comme ce Prince réunit bien-tôt à fa domination le refte de ce que les Empereurs Grecs poffédoient en Europe, cette révolution laiffe lieu à l'hiftoire des Sultans ou des Empereurs Turcs, dont l'Empire eft le plus étendu de tous les Etats ou Royaumes qui fe font formés fucceffivement en Afie & en Afrique,de la divifion du domaine des Caliphes, & qu'on peut en quelque forte appeller maintenant l'Empire d'Orient.

A quoi bon tout ce détail, dira peutêtre quelqu'un ? A montrer comment on peut tirer les diverfes époques entre elles, & quelle facilité naît de cette méthode pour retenir les faits généraux. Car on a pû voir dans le petit morceau qu'on vient de lire, comment depuis la fondation de Rome jufqu'à Augufte on s'eft attaché aux événemens qui ont caufé la grandeur des Romains; comment depuis Augufte jufqu'à Conftantin on

partagé la Grece. La lecture de cette histoire tiendra en quelque forte lieu des originaux traduits, parce que l'on y trouve tout ce que les originaux Grecs & Latins renferment de plus beau & de plus intéreffant, foit pour les faits, foit foit pour les réflexions, ou la morale de l'Hiftoire. On lui a reproché ces longues réflexions qui coupent le fil de la narration, mais en reconnoiffant d'un côté la justice de cette critique, il en a fait voir le foi. ble en ramenant toujours fon hiftoire à fa véritable deftination, qui eft de former l'efprit & le cœur de la jeuneffe. Il n'en eft de même d'une autre cenpas

fure, ou de quelques traits incertains & fufpects de l'Hiftoire ancienne, on a conclu l'étude n'en étoit pas plus

que

néceffaire que celle de la Fable. La dif férence eft fi palpable, quant à la certitude & quant à l'utilité, qu'il est étonnant qu'un Auteur célébre ait pû pren

dre fur lui d'hazarder un pareil fophif me. Enfin dès que l'Hiftoire ancienne parut, on affecta de lui en oppofer une fous le titre d'Hiftoire des Empires & Républiques jufqu'à Jefus-Chrift, qui n'a pourtant rien diminué de l'eftime que le public a cru devoir à M. Rollin.

La meilleure maniere de lire avec fruit l'ouvrage de cet Auteur, c'eft d'en faire des extraits & des analyses, en réduifant fes narrations à des récits où l'on ne conferve que les circonftances principales; & fes longues réflexions, à une maxime courte ou à un raifonnement fimple, qui renferme le précis & comme le point fixe de fa morale. Je connois des jeunes gens de la premiere nobleffe, à qui l'on a fait pratiquer cette méthode avec fuccès, & des Dames très-refpectables qui y ayant confacré quelques années de leur jeuneffe, outre qu'elles ont par-là extrêmement cultivé leur efprit, ont contracté le goût

Hiftoire Ro

maine.

des lectures folides, & fe trouveront en état de procurer à leurs enfans une excellente éducation. Ce n'eft pas des critiques, mais une reconnoiffance éternelle qu'on doit aux Écrivains qui fervent fi utilement leur patrie.

Pour l'Hiftoire Romaine, celle que cet Auteur avoit commencée, & dont M. Crevier nous a donné la continuation, étant dans le même goût que l'Hiftoire ancienne, elle exemptera de confulter les originaux qu'elle a mis à la portée de tout le monde, & dont elle concilie les variations. On pourroit encore étudier les tems de la République dans les Révolutions Romaines de l'Abbé de Vertot, & y joindre pour ces tems-là même, & pour celui des Empereurs jufqu'à Conftantin, l'hiftoire traduite de l'Anglois de Laurent Echard. La fuite qui contient les Empereurs de Conftantinople n'eft pas attrayante pour le style,

mais au défaut d'une meilleure, on peut la confulter pour l'hiftoire Byzantine; mais afin de connoître plus à fonds le caractere & le vrai génie des Romains, il feroit à propos de voir les divers morceaux qu'ont donné à cet égard l'Abbé de S. Real & M. de S. Evremont, en obfervant néantmoins dans ce que ce dernier en a écrit, qu'il femble quelquefois avoir ajusté les événemens à fes propres réflexions, au lieu de tirer fes réflexions des événemens. Nous avons encore fur cette matiere deux ouvrages modernes écrits avec autant d'agrément que de folidité. L'un a pour titre, Confidérations fur les caufes de la grandeur & de la décadence des Romains. L'autre eft un parallele très-étendu & très-bien foutenu des Romains & des François par rapport au Gouvernement.

Avant que de paffer à ce qui concerne