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duire une infinie dans l'idiome accentué, fi j'ofe parler ainfi. L'Allemand, par exemple, hauffe également & fortement la voix dans la colère ; il crie toujours fur le même ton: l'Italien, que mille mouvemens divers agitent rapidement & fucceffivement dans le même cas

modifie fa

voix de mille manières. Le même fond de paffion regne dans fon ame: mais quelle variété d'expreflions dans fes Accens & dans fon langage! Or c'eft à cette feule variété, quand le Muficien fait l'imiter, qu'il doit l'énergie & la grace de fon chant.

Malheureusement tous ces Accens divers, qui s'accordent parfaitement dans la bouche de l'Orateur, ne font pas fi faciles à concilier fous la plume du Muficien déja fi gêné par les regles particulières de fon Art. On ne peut douter que la Mufique la plus parfaite ou du moins la plus expreffive, ne foit celle où tous les Accens font le plus exactement observés; mais ce qui rend ce concours fi difficile eft que trop de regles dans cet Art font fujettes à fe contrarier mutuellement, & fe contrarient d'autant plus que la langue eft moins muficale; car nulle ne l'eft parfaitement : autrement ceux qui s'en fervent chanteroient au lieu de parler.

Cette extrême difficulté de fuivre à la fois les regles de tous les Accens oblige donc fouvent le Compofiteur à donner la préférence à l'une ou à l'autre, felon les divers genres de Mufique qu'il traite. Ainfi les Airs de Danfe exigent furtout un Accent rhythmique & cadencé, dont en chaque Nation le caractère eft déterminé par la langue. L'Ac cent grammatical doit êtte le premier confulté dans le Récitatif, pour rendre plus fenfible l'articulation des mots, fujette à fe perdre par la rapidité du débit, dans la refonnance harmonique: mais l'Accent paffionné l'emporte à fon tour dans les Airs dramatiques ; & tous deux y font fubordonnés, furtout dans la Symphonie, à une troifième forte d'Accent, qu'on pourroit appeller mufical, & qui eft en quelque forte déterminé par l'efpèce de Mélodie que le Muficien veut approprier aux paroles.

En effet le premier & le principal objet de toute Mufique eft de plaire à l'oreille; ainfi tout Air doit avoir un chant agréable: voilà la premiere loi, qu'il n'est jamais permis d'enfreindre. L'on doit donc premièrement con

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fulter la Mélodie & l'Accent mufical dans le deffein d'un Air quelconque. Enfuite, s'il eft queftion d'un chant dramatique & imitatif, il faut chercher l'Accent pathétique qui donne au fentiment fon expreffion, & l'Accent rationel par lequel le Muficien rend avec jufteffe les idées du Poëte; car pour infpirer aux autres la chaleur dont nous fommes animés en leur parlant, il faut leur faire entendre ce que nous difons. L'Accent grammatical eft néceffaire par la même raison; & cette regle, pour être ici la dernière en ordre, n'eft pas moins indifpenfable que les deux précédentes, puifque le fens des propofitions & des phrafes dépend abfolument de celui des mots : mais le Muficien qui fait fa langue a rarement befoin de fonger à cet Accent; il ne fauroit chanter fon Air fans s'appercevoir s'il parle bien ou mal, & il lui fuffit de favoir qu'il doit toujours bien parler. Heureux, toutefois, quand une Mélodie fléxible & coulante ne ceffe jamais de fe prêter à ce qu'exige la langue! Les Muficiens François ont en particulier des fecours qui rendent fur ce point leurs erreurs impardonnables, & furtout le traité de la Profodie Francoife de M. l'Abbé d'Olivet, qu'ils devroient tous confulter. Ceux qui feront en état de s'élever plus haut pourront étudier la Grammaire de Port-royal & les favantes notes du Philofophe qui l'a commentée. Alors en appuyant l'ufage fur les regles, & les regles fur les principes, ils feront toujours fürs de ce qu'ils doivent faire dans l'emploi de l'Accent grammatical de toute efpèce.

Quant aux deux autres fortes d'Accens, on peut moins les réduire en regles, & la pratique en demande moins d'étude & plus de talent. On ne trouve point de fang-froid le langage des paffions, & c'eft une vérité rebattue qu'il faut être ému foi-même pour émouvoir les autres. Rien ne peut donc fuppléer dans la recherche de l'Accent pathétique à ce génie qui réveille à volonté tous les fentimens ; & il n'y a d'autre Art en cette partie que d'allumer en fon propre cœur le feu qu'on veut porter dans celui des autres. (Voy. GÉNIE.) Eft-il queftion de l'Accent rationel : l'Art a tout aufli peu de prife pour le faifir, par la raifon qu'on n'apprend point à entendre à des fourds. Il faut avouer auffi cet Accent eft, moins que les autres, du reffort de la Mufique, parcequ'elle eft bien plus le langage des fens que

que

ACC

celui de l'efprit. Donnez donc au Muficien beaucoup d'images ou de fentimens & peu de fimples idées à rendre : car il n'y a que les paffions qui chantent; l'entendement ne fait que parler.

ACCENT. Sorte d'agrément du Chant François qui fe notoir autrefois avec la Musique, mais que les Maîtres de Goût-du-Chant marquent aujourd'hui feulement avec du crayon, jufqu'à ce que les Ecoliers fachent le placer d'euxmêmes. L'Accent ne fe pratique que fur une fyllabe lon-, gue, & ferr de paffage d'une Note appuyée à une autre Note non appuyée, placée fur le même Degré; il consiste en un coup de gofier qui élève le fon d'un Degré, pour reprendre à l'inftant fur la Note fuivante le même fon d'où l'on eft parti. Plufieurs donnoient le nom de Plainte à Accent. (Voyez le figne & l'effet de l'Accent, Planche B. Figure 13.)

ACCENS. Les Poëtes emploient fouvent ce mot au plu riel pour fignifier le Chant même, & l'accompagnent ordinairement d'une épithète, comme doux, tendres, triftes Accens. Alors ce mot reprend exactement le fens de fa racine; car il vient de canere, cantus, d'où l'on a fait Accentus, comme Concentus.

ACCIDENT. ACCIDENTEL. On appelle Accidens ou Signes Accidentels les Bémols, Dièfes ou Béquarres qui fe trouvent, par accident, dans le courant d'un Air, & qui, par conféquent, n'étant pas à la Clef, ne fe rapportent pas au Mode ou Ton principal. (Voyez DIÈSE, BÉMOL, TON, MODE, CLEF TRANSPOSÉE.)

On appelle auffi Lignes Accidentelles, celles qu'on ajoûte au-deffus ou au-deffous de la Portée pour placer les Notes qui paffent fon étendue. (Voyez LIGNE, PORTÉE.)

ACCOLADE. Trait perpendiculaire aux Lignes, tiré à la marge d'une partition, & par lequel on joint enfemble les Portées de toutes les Parties. Comme toutes ces Parties doivent s'exécuter en même tems, on compte les Lignes d'une Partition, non par les Portées, mais par les Accolades, & tout ce qui eft compris fous une Accolade, ne forme qu'une feule Ligne. (Voyez PARTITION.)

ACCOMPAGNATEUR. Celui qui dans un Concert accompagne de l'Orgue, du Clavecin, ou de tout autre Inftrument d'accompagnement. (Voyez ACCOMPAGNEMENT,)

Il faut qu'un bon Accompagnateur foit grand Muficien qu'il fache à fond l'Harmonie, qu'il connoiffe bien fon Clavier, qu'il ait l'oreille fenfible, les doigts fouples & le goût für.

C'est à l'Accompagnateur de donner le ton aux Voix & le mouvement à l'Orchestre. La première de ces fonctions exige qu'il ait toujours fous un doigt la Note du Chant pour la refrapper au befoin & foutenir ou remettre la Voix, quand elle foiblit ou s'égare. La feconde exige qu'il marque la Baffe & fon Accompagnement par des coups fermes, égaux, détachés & bien reglés à tous égards, afin de bien faire fentir la Mefure aux Concertans, fur-tout au commencement des Airs.

On trouvera dans les trois Articles fuivans les détails qui peuvent manquer à celui-ci.

ACCOMPAGNEMENT. C'est l'exécution d'une Harmonie complette & régulière fur un Inftrument propre à la rendre, tel que l'Orgue, le Clavecin, le Théorbe, la Guitarre, &c. Nous prendrons ici le Clavecin pour exemple; d'autant plus qu'il eft prefque le feul Inftrument qui foit demeuré en ufage pour l'Accompagnement.

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On y a pour guide une des Parties de la Mufique, qui eft ordinairement la Baffe. On touche cette Baffe de la main gauche, & de la droite l'Harmonie indiquée par la marche de la Baffe, par le chant des autres Parties qui marchent en même tems, par la Partition qu'on a devant les yeux, ou par les chiffres qu'on trouve ajoûtés à la Baffe, Les Italiens méprifent les chiffres ; la Partition même leur peu néceffaire: la promptitude & la fineffe de leur oreille y fupplée, & ils accompagnent fort bien fans tout cet appareil. Mais ce n'eft qu'à leur difpofition naturelle qu'ils font redevables de cette facilité, & les autres Peuples, qui ne font pas nés comme eux pour la Mufique, trouvent à la pratique de l'Accompagnement des obftacles prefque infurmontables. Il faut des huit à dix années pour y réuffir paffablement. Quelles font donc les caufes qui retardent ainfi l'avancement des élèves & embarraffent fi long-tems les Maîtres, fi la feule difficulté de l'Art ne fait point cela?

Il y en a deux principales: l'une dans la manière de chiffrer les Baffes: l'autre dans la méthode de l'Accom pagnement. Parlons d'abord de la première.

Les Signes dont on fe fert pour chiffrer les Baffes font en trop grand nombre : il y a fi peu d'Accords fondamentaux ! Pourquoi faut-il tant de chiffres pour les exprimer ? Ces mêmes Signes font équivoques, obfcurs, infuffifans. Par exemple, ils ne déterminent prefque jamais l'efpece des Intervalles qu'ils expriment, ou, qui pis eft, ils en indiquent d'une autre efpèce. On barre les uns pour marquer des Dièfes; on en barre d'autres pour marquer des Bémols: les Intervalles Majeurs & les Superflus, même les Diminués, s'expriment fouvent de la même manière : quand les chiffres font doubles, ils font trop confus; quand ils font fimples, ils n'offrent prefque jamais que l'idée d'un feul Intervalle; de forte qu'on en a toujours plufieurs à fous-entendre & à déterminer.

Comment remédier à ces inconvéniens? Faudra-t-il multiplier les Signes pour tout exprimer ? Mais on fe plaint qu'il y en a déja trop. Faudra-t-il les réduire ? On laiffera plus de chofes à deviner à l'Accompagnateur, qui n'eft déjà que trop occupé ; & dès qu'on fait tant que d'employer des chiffres, il faut qu'ils puiffent tout dire. Que faire donc? Inventer de nouveaux Signes, perfectionner le Doigter, & faire, des Signes & du Doigter, deux moyens combinés qui concourent à foulager l'Accompagnateur. C'est ce que M. Rameau a tenté avec beaucoup de fagacité, dans fa Differtation fur les différentes méthodes d'Accompagnement. Nous expoferons aux mots Chiffres & Doigter les moyens qu'il propofe. Passons aux métho

des.

Comme l'ancienne Mufique n'étoit pas fi compofée que la nôtre, ni pour le Chant, ni pour l'Harmonie, & qu'il n'y avoit gueres d'autre Baffe que la fondamentale, tout l'Accompagnement ne confiftoit qu'en une fuite d'Accords parfaits, dans lefquels l'Accompagnateur fubftituoit de tems en tems quelque Sixte à la Quinte, felon que l'oreille le conduifoit: ils n'en favoient pas davantage. Aujourd'hui qu'on a varié les Modulations, renverfé les Parties, furchargé, peut-être gâté l'Harmonie par des foules de Diffonnances, on eft contraint de fuivre d'autres regles. Campion imagina, dit-on, celle qu'on appelle Regle de l'Octave (Voyez REGLE DE L'OCTAVE.) &

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