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& à connoître les autres, il conviendroit d'en terminer l'étude par la lecture de l'Art de fe connoître, un des meilleurs ouvrages d'Abbadie,écrit avec beaucoup de netteté, de force, d'élévation, & qui roule fur un principe auffi fimple que celui du P. Malbranche, puifqu'il montre dans l'immortalité de notre ame la fource de tous nos devoirs. Pour étudier du moins en général, les autres hommes, il faudroit lire avec réflexion les caracteres de la Bruyere, on en tireroit des lumieres capables de fuppléer jufqu'à un certain point au défaut d'expérience & à un long ufage du monde.

Au refte il ne faut pas qu'un jeune homme s'imagine connoître encore bien des autres hommes, quand il ne les aétu,” J diés que dans les livres, & par conféquent -il doit être extrêmement réfervé dans les jugemens qu'il porte für les actions d'autrul Ce n'eft pas, furtout dans les

Grands, par certaines actions d'éclat qui furprennent l'admiration du vulgaire, qu'il doit décider de leur caractere, mais plutôt par certains traits ordinaires, &, pour ainfi parler, domeftiques, où l'hom me se montre tel qu'il eft. Auffi Plutarque, un des plus judicieux Écrivains de l'Antiquité, s'attache-t-il moins à faire connoître fes Héros par leurs exploits & leurs victoires, ou par d'autres actions éblouiffantes à l'extérieur, & presque toujours vicieuses, foit dans leur principe, foit dans leur fin, que par la peinture de leurs vertus civiles & morales, & par un détail très-circonftancié de leur conduite familiere dans l'intérieur de leurs mai

fons: car, comme Demofthene l'a reI. Olynth. marqué en parlant de Philippe : « On faifit mieux le véritable caractere d'un

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Roi dans fa vie privée, que dans les divers rôles qu'il joue fur le grand théâtre du monde : ici le Monarque fe dé

guife, & fouvent en impofe aux fpe»ctateurs, là fon ame s'abandonne fans » précaution à elle-même & se dévelop pe toute entiere «. La Cour eft le pays de l'admiration, mais elle eft auffi celui de la cenfure & de la malignité. Mais quoique là, comme ailleurs, la plûpart des hommes foient des prothées, avec un peu de réflexion on en démêle le caractere à travers leurs déguisemens.

Je ne fçaurois terminer cette partie fans faire une réflexion qui, pour n'être pas neuve, ne perdra rien de fa folidité; c'eft qu'il eft en quelque forte honteux pour notre nation qu'on y néglige, au tant qu'on le fait, l'étude la plus capable de nous donner les grands, les folides principes de la Morale, les principes qui s'étendent à tout, & qui font de tous les tems & de tous les lieux. On fent affez que je veux parler du Droit naturel, du Droit des gens, & du Droit public dont

l'étude eft fi utile à la fociété, fi fort en honneur chez nos voifins, & principalement dans le Nord. Tout le monde fçait les plaintes que faifoit à cet égard feu M. l'Abbé de S. Pierre, on connoît fes mémoires & la réponse plaifante qu'un Miniftre y fit en deux mots. Cependant je tiens d'un homme de Lettres qu'un de nos plus habiles négociateurs lui ayant demandé fi dans nos Colléges on don noit à la jeune nobleffe quelque teinture de ces connoiffances, & en ayant appris que dans l'éducation publique à peine effleuroit-on cet important objet: « Cette négligence, répliqua-t-il, devroit > exciter ceux qui n'ont point une naiffance illuftre à l'étudier, ils parvien» droient par-là à fervir le royaume auffi utilement que peuvent faire les faire les guer »riers ». Il eut dû, ce femble, ajouter, fi les perfonnes qui y auroient confacré leur jeuneffe trouvoient dans la fuite de

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l'encouragement,car on ne fe livre pas volontiers à des occupations infructueufes. Revenons à notre fujet, & concluons que fi l'on n'en veut pas acquérir une théorie parfaite, on ne fçauroit au moins fe difpenfer de lire les Traités de Puffendorf fur le droit naturel & fur le droit des Gens, & l'excellent ouvrage de Grotius, De jure belli & pacis, que M. Barbeyrac a traduit & orné de fçavantes rémarques. C'eft dans ces fources que l'on puiferoit des principes vrais fur des ma→ tieres dont on raifonne tous les jours dans le monde avec fuffifance & fans juge

ment.

que,

La Métaphyfique paffe avec raifon Métaphyfipour la partie de toute la Philofophie la moins facile, quoiqu'à bien des égards elle puiffe être la plus évidente, puifqu'outre l'être en général, abstraction faite des propriétés de la matiere, elle confidere tout ce qui concerne l'efprit

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