes craintes
Le plaifir de t'avoir ici,

Qu'importe le motif, n'attens aucunes plaintes,

Je fçai tout oublier quand je vois mon ami.

LE COMTE.

Oh, pour toi, tu connois mon zéle ; Mais tu devrois fçavoir qu'il feroit excédent De rester à Paris, quand la faifon nouvelle Nous attire en ces lieux où régne l'agrément, Paris eft odieux.

LE CHEVALIER.

L'étiquette té trompe.

LE COMTE.

Avec lui désormais il faudra que je rompe,
Qui yoit-on? Entre nous, parlons fincérement
Des femmes, qui jouant le ton de la décence
Veuillent bien fe borner à n'avoir qu'un Amant,
Des infectes titrés, dont la fauffe importance
Ne trompe que leurs Créanciers,

Des Auteurs dont la complaifance,
Nourrit l'orgueil des Financiers,

Des Acteurs, mais d'un ton... & furtout des Actrices,
Qui venant fe du
parer nom de leurs Ainans
Voudroient qu'on leur paflât tous leurs petits ca
prices,

Comme on leur paffe ici des Diamans,

Le voilà ce Paris, ce lieu plein de délices,
C'est à toi maintenant d'en faire les honneurs ?

LE CHEVALIER.

En blåmant les travers, je refpecte les mœurs
Ne juges pas de lui fur le jargon ftupide
D'un tas de gens dont le cœur vuide
Croit le venger de l'ennui qu'il reffent
En dénigrant les Arts, & les fruits du talent z

Pour moi que rien n'aveugle, & que la raison guide,
J'ai trouvé dans Paris cent plaifirs différens,
La beauté, la décence à l'efprit réunies
D'un sexe vertueux font les dot agrémens,
Malgré les propos outrageans

De quelques Ecrivains conduits par les furi
Maître abfolu de nos penchans,
Nous devons à ce fexe aimable,
Dont l'erreur même eft refpectable,
Nos vertus & nos fentimens.

Si des Auteurs vivans j'ofois percer le Temple,
J'admirerois ces hommes généreux,
La gloire des beaux Arts que l'Univers contemple,
Donner dans leurs Ecrits fameux,
De la faine raifon le précepte & l'exemple,
Les Financiers jadis par le Peuple avilis,
Cultivant aujourd'hui les Arts & la Science,
Frondent le préjugé qui les tint affervis;
On ne connoît plus la finance
Que par le généreux appui

Que fon eftime accorde au talent dans l'oubli.
Tout y respire enfin, le goût & la décence,
Et malgré tes propos confus,

Dont le bon fens profcrit l'infipidé étálage,
Paris fera toujours le centre des vertus,
L'école du mérité, & l'azile du Sage.

LE COMTE.

J'adopte, fi tu veux, ce grave témoignage. me femble, pourtant, qu'il parle contre toi Pourquoi quitter un lieu fi refpectable?

LE CHEVALIER.

La crainte d'ennuyer m'en a fait une loi,
Si chacun fe jugecit d'une façon semblable,

Tout iroit mieux, & l'on ne verroit plus
Végéter dans Paris tant d'Etres fuperflus.

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SCENE V.

LE CHEVALIER, LE COMTE, ARLEQUIN.

ARLEQUI N.

UN Monfieur tout musqué qui fait fort le ca

pable,

Suivi d'un gros Coureur qui marche lentement
Vient d'arriver dans votre appartement.

LE COMTE.

C'est Durimon & la Comteffe.

LE CHEVALIER.

Courons la recevoir.

LE COMTE en fortant.

Tu connois Durimon "

Partout on fe l'arrache, à l'avoir on s'empresse;
Et quoique Médecin, il aime le bon ton.

ARLEQUIN feul.

Un Médecin, ah Ciel? qu'on m'améne un Notaire,
Ou des Chevaux de Pofte; oh, quel est mon destin
Tout feul j'étois malade, avec un Médecin
Je meurs fubitement, ce coup me désespére,

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