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O fpectacle magnifique!.... Que ne puis-je tremper mon pinceau dans les couleurs de l'Aurore, pour te peindre aux yeux des mortels!... La Nature abattue languiffoit dans les horreurs de l'ombre, tous fes charmes étoient engloutis dans le filence: femblable à la Mort ténébreufe, la froide Nuit étendoit fes larges aîles fur la terre engourdie; mais le Soleil arrive à-peine dans fon char de triomphe, que l'ombre, le filence, la frayeur & le fommeil fuient vers l'Occident; fa chaleur bienfaisante pénètre toutes les créatures, la Nature femble refpirer en recouvrant sa chaleur & fes forces.

Oh! comment les mortels ne t'auroient-ils pas adoré, puiffant Dieu de la lumière!.... Pouvoient-ils, fans crime, ne pas fe profterner devant ta face rayonnante !... Quand, fur les bords du bruyant Hydafpe & du Gange rapide, les mages revétus de robes blanches t'invoquent fous le beau nom de Mythra; quand le noir Afriquain te reçoit au milieu de fes danfes facrées & avec des cris de joie; quand le Péruvien zélé pour ton culte, te révère par des offrandes pieufes; devons-nous blâmer ou punir le culte de ces

toi

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peuples? N'eft-il pas plus digne de l'homme, que l'ufage honteux de brûler de l'encens, & d'immoler des victimes humaines, devant des monstres inanimés?..... Que l'Orient chante des hymnes en ton honneur, ô Monarque du Jour!.... Rayonnant écoulement du trône de l'Éternel, fource des biens qui couvrent chaque jour la terre d'une parure nouvelle c'eft de que découlent, comme un torrent, la nourri-. ture & le plaifir de tant d'efpeces de créatures innombrables. Depuis l'homme, cet être monarchique, jufqu'au vermiffeau qui rampe dans la pouffière, tout puise la vie à ta fource intarrif fable; les heures tracent autour de ton trône des cercles mefurés par des fons harmonieux, & le cortége des Saifons forme une marche reglée à la fuite de ton char. A peine le Printems affis fur l'aîle des Zéphirs, vient-il de répandre des fleurs. fur la terre, à peine a-t-il embelli les champs de fes dernières couronnes, que l'Eté monte fur fes courfiers ardens, & tire de fon carquois d'or les flêches les plus perçantes : elles traversent les flancs de la terre; la campagne jaunit, les mûrs épis pendent fur leur tige délicate, & les

pommes..

fe teignent d'incarnat & de couleur de feu. Mais bientôt l'Automne prodigue defcend fur des nuages féconds, répand sa corne d'abondance remplie de fruits mûris & de raifins enflés; enfuite, après avoir déchargé les arbres fatigués, elle réjouit par des pluies délicieufes les campagnes peuplées qui retentiffent de cris de joie & de chants d'allégreffe, jufqu'à ce que le bruyant Hyvér arrivé fur des floccons de neige, chaffe les contagions mortelles, ranime les champs épuifés, & porte avec les ouragans & les tempêtes, des tréfors de force & de fanté.

Mais, qui peut t'avoir placé dans l'efpace immenfe, ô Ame de ce monde ?.... Quelle main verfa des millions de foleils comme autant d'étincelles rayonnantes du feu éternel pour pour éclairer des mondes innombrables, & pour donner la vie à des infinités d'êtres & d'habitants?... O Mufe! mon aîle fatiguée né peut atteindre à ces hauteurs où l'aigle Britannique fe baigne dans des flots de lumière. Les hymnes de l'immortel Thompson peuvent feules, ô Soleil! égaler la rapidité de ton char. C'eft à lui feul qu'a été donné la force de chanter l'objet le plus élevé de la

Nature, nulle autre mélodie ne peut être comparée à la fienne. Mais pourquoi, lorfque toutes les voix de l'univers s'accordent à célébrer l'Auteur de tant de merveilles, l'homme feul reftet-il muet? Que vois je? Sans être effrayé de l'image de la mort qu'il vient de quitter, l'homme fe leve & ne rend point graces au Créateur toutpuiffant qui le conferve à la vie!.... Eft-il donc lui-même un Dieu, pour fe croire indépendant?.... Non: Je vois des mains s'élever vers le ciel, & des genoux fe fléchir devant le Créateur. Que toute la terre paffe du fommeil à l'a doration; que l'âme, ravie du spectacle de l'Aurore, tombe dans une extafe profonde; où, contemplant toutes les merveilles fenfibles, elle ne voie dans toutes chofes que la main du Créateur mille fois reproduite.

O Mufe bienfaifante! tranfportes - moi fur cette montagne couverte de bois, pour affister à l'entrée triomphante de l'Epoux de la terre; conduis moi fous ces feuillages facrés où la frayeur inspire la piété, que mes premiers foupirs s'élevent au ciel avec l'encens du matin..... Me fuis-je éveillé moi-même ? eft-ce ma main qui

a pû r'ouvrir mes paupieres que le prélude d'un fommeil éternel avoit fermées fi puiffamment ?.... Commandois-je à mon âme errante, comme hors de moi?.... Non: je reconnois la main fecourable qui a daigné conferver mon être ; &, reftant dans une muette extafe, la dévotion me faifit & m'éleve fur fes aîles ardentes jufqu'à la hauteur des nuages. Tout l'hémisphere se déve loppe à mes regards; des nations, à côté des nations, célèbrent le Dieu du ciel par des cantiques multipliés. La tymbale retentiffante, la cloche fonore, le cor bruyant & l'orgue harmonieux se font entendre du haut des pagodes & des églifes, dans les mofquées & les fynagogues; les langues de cent peuples, les chants de mille fectes invoquent le Souverain des efprits & des mondes.

O ÉTERNEL! devant qui les trônes s'abaiffent, reçois les vœux & les hommages de res créatures: entends les foupirs du Sauvage errant qui, les bras étendus vers toi, brûle d'une dévo tion plus pure que celle de ces hypocrites Chré→ tiens fans ceffe courbés devant tes autels. Tu me' vois au pied de ton trône où vont mourir les premiers rayons du Soleil levant: je m'humilie de

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