ce que Cicéron affûroit de lui-même. qu'ils ne font pas tout-à-fait fortis tes des écoles des Rhéteurs, & qu'ils for en grande partie redevables à la Phil fophie de les avoir formés. Ainfi l'or fon pour Milon, malgré les agrémens & ftyle, ne féduifit-elle point autrefois le Magiftrats de Rome, parce qu'elle n'e réellement qu'un tiffu de fophifmes, com me je me fouviens de l'avoir entendu dé montrer par un habile Profeffeur d'Éle quence dans l'Université de Paris, qu prétendoit qu'en bonne régle l'étude de la Logique devoit précéder celle de l Rhétorique, qui faute de cet ordre n'est pour la plupart des jeunes gens qu'un étude de mots & de phrafes, qu'ils af femblent & copient au hazard & par imitation, fans analogie à la justesse des idée & à la folidité du raifonnement.

On finiroit par la méthode de Def cartes, & l'on s'attacheroit fur-tout à œs

ces questions futiles qui rendent un jeune homme cauftique, loin de perfectionner fa raison, je n'entends pas ici non plus par Morale cette fcholaftique où l'on examine férieufement fi Epicure, par exemple, a fait confifter le bonheur dans les plaifirs des fens, ou dans la fatisfaction qui naît de la vertu, & une infinité de recherches femblables dont l'inutilité eft frappante. L'examen qu'on en fait ne conduit tout au plus qu'à fçavoir quelle a été l'opinion de quelques Philofophes fur certaines matieres, & non quel fentiment on doit embraffer.Je parle d'une Morale qui tende à former le cœur, & à donner à l'État non des fpéculateurs oififs, mais des citoyens vertueux. Les Anciens avoient donné plus de foins à cette partie de la Philofophie, que n'y en confacrent nos maîtres, & l'exemple de Socrate en fait foi: tâchons donc de fuppléer à ce qu'on néglige trop dans les

Après avoir lû ce que Regis a écrit fur la Morale, (car c'eft la partie qu'il a traitée le moins foiblement) & les réflexions du P. Rapin qui en fait l'hiftoire, on viendroit aux Offices de Cicéron, qui font le chef-d'œuvre & de la raison humaine, & de la tendreffe paternelle :livre admirable encore une fois, mais qui péche en ce point que rien n'y eft rapporté à la derniere fin, & que & que l'homme au contraire eft le centre où viennent aboutir toutes les vertus & toute fa probité; & puifque c'eft dans le Chriftianisme feul que l'intérêt d'une éternité qui furpaffe tout autre intérêt, peut rendre inébranlables les principes qui foutiennent la probité & les autres vertus, je voudrois que l'on passât au Traité du P. Malbranche de la Nature & de la Grace, où il ne regne qu'un feul principe auffi fimple qu'il eft fécond, & qui a du

ce mérite que tout y eft ramené

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à l'amour de l'ordre & de la raifon. Voilà ce que tout homme, & principalement ceux qui par leur naiffance ou leur fortune font destinés aux grands emplois, ne doivent jamais perdre de vûe, que la : fociété dont ils font membres eft une grande famille, à laquelle ils font comptables de tous leurs momens. Eh quels cuifans remords pour un Magiftrat, par exemple, fi par une ignorance qu'il pou voit éviter, il laiffe opprimer les malheureux & condamner l'innocent? Quelle: tache pour un Miniftre & pour tout homme en place, fi l'on commet fous fon nom des injuftices qu'un peu de vigilance & d'activité auroient empêchées ? Dès qu'on fe fera bien pénétré l'efprit & le cœur de ces idées d'ordre & de raifon on en fera la bafe de fa conduite, & fa regle invariable dans l'accompliffement de fes devoirs, on y puifera ce défin

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par l'efpoir de la récompenfe, ou par la crainte du châtiment de la part des hommes, (motifs bas & ferviles), mais parce qu'il eft un Etre qui jugera plus fainement qu'eux du mérite, ou du démérite des actions; & dès lors leurs louanleurs applaudiffemens, les honneurs & les diftinctions, quoique propres à exciter l'émulation, ne feront jamais regardés comme quelque chofe de folide par un homme conftamment décidé à faire le bien, malgré les contradictions, les obftacles & l'ingratitude de fes contemporains. De-là encore naîtront ces fentimens d'humanité qui ne font jamais plus eftimables que quand ils éclatent dans les conditions les plus diftinguées, malgré les préjugés du rang & de la naiffance.

Mais parce que la Morale, je dis celle d'ufage & de pratique, confifte principalement à nous connoître nous-mêmes,